Les lois scélérates de 2014-2015 ?

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  • Les lois scélérates de 2014-2015 ?
    18 JANVIER 2015 | PAR JÉRÔME PELLISSIER
    http://blogs.mediapart.fr/blog/jerome-pellissier/180115/les-lois-scelerates-de-2014-2015

    Après chaque attentat terroriste, une nouvelle loi.

    En général prise dans l’urgence, au nom de la sécurité, évidemment, avec toujours la volonté de profiter de la peur provoquée par l’événement pour renforcer la surveillance et le contrôle, pour restreindre les libertés publiques. Des lois le plus souvent inefficaces, mais toujours liberticides.

    En écho, un rappel : les mots de Jaurès, de Blum, de Pressensé, de Pouget, quand à la fin du XIXe siècle, face aux attentats anarchistes, les Gouvernements d’alors votèrent les lois scélérates.

    Elles permettaient notamment de museler la presse et de pénaliser tout propos considéré comme une apologie des attentats ou une provocation à en commettre (quelle que soit la suite de ladite provoation). Elles permirent en réalité de faire taire quasiment toutes les voix anarchistes et socialistes révolutionnaires, y compris des voix critiques qui n’appelaient pas à l’action directe. 

    La dernière de ces Lois Scélérates, votées en 1893-1894, ne fut abolie qu’un siècle plus tard, en 1992. Pas pour très longtemps : d’année en année et de loi en loi, jusqu’à celle de novembre 2014, jusqu’à celles, probables, des prochaines semaines, on retrouve peu à peu, si ce n’est la lettre, du moins l’esprit, des lois scélérates. Et cette tyrannie sur les consciences dont parlait Jaurès, qui craignait qu’on transforme une simple parole, un simple cri, en dynamite. Qu’on en juge en constatant simplement ces récentes et ahurissantes condamnations que dénonce Amnesty : http://www.amnesty.org/fr/france-faces-litmus-test-freedom-expression-dozens-arrested-wake-attacks-20 

    Avec la question, que posait déjà Pressensé et qu’on peut actualiser, de l’usage de telles lois quand des politiques traiteront en terroristes leurs opposants :

    Hier, c’était les anarchistes. Les socialistes révolutionnaires ont été indirectement visés. Puis ce fut le tour des dreyfusistes. Puis...

    Qui sait si demain les simples républicains, les simples opposants au libéralisme, ne tomberont pas eux aussi sous le coup de ces lois ?