Yves Citton ou l’éloge du crapaud fou - LeTemps.ch
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Le spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle et codirecteur de la revue « Multitudes » se penche depuis des années sur la question de l’attention, devenue un bien précieux avec l’explosion d’Internet. Face aux multiples sollicitations du monde numérique, le chercheur défend une forme de distraction
Pourquoi faut-il lire Pour une écologie de l’attention d’Yves Citton ? Parce que le Genevois qui enseigne à Grenoble, après avoir passé douze ans aux Etats-Unis, prend le contre-pied des jérémiades que l’on entend souvent à propos d’Internet qui rendrait bête, de Google qui uniformiserait les esprits, de la télé-réalité qui serait l’acmé du narcissisme stupide. Comment condamner globalement ce qui désormais nous constitue ? Pour autant, celui qui se définit comme un « archéologue des médias » n’est pas naïf. Si notre attention est tant sollicitée, c’est qu’elle est devenue la valeur cardinale de l’économie numérique, une nouvelle monnaie pour évaluer la performance : je vaux tant de clics. Il serait toutefois extrêmement dommageable, dit le chercheur, que cette question soit réduite à une stricte valeur économique. Dans son livre, Yves Citton recense une multitude d’attentions, de nature, d’intensité et d’effets différents. Attentions individuelles, conjointes et collectives, « toujours ambivalentes comme le réel ». Les ignorer, c’est se condamner à l’aveuglement, à l’origine de la plupart des crises que nous traversons.