[mel reçu] Comme vous le savez, il y a plusieurs semaines un collectif d’organisations qui avait déjà appelé à manifester en faveur des migrantEs le 4 octobre a décidé d’organiser une nouvelle manifestation le dimanche 22 novembre. Demain donc.
Suite aux attentats, le gouvernement a décidé d’interdire les manifs en Ile de France jusqu’au 30 novembre.
Malgré cela certaines organisations ont décidé de maintenir l’appel.
Elles ont reçu un certain nombre de soutiens.
Vous trouverez ci-dessous des textes encourageant à se rassembler à Bastille à 15h demain :
– Le communiqué unitaire des organisateurs
– un texte de Denis Godard
– une Déclaration de Noël Mamère et de Sergio Coronado sur l’interdiction de la manifestation de solidarité avec les migrants le 22 novembre 2015
– un texte de soutien de Pouria Amirshahi, député PS - destiné à être lu demain
Bonne lecture
Le communiqué unitaire
L’ensemble des organisations signataires de l’appel à manifester, le 22 novembre, en solidarité avec les migrants condamne l’interdiction qui frappe cette manifestation.
Après les terribles attentats qui ont endeuillé Paris, cette manifestation serait l’occasion de réaffirmer notre solidarité avec l’ensemble des victimes et participerait de la réponse aux attentats qui ont ensanglanté Paris..
Qu’ils/elles soient nomméEs réfugiéEs, migrantEs ou sans-papiers ils/elles sont aussi des victimes des guerres, des violences et de la misère qui les ont contraintEs à quitter leurs pays.
Parmi les organisations certaines appellent à maintenir la manifestation, d’autres, sans appeler, seront présentes place la Bastille, certaines enfin n’appellent plus à manifester.
Toutes se retrouveront dans les plus brefs délais pour envisager les suites à donner à nos mobilisations en solidarité avec l’ensemble des migrantEs.
Un texte de Denis Godard, membre de la Liste des Sans Voix
Ils ne nous empêcherons pas de manifester !
Il faut que nous soyons nombreux et nombreuses à manifester ce dimanche.
Parce nous pleurons nos mortEs victimes de Daesh et que nous pleurons les victimes de la politique des frontières, les victimes des violences policières dans nos quartiers, les victimes des bombes françaises.
Parce que plus de solidarité est la réponse. Parce que le pouvoir veut l’interdire.
Parce que 10 mois après les tueries de janvier dernier, les réponses données alors par le pouvoir (accentuation des interventions militaires, renforcement de la police, lois sécuritaires) n’ont - au mieux - pas empêché les tueries de novembre.
Parce que les mêmes logiques sont à l’oeuvre. En pire.
Parce que l’hystérie sécuritaire et nationaliste de toutes les forces dominant ce pays ne fera qu’enfanter de nouveaux monstres et préparer les drames à venir. Parce que nous ne voulons pas pleurer de nouveaux morts.
Parce que nous avons croisé dans les luttes de ces derniers mois aux côtés des migrantEs beaucoup plus d’hospitalité, de générosité, de détermination et de courage que chez les va-t-en-guerre qui dirigent ce pays. Parce que nous vomissons les fascistes et les racistes qui s’attaquent aux migrantEs et aux musulmanEs.
Parce que s’il existait des frontières pour ces valeurs d’hospitalité, de générosité, de justice sociale et d’égalité il est évident qu’elles ne seraient ni géographiques ni religieuses.
Parce que, dans une dizaine de jours, ceux qui appellent à la guerre se réuniront pour - soit-disant - traiter de l’avenir de la planète. En nous interdisant la rue.
Parce que si nous ne résistons pas aujourd’hui, il sera plus difficile encore de résister demain.
Parce que tous les arguments qui justifient de ne pas bouger aujourd’hui seront encore plus convaincants demain.
Parce que les collectifs de sans-papiers et des migrants croisés sur les campements nous appellent à nous joindre à eux et elles ce dimanche.
Parce que LA France n’existe pas. C’est une fiction que veulent construire à la fois Daesh et le gouvernement français, la droite et les fascistes. Parce qu’au nom de cette fiction des tueurs peuvent s’attaquer à n’importe qui EN France et qu’au nom de cette fiction le gouvernement s’attaque tous les jours à la majorité d’entre nous EN France et ailleurs.
Parce que mettre la sécurité au dessus de la liberté serait le signe d’un peuple esclave, d’un peuple déjà mort.
Parce que notre pays n’a pas de frontières. Il est syrien contre Bachar et Daesh. Il est palestinien contre l’Etat d’Israel. Il est kurde à Kobané en résistance, égyptien sur la place Tahrir en révolution, sénégalais et malien dans un foyer expulsé, soudanais et afghan sur un campement à Paris. Il est anglais à Calais. Il a des parents algériens, marocains, tunisiens quand il se fait harceler par la police. Il est syndicaliste à Air France et sans-abri pour imposer la réquisition des logements vides.
Parce que notre pays s’appelle lutte pour la justice et l’égalité.
Parce que ce pays est la seule alternative à ce monde qui sombre dans la folie guerrière et meurtrière.
Il faut que nous soyons nombreux et nombreuses ce dimanche 22 novembre à 15H00 place de la Bastille.
Parce que nous sommes debout. Ensemble. Parce que nous sommes vivantEs.
Déclaration de Noël Mamère et de Sergio Coronado sur l’interdiction de la manifestation de solidarité avec les migrants le 22 novembre 2015
L’Etat d’urgence pour qui ?
La préfecture a décidé d’interdire la manifestation appelée en solidarité avec les réfugiés et les migrants le 22 novembre 2015. Elle autorise par contre l’ouverture des Centres commerciaux ce même dimanche. Quelle est la raison de ces décisions ? Comment supposer qu’une manifestation pacifique de solidarité est plus menacée par l’action des terroristes qu’un centre commercial ou un marché de Noël aux Champs Elysées.
Nous dénonçons cette interdiction contre une manifestation de soutien à des êtres humains qui ont fui la violence et la guerre et qui ont connu parfois à une tout autre échelle vécu ce que nous avons subi le 13 novembre à Paris.
Certaines organisations ont décidé de maintenir cet appel à manifester. La responsabilité des pouvoirs publics, et en particulier celles de la préfecture et du Ministère de l’Intérieur, se trouverait directement en cause en cas de troubles à l’ordre public. La limitation de la liberté d’expression fait le jeu des ennemis de la démocratie et de la liberté.
Texte de soutien de Pouria Amirshahi, député PS, destiné à être lu demain lors du rassemblement.
Mesdames, messieurs,
Le monde est plein de promesses. Les sciences, les technologies, les médecines les connaissances donnent espoir. Mais le monde est traversé aussi de convulsions terribles, qui voient les désordres et les inégalités, les injustices et les guerres surgir. Les migrants, demandeurs d’asile ou pas, sont d’abord les migrants de ces calamités. Leur porter secours, les accueillir et veiller concrètement à tarir les causes de leurs exils forcés est de la responsabilité des démocraties. Nous sommes loin de cet esprit volontariste et généreux. Bien des dirigeants ont peur parce qu’ils ont décrété que les citoyens avaient peur. C’est d’ailleurs partiellement vrai. Mais qui leur fait peur ? Il faut oser dire la vérité : accueillir bien, c’est agir contre le désordre ; agir pour le développement c’est aussi construire un monde plus sûr.
Pour beaucoup d’entre nous, il y a aussi une empathie devenue viscérale, une solidarité nécessaire à notre conscience. Certains nous le reprochent, croyant nous insulter en disant : « tiens, les droits-de-l’hommistes » ! Nous assumons. Je suis parce que nous sommes. Nous sommes des êtres humains.
C’est pour ces raisons que nous sommes réunis. Par solidarité, mais pour réfléchir aussi aux désordres du monde, aux responsabilités qui les aggravent, aux solutions qu’ils exigent. Celles et ceux qui fuient ces derniers temps sont, pour beaucoup, issus de Syrie et d’Irak. Ils fuient le malheur, ils fuient aussi des assassins. Ces assassins, dont certains ont sévi sur notre sol en janvier et en novembre, mais aussi en Tunisie, au Liban et ailleurs.
En réponse, l’état d’urgence a été voté ; il s’applique. Mais en quoi l’interdiction d’une telle manifestation de solidarité constitue-t-elle une menace ou un trouble à l’ordre public ? En rien. Au contraire, dans un moment de sidération, de surenchère sécuritaire, de vocabulaire toujours plus guerrier, nous savons que les citoyens ne peuvent s’en remettre aux seules autorités de l’Etat, surtout quand l’Etat adopte une législation, temporaire espérons-le, d’exception, exorbitante de droit commun. Notre meilleure arme face aux désordres du monde, qui a ses causes, ses responsables et ses conséquences, c’est nous-mêmes, citoyens d’une démocratie. Nous devons nous réunir, nous parler, nous rassembler et manifester nos opinions. Voilà ce que Daesh et d’autres veulent interdire. Voilà ce que nous voulons préserver.
Le rassemblement d’aujourd’hui constitue aussi une façon de rendre hommage aux morts d’ici et de là-bas...et de soutenir ceux qui fuient les assassins. C’est cela, aussi, la solidarité avec les migrants.
Pouria Amirshah