Comment les démocraties fabriquent leurs ennemis

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  • Comment les démocraties fabriquent leurs ennemis
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    Pierre Conesa, ancien de la Délégation aux affaires stratégiques du ministère de la Défense et de la CEIS (Compagnie européenne d’intelligence stratégique), est un penseur original sur les affaires militaires. Ce professeur à Sciences-Po revient dans son dernier ouvrage (1) sur ce qu’il appelle la « fabrication de l’ennemi », c’est-à-dire la manière dont les États se représentent la figure fort utile, pour la politique intérieure, de l’adversaire combattu les armes à la main.

    Par exemple :

    Pierre Conesa : Mon raisonnement s’applique plus à la « guerre globale contre le terrorisme et la prolifération » qui est l’exemple même de guerre inventée par les stratèges du Pentagone. Kadhafi présente l’avantage de réunir toutes les caractéristiques d’un bon ennemi : régime dictatorial et policier, personnalité psychotique, soutien au terrorisme, orateur délirant... et évidemment perturbateur régional. Cela dit, quand on voit la rapidité avec laquelle Kadhafi a rétrogradé du statut de chef d’État ami à dictateur sanguinaire, on a le droit de se dire que ce n’est pas l’homme qui a changé, mais le regard porté sur lui. On peut faire la même analyse sur Saddam Hussein, ou sur d’autres dictateurs bien tolérés, puis soudainement damnés. Aujourd’hui, le cas iranien est le plus intéressant : ce pays est moins islamiste que l’Arabie saoudite ou le Pakistan, fait moins de prosélytisme, a fourni moins de terroristes que ces deux charmants pays, s’adonne moins à la prolifération nucléaire qu’Israël ou le Pakistan, n’a pas caché Ben Laden comme le Pakistan... mais c’est Téhéran l’ennemi !