L’avocat Jiang Tianyong brise le silence sur sa « disparition forcée » - LeMonde.fr
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C’est le premier des avocats chinois « disparus » à défier les consignes de silence imposées par les agents du Guobao, la police politique chinoise. Aucun média chinois n’a rapporté l’information. Joint jeudi matin 15 septembre à Kunming, où il est en déplacement, M. Jiang a confirmé au Monde les éléments qu’il a révélés au quotidien de Hongkong et son choix de ne plus se taire : « Je les vois une fois par semaine, pour qu’ils me rappellent les garanties que j’ai données (de me taire). Mais je pense qu’il faut en parler pour briser la peur, quelle que soit la conséquence. Sinon, ils continueront à utiliser cette peur pour contrôler les gens qui, comme nous, ont »été disparus"", a-t-il expliqué.
Selon son récit au South China Morning Post, Jiang Tianyong a été enlevé devant chez lui trois jours après avoir participé à une réunion des avocats chinois sur le sort de Chen Guangcheng, le militant aveugle séquestré à son domicile dans le Shandong, qu’il a représenté par le passé. C’est l’époque où des appels pour une « révolution du jasmin » en Chine sont lancés sur Internet. Après son enlèvement, Jiang Tianyong dit avoir été battu les deux premières nuits.
Suivront ensuite deux mois de « rééducation » et de lavage de cerveau. Pendant cinq nuits, il est interrogé sur le « mouvement du jasmin » de minuit jusqu’à 4 heures ou 5 heures du matin. Le 22 février, un agent lui expose les règles de la maison : à 6 heures tous les matins, il doit crier : « Je suis debout. J’aime mon pays passionnément et j’accepte d’être éduqué par le gouvernement. » Il doit ensuite réciter sans faute les paroles de trois chants patriotiques.