« We pay tribute to the Charlie Hebdo victims. #JeSuisCharlie http://t.co/bmrK2TuOLX »

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  • Charlie à tout prix ?, par Frédéric Lordon
    http://blog.mondediplo.net/2015-01-13-Charlie-a-tout-prix

    Lorsque le pouvoir de transfiguration de la mort, ce rituel social qui commande l’éloge des disparus, se joint à la puissance d’une émotion commune à l’échelle de la société tout entière, il est à craindre que ce soit la clarté des idées qui passe un mauvais moment. Il faut sans doute en prendre son parti, car il y a un temps social pour chaque chose, et chaque chose a son heure sociale sous le ciel : un temps pour se recueillir, un temps pour tout dire à nouveau.

    Illustration fournie par le NASDAQ : https://twitter.com/NASDAQ/status/553247771726450688

    • Alors « union nationale » ? « Peuple en marche » ? « France debout » ? Il s’agirait peut-être d’y regarder à deux fois, et notamment pour savoir si cette manière de clamer la résolution du problème par la levée en masse n’est pas une manière spécialement insidieuse de reconduire le problème, ou d’en faire la dénégation. A l’image des dominants, toujours portés à prendre leur particularité pour de l’universel, et à croire que leur être au monde social épuise tout ce qu’il y a à dire sur le monde social, il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même. Il n’est pas certain cependant que ceci fasse un « pays », ou même un « peuple », comme nous pourrions avoir bientôt l’occasion de nous en ressouvenir.

    • Il y aurait enfin matière à questionner la réalité de l’« union nationale » qu’on célèbre en tous sens. Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué.

      Impossible de savoir effectivement, mais pour qui observait les trains en provenance du nord de Paris, il semblerait que ce soit tout de même le cas. Du coup, en écho, lire aussi ce texte, qui glose à partir du dessin d’Uderzo :

      Dès lors le « Je suis un Charlie » signifie bien « Je suis un Français », un « blanc » plutôt. Oui : « je suis un blanc », ce qui n’a rien de honteux en soi naturellement, mais quand c’est un blanc cognant joyeusement sur un porteur de babouches, assimilé implicitement à un envahisseur (par analogie avec les habituelles sandales romaines que viennent ici remplacer les babouches), alors « Je suis un Charlie » signifie : « je suis blanc et j’emmerde les bougnoules ».

      http://lmsi.net/De-quoi-Charlie-est-il-le-nom

    • En lisant l’ami Lordon...
      http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=18421

      J’ai bien lu : « avec une publicité aussi ostentatoire que possible ». Gloups. Si je comprends bien Lordon, Libé aurait été pardonné d’accueillir les rescapés de Charlie, mais surtout sans que personne le sache. Rien de plus facile. Il suffisait à Joffrin de prendre un air dégagé, et de répondre à la presse mondiale qui campe devant le siège du journal que non non, il n’a entendu parler de rien. Charlie comment ? Pas chez nous. Voyez en face.

    • On lit :

      Les médias d’abord, dont on pouvait être sûr que, dans un réflexe opportuniste somme toute très semblable à celui des pouvoirs politiques dont ils partagent le discrédit, ils ne manqueraient pas pareille occasion de s’envelopper dans la « liberté de la presse », cet asile de leur turpitude.

      A l’image par exemple de Libération, qui organise avec une publicité aussi ostentatoire que possible l’hébergement de Charlie Hebdo. Libération, ce rafiot, vendu à tous les pouvoirs temporels, auto-institué dernière demeure de la liberté d’expression ! — peut-être en tous les sens du terme d’ailleurs.

      Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué.

      il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même.

      Et on pense que ça aide et que c’est très constructif comme « réflexions ».

      On a déjà perdu quelques repères et quelques référents depuis la semaine dernière, on remercira Lordon de nous démolir encore un peu plus. Et si c’est pour nous arroser de ce regard arrogant, la prochaine fois, il pourra aussi faire plus court.

      #désillusion

    • Tout à fait d’accord avec Lordon sur le point de l’homogénéité des ’marcheurs’ (largement convaincus à la cause) et finalement très triste que l’on ne voit aucune démonstration ou revirement pour aider une jeunesse française perdue et sans espoirs, malgré de nombreuses voix qui s’élèvent pour dénoncer l’urgence (mais qui existe depuis bien des années) de la situation, venant de ceux qui la fréquentent, souvent des institutrices...