• La condescendance pyramidale (ou comment les profs passent leur temps à se juger de haut en bas) | L’instit’humeurs | Francetv info
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/12/22/la-condescendance-pyramidale-ou-comment-les-profs-passent-leur-tem

    Il y a cependant une chose que la très grande majorité des profs de France, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils en soient conscients ou pas, partage : ce qu’on pourrait appeler la condescendance pyramidale, et dont l’expression la plus simple est ce petit regard supérieur invariablement porté vers le collègue de niveau inférieur.

    Les profs qui enseignent en post-bac sont bien contents d’enseigner à ce niveau, ils ont affaire à des esprits plus évolués et n’ont pas à subir des classes qui n’ont pas choisi d’être devant eux, au contraire de leurs étudiants. Ils ne changeraient pour rien leur place avec les profs de secondaire, ils ont souvent tout fait pour ne pas les rejoindre et se distinguent d’eux par le fait qu’ils sont agrégés et docteurs, d’ailleurs ils consacrent une partie non négligeable de leur temps à la recherche et publient, de loin en loin. Au sein de l’université, il faut cependant faire la différence, par exemple, entre le maitre de conf et le chargé de TD, prestige oblige.

    Dans le secondaire, les agrégés forment une caste supérieure à celle des certifiés, d’ailleurs ils touchent plus et enseignent moins, c’est sans doute qu’il y a une raison, ils ont bien mérité ce statut distinctif, l’AGREG est autrement plus difficile que le CAPES, c’est bien connu. Toutefois parmi eux, les profs de prépa sont les plus forts, incontestablement au-dessus du lot. En-dessous, il faut sortir du rang les profs qui ont les Terminale S, ce sont les meilleurs classes, on les réserve aux meilleurs profs, forcément. Je ne parle pas des lycées professionnels, il est évident que les profs qui y officient ne valent pas les autres.

    Les profs de collège sont de niveau inférieur, ce sont seulement des certifiés, rares sont les agrégés qui s’abaissent ici. Cependant plus on a de classes de 3ème ou de 4ème, mieux on se porte et mieux on est vu.

    Ici s’opère une cassure : certifiés et agrégés ont beau former deux castes distinctes, ils se situent néanmoins nettement au-dessus de ce qui suit, à savoir les instits – on a beau les avoir appelé professeurs des écoles, personne n’est dupe, d’ailleurs ils ont plus d’heures de cours et gagnent nettement moins, ce n’est pas pour rien. Peu importe leur bac + 5, leur polyvalence est, finalement, un aveu d’incapacité dans tous les domaines.

    On peut éventuellement faire la distinction entre instit de cycle 3 et instit de cycle 2, mine de rien en CM2 ce sont de presque collégiens, et en CP encore des petits qui débarquent de maternelle. Les instits de maternelle, justement, sont bel et bien tout en bas de l’échelle : bien des profs ont ri en entendant Darcos les accuser de changer les couches – au fond, c’est un peu ça, quand même, non ?

    • De l’extérieur, les personnes étrangères à l’éducation nationale ne voient, le plus souvent, dans les 860.000 profs de ce pays, qu’une corporation soudée, unie envers et contre tout. « Les profs » seraient une masse indivisible, facilement catégorisable, aisément étiquetable, reconnaissable à ces réflexes grégaires, à cette logique corporatiste raillée et honnie par le reste de la population.

      Bien entendu, dans les faits, il n’en est rien.

      […]

      Ce complexe de supériorité finalement très bien partagé repose sur les dogmes suivants :

      – dans la logique de concours propre à l’éducation nationale, le CRPE est plus facile que le CAPES, lui-même plus facile que l’AGREG, le Doctorat et la Recherche universitaire se situant encore un degré au-dessus (et légèrement de côté) ; il semble évident que l’agrégation est hors de portée d’un instit – c’est certainement vrai –, de même il coule de source qu’un agrégé se baladerait au concours de PE – c’est sans doute faux.
      – dans l’imaginaire collectif, il est plus facile de s’occuper de petits que de grands, les petits sont moins pénibles et moins difficiles à gérer que les plus grands, surtout plus on avance et plus c’est à l’intellect pur que s’adresse l’enseignant, un prof de fac ne va pas moucher un étudiant ou régler un conflit à la récré.
      – on trouve la preuve des deux précédents arguments dans le fait que la proportion de femmes enseignantes tend à diminuer à mesure qu’on grimpe dans la scolarité : c’est bien connu, les femmes sont moins aptes que les hommes au haut niveau, et plus portées sur l’aspect maternant que requiert de toute évidence le travail dans les « petites classes ».
      […]
      Chaque enseignant nourrirait sa pratique de celle du collègue et mettrait son enseignement en perspective, chaque niveau de classe s’en trouverait renforcé, enrichi de ce qui a marché précédemment. C’est toute la scolarité qui gagnerait en cohérence, une corporation entière qui gagnerait en cohésion.

      #éducation #enseignant.e.s #mépris_de_classes #coopération #corporatisme #hiérarchisation #genre #métier #concurrence #condescendance #concours #diplôme

  • La revanche du retour de la dictée contre-attaque (L’instit’humeurs)
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/09/23/la-revanche-du-retour-de-la-dictee-contre-attaque.html

    Pour celles et ceux qui en douteraient encore, dans le monde de l’éducation il n’y a pas de débats… il n’y a que des coup de com’ et des polémiques stériles.
    Le reste passe sous les radars.

    La dictée est sans doute l’un des points de l’enseignement de la langue que les enseignants ont le plus enrichi et étendu, en variant les types et les formes : dictée traditionnelle, dictée de mots, autodictée, dictée-flash, dictée copiée, dictée copiée différée, dictée à trous, dictée négociée, dictée escalier, dictée préparée, dictée guidée, dictée photo, dictée commentée, avec le maitre ou entre enfants, dictée à corriger, dictée avec aides, dictée abrégée, dictée caviardée, dictée « chiffon », dictée à choix multiples, dictée « frigo », dictée « randonnée » ; dictée « judo », dictée « piégée »,… et cent autres variantes nées de l’esprit créatif des maitres et maitresses de ce pays dans le but de faire progresser les élèves en orthographe

    #éducation #réformes #nouveaux_programmes #orthographe

  • L’impact affectif de l’enseignant sur l’élève (L’instit’humeurs)
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/09/12/limpact-affectif-de-lenseignant-sur-leleve.html

    « Nous avons en France de bons enseignants, motivés, bien formés et désireux de bien faire leur métier. Mais peu ont conscience de l’impact affectif qu’ils ont sur les enfants. Certains instituteurs, professeurs de collège et de lycées, vont rassurer et réconforter les enfants par leur façon d’être, leur manière de parler, leur attention à reprendre autrement une explication mal comprise… Généralement, ils ne s’en rendent pas compte. Un encouragement, une appréciation de leur part qui seraient perçus comme des banalités par des adultes, auront chez un gamin en recherche de sécurisation, une valeur inestimable. Ce sera un événement émotionnel fort qui participera à structurer sa personnalité. D’ailleurs, lorsqu’on évoque avec des étudiants leurs motivations à suivre telle ou telle filière du Supérieur, il y a presque toujours le souvenir d’un enseignant en particulier. » (Boris Cyrulnik)

    […]

    Tant et si bien que nous avons pris l’habitude, inconsciemment et malgré nous, de quasi-bannir le terme d’enfant, de sagement rester dans la zone de l’élève, parce que le mot élève contient l’école et le maître tout ensemble (alors que c’est l’école et le maitre qui, dans les faits, contiennent l’élève). Et même, de ne retenir de l’élève que sa part d’écolier, et tenir à distance l’enfant pourtant omniprésent. Or, c’est bien l’enfant qui fait avancer l’écolier, dans l’élève.
    […]
    Le problème, c’est que cette conscience se dilue considérablement et constamment dans le quotidien : tous les jours, je dois préparer […], tous les jours je dois organiser […], ces tâches-là sont au cœur de ma pratique professionnelle quotidienne et elles ont tendance à éclipser les autres, par exemple l’attention portée à chaque élève, le regard porté sur chacun.
    […]
    Puis, avant l’élève, souvent, il y a le groupe […] et ce groupe prend le pas sur les individus qui le composent.
    […]
    A l’inverse, face à lui, l’enfant n’a que l’enseignant, qu’il doit partager. La relation affective est donc inégale, elle est pourtant à construire.

    #éducation #relation_élèves_enseignant.e.s #enfants #impact_affectif #bienveillance #triangle_didactique

  • La formation continue (à poser problème) (L’instit’humeurs)
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/04/19/la-formation-continue-a-poser-probleme.html

    Cette semaine la Cour des Comptes a sorti le carton rouge pour le ministère de l’éducation nationale : dans un référé de 6 pages, la Cour des Comptes résume parfaitement tous les manques et les dysfonctionnements de la formation continue des enseignants, constatés au quotidien sur le terrain.
    […]
    Ce semble être une habitude très française, de réformer l’école sans former les enseignants. Au primaire, on doit enseigner l’anglais sans avoir été formés, on doit enseigner l’informatique (et bientôt le code) sans avoir été formés, on accueille des élèves à « besoins spécifiques » (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, troubles envahissant du développement, autisme, etc…) sans avoir été formés…

    Le monde tourne, de plus en plus vite, la société change à grande vitesse, la technologie évolue très rapidement, les sciences de l’éducation avancent et la recherche scientifique avec, mais tout ceci sans nous enseignants, qui restons enkystés dans nos classes, alors que nous serions tellement preneurs d’une formation de qualité.

    A ce besoin de formation, ces envies d’évolution, il est trop souvent répliqué que tout enseignant a l’obligation de mettre à jour ses compétences, de se former à tout ce qui pourra aider son enseignement. Sauf que l’auto-formation a ses limites, on ne peut décemment pas fonder une politique nationale d’éducation sur la capacité de chaque enseignant à se débrouiller seul, à amender dans le désert son enseignement année après année.

    #éducation #enseignants #formation_continue #système_scolaire

  • Les français ont une mauvaise image de l’école (surtout s’ils sont de droite et sans enfant scolarisé) (L’instit’humeurs)
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/05/30/les-francais-ont-une-mauvaise-image-de-lecole-surtout-sils-sont-de

    On a ici la confirmation que l’école est devenue un des sujets de sociétés les plus clivant dans ce pays, un enjeu politique majeur car il permet des positionnements tranchés et marqués idéologiquement.

    On retrouve ce clivage sur la question des priorités de l’école : si tout le monde est d’accord pour placer la transmission des connaissances en tête des missions de l’école (80%), les sympathisants de droite placent la transmission du goût de l’effort en deuxième position (50%, à gauche cette mission vient en 5ème position avec 21%), quand ceux de gauche placent au deuxième rang l’épanouissement des enfants (34%, à droite cette mission est 4ème avec 18%). Enfin, si les français se préoccupent globalement peu que l’école puisse réduire les différences sociales, ils sont quand même 23% à gauche à penser que c’est important, contre… 3% à droite.

    […]

    Sur les sujets d’éducation, je suis toujours très étonné qu’on ne distingue pas davantage l’opinion des parents d’élèves de celle des français en général. […]
    Dans ce sondage, l’opinion des parents d’élèves vient nuancer de façon assez sensible celle des français dans leur ensemble.
    […]
    En somme, les parents d’élèves, qui constituent la seule zone de contact entre la société et son école, viennent dire que le collège et surtout l’école fonctionnent mieux que ce que pensent les français, et la maternelle moins que ce que l’on croit.
    […]
    Pour le coup, la droite et la gauche sont d’accord sur les matières à enseigner en priorité : français (95%) et maths (70%) viennent en tête, il y a ensuite un léger désaccord sur les langues (pour 53% des gens de gauche, 37% des gens de droite) et l’histoire-géo (37% et 45%). Derrière, les autres matières viennent bien plus loin : l’informatique, avec 15%, vient nettement avant les sciences (6%, et même 1% pour les sciences naturelles à droite !) et avant le latin et le grec (3%).
    Cette dernière donnée vient relativiser le considérable brouhaha constaté au sujet des langues antiques, dont tout le monde ou presque semble se ficher.
    En revanche, on peut être particulièrement étonné du peu de cas fait des sciences, grandement déconsidérées, ce qui laisse songeur quand on sait le besoin du pays en chercheurs de premier plan.

    #éducation #sondage #système_scolaire #analyse #disciplines

  • Comment enseigner le découragement en 5 minutes | L’instit’humeurs | Francetv info
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/05/06/limpuissance-apprise-comment-enseigner-le-decouragement-en-5-minut

    Le psychologue canadien Marc Vachon estime que l’impuissance apprise repose sur trois caractéristiques :
    – le sentiment que la situation est permanente, ce que trahit l’utilisation de mots comme toujours, jamais, personne, etc. « Je n’y arriverai jamais ! »
    – le sentiment d’être victime, que l’on retrouve dans des phrases telles « Ce n’est pas ma faute ! Je n’y peux rien. »
    – le sentiment d’envahissement : tous les secteurs de notre vie sont affectés par le changement.

    […]

    Pour ce qui nous concerne, l’impuissance apprise est une manifestation psychologique que l’on retrouve fréquemment à l’école, dans les situations d’échec scolaire.

    Tout enseignant aura reconnu, dans les termes décrits ci-dessus, l’élève en difficulté qui s’enfonce petit à petit dans la certitude qu’il n’est pas capable, qu’il n’y arrivera pas, qu’il a beau essayer, les résultats viennent montrer son incapacité à comprendre, à faire, à essayer, à oser. Son estime de soi est mauvaise, voir les autres réussir renforce ces sentiments. Son degré de motivation est fluctuant, dans le meilleur des cas ; il « s’évade » dès qu’il peut, se soustrait au groupe dont il se sent de facto exclu. Il peut s’enfermer dans une attitude physique de renoncement, de fatigue continuelle. Afin de rétablir l’équilibre psychologique interne, il peut développer des comportements agressifs, voire violents, envers ses pairs et / ou l’adulte. A mesure qu’il grandit, l’impuissance apprise s’enfonce profondément en lui, plonge ses racines là où elle sera bientôt hors de portée, comme inscrite définitivement dans son ADN d’écolier.

    http://www.youtube.com/watch?v=j9I95BJsINc

    #éducation #psychologie_comportementaliste #anagramme #échec_scolaire #impuissance_apprise #résignation_acquise #Learned_Helplessness

  • Les 10 innovations pédagogiques qui feront (peut-être) 2015 (L’instit’humeurs)
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/01/04/les-10-innovations-pedagogiques-qui-feront-peut-etre-2015.html

    Certaines de ces innovations sont très théoriques, issues de la recherche, d’autres sont encore confidentielles en France, la plupart concernent l’université ou le secondaire mais pourraient bien un jour irriguer la pratique de tous les enseignants...

    – L’apprentissage social massif en ligne (Massive online social learning) […]
    – Le design pédagogique fondé sur l’analyse de données (learning design informed by analytics) […]
    – La classe inversée (flipped classroom) […]
    – « Amène tes appareils en cours » (bring your own device) […]
    – Apprendre à apprendre (learning to learn) […]
    – L’évaluation dynamique (dynamic assessment) […]
    – L’apprentissage événementiel (event-based learning) […]
    – Apprendre par la narration (learning through storytelling) […]
    – Les concepts-clé (threshold concepts) […]
    – La construction (bricolage) […]

    #éducation #apprentissage #innovation #pédagogie