• Tableaux et bloc-notes pare-balles : le business des écoles blindées (L’Obs)
    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20141217.OBS8059/tableaux-et-bloc-notes-pare-balles-le-business-des-ecoles-blind

    Sur la période 2007-2013, le pays a connu en moyenne plus de 16 fusillades de masse par an, ces fameux shootings qui emballent les chaînes d’info câblées pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures (la durée de l’excitation médiatique dépend du nombre, de l’âge ou de l’origine des victimes). Le quart de ces massacres se produit dans des écoles ou universités. Et le rythme s’accélère : depuis la fin de 2011, une fusillade de masse a lieu en moyenne tous les deux mois.

    « Il faut se protéger, faire quelque chose. »
    Aux yeux d’un Européen, le « quelque chose » est évident. Il devrait être un contrôle plus strict des armes à feu. Mais, de cela, l’Amérique profonde ne veut toujours pas entendre parler. Elle ne fait souvent même pas le lien entre les massacres et la facilité avec laquelle un ado dérangé peut se procurer des armes.
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    « C’est là que je me suis dit que les écoles devaient prendre les devants. »
    Elles le font donc, à l’américaine, avec des trésors d’imagination et d’inventivité commerciale. Le marché de la sécurité scolaire représente déjà 720 millions de dollars (580 millions d’euros) et il grossit à toute vitesse, depuis le personnel de sécurité armé (un tiers des écoles publiques) jusqu’aux couvertures, tableaux, bloc-notes et même caleçons pare-balles, en passant par les barres bloquant les portes ou encore les systèmes électroniques permettant de déterminer l’endroit exact d’où sont tirés les coups de feu.

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    La psychose ne se limite pas aux gadgets. Dans les écoles, les exercices d’alerte se multiplient.

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    Mais le pire, ce sont les petits génies de la célèbre National Rifle Association (NRA) qui le proposent : armer les profs. Dans des Etats comme le Texas, certaines écoles autorisent leur personnel enseignant à faire cours munis d’un pétard, à la seule condition qu’il soit dissimulé...
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    Pour Kenneth Trump, le consultant, c’est toute la militarisation des écoles qui est une mauvaise idée : « Les gens réagissent avec leurs tripes plutôt qu’avec leur intelligence. Ces produits partent peut-être de bonnes intentions, mais ils ne sont pas faits pour un environnement scolaire. […] A force de nous focaliser sur les tueries, nous négligeons les dangers quotidiens bien plus réels, comme la violence familiale qui se déroule parfois jusque sur les parkings des écoles. »

    #éducation #sécurité