Par Iris Peron avec E.P.
Le 22 décembre 2019 à 19h15, modifié le 22 décembre 2019 à 19h37
Les images d’une d’agression diffusées sur les réseaux sociaux, des internautes sous le choc et des signalements en pagaille. Ces derniers mois, plusieurs enquêtes judiciaires ont pu être lancées grâce au concours d’internautes, qui ont sollicité la plateforme Pharos (plateforme d’harmonisation, de recoupement et d’orientation des signalements, ndlr) afin de signaler un contenu jugé illicite sur Internet.
[VOS SIGNALEMENTS] Grâce à vos nombreux signalements #Pharos, les #policiers de l’Essonne ont rapidement interpellé les deux auteurs du viol présumé et de la vidéo diffusée en masse, hier, sur les réseaux sociaux.
Merci de votre mobilisation.
Merci de ne pas relayer cette vidéo. ▻https://t.co/jZJrbvQ5Kw pic.twitter.com/cmsYofun0J
— Police nationale (@PoliceNationale) December 21, 2019
Les exemples ne manquent pas, rien que ces derniers mois : de la sordide vidéo d’un viol en Essonne, qui a donné lieu à l’arrestation de deux adolescents samedi, aux photos pédopornographiques que partageait un CRS retraité, en passant par les propos ultra-violents qu’un internaute de Seine-et-Marne tenait contre des migrants ou les images de mauvais traitements infligés à un chat …
Le Parisien fait le point sur cette plateforme qui a fêté ses 10 ans cette année et dont l’activité est en pleine expansion. En 2018, Pharos a comptabilisé plus de 163 000 signalements et, selon nos informations, 213 000 rien qu’entre janvier et novembre dernier, soit quatre fois plus qu’à ses débuts.
Comment fonctionne la plateforme ?
Pharos est placée sous l’autorité de la sous-direction de lutte contre la cybercriminalité de la police judiciaire. Sa mission est de centraliser les signalements effectués par des internautes contre des contenus jugés illicites et diffusés sur le web, afin de les recouper, de les qualifier et d’éventuellement décider d’un traitement judiciaire.
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Les enquêteurs de Pharos alertent alors les services compétents territorialement (police, gendarmerie, douanes…), afin de déclencher une enquête sous l’autorité du procureur de la République. Il arrive fréquemment que des victimes visées par des contenus offensants ou apparaissant sur certaines images ne soient pas avisées de leur diffusion sur Internet et soient retrouvées ultérieurement.
Les enquêteurs de Pharos peuvent également transmettre à d’autres pays certaines informations récoltées, quand les contenus le nécessitent et effectuer des veilles ponctuelles sur certains sujets d’actualité. Cela a notamment été le cas lors des multiples manifestations de Gilets jaunes.
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La responsabilité de supprimer le contenu offensant revient quant à elle à l’hébergeur.
Quels types de signalements ?
La moitié des signalements sur la plateforme sont liés à des escroqueries présumées. Dans l’autre moitié, on compte notamment des contenus pédopornographiques ou atteintes aux mineurs, du terrorisme ou des discours d’incitation à la haine. Les signalements pour cyberharcèlement ne sont pas comptabilisés à ce stade, car ils sont à la marge.
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En moyenne, en 2018, près de 3 100 signalements étaient reçus chaque semaine par la plateforme. Les années 2015 et 2016 ont par ailleurs connu un pic de signalements liés à des contenus terroristes.
« Les contenus ou comportements que vous jugez simplement immoraux ou nuisibles n’ont pas à être signalés sur Pharos », insiste sur son site le ministère de l’Intérieur. « Les affaires privées, même si elles utilisent Internet (insultes, propos diffamatoires, harcèlement) relèvent de la compétence du commissariat de police ou de la brigade de gendarmerie de votre lieu d’habitation et non de Pharos », rappelle aussi la place Beauvau.
Qui travaille sur cette plateforme ?
En tout, 27 policiers et gendarmes, spécialistes de la cybercriminalité, travaillent au recueil des signalements, indiquait en juin dernier François-Xavier Masson, le patron de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) à l’AFP.
Deux unités sont venues renforcer le dispositif en 2015, l’une dédiée aux discriminations et l’autre au blocage des contenus. Depuis, le nombre d’enquêteurs a encore évolué : en février dernier, le ministre de l’Intérieur a annoncé avoir doublé les effectifs de la cellule « discours de haine et de discriminations ».