CNT AIT TOULOUSE ANARCHOSYNDICALISME !

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  • @Anarchosyndicalisme ! n°148 -Février/Mars 2016 http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article789

    Au sommaire de ce numéro :

    - Macron et Compagnie : La machine à tout détruire est en route
    – En route pour un état d’urgence durable, garanti sans libertés ajoutées, issu à 100% de la culture policière

    Social
    – Goodyear : une répression éhontée
    – Vivre en Seine St Denis

    International
    – La tension monte en Algérie & Tunisie

    Réflexion militante
    – Réfugiés syrien : la destruction des logements, ou comment construire la « crise migratoire »

    Après les « Régionales », réflexions sur les régionalismes
    – Nationalisme, régionalisme & culture
    – Un essentialisme méridional
    – Corse : avec la dérive identitaire, c’est tout le navire qui chavire
    – N’« Imagine » même pas !

    Débattre, oui mais comment ?
    – Parler des Lumières, appel à contribution
    – « Ni patrie, ni frontières » 
    – Forum anarchiste

    Économie
    – Étude OXFAM : les résultats « logiques » du capitalisme

    Télécharger librement @anarchosyndicalisme ! n°148 :
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/A_148.pdf

  • Macron et Compagnie : La machine à tout détruire est en route
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article790

    Ce n’est pas que nous soyons des fanatiques du #droit_du_travail. Loin s’en faut. Il est un droit léonin, qui ne laisse au salarié que bien peu de chose. Mais, ce peu de chose est insupportable au patronat. Ce qu’il désire, ce sont des travailleurs totalement soumis, encore moins payés, jetables selon son bon vouloir. Et les désirs du patronat sont des ordres pour le gouvernement.

    Eloge des patrons dont « la vie est souvent plus dure que celle d’un salarié. Il peut tout perdre, lui,… » (comme si les salariés licenciés ne perdaient pas tout, eux) ; propos injurieux envers les travailleurs (par exemple contre les femmes de l’entreprise Gad, traitées «  d’illettrées  » ) ; provocations incessantes… accompagnent sans cesse la véritable machine à détruire les droits sociaux que Macron (banquier d’affaires jusqu’à il y a si peu), El Khomri (la ministre du travail qui ignore tout des CDD) et toute la clique ont lancé contre nous.

    Chaque semaine, chaque jour la machine trouve quelque chose de plus à détruire. Elle n’a pas fini de s’attaquer au repos dominical que, déjà, elle veut imposer la dégressivité des indemnités chômage (tentant ainsi de faire porter la responsabilité du chômage non sur ceux qui le provoquent mais sur ceux qui le subissent). Et quant aux 35 heures, c’est le pompon. Tout en affirmant qu’il n’y touchera pas (en réalité, il y a déjà largement touché…) le gouvernement s’attaque à la majoration des heures supplémentaires (qu’il veut faire passer à 10 % et même moins). Or, un horaire « légal » sans majoration (ou avec une majoration ridicule) n’a plus de légal que le nom.

    Toutes ces satisfactions données au patronat le sont au nom de l’emploi. Comme ce fut le cas dans l’hôtellerie en 2009, avec la baisse de leur TVA. Les patrons s’étaient engagés alors à créer au moins 40 000 emplois (et à baisser le prix de 7 de leurs produits). Résultat 6 à 7 ans après : de 6 à 9 000 (grand maximum) emplois créés, des baisses de prix que l’on cherche sur la carte des restaurants mais quelques 2,6 milliards d’euros (le manque à gagner côté impôts) restés dans la poche des patrons de l’hôtellerie. Elle est pas belle, la vie pour certains ?

    (Chiffres : Rapport de la Cour des comptes)

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • #Réfugiés_Syriens : La DESTRUCTION des logements, ou comment CONSTRUIRE la « crise migratoire »
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article794


    Depuis le mois de Décembre l’intensité de la lutte pour la défense du #logement des familles de réfugiés syriens est montée de plusieurs crans [1]. Face à notre demande de réquisition de la barre d’immeuble des Izards, où ils se sont auto-logés, le bailleur #Habitat_Toulouse, toujours dans son refus de faire la moindre concession d’ordre humanitaire, a choisi de commencer à mettre en œuvre une scandaleuse politique de terre brûlée.

    Alors même que de leur propre aveu il y a pénurie de logements sociaux, les responsables de cet organisme supposé social ont organisé la destruction systématique d’appartements, mettant de facto à la rue femmes, enfants et vieillards. Les journées du 13 et 14 décembre nous ont clairement montré de quoi le Pouvoir était capable.

    Ces jours là, l’affaire était pourtant simple. Une petite communauté de religieuses, locataire en règle d’un appartement en parfait état (et même coquet), déménageait. Une famille de réfugiés syriens (avec un enfant handicapé) souhaitait prendre place dans les lieux ainsi libérés. Le 13 décembre tout cela avait été discuté avec les habitants de la barre. L’arrivée d’un « représentant »du DAL, très sûr de lui, prêt à prendre en main la direction des opérations, affirmant tout connaître du dossier alors qu’il n’en était rien (Ex. : il pensait que les religieuses étaient expulsées…), et promettant qu’il allait revenir le lendemain avec ses forces, son « réseau » (au moins une dizaine de personnes selon ses dires)… aurait du nous mettre la puce à l’oreille.

    Au jour dit, le 14, non seulement personne n’est venu en renfort mais curieusement les réfugiés ne se sont pas sortis de leurs appartements. Face à un dispositif d’envergure constitué de représentants de Habitat Toulouse, de démolisseurs professionnels, de vigiles postés en permanence jour et nuit sur le seuil de l’appartement en question, les compagnons de la CNT-AIT qui avaient pu se déplacer se sont retrouvés bien seuls et impuissants. Habitat Toulouse avait été parfaitement informé de nos projets, et face à sa détermination de tout casser, l’absence de mobilisation a transformé cette journée qui aurait pu constituer une petite victoire de plus en une défaite lourde de conséquences. L’appartement a été immédiatement cassé au lieu d’être occupé. Effet psychologique garanti. Par la suite ce sont carrément des pavillons entiers qui ont été rasés dans la cité.

    Tout ceci me pose des questions, que signifie ici l’absence totale des associations ? Pourquoi si peu de solidarité parmi les réfugiés ce jour là ? Pour y répondre, je ferai un aller-retour avec le contexte national.

    Un mouvement de population est une chose sérieuse qui peut se passer au mieux si deux conditions sont réunies : la décence de l’accueil d’abord et la qualité du dialogue ensuite. Je parlerai clair, le dialogue, dans le contexte actuel, c’est aussi mener au mieux sur ce terrain la bataille idéologique contre les islamistes. Or rien n’est fait au mieux, tout est fait au pire, pour que cela se passe le plus mal possible. L’exemple de Calais le montre. Cette situation inhumaine est entretenue, depuis des années, par l’État de la sixième puissance économique mondiale. Le mot « jungle » est significatif. La « loi de la jungle » est régulièrement invoquée, depuis Hobbes et sa reprise de l’adage latin « L’homme est un loup pour l’homme », pour justifier les forfaits du capitalisme. La volonté politique de casser les logements sociaux aux Izards n’est que l’écho de la volonté politique générale de créer et maintenir une jungle à Calais.

    Observons, dans ce mouvement, l’action des associations, elle se fait à deux niveaux, le premier est celui de celles qui s’investissent dans la logistique (donner à manger, aider à se loger, aider dans les différentes démarches,..) c’est le niveau de la solidarité directe, celui que nous encourageons. Le deuxième niveau est celui de militants associatifs qui sont en fait des militants d’organisations politiques (ou leurs « compagnons de route »). Ils veulent « représenter ». C’est pourquoi, ils organisent des manifestations, ils parlent aux médias, mais aussi, ils dirigent les stratégies en fonctions de leurs intérêts, quitte à noyer le poisson, à dissuader de participer à telle ou telle initiative concrète. Derrière leur agitation spectaculaire, qui profite bien peu aux réfugiés, il y a surtout une course aux subsides et aux places avec, comme corollaire, la reprise du discours dominant qui consiste à essentialiser le « migrant ».

    Or, nous n’avons pas affaire à un «  migrant-moyen » mais à des êtres humains bien différents, aux trajectoires parfois opposées. Pourtant cette réduction est largement admise et sa conséquence est de clore systématiquement toute possibilité du dialogue nécessaire, ne serait que sur « qui », « pourquoi » et « comment » on soutien les personnes réfugiées. La construction de la « crise migratoire » marche donc sur deux pattes, une pénurie matérielle voulue et organisée par l’État et ses affidés et une notion réductrice de « migrant » entretenue par le discours dominant. Alors il n’y a donc rien d’étonnant, quand on dénonce concrètement ce scandale, à ce que le premier nous donne des coups et que les propagateurs du second nous fassent des crocs en jambe.

    [1] Voir : PENDANT LA MINUTE DE SILENCE LA DESTRUCTION DE HLM SE POURSUIT
    http://seenthis.net/messages/436793

    #Toulouse

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • #Goodyear : une répression éhontée
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article792

    En 2007, la multinationale Goodyear-Dunlop, pour augmenter ses bénéfices (cette année-là, cette société avait dégagé au plan mondial plus de un milliard de dollars de gains !) demande aux salariés de ses deux sites amiénois de travailler plus longtemps et d’augmenter les cadences, avec en particulier la mise en place d’une organisation du travail en 4x8 au lieu des 3x8 en usage jusque-là. Ces horaires, très dommageables pour la santé des salariés, permettent de mieux rentabiliser l’outil de travail.

    Lors d’un référendum, les salariés marquent leur nette opposition à ce projet. Mesure de rétorsion : peu de temps après, la direction décide de licencier 402 employés. La CGT, premier syndicat dans la boîte, conteste ce plan devant les tribunaux et obtient son annulation.

    Rebelote deux ans après. En 2009, la direction remet ça et avance un plan (dit) social qui prévoit 817 licenciements. Ce plan est lui aussi refusé par les tribunaux.

    Pendant toute cette période de conflit, Goodyear stoppe tout investissement dans son usine et la productivité, de ce fait, se dégrade.

    Le 31 janvier 2013, la direction annonce la fermeture de l’usine et le licenciement de tous les salariés. Le tout en subissant les calomnies du PDG de Titan, supposé repreneur, qui se permet d’écrire dans une lettre officielle au ministre du Redressement productif, le 8février 2013, qu’il a visité qu’il a «  visité plusieurs fois  » l’usine d’Amiens-Nord et que «  Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et le déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France.  ». Bref, qu’il s’agit de «  soi-disant ouvriers  ».

    Des propos totalement inacceptables que le PDG de Titan a pu répandre dans la presse alors que les conditions de travail de Goodyear sont particulièrement pénibles. Outre les horaires décalés, les ouvriers manipulent des charges lourdes dans une atmosphère saturée de HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques, du fait de l’utilisation de noir de carbone pour la fabrication du caoutchouc) et cela sans protection particulière pendant des années. Or, les HAP font partie de la famille des produits cancérogènes.

    Les 6 et 7 janvier 2014, quelques jours avant la fermeture définitive des portes, plusieurs dizaines de salariés, pleins de colère et d’amertume retiennent, sans violences physiques, en présence de journalistes, 2 directeurs dans leurs bureaux puis les relâchent au bout d’une trentaine d’heures. Dans un premier temps, la direction de l’usine et les cadres concernés, portent plainte puis, dans un deuxième temps, ils retirent cette plainte. C’est donc en fin de compte à la demande du seul ministère public (c’est-à-dire de l’État) que le procès est maintenu.

    Le 12 janvier 2016, un tribunal condamne huit travailleurs de l’usine Goodyear d’Amiens à 24 mois de prison dont 9 fermes, soit un total de 192 mois de prison dont 72 fermes !

    Le procureur voulait une peine exemplaire ; il l’a eue car c’est la première fois depuis plus de 50 ans que des travailleurs défendant leurs emplois sont condamnés pour des faits de cette nature.

    Faisons les bilans

    côté patron :

    Sur le plan légal : par deux fois, Goodyear a cherché à licencier massivement des salariés. Par deux fois, ces licenciements sont déclarés illégaux par des tribunaux. Qu’à cela ne tienne, laissant volontairement pourrir l’outil de travail, en 2013 Goodyear licencie finalement 1143 salariés en toute tranquillité.

    Aucune condamnation.

    Sur le plan financier : la santé de Goodyear (qui a délocalisé en Russie ce qu’il faisait à Amiens) est florissante. En 2015, il a dégagé 2,5 milliards de dollars de bénéfices, ce qui lui a permis de verser 800 millions de dollars aux actionnaires.

    côté salariés :

    Sur le plan humain : fin 2015, le bilan humain se chiffrait comme suit : 12 morts (dont 3 suicides, 9 morts prématurées par maladie). Pour les vivants, si l’on ôte les 130 retraités et les 120 ex-salariés qui ont trouvé un CDI, il reste 881 personnes dans la précarité ou la misère, qu’elles soient en CDD, en intérim, qu’elles tentent de vivoter plus ou moins après avoir créé leur «  entreprise  » artisanale, ou encore pour une écrasante majorité (environ 700 personnes) qu’elles pointent au chômage.

    Sur le plan légal : huit salariés, copieusement calomniés par un patron, ont été condamnés à un total de 192 mois de prison dont 72 fermes pour avoir retenu deux directeurs 30 heures chacun.

    Soit plus d’un mois de prison ferme pour chaque heure de rétention d’un directeur.

    A titre de comparaison, au moment du procès des salariés de Goodyear, la marchande de sommeil, propriétaire de l’hôtel Paris-Opéra dont l’incendie en 2005 avait tué 24 êtres humains, dont 11 enfants, était jugée responsable par la Cour d’appel de Paris et condamnée à deux ans de prison ferme.

    Soit un mois de prison par être humain brûlé vif ou écrasé au sol en tentant de s’échapper.

    Vous avez dit « #Justice » ?

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • N’« Imagine  » même pas !
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article795#outil_sommaire_1

    En #Corse, c’est connu, on aime chanter. Mais pas tout. Pas « Imagine », par exemple. Figurez-vous qu’à Prunelli-di-Fiumorbu, sympathique village de 3 400 habitants, deux institutrices (des « continentales » sans doute) n’avaient rien trouvé de mieux que de vouloir faire chanter le tube de Lennon à la fête de l’école, le 26 juin 2015, en cinq langues, celles parlées par des élèves de leurs classes : français, corse, espagnol, anglais et… arabe. Faire chanter un couplet en arabe à des élèves corses ? Crime de lèse-majesté ! D’où pressions et menaces contre les enseignantes qui ont du, face à l’ampleur de la vague raciste, annuler purement et simplement la fête de l’école par crainte d’agressions graves. Elles ont déposé des plaines, sans suite (personne ne doit connaitre les coupables, dans un village de 3 400 bonnes âmes). Quelques mois après, aux régionales, qui est arrivé en tête  ? La liste indépendantiste, raflant 48,61 % des voix, un de ses meilleurs scores.

    En Corse, on aime chanter. Et des fois, on chante n’importe quoi. Le « Dio vi salve Régina » (« Que Dieu sauve la Vierge »), par exemple. Lors de la première session de l’Assemblée de Corse, cette chanson catholique (qui n’a jamais été un hymne régional) a été entonnée par les élus, tous debout en marque de respect.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • #CORSE : Avec la dérive identitaire, c’est tout le navire qui chavire
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article795

    De nos jours, chacun semble ressentir le besoin de revendiquer ses « racines ». Quand Sarkozy revendique ses « racines chrétiennes » devant le petit Jésus, les islamo-fascistes revendiquent les leurs, musulmanes, brandissant le prophète Mahomet. Pendant ce temps-là, les revendications identitaires nationales, ethno-régionales et locales progressent un peu partout, enfonçant tous les jours l’Europe dans le communautarisme.

    Les conséquences sont graves et diverses dans la vie de tous les jours. Les choses vont très vite, augurant d’une période trouble à venir et rappelant des moments particulièrement douloureux de l’histoire. Car les revendications identitaires, qu’elles soient religieuses, nationales ou ethno-régionales, finissent toujours par entraîner des violences graves, qui oscillent tour à tour, entre mépris de l’autre, ratonnades, pogroms et attentats.

    Dans la chronologie de l’année 2015, trois faits majeurs relèvent de cette dérive identitaire. Janvier : assassinat de l’équipe de Charlie Hebdo et de clients et personnels d’un Hyper-Casher. Novembre : attentats de masse à Paris. Décembre : élections régionales, avec trois résultats marquants. Un, habituel, la non-participation d’une moitié des électeurs potentiels [1]. Un deuxième résultat qui est en train de devenir habituel, la montée et le renforcement du Front national. Enfin, un résultat tout nouveau : la prise d’une région par des nationalistes régionaux. Et, là, ça n’a pas traîné. Le résultat de l’élection, accueilli par des salves de coups de fusil [2], a presque immédiatement donné lieu à une bouffée de violence raciste [3].

     Le nationalisme c’est la violence : l’exemple corse
    En Corse on a suivi l’adage « Tous les prétextes sont bons  », et on a saisi le premier incident qui s’est présenté pour exprimer sa haine d’un étranger déjà bien maltraité alors qu’il exécute les tâches que les Corses eux-mêmes refusent de faire… un classique me direz-vous.

    Le 25 décembre dernier, suite à l’agression de deux pompiers et d’un policier dans un quartier populaire d’Ajaccio, 600 Corses ont manifesté plusieurs jours, officiellement pour protester contre ces agressions, en fait, surtout contre « les arabes » en général. Les manifs ont été rythmées par des slogans ne laissant aucun doute sur les intentions des participants : « Tuons-les », « On est chez nous » ou encore « Arabi fora » (« Les Arabes dehors » en parler Corse). Le cortège raciste s’est dirigé vers la petite cité où s’étaient déroulés les faits et, du moins le premier jour, l’a pratiquement occupée. Sous prétexte de trouver les auteurs de l’agression, les manifestants ont saccagé une mosquée et un kébab sous les yeux des forces de police. Ces faits (menaces de mort, destruction de biens) quoique lourds, faisant écho à ceux qui ont eu lieu en Bretagne ou à Calais, n’ont donné lieu, à ce jour, à aucune poursuite. En plein état d’urgence, alors que des dizaines de personnes ont été assignées à résidence, perquisitionnées simplement parce qu’elles avaient antérieurement participé à des manifestations écolos ou zadistes, en Corse, les nationalistes ont tout à fait le droit de manifester leur haine raciste et de casser ce qu’ils veulent en toute tranquillité.

    Ces manifestations de racisme et de xénophobie ne sortent pas de nulle part, elles sont liées à la revendication nationaliste. Représentant 25 % du corps électoral [4], les deux présidents [5] se sont permis, d’imposer de facto une «  officialisation  » de la nation Corse en prononçant leur discours dans le parler du cru et en martelant, qu’il s’agissait pour eux de « (…) faire parler la Corse d’une seule voix ». Une seule voix pour tout un « pays » ? Une phrase bien courte mais qui en dit très long !

    Ce coup de force n’a été que mollement commenté par le gouvernement et la classe politique (quand certains, comme les écolos par exemple, ne soutenaient pas carrément la revendication nationaliste). Or, bien plus que les agressions envers les pompiers et policiers, c’est bien cette affirmation nationaliste qui a été le déclencheur des violences anti-arabes. Car certains Corses ont pris au mot leurs présidents et ont mis en pratique, alliant les actes à la parole, leur slogan  : « La Corse appartient à tous les Corses » écho à « La France aux Français » des nationalistes français. Et la conséquence, c’est qu’il faut bouter l’étranger hors du sol national (enfin, en en gardant assez pour les besognes pénibles…).

    Ces faits montrent, si besoin était, que le #régionalisme même lorsqu’il se cache derrière un sympathique folklore, n’a rien d’inoffensif ni d’innocent. En jouer afin d’asseoir son pouvoir est très dangereux. Partout en France et dans le monde, les liens entre les régionalistes/nationalistes et les groupes mafieux/fascistes/d’extrême droite sont très étroits ; ils ont les mêmes intérêts et revendications et usent des mêmes méthodes violentes. Ils ont aussi en commun d’être grassement subventionnés par les instances européennes, par l’État national (dont une des devises préférée est « Diviser pour régner ») sans oublier les collectivités territoriales.

    [1] Au deuxième tour, pour l’ensemble du pays : 41,59 % d’abstention, 2 à 4 % de votes blancs ou nuls auxquels il faut ajouter environ 3 millions de non inscrits, soit un peu plus de 6 % du corps électoral.

    [2] « Toute la nuit, chants corses et coups de fusil ont résonné dans les rues de Bastia, Ajaccio ou encore Corte. » France 3, 15 décembre 2015

    [3] Ce n’est pas le seul endroit. Les agressions racistes ou religieuses se répandent sur le territoire mais certaines attirent plus que d’autres l’attention. Notons que si en Bretagne c’est le PS qui a gagné la région, dans la rue il en est tout autrement. La première manifestation xénophobe violente qui a eu lieu en France après les attentats de novembre est apparue à Pontivy, organisée par le mouvement Adsav (c’est-à-dire «  renaissance  » en breton). Il n’y a pas de hasard. La Bretagne – et Pontivy en particulier - est un des lieux ou l’ethno-régionalisme est le plus fort.

    [4] La liste Siméoni-Talamoni n’a obtenu que 35,34 % des suffrages exprimés (soit très légèrement moins qu’en 2010 ou elle faisait 35,73). La Corse étant la région où l’on vote le plus, il n’y a eu que 32,97 % d’abstention. Au total, La liste nationaliste représente donc 24,74 % du corps électoral. Elle doit son arrivée au pouvoir à la « prime » de 9 élus attribuée à la liste majoritaire.

    [5] Du fait de son statut particulier. Gilles Simeoni est président de l’exécutif et Jean-Guy Talamoni de l’assemblée.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • ---- #Exploitation ----------------------
    A votre #santé !

    Petite éruption de luttes sociales dans les cliniques privées  : celle des Cèdres à #Toulouse, la clinique de Gascogne à #Auch tout comme la clinique du Pont-de-Chaume à #Montauban.

    Ces luttes ont un point commun  : le refus de la dégradation des conditions de travail. Aux Cèdres comme à la clinique de Gascogne (30 jours de grève), la détermination des salariés à permis d’obtenir de notables améliorations.

    A la clinique du Pont-de-Chaume, deuxième établissement de santé du département (plus de 500 salariés) la lutte continue après 37 jours de grève.

    En 2010, une grève de 18 jours (la première dans l’histoire de la clinique) s’était terminée par un compromis bâtard et finalement par une stabilisation, un arrêt de la dégradation des conditions de travail (1). Cinq ans après, nous voici revenus au point de départ  : la clinique appartient désormais à un important groupe financier, propriétaire de plus de 80 cliniques, qui fait preuve d’une grande imagination (par exemple  : vente des bâtiments de la clinique à une SCI qui, en retour, facture à cette même clinique un loyer de 350 000 €, et «  Passez muscade  », comme on dit). Elle n’hésite pas, c’est un classique du genre, à augmenter la charge de travail des salariés (non-remplacement systématique des employés absents, augmentation du taux d’occupation des lits à effectif constant…) pour accroître ses profits.

    Le résultat a été une forte dégradation des conditions de travail des personnels soignants (d’où une augmentation du nombre des arrêts-maladie et des accidents du travail) ce qui nécessairement nuit à la qualité des soins prodigués aux patients. A l’appel de la CGT (seul syndicat présent) et en réponse à une ultime provocation de la direction (proposition de réformer l’organisation de la clinique pour améliorer la productivité des salariés en accroissant leur polyvalence  !) une assemblée générale des personnels a rédigé un cahier de revendications (amélioration des conditions de travail et augmentations salariales). Des débrayages furent organisés. Comme ils restaient sans effet, une assemblée du personnel décida alors la grève. Près de deux cents personnes essentiellement des membres féminins du personnel soignant (soit 80 % du personnel soignant de la clinique) dont une majorité non-syndiqués se lancèrent dans la lutte (à noter la très faible implication des personnels non-soignants – administratifs ou autres - voire même la non-participation de certains syndiqués CGT).

    Piquets de grève (très suivis et dynamiques), manifestations, opérations de sensibilisation sur l’espace public, information de la population,… malgré tous les efforts des grévistes et après trente-sept jours de grève la direction, arc-boutée sur ses prérogatives et soutenue de fait par la municipalité, refuse de plier. La lutte continue. Un point important à souligner  : certains grévistes ont fait part de leur étonnement d’être peu soutenus par la population, alors qu’ils se battent pour défendre aussi le droit pour tous à des soins de qualité.

    Une explication est que la grève est, depuis le début, conduite, dirigée exclusivement par la CGT, et la seule image que la population a des grévistes est celle des drapeaux cégétistes, le seul discours venant des grévistes est celui des responsables cégétistes de la clinique ou de l’Union départementale. Or, les prises de position très politiques de la CGT par rapport à Sivens (pro-barrage), par rapport au nucléaire et à la centrale de Golfech toute proche (pro-nucléaire), par rapport à la LGV Bordeaux Toulouse (pro-LGV), par rapport aux gaz de schistes (pro-gaz de chistes), etc., etc. sont connues de tous. On peut donc penser que beaucoup de personnes, pourtant de cœur avec les grévistes, refusent leur soutien pour ces raisons.

    La formation d’un comité de grève, réunissant CGT et non-syndiqués, permettrait de dépasser ce problème. Le cri de ralliement «  Tous ensemble, Tous ensemble  » entonné par les grévistes à chaque moment important de la lutte prendrait alors toute sa signification.

    Quoi qu’il en soit les salariés de la clinique du Pont-de-Chaume, confrontés à un patronat de combat, doivent plus que jamais être soutenus par tous ceux qui aspirent à plus de justice,d’égalité et de dignité.

    1.- Voir notre numéro 118 : http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article373

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • La vérité historique, première victime du nationalisme (janvier 2010)
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article348

    #Ernest_Renan, le grand mystificateur

    Joseph-Ernest Renan (1823-1892) était quelque peu tombé dans l’oubli. Le débat du jour le tire de l’ombre. Il redevient une référence, celle dont se revendiquent ouvertement des politiciens de haut vol comme Alain Juppé [1].

    Renan, ancien séminariste devenu rapidement, après quelques frictions avec Napoléon III, l’historien pour ainsi dire officiel de l’État, a au moins un avantage : son cynisme est tel qu’il n’y va pas par quatre chemins pour « lâcher le morceau ». Dans « Qu’est-ce qu’une nation  ? », conférence prononcée en 1882, il ne se gène pas pour écrire : « L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d’une nation, et c’est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger ». On ne saurait être plus clair...

    Renan, véritable « saint » de la troisième république, s’affirme partisan, pour les besoins de la cause, de « l’erreur historique », ce pourquoi on peut lui décerner le titre de «  Père du révisionnisme historique décomplexé  ». Aujourd’hui comme hier, ce révisionnisme permet au Pouvoir de continuer de travestir la vérité historique, de la faire entrer dans le moule qui lui convient, et de justifier ainsi son idéologie et sa pratique.

    Chantre du mensonge officiel, Renan fut le premier historien postérieur à la Révolution Française à remettre en selle, en tant que piliers de la « nation moderne », ceux qu’il nommait avec tendresse les « personnages du passé ». A sa suite, l’école de la troisième république intégrera toute une brochette de psychopathes royaux (et quelques uns de leurs plus célèbres laquais) dans l’imagerie héroïque de la France. Par ce coup de baguette magique, les brutes couronnées et leurs larbins devenaient, dans les livres scolaires, des héros qui auraient fondé la patrie française et se seraient sacrifiés pour elle.

    Les falsifications historiques vomies par Renan ont été la source à laquelle, à la fin du XIXème siècle, s’est abreuvée avec délectation cette bourgeoisie revancharde qui venait de massacrer les Communards. Les théories de Renan lui permettaient de faire coup double, d’une part en donnant un contenu clairement chauvin et réactionnaire à une République qui venait de s’installer par défaut [2], d’autre part, en contrant l’émergence du mouvement ouvrier internationaliste grâce à l’utilisation de cette version nationaliste de l’histoire. Deux attitudes qui allaient directement conduire à la boucherie sanglante de 1914/1918.

    L’essentiel de la falsification historique voulue par Renan et ses successeurs porte sur la Révolution française. Tout leur travail consiste à masquer la « rupture épistémologique » que représente cette période et à la présenter comme un simple prolongement du cours antérieur de l’histoire. Ainsi en est-il de l’idée de Nation, qui apparue dès le début de la Révolution, va être vidée de son sens par nos historiens et politiciens révisionnistes et déformée jusqu’à signifier le contraire de son sens premier. En effet, quand le terme Nation fait irruption dans le débat politique en 1789, il désigne clairement la collectivité formée par tous les individus, égaux entre eux, et de ce fait, la seule instance politique légitime dans un pays. L’idée de Nation se construit en opposition totale au pouvoir d’un seul (ou d’une petite caste), en opposition donc à la tyrannie qu’ont précisément défendu les Jeanne d’Arc, les Charles Martel et autres « personnages du passé » lors des siècles d’oppression féodale et monarchique, en opposition totale à cette idéologie qui permettait à n’importe quel crétin (pourvu qu’il fusse couronné) d’affirmer : « L’État, c’est moi  ! ».

    Ainsi, pendant la Révolution Française, on pouvait fort bien être étranger, être né loin du territoire français, et être immédiatement intégré dans la Nation. C’est pourquoi des hommes et des femmes de tous les pays se retrouvèrent en France, dés 1789, à délibérer, à décider et à agir pour les idéaux révolutionnaires. A partir de 1792, il y eut même des bataillons entiers formés par les nombreux étrangers désireux de combattre sous les drapeaux de la Nation. On ne parlait pas alors de « brigades internationales » mais de « Légions » : Légions Belges, Légion Franche Étrangère Batave (Hollandais), Légion des Allobroges, Légion Germanique, Légion des Américains (Antillais et habitants métis ou blanc des colonies), etc.

    Ces faits sont aussi remarquables qu’il sont peu connus. Et pour cause : ils gênent les historiographes nationalistes, préoccupés d’élaborer leur mystification xénophobe. Ils gênent tout autant l’école historique marxiste qui, les oeillères du matérialisme dialectique bien rivées, n’a jamais voulu voir dans la Révolution française que son expression bourgeoise. Il est vrai que l’existence des Légions belges, germaniques ou américaines prouve que la conscience internationaliste n’a pas attendu la théorie de Marx et la pratique de Lénine pour se manifester de façon concrète !

    Cette caractéristique du conflit fondateur de la Nation française est renforcée par un deuxième élément qui vient compléter clairement la signification en contrepoint : tout comme on pouvait être étranger et membre de la Nation, on pouvait tout aussi bien bien être français de souche, né sur le territoire et appartenir au parti de l’étranger.

    la frontière : fracture idéologique et non réalité territoriale

    En effet, si des esprits éclairés sont venus d’Europe et des Amériques pour défendre la Révolution, à l’inverse des membres éminents de la noblesse, de l’église et des milieux affairistes, tous « Français de souche » ont fui en masse le pays à partir de la prise de la Bastille [3]. Ceci nous montre où se situe la véritable fracture : non pas entre lieu de naissance, non pas entre territoires géographiques (d’un coté du Rhin ou de l’autre) , non pas entre « cultures » (culture française contre culture allemande...), mais bien entre intérêts économiques et de pouvoir.

    La France de la Révolution n’avait donc pas de problème avec les personnes nées hors de France. Elle en avait de sérieux avec toutes celles qui, selon l’expression des sans-culottes, formaient le « parti de l’étranger », parti désigné ainsi parce qu’il se regroupait sans vergogne autour des despotes régnant à l’étranger [4]. Un parti qui reçut la participation massive de « Français de souche » : on évalue à un million, chiffre énorme pour l’époque, le nombre de nobles, de riches et de curés qui n’hésitèrent pas à déserter le territoire français pour revenir l’attaquer avec les armées royales étrangères [5].

    les nouveaux émigrés

    L’histoire dit-on a tendance à se répéter. Parfois sous forme de farce. Après avoir connu l’émigration de la noblesse, revenue avec Louis XVIII dans les paquets des armées étrangères piller de nouveau le territoire dit national, voici que nous sommes menacés de l’émigration des... footballeurs. Le lien entre les deux émigrations n’est pas qu’apparent, et les théories révisionnistes des émules de Renan sont là pour masquer le scandale que constitue l’une comme l’autre.

    Alors que le slogan politicien affirme -ce que beaucoup de gens croient- que « Les plus pauvres ne payent pas d’impôt », en France, même les rmistes, tout comme les retraités aux pensions les plus minables, les étudiants aux bourses ridicules, et les sans-papiers les mieux cachés payent des impôts tous les jours [6]... A contrario, les politiciens s’en vantent moins, ils ont voté des « niches fiscales » qui permettent aux plus riches de ne pas payer d’impôts directs (ou de n’en payer que sur une fraction de leur revenu). Les joueurs professionnels de football, dont le salaire moyen tourne autour de 500 000 euros annuels, jouissent de ce privilège. Or, voici qu’un inconscient a envisagé de leur faire payer des impôts, comme à la masse de la population, sur la totalité de leur revenus. Quels cris d’effroi n’avons-nous pas entendus ! Et quelle menace ! Celle d’un « nouvel exode massif vers l’étranger des meilleurs joueurs du championnat. »

    Un exode massif vers l’étranger ? Bigre, cela nous en rappelle, des choses !

    Soulignons d’abord que cette menace d’émigration massive émane d’un milieu qui vit de la promotion d’un chauvinisme sportif identitaire qui englobe jusqu’à la couleur du slip ; qu’elle provient directement de gens qui composent l’équipe dite « de France » et qui font profession de chanter au garde à vous, en regardant le drapeau bleu-blanc-rouge « droit dans les yeux », devant des millions de personnes, l’hymne national. En plein débat sur l’identité nationale on mesure le peu de sincérité de l’establishment : alors qu’il s’était levé comme un seul homme pour fustiger cruellement le public qui avait, par jeu, sifflé la Marseillaise, pas un seul dignitaire du régime n’a dénoncé quelque chose qui devrait être bien plus grave à ses yeux et tirant bien plus à conséquence (s’il avait la moindre honnêteté) : une atteinte aux plus sacrés des devoirs, celui de verser, comme tout le monde, sa contribution.

    L’anecdote ridicule des tapeurs de ballon qui menacent, comme un seul homme, d’aller faire joujou ailleurs et, surtout, le silence complice qui accueille leur caprice nous révèle on ne peut plus clairement la véritable fonction du nationalisme : masquer, sous des mots creux, l’indignité passée, présente et à venir des privilégiés.

    Le principal pilier de la vie en société c’est la fraternité, la solidarité, sans cela, tout le reste n’est que mensonge et hypocrisie. Ceux qui sont trompé par les nationalismes défendent en réalité des privilégiés qui agitent leurs drapeaux nationaux (ou régionaux) pour mieux détourner l’attention et tirer des profits égoïstes. Hier comme aujourd’hui, il est notoire que ceux qui, à cause de leur rapacité, sont en dehors des valeurs fondamentales de la société humaine (de ce que les sans-culottes appelaient la Nation) ce ne sont pas les « étrangers » mais bien les riches, les patrons, les profiteurs de tous poils et leurs complices.

    G. Babeuf

    INTEGRISME & NATIONALISME

    Au moment, ou l’on parle beaucoup, en France, tour à tour, de l’intégrisme religieux et de l’identité nationale, je tiens à souligner que c’est bien le nationalisme que le pouvoir plébiscite au travers de cette fumeuse idée d’identité nationale. Et, il ne peut pas y avoir de doute sur le fait que le nationalisme est bien lui-même un intégrisme. Car comme tout intégrisme, il est un vecteur de fanatisme, parce qu’il est violemment excessif et injuste ; il est un vecteur qui génère des clichés sommaires, parce qu’il facilite l’existence d’une mentalité sécuritaire ; il est un vecteur d’ignorance, parce qu’il occulte la vérité de la réalité ; il est un vecteur de haine, parce qu’il engendre l’intolérance et la peur, donc, la violence, une violence qui servira toujours le pouvoir en place. Et de plus, le nationalisme revêt, aussi, un caractère fondamentalement religieux, car, il est, de par sa nature démagogique, appelé à être élevé au rang du sacré. Cette superstition est l’ennemie de tous les hommes libres, car, elle exalte le réflexe réactionnaire en faisant appel à l’émotionnel pour réveiller les pulsions primaires telles que, par exemple, l’esprit grégaire. Sa devise pourrait être : A chacun son drapeau, à chacun sa haine. Tous ceux qui savent qu’il y a d’autres manières d’exister que par la haine doivent rejeter toute complicité avec le nationalisme.

    [1] Voir par exemple le site de juppé http://www.al1jup.com/quest-ce-quune-nation

    [2] la chute de Napoléon III, la république fut instituée de façon provisoire par une assemblée monarchiste qui n’arrivait pas à se mettre d’accord entre elle. Moyennant quoi, cette Troisième république fut la plus longue de l’histoire de France

    [3] Trois jours après, le 17 juillet 1789, le comte d’Artois, frère du roi (et lui même futur roi, sous le nom de Charles X), passait à l’étranger sans oublier d’emporter tout ce qu’il pouvait de sa fortune

    [4] Certains lecteurs ont peut être entendu parler de Rivarol, une feuille qui se veut l’hebdomadaire de l’« opposition nationale et européenne » et soutient régulièrement le Front National. Ce périodique, adepte du slogan « La France ou on l’aime ou on la quitte » fait semblant d’oublier que le célèbre pamphlétaire royaliste dont il tire son nom ... a quitté la France en 1792, comme quoi, il ne devait pas l’aimer tant que ça...

    [5] Voir A. Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française. Ajoutons que c’est précisément pour avoir soutenu ce « parti de l’étranger » que Louis XVI, né français de souche, a été guillotiné en 1793.

    [6] ...car ils ne sont pas exonérés d’impôts indirects. Quand un rmiste achète des carottes, il verse 5,5 % du prix dans les caisses de l’État, et, s’il s’achète une chemise, 19,6 % !

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°115 janvier 2010
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article350

    • http://mondialisme.org/spip.php?article2383

      Temps critiques

      VERNISSAGE D’UNE ANTIQUITÉ :

      LE « DÉFAITISME RÉVOLUTIONNAIRE »

      À propos des attaques islamistes de Paris, nous avons reçu un tract qui passe une couche de vernis sur une ancienne position de la gauche communiste devenue aujourd’hui une antiquité : le défaitisme révolutionnaire.

      Premièrement, le tract est marqué par son incapacité à reconnaître ce qui est nouveau

      D’après lui, nous serions dans un système capitaliste mondialisé. On peut donc supposer, sans pour cela perdre du temps à s’interroger sur la validité de la notion (kautskienne je crois) de "super-impérialisme", que les souverainetés nationales ont aujourd’hui peu de poids face à l’imbrication des différentes fractions du capital dans ce que nous appelons, à Temps critiques, le "capitalisme du sommet" (cf. n° 15). Ce tract devrait donc en tirer toutes les conclusions possibles. Au lieu de cela, le texte nous dit qu’en fait la situation de guerre est engendrée par des puissances visant à la défense de leur pré carré ! Cela suppose de maintenir une vision traditionnelle des luttes anti-impérialistes comme si on en était encore à l’époque coloniale ou même post-coloniale des années 1960-1980. Or le mouvement mondial de globalisation a déplacé la question ancienne de la possession coloniale ou de la domination néocoloniale avec maîtrise des territoires vers celle du contrôle des flux par le biais de politiques financières et de mises en réseaux clientélistes. Pour ne prendre qu’un exemple, il ne s’agit pas tant de s’approprier le gaz ou le pétrole moyen oriental que de garder les robinets de distribution ouverts afin qu’il n’y ait pas de risque de rupture d’approvisionnement pour l’ensemble des pays consommateurs de la communauté internationale. Seuls les quelques pays soumis à embargo sont tenus à l’écart de ce consensus.

      Cet objectif internationalisé même si il est chapeauté par la puissance dominante, c’est-à-dire les États-Unis, change tout du point de vue stratégique. La stabilité d’un ordre mondial est primordiale pour garantir cette fluidité du capital et la circulation des ressources énergétiques ou des matières premières. Les stratégies ne sont donc plus dictées essentiellement par des efforts de déstabilisation de "l’autre camp" comme dans les soubresauts de l’après-guerre froide ; ou pour s’approprier des parts de gâteau dans une situation de guerre économique sauvage. Si on ne tient pas compte de ce nouvel ordre mondial, forcément instable dans certaines zones, alors pourquoi parler en termes de mondialisation comme le fait le tract ? Il n’y aurait rien de nouveau alors depuis 1945 !? C’est faire fi de toutes les réunions internationales incessantes, qu’elles soient de type commerciales, climatiques ou politiques.

      Qui peut penser, comme le soutient par exemple le tract, qu’El Assad veut développer son "capital national" ? que Daesh dont les antennes s’étendent paraît-il dans trente pays viserait à développer son capital national ? Et les talibans aussi, c’était ça aussi leur objectif en transformant Kaboul en un village du Moyen Age ?

      Cette incohérence ne permet pas de comprendre une double contradiction du capital. L’une au niveau stratégique de l’hyper-capitalisme du sommet entre d’un côté la tendance dominante à la mondialisation et donc à la crise des États sous leur forme d’État-nation et de l’autre la résurgence de politiques de puissance aussi diverses que celles menées récemment par le Japon, la Russie et l’Iran. L’autre au niveau de la gestion encore en grande partie nationale d’une situation où coexistent de façon conflictuelle, d’un côté une croissance de flux humains (migrants et réfugiés) parallèle à celle des flux financiers ou de marchandises et de l’autre une tendance protectionniste et souverainiste-identitaire.

      Deuxièmement, la guerre est conçue dans des termes anciens

      Cela découle de ce qui précède. Pour l’auteur du tract, la guerre ne peut être qu’une guerre entre États dans laquelle les gros mangeront les petits puisque les luttes de libération nationale qui avaient semblé inverser cette tendance ne sont plus vraiment d’actualité laissant place à une désagrégation des différents blocs issus de la Seconde Guerre mondiale puis de la Guerre froide. Pourtant ce qui caractérise les actions militaires depuis 2001, pour nous donc des opérations de police (cf. note 1) c’est ce qui a été théorisé par les experts en stratégie militaire, comme des guerres asymétriques ou dissymétriques, ce qui change la donne et pour tout le monde. Du côté des puissances et du pouvoir la désignation des ennemis n’est plus claire ; l’ennemi est-il encore extérieur ou en partie intérieur ? Le politique retrouve ici sa dimension incontournable par rapport à la dimension militaire et au rapport de force brut. C’est aussi pour cela que la position de facilité à court terme, pour l’État apparaît comme celle du tout sécuritaire.

      Mais de « notre côté » les choses ne sont pas plus claires. S’opposer directement à la guerre comme ce fut le cas encore pour le Vietnam alors que la conscription existait toujours n’était déjà plus qu’une possibilité indirecte au moment de l’intervention en Irak de forces opérationnelles spéciales. Cette possibilité est maintenant devenue très problématique dans une configuration où s’affrontent professionnels technologisés et dronés d’une part, combattants fanatisés (et bien armés aussi), d’autre part. Les « lois de la guerre » ne sont d’ailleurs plus respectées ni par les uns ni par les autres. En conséquence, pratiquer le « défaitisme révolutionnaire » s’avère sans objet ; et se réfugier dans un refus de l’unité nationale comme si c’était l’objet du problème et par ailleurs comme si cela pouvait avoir un quelconque effet pratique, relève du slogan qui devient grandiloquent et même ridicule quand il nous promet, dans le cas contraire une mort programmée (le catastrophisme encore et toujours).

      Troisièmement, il est marqué par sa confusion entre capital et capitalisme

      Pour l’auteur tout est capitaliste et donc les États et même le "proto-État" Daesh sont des États capitalistes. Il s’ensuit, entre autres, qu’aucune analyse fine des particularités de Daesh ou d’Al Qaida n’est possible puisque le tract néglige complètement le fait que ces organisations prospèrent sur le tribalisme et non pas sur le capitalisme (ça n’empêche certes pas la valeur de circuler) et qui plus est sur un tribalisme religieux, le tribalisme sunnite en conflit ouvert avec un chiisme plus centralisé et institutionnalisé sur le modèle iranien. Le même phénomène se retrouve en Libye où la mort de Kadhafi a libéré la lutte clanique. Cet éclatement des guérillas peut même être l’objet d’une véritable stratégie comme celle des « franchises » d’Al Qaida, réplique militaire des franchisés commerciaux occidentaux. Cette organisation à l’horizontale se rapprochant aussi de certaines organisations mafieuses comme à Naples, ce qui rend « la traque » plus difficile..

      Si elle revêt parfois des formes anticapitalistes ou anti-impérialistes, cette guerre de guérilla est avant tout appuyée sur trois axes, le premier religieux qui oppose révélation à raison est très éloigné des formes religieuses de l’islam intégré des pays occidentaux, le second familial et patriarcal en concordance plus étroite avec les piliers de l’Islam et enfin le troisième de type mafieux reposant sur l’accaparement de la rente, le pillage et le commerce illégal y compris l’esclavage. Il est donc inapproprié de traiter de capitalistes des organisations comme Daesh et Al Qaida alors que leur organisation et leurs perspectives sont tout autres. Il est aussi erroné de les traiter de fascistes comme le font souvent les libertaires et les gauchistes parce que le fascisme est un sous-produit du socialisme et du nationalisme alors que ces organisations n’ont justement pas de visées nationales ; elles sont même directement mondiales et s’adressent à une communauté des croyants potentiellement sans limite. Ce sont donc bien ces organisations et pas celles de la gauche radicale qui ont dépassé en pratique le cadre de référence de la nation même si ce n’est pas dans la perspective de la communauté humaine, mais dans celle aliénée de la communauté religieuse. C’est particulièrement vrai pour Al Qaida et si Daesh présente au départ une option plus territorialisée avec le projet de Califat, il semble que son orientation récente rejoigne celle de l’organisation concurrente. Au rebours de ce que prétend le tract, on peut même dire que ces organisations sont le fruit de la défaite des pouvoirs nationaux-socialistes nassériens, baasistes et kadhafistes dans la région.

      Quatrièmement, sa perspective est d’origine historique décadentiste (mais drapeau dans la poche en quelque sorte).

      Une phrase en est emblématique : « la guerre rode partout sur l’ensemble de cette planète vivant une véritable agonie ». À la limite, on peut dire que les djihadistes sont plus clairvoyants qui s’attaquent au capitalisme et particulièrement à une société capitaliste pourvoyeuse de plaisirs et fonctionnant sur un modèle hédoniste adopté par toutes les couches de la population y compris les plus défavorisées. En effet, les lieux choisis ne tiennent pas du hasard. Les lieux de divertissement sportifs, musicaux, bars ou restaurants à la mode ont été taxés de lieux « d’abominations et de perversion » par le communiqué de revendication des attentats par l’EI du le 14/11/2015. La crise avec un grand C n’est donc pas encore là quoiqu’en pense ou souhaite le tract. Les difficultés actuelles à reproduire les rapports sociaux dans leur ensemble n’empêchent pas la poursuite d’une dynamique de capitalisation dont l’un des axes est constitué par le consumérisme, festif de préférence.

      C’est malheureusement une tradition, dans l’ultragauche, que de réactiver cette tendance décadentiste qui voit du mortifère et de la misère partout, mais aujourd’hui cela s’effectue sous une forme radicalisée catastrophiste bien rendue par la phrase : « ces attentats dont ceux de Paris ne sont qu’un hors d’œuvre ». Qui écrit cela frôle le cynisme et surtout pratique la politique du pire parce qu’il n’a pas de solution de rechange. Noircir le tableau est le signe d’une désespérance du courant communiste radical.

      Cinquièmement, le spectre du prolétariat remplace la lutte des classes

      Tout d’abord la classe ouvrière est définie comme la classe « antinationale par définition ». On se demande bien qui a pu établir cette définition. Le Larousse ? Non. Marx ? Oui, mais avec plusieurs bémols. Tout d’abord Marx n’est qu’un théoricien-militant à l’épreuve de la pratique et on connaît aujourd’hui la pratique qui a mis à mal ce qui devait être l’internationalisme prolétarien resté toujours très minoritaire au sein de la classe ouvrière. Ensuite la phrase du Manifeste adorée comme une Bible pour croyant est une phrase tronquée dont le contenu complet est moins clair ou univoque. Je cite : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ôter ce qu’ils n’ont pas … Comme le prolétariat de chaque pays doit d’abord conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation [c’est nous qui soulignons], il est encore par là national ; mais ce n’est pas au sens bourgeois du mot ». Certes, Marx est encore à l’époque, imprégné de démocratisme révolutionnaire (deuxième partie de la citation) et sa perspective communiste reste lointaine même si elle est affirmée en tête de citation. C’est bien pour cela qu’il ne s’avance pas trop sur le caractère « antinational » du prolétariat. Il se laissera même parfois aller à un certain pangermanisme comme par exemple dans son opposition au slavisme de Bakounine ou dans ses prises de position au début de la guerre franco-allemande avant de comprendre l’importance de la Commune de Paris. En tout cas, s’il cède parfois à un essentialisme du prolétariat parce qu’il le pense dépositaire final de l’universalisme bourgeois (c’est sa position dans les œuvres de jeunesse), il sait aussi combien la classe ouvrière est une classe déterminée par ses conditions (c’est sa position à partir des Grundrisse). Alors pourquoi reprendre cela dans un tract répondant à un événement actuel ? La situation serait-elle plus favorable à l’expression de ce côté universel qu’au côté particulariste ? On aimerait bien mais on en doute. Le tract lui-même en doute quand il espère « le réveil du prolétariat international » sans se poser la question du pourquoi de son grand sommeil et sans se demander comment les tirs de kalachnikovs au Bataclan sonneraient ce réveil.

      Ce qui est patent mais bien évidemment dur à reconnaître pour les courants communistes radicaux, c’est que ce genre d’événements nous met tout simplement hors jeu et on peut dire celui de novembre bien plus encore que ceux de janvier. Dans cette situation que nous subissons au plus haut point, toute position « programmatique », sous condition même qu’elle puisse être fondée en principe, s’avère artificielle et velléitaire. Pour éviter qu’elle apparaisse trop décalée il faut alors se replier sur une position du type de celle prise par Erri de Luca.

      Cette intervention d’Erri de Luca est en effet cohérente avec son actuelle position démocrate et « antifa ». Il propose l’organisation d’une défense citoyenne sur le modèle de ce qui se faisait dans les quartiers de l’Italie des années 1970 pour neutraliser les fascistes même s’il s’agit cette fois de neutraliser les terroristes et ainsi d’éviter ce qu’il nomme un risque de « militarisation » excessive de l’État et donc sa droitisation extrême. Les dispositifs stratégiques imaginés par l’ancien dirigeant du service d’ordre de Lotta continua refont surface mais convertis pour un usage citoyen dans l’État de Droit de façon à nous sauver de l’État d’exception expérimenté un temps par l’État italien au cours des « années de plomb ». Sans partager ce propos, le réduire à un appel à la délation auprès de la police comme le font déjà certains, est un réflexe révolutionariste qui pense que la dénonciation est bien supérieure à la délation mais sans rien proposer d’autre qu’un mot d’ordre abstrait qui présuppose une guerre (de classe ?) entre deux ennemis, d’une part un État-policier et d’autre part des « révolutionnaires » qui le combattent. Où trouverait-on un collégien, même intoxiqué par le NPA, pour croire à cette fiction ?

      Pour conclure et répondre indirectement à une intervention d’un camarade à propos de Jaurès et du patriotisme, nous joignons ci-dessous des extraits d’une lettre adressée à quelques camarades dans le cadre des discussions préparant notre texte sur les événements de janvier.

      La phrase de Renan (« L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création de la nation ») date d’une conférence de 1882 et ton énoncé n’est d’ailleurs pas complet. Il convient pourtant de lire toute la phrase puisque Renan ajoute à l’oubli, l’erreur historique (c’est-à-dire finalement la nécessité d’une réécriture qui fasse une « histoire »). Une citation donc très Troisième République et une définition fort éloignée de celle de Sieyès (« la nation c’est l’association ») et autres révolutionnaires de 1789. Une définition qui s’explique par la volonté de fonder en théorie une conception de la nation qui puisse être reconnue par tous, du bourgeois jusqu’à l’ouvrier, du républicain jusqu’au royaliste. Le patriotisme originel, par exemple de « l’armée révolutionnaire » se transformera alors progressivement en religion de la patrie.

      Les propos a-historiques que profèrent les « anti-nation » de principe et particulièrement ceux venus de l’ultra-gauche ou de l’anarchie, méconnaissent et c’est un peu étonnant, le fait qu’au moins jusqu’à la Commune de Paris, nation et patrie étaient des notions révolutionnaires puis internationalistes jusque dans la Première Internationale et que l’Église, la noblesse, les franges conservatrices de la bourgeoisie ne s’en revendiquaient pas, bien au contraire. On sait que la révolution française a combattu « le parti de l’étranger », mais qu’elle a accueilli comme français tous les volontaires étrangers dans ses légions, ancêtres des brigades internationales de 1936, les staliniens en moins.

      Plutôt que de résumer ici des positions historiques de marxistes sur la nation pour en montrer les limites ou les ambiguïtés (Marx et sa citation tronquée du Manifeste, Bauer et la nation comme communauté de destin que le socialisme ne "dépassera" pas plus d’un claquement de doigt qu’il ne "dépassera" la religion, Strasser, Pannekoek et leur déterminisme mécaniste, etc.) nous renvoyons aux 100 premières pages du n°33-34-35 de la revue Ni patrie ni frontières d’Yves Coleman sur « Les pièges de l’identité nationale ». On doit pouvoir le commander ou le lire directement sur le site de NPNF et "mondialisme.org".

      Temps critiques, le 19 novembre 2015.

  • Les Syriens, oubliés depuis si longtemps ...
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article772&artpage=2-3#outil_sommaire_1

    Depuis 2011, la Syrie a vécu à la fois des élans révolutionnaires, de violentes attaques contre-révolutionnaires, la monté du fascisme religieux, la perpétuation des atrocités commises par l’Etat d’el-Assad, le tout dans une indifférence internationale parfaitement honteuse. La vie de millions d’êtres humains a basculé dans la tragédie, les destructions sont massives…

    Sans aucune prétention, j’ai cherché ici à faire un point, celui d’un humain qui s’interroge sur la base des informations qu’il a pu recueillir.

    Commençons par le début. Les révolutionnaires syriens ne sont pas sortis dans la rue pour réclamer un Etat islamique, l’application de la charia ou pour obtenir davantage de mosquées. Non, ces gens sont sortis dans la rue pour réclamer liberté et dignité, réclamer leur droit à la parole et ne pas entendre seulement la voix de Bachar. Quoi de plus normal que de voir, dans un pays, des gens se soulever contre un tyran, contre celui et ceux qui les oppriment, c’est-à-dire celui et ceux qui les gouvernent ?

    40 ANS DE DICTATURE ÇA SUFFIT

    En mars 2011, à Deraa (ville du sud-ouest de la Syrie), des enfants, très jeunes – l’aîné avait 14 ans, mais on murit vite dans de telles situations – inspirés par les soulèvements en Egypte et en Tunisie, ont écrit sur un mur «  Le peuple veut la fin du régime  ». Il s’en est suivi un enchainement inouï de violences. Les forces de l’ordre de l’Etat d’el-Assad arrêtent ces enfants, les frappent, les torturent, leur arrachent les ongles… Ce sont leurs méthodes habituelles et c’est ce qu’ils font subir à ces enfants. Des humains de Syrie, ne vont pas rester insensibles face à ce nouvel épisode d’horreur. Ils sortent dans la rue pour tenter de les faire libérer. C’est par des rafales de mitrailleuse que l’Etat barbare leur a répondu. Des enfants, seuls les cada-vres mutilés, brûlés, sacrément amochés, sont rendus aux familles.

    C’est l’étincelle. Tout s’enflamme. D’énormes rassemblements et manifestations pacifiques vont suivre dans tout le pays. C’est principalement chez les plus défavorisés que la révolte gronde, alors que les privilégiés apporteront un soutien incontestable à Bachar le sanguinaire.

    Des actions symboliques comme l’arrachage de posters à l’effigie du tyran ou la destruction de statues des el-Assad (père et fils), l’attaque d’un siège du parti Baas et la colère massive grandissante, seront toujours calomniées par l’impressionnant appareil de propagande de Bachar qui les taxera de « terrorisme ». La rhétorique de Bachar est simple : qui s’oppose à lui ne peut être qu’un dangereux « terroriste », alors que lui-même est un brave pacifiste qui ne recherche que le bonheur de son peuple, comme il l’écrit, par exemple, dans ce communiquée de presse (novembre 2011) :

    « Mon rôle, en tant que président, et c’est mon obsession quotidienne, est de savoir comment mettre un terme à ce bain de sang causé par des terroristes armés qui œuvrent dans plusieurs régions ».

    Comme si les personnes massivement présentes dans cette rébellion, à ce moment-là, étaient des barbus sanguinaires et que lui, maître incontesté du pays, était le garant de la « laïcité » et de la « paix » en Syrie.

    Or, s’il y avait et s’il y a une chose que les Syriens n’ont pas à attendre de l’Etat, c’est bien qu’il combatte le vrai terrorisme. Mais contre la révolution, ce sera une lutte acharnée que les bourgeois syriens mèneront.

    Vouloir transformer l’homme révolté en « terroriste », ne sera pas le gros mensonge de la seule propagande d’Etat d’el-Assad. Il sera repris immédiatement par tous ses alliés et au-delà, c’est-à-dire beaucoup plus de monde que l’on ne croit. Il est vrai que l’Etat de Bachar a su se créer, par sa « générosité », beaucoup d’amis discrets mais actifs…

    La résistance populaire, quant à elle, s’organise autour de « Comités locaux », pour venir en aide aux familles des victimes. Des lieux s’ouvrent, où la parole jusqu’alors muselée, se libère. Face aux problèmes du quotidien, vient alors le « Comment faire face ensemble ».

    « Mener leur vie indépendamment des institutions et organes d’Etat, établir un espace qui permette la collaboration collective des individus, activer la révolution sociale aux niveaux local, régional et national ».

    Voila comment Omar Aziz, révolutionnaire syrien mort en prison, voyait les Comités locaux de coordination, comme le rapportent les propos d’un de ses amis, Buddour Assan.

    Pendant ce temps, les services de police ainsi que des miliciens syriens (très actifs et très fidèles à Bachar) mènent la répression, commettent des tueries, des bains de sang, couverts par le silence médiatique. En réponse, le mouvement populaire donnera alors naissance au premier groupe armé dont nous entendrons parler, l’Armée Syrienne Libre, composée de déserteurs et d’habitants. Leur mission sera de défendre ceux qui se font massacrer par les forces obscures d’el-Assad et du Hezbollah libanais. Un lien soudé existera entre l’ASL et les Comités locaux. Ce mouvement, jusqu’alors resté pacifique, n’aura d’autre choix que de prendre les armes. Les villes d’Alep et de Homs seront des terrains de fortes confrontations. Les chars du pouvoir vont entrer en jeu, puis viendra le tour des bombardements, puis l’utilisation d’armes chimiques, notamment le gaz sarin, faisant des massacres  : 1 400 morts dans les banlieues de Damas le 21 août 2013…

    Selon la propagande d’el-Assad, aussitôt reprise en boucle par ses fidèles alliés, ce sont les rebelles qui se seraient envoyé ce gaz toxique dessus pour qu’interviennent les forces étrangères. Ben voyons. Et devant l’incohérence de ce « message », qui ne passe pas toujours bien, le deuxième argument de la propagande assadienne est de nier les faits  : le rapport sur le gaz sarin serait un faux. Difficile à croire quand on voit la tournure des événements (mais les alliés de Bachar ont quand même réussi à semer le doute en Occident) ! Toujours est-il qu’il n’y a eu aucune intervention pour arrêter les massacres. El-Assad a pu continuer ses crimes aux yeux de la terre entière, sans qu’il y ait de grande réaction. Il a pu franchir la fameuse « ligne rouge » sans que l’action (ou plutôt l’inaction) internationale bouge d’un iota.

    Résumons  : Quand les Syriens s’expriment pacifiquement, par un tag ou des manifestations, ils ont des balles comme réponse. Quand ils s’arment défensivement pour se protéger, c’est l’artillerie lourde. Et quand cela n’est pas assez « efficace » ce sont les bombardements. Une fois le gaz sarin confisqué (1), c’est à coup de barils de TNT que la population sera exterminée. C’est comme ça que le régime el-Assad procède quand il veut mettre un terme à « un bain de sang ». Le cynisme ajouté à la cruauté !

    Quant à la « laïcité » de Bachar, qu’on nous a servi ici comme « justificatif », quant à sa volonté de « réconciliation », c’est de la pacotille. Les deux principaux slogans de ses sbires en disent plus long que tous les discours : «  Bachar, ou nous brûlons tout  » et «  Dieu, la Syrie, Bachar et c’est tout  » . Résultat, 4 ans plus tard  : pas loin de 200 000 morts et des millions d’êtres humains fuyant la Syrie.

    LES FORCES D’OPPOSITION

    Face à cette montée de la résistance populaire, el-Assad a eu l’astuce de libérer des prisonniers politiques. Mais, ce ne furent pas des communistes, ni des démocrates, ni des personnes incarcérées à la suite de mouvement pacifiques. Non, non, les premiers libérés – très vite libérés - ont été les islamistes radicaux et des droits communs violents (condamnés pour meurtre…).

    Cette manœuvre nauséabonde a largement contribué à faire crever la révolution sociale en la faisant basculer dans une guerre civile, bascule favorisée par l’arrivée du Front islamique.

    Fort de 50 000 à 80 000 hommes, le Front islamique devient alors le plus important groupe rebelle de Syrie, devant ses rivaux de l’Armée syrienne libre, de l’État islamique de l’Irak et du Levant et du Front Al-Nosra, grâce à l’aide financière du Qatar, avec la bénédiction de l’Arabie saoudite et probablement de la Turquie, à ce que l’on peut savoir.

    De l’autre coté, un Conseil National Syrien est formé, composé de membres des comités locaux, de l’ASL, mais aussi des Frères musulmans, puis à la demande des soi-disant pays amis de la Syrie, une Coalition Nationale des Forces de l’Opposition et de la Révolution naîtra en novembre 2012, avec pour président Mouaz al-Khatib, un imam sunnite et homme politique syrien. L’opposition syrienne dite modérée était ainsi prête au cas où Bachar tomberait.

    Plus tard ces forces de l’opposition seront vivement critiquées, notamment par des membres de l’ASL et par les Comités locaux, car leurs préoccupations s’éloignent du terrain de la révolution syrienne. Le président de la CNFOR démissionne. Il dira par la suite  :

    « Les puissances mondiales (…) ne pensent à résoudre la crise syrienne qu’en fonction de leurs souhaits, de leurs intérêts ou selon leurs méthodes, sans tenir compte de la souffrance quotidienne du peuple  » (2).

    Belle conclusion, mais tardive, comme pour tous ceux qui rêvent de pouvoir et de présidence, quand ils sont déçus. D’ailleurs il est curieux que ce chef de l’opposition, sorti du chapeau des «  amis » de la Syrie, ait été prêt à discuter avec le régime (3).

    Si, de 2011 à 2013, les Comités locaux et l’Armée Syrienne Libre se sont développés, et ce de manière exponentielle, il aura fallu deux ans de « questionnements » et de tergiversation sur l’aide qui devrait leur être apportée… le temps que le processus révolutionnaire soit affaibli et en voie de disparition.

    Un aboutissement rapide aurait pu, probablement, éviter tout ce bain de sang. L’absence d’aide d’un côté et la cohésion des soutiens et alliés de Bachar el-Assad (en particulier, le soutien de l’Iran) de l’autre sont bel et bien responsables d’une révolution brisée.

    SYRIE, TERREAU DES FASCISTES ISLAMISTES

    De telles circonstances ont constitué pour le Front al–Nosra et pour Daech un terreau pour se développer à grande vitesse. Le conflit Syrien s’enlise. Les « Amis » de la Syrie font le choix de ne pas fournir en armes les révolutionnaires, et notamment les combattants de l’ASL. Même la demande, présentée par l’opposition au régime, d’obtenir une simple protection anti-aérienne pour la zone nord du pays contrôlée par les révolutionnaires est refusée. Le manque d’armes des révolutionnaires fera le jeu des islamistes de Daech, qui eux, sont financés par le pétrole d’Irak ainsi que par quelques autres mystérieux donateurs, et armés par les stocks laissés à l’abandon après la guerre de 2003 contre Saddam. Daech s’attaquera dès le début de son expansion en Syrie aux combattants de l’Armée syrienne libre. L’arrivée de Daech sera un scoop pour les gros médias qui jusqu’alors n’avaient pas l’air de trop se préoccuper des syriens. Ajoutons que les combattant Kurdes ont défendu Kobané, combat juste et légitime face à Daech, malgré un double jeu du gouvernement Turc, qui peut paraître bien étrange, mais qui correspond tout simplement aux intérêts que défend Erdogan.

    Bachar quant à lui, reste fidèle au poste et règne en prince…

    REACTIONS INTERNATIONALES

    Des députés français sont allé serrer la paluche sanglante de Bachar - on ne sait jamais, si c’est lui qui doit rester (4) ... Pendant qu’une bonne part de la population syrienne criait « Bachar dégage », en Occident, c’était l’insensibilité générale et un silence inquiétant. Il n’y a eu que des initiatives, malheureusement trop rares et de portée limitée, comme la création de collectifs de solidarité avec la révolution syrienne, pour tenter de dénoncer la propagande d’Etat et venir en aide aux populations ou comme le peu de soutien pratique apporté aux combattants kurdes. Nous avons été loin des gros rassemblements, comme ceux que nous avions vus pendant la guerre en Irak ou au cours du conflit israélo-palestinien. La barbarie de l’armée et de la milice el-assadienne, a-telle rendu sourd, muet et aveugle ceux qui auraient dû protester ?

    Les Syriens ont été abandonnés à leur triste sort, condamnés à se battre contre des fascistes de Daech, les fascistes de l’Hezbollah et les soldats de Bachar dans l’indifférence la plus totale.

    Pourtant, 200 000 Syriens tués, des millions de réfugiés, des enfants fuyant la guerre, comment peut-on rester de marbre face à cela ?

    (1) - L’ONU a fini par démanteler ce poison http://www.lepoint.fr/monde/syrie-le-plan-secret-obama-poutine-11-09-2013-1723311_24.php

    (2) - http://www.lepoint.fr/editos-du-point/mireille-duteil/coups-de-trafalgar-pour-l-opposition-syrienne-25-03-2013-1645547_239.php

    (3) - http://www.ladepeche.fr/article/2013/01/30/1549406-syrie-la-russie-tres-preoccupe-par-une-information-sur-un-raid-isr

    (4) - http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/02/25/des-parlementaires-francais-ont-rencontre-bachar-al-el-Assad_4582844_3218.ht

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    ---- #Syrie ------------------------

  • Face à l’exode, mobilisons-nous !
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article772#outil_sommaire_0

    En ces temps de crise où les affaires stagnent, il est un commerce particulièrement florissant  : celui des armes. L’Europe occidentale (et la France notamment) s’y livre avec un succès certain et s’y taille une part non négligeable du marché mondial, trouvant des acheteurs chez tous – ou presque – les dictateurs de la planète ; les plus sanglants étant en général les meilleurs clients.

    Or, aussi curieux que cela puisse paraître, la vente d’armes aux dictateurs ne prépare pas spécialement la paix, même si les dirigeants européens feignent, maintenant, l’étonnement devant l’ampleur de la vague des réfugiés qui viennent frapper à leurs portes pour demander asile.

    Depuis la seconde guerre mondiale, on n’avait pas vu de flux migratoire aussi important. Les interventions militaires en Irak et en Lybie ont plongé les populations de ces pays dans un enfer durable, l’absence de soutien à la révolution syrienne (alors qu’elle était encore largement laïque et démocratique) a conduit à son écrasement. Les contestataires ont été rapidement supplantés par des islamistes d’obédiences diverses, les pires étant le tristement célèbre DAESH (dont l’armement proviendrait d’au moins 27 pays différents…).

    Que les dirigeants occidentaux, au même titre que les lobbys de l’armement et du pétrole, portent la lourde responsabilité du chaos moyen-oriental, cela ne fait aucun doute. Pour faire un semblant d’amende honorable, ils pourraient au moins accueillir tous les réfugiés, leur accorder l’asile, comme l’on s’acquitte d’une dette en quelque sorte. Mais on le pressent bien, les contrats d’armement ne stipulent pas que les vendeurs soient tenus d’accueillir les réfugiés, « conséquences » pourtant incontournable de toute guerre.

    Au pays du fric-roi, à Money-Land, la honte et la culpabilité n’ont pas pignon sur rue : on peut susciter des guerres pour défendre ses petits intérêts, on se soucie comme d’une guigne des conséquences de ses choix politiques et militaires. On fait des affaires, un point c’est tout. Et quand, bien malgré soi, il faut essayer de réparer un peu les dégâts, on compte encore sou après sou : ces réfugiés, combien ça coûte ?

    L’inquiétude purement comptable de nos avaricieux bons maîtres se double aussi d’une angoisse électorale  : combien de bulletins de vote en moins si, par mégarde, nous nous montrions trop généreux envers ces « étrangers »  ?

    Comme d’habitude, ce qui préoccupe gravement nos bien-aimés dirigeants, ce n’est pas du tout le devenir de tous ces réfugiés, c’est leur propre avenir politique, leur carrière, leurs intérêts et ceux de leurs amis marchands de boniments médiatiques, de canons ou de pétrole.

    Depuis janvier, ce sont 340 000 migrants ou réfugiés qui se pressent aux portes de l’Europe  : 230 000 venant d’Afghanis-tan, d’Irak et de Syrie par la route des Balkans et 110 000 venant d’Afrique par la Libye vers les côtes italiennes. Au seul mois de juillet, 107 000 ont été recensés. Actuellement, chaque jour, 2 à 3000 réfugiés arrivent en Macédoine.

    On assiste donc à un phénomène migratoire exceptionnel et il faut remonter aux flux migratoires de la Seconde guerre mondiale pour retrouver des seuils aussi élevés ; c’est dire l’intensité des combats (notamment en Syrie et en Irak) qui jettent sur les routes tous ces gens.

    Rappelons que 250 000 Syriens sont morts en trois ans de guerre et que 4 millions se sont réfugiés dans les pays limitrophes (Turquie, Jordanie, Liban).

    Dépassés par l’afflux de ces fugitifs, nos bons maîtres ont retrouvé cependant assez vite leurs réflexes de marchands et de policiers : on recense, on trie et on vire. Il s’agit de séparer les bons des mauvais : les réfugiés politiques d’un côté, les migrants économiques de l’autre. Aux réfugiés politiques on accordera le droit d’asile (mais tous ne seront pas « élus », loin de là), à ceux dont la motivation est moins « noble » on opposera la « fermeté », c’est-à-dire le retour à la frontière comme seul horizon. Il faut signaler que parmi les « migrants économiques » on compte un grand nombre de victimes d’une autre guerre, celle de l’ex-Yougoslavie qui a détruit pour de longues années le tissu économique ; le chômage de masse sévit maintenant dans les nations nouvellement crées, tandis que les élites nagent dans l’opulence due à la corruption.

    Les bénéficiaires du droit d’asile se voient allouer la somme mirifique de 91 euros par mois et par personne s’ils sont logés, et 343 euros s’ils doivent se loger. On ne peut que rester pantois devant une telle générosité. Le demandeur d’asile attend de 7 à 8 mois avant de savoir si sa demande est acceptée ou rejetée ; en cas de réponse positive, il ne peut chercher du travail qu’au bout de 6 mois minimum.

    Alors que des centaines de milliers de personnes arrivent, l’Europe – au moment où cet article est rédigé – s’apprêterait à accorder cette année 40 000 droits d’asile (peut-être plus, on peut l’espérer). Encore faudrait-il veiller, nous dit-on, à une « répartition équitable » des réfugiés dans les divers pays. Entre responsables bien nourris, bien logés et bien vêtus, les discussions risquent de durer...

    La Hongrie de Viktor Orban édifie une immense barrière de barbelés à la frontière avec la Serbie, fait évacuer la gare centrale de Budapest où des milliers de réfugiés attendent le train en direction de l’Allemagne, pour la rouvrir le surlendemain, puis stopper leur train au bout d’une centaine de kilomètres : un jeu sadique avec des gens déjà fortement éprouvés. La répression policière n’est pas le seul apanage des régimes nationaux populistes et on a pu voir la police française montrer son « savoir faire » (en terme de matraquage) à des migrants tentant de monter à bord de camions en route pour l’Angleterre à partir de Calais.

    Entre fausse compassion et vraie répression, le curseur oscille au gré des vents politiques, mais les rhétoriques démocratiques et humanistes des dirigeants européens apparaissent de plus en plus comme des discours mensongers, les valeurs morales fondatrices sont très sérieusement mises en ballotage par les centaines de cadavres qui flottent en Méditerranée.

    Victimes du capitalisme, les réfugiés le sont à double titre. Condamnés à l’exil pour cause de guerre provoquée par les lobbys pétroliers et les marchands de canons, ils vont trouver sur leur route d’ingénieux petits malins, modestes artisans indépendants ou membres d’organisations criminelles puissantes qui vont proposer, moyennant finance, de les amener à bon port  : les fameux réseaux de passeurs que les autorités désignent à la vindicte publique, pour mieux faire oublier leur propre responsabilité.

    Le trafic d’êtres humains en fuite est devenu une activité lucrative, ce qui illustre de belle façon la perversion totale de ce magnifique système capitaliste qui ne néglige aucune source de profit, aussi misérable soit-elle.

    La fuite devant les massacres et la misère peut s’avérer aussi dangereuse que les fléaux auxquels on veut échapper. Depuis l’année 2000, plus de 31 000 migrants sont morts sur les routes de l’exil dont 2460 en Méditerranée.

    Sans une mobilisation importante des populations européennes, beaucoup de migrants risquent d’être refoulés. Déjà en Allemagne, un certain nombre de manifestations de solidarité se sont déroulées à proximité des centres d’hébergement qui avaient été inquiétés antérieurement par des démonstrations fascistes et xénophobes.

    Beaucoup de lecteurs de ce journal gardent dans leur mémoire familiale l’hiver 1939  : venue de l’autre côté des Pyrénées, une foule innombrable tente d’échapper aux massacres franquistes et se presse aux postes frontières de la France qui leur réservera alors l’épouvantable accueil que l’on sait.

    Les migrants d’aujourd’hui laissent derrière eux des régimes de terreur absolue (celui de Bachar el-Assad, celui de Daesh ou la sanglante dictature érythréenne). Notre solidarité leur est acquise. A bas toutes les frontières. Notre patrie c’est le monde, notre famille l’humanité.

    @anarchosyndicalisme ! n°146

    ---- #Exode -----------------------

  • #Accidents_du_travail
    1 277 morts par an, 74 393 handicapés
    Combien de lignes dans les journaux ? Combien de minutes à la télé ?
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article771

    En 2013, le travail a tué 1 277 personnes de tous les âges (541 par un accident sur les lieux du travail, 430 par une maladie professionnelle – donc contractée au travail – 306 par un accident de trajet – donc en se rendant au travail ou en revenant de celui-ci).

    74 393 autres personnes s’en sont tirées avec une «  incapacité permanente  » c’est-à-dire un handicap (39 078 après un accident sur les lieux de travail, 27 450 à la suite d’une maladie professionnelle, 7 865 après un accident de trajet) (1).

    Combien de lignes avez-vous lu dans votre quotidien, votre hebdomadaire ? Combien de minutes à la radio, à la télé ?

    Les médias organisent le black-out autour de ces homicides. L’insécurité, même mortelle, au travail ça ne les intéresse pas (contrairement à l’insécurité de droit commun, qui fait environ moitié moins de victime - 682 homicides en tout et pour tout en 2013 (2) - mais qui les passionne).

    Les principales victimes des accidents sont les ouvriers : 48 arrêts de travail par million d’heures travaillées (contre 3 arrêts de travail chez les cadres et chefs d’entreprises, toujours pour un million d’heures), et parmi eux, comme cela est spécifié dans « Les apprentis de plus en plus maltraités  » ( http://seenthis.net/messages/410384 ), les jeunes - dont les apprentis (3 fois plus que les adultes). Quelques exemples : Julien, 18 ans, apprenti agricole tué après avoir été happé par une herse rotative à Saint-Philippe-d’Aiguille (Gironde) ; Jordan, 17 ans, apprenti paysagiste, mort écrasé par son tracteur (qu’il n’avait pas, théoriquement, le droit de conduire, puisqu’il était mineur) à Buicourt, un apprenti de 19 ans mort écrasé sous le poids d’une machine dont il assurait la maintenance dans une scierie de Sainte-Florence,…Vous en aviez déjà entendu parler, vous ?

    (1) - Chiffres 2013 de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS)
    http://www.inrs.fr/actualites/statistiques-ATMP-2013.html

    (2) - Soit 412 homicides en zone police plus 270 en zone gendarmerie.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Homicide

    (3) - Etude 2007 de la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques).

    @anarchosyndicalisme ! n°146

  • Apprentissage, une formation douteuse
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article770&artpage=4-4#outil_sommaire_3

    Loin d’être « la » grande solution, la panacée pour les jeunes qui n’ont plus envie d’aller à l’école, l’apprentissage est, pour une bonne part d’entre eux, une formation qualitativement assez douteuse.

    C’est pourquoi les apprentis «  ratent  » plus souvent leurs examens que les lycéens professionnels qui préparent le même diplôme  :

    « les taux de réussite aux examens restent encore très inférieurs pour les élèves de l’apprentissage ».

    L’écart est «  significatif » , c’est-à-dire important, entre les deux populations de jeunes ce qui

    « témoigne des difficultés que rencontrent parfois les apprentis pour valider »

    la formation qu’ils ont suivie. C’est particulièrement vrai pour les formations les moins basiques (24 % d’échecs en plus pour les brevets de technicien ou les brevets des métiers d’art).

    Ensuite, contrairement à l’idée reçue selon laquelle un patron forme un apprenti pour le « garder », plus d’un tiers

    « des jeunes apprentis… ne trouvent pas d’emplois à l’issue de leur formation  ».

    La sénatrice qui a écrit le rapport dont nos citations sont extraites, ajoute qu’il serait bon de

    « s’interroger sur les raisons qui conduisent un employeur sur trois à ne pas recruter son apprenti. »

    Ne vous fatiguez pas à vous interroger, Madame la sénatrice : c’est tout bonnement qu’un apprenti sur trois (au moins) est un jeune salarié kleenex.

    Les patrons le prennent parce qu’un apprenti ça ne coute rien (ou pas grand-chose suivant les cas) et que ça rapporte finalement pas mal d’argent. Quant à l’avenir de l’apprenti, les patrons-bousiers s’en moquent comme de leur première couche culotte.

    Enfin, si lorsqu’ils viennent d’achever leur formation, les apprentis

    « s’insèrent plus facilement que les diplômés sous statut scolaire »

    (il y a tout de même des patrons qui « gardent » leur ancien apprenti), cette différence est rapidement résorbée par la suite. Plus grave, avec un niveau plus faible dans les connaissances théoriques,

    « les apprentis sont souvent moins armés que les lycéens professionnels pour évoluer tout au long de leur carrière. »

    A une époque ou l’évolution technique est rapide, c’est là une grave lacune qui handicape le futur de ces jeunes.

    Les citations entre guillemets sont extraites d’un rapport sénatorial de 2009, http://www.senat.fr/rap/a08-100-5/a08-100-58.html#toc203

    @anarchosyndicalisme ! n°146

    ---- #Apprentissage --------------

  • Publicité (d’Etat) mensongère
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article770&artpage=3-4#outil_sommaire_2

    Voici le texte d’une des multiples publicités d’Etat concernant le travail des jeunes (1).

    « La réglementation sur le travail des jeunes est simplifiée.

    Le cadre réglementaire de mise en situation professionnelle des jeunes, apprentis, élèves, stagiaires a été simplifié tout en garantissant un niveau de protection inchangé pour les mineurs. Cet assouplissement permet de réaffirmer un engagement fort du gouvernement afin de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes. Deux décrets du 17 avril entreront en vigueur le 2 mai :
    – le 1er décret introduit une simplification administrative importante pour l’accueil des jeunes en formation dans l’entreprise et en établissement d’enseignement : la procédure de demande d’autorisation à déroger auprès de l’inspecteur du travail pour les travaux interdits aux jeunes âgés de moins de 18 ans est remplacée par un régime déclaratif ;
    – le 2nd décret porte sur les travaux temporaires en hauteur des jeunes âgés de moins de 18 ans et permet l’utilisation des échelles, escabeaux et marchepieds lorsque les équipements de travail munis d’une protection collective ne peuvent pas être utilisés. Cela concerne notamment la cueillette et la récolte des fruits dans certaines configurations. »

    En quoi cette publicité est-elle mensongère ?

    En ce qu’elle prétend que les régressions annoncées à grands coups de trompette comme des simplifications (sous-entendu, des progrès) garantissent « un niveau de protection inchangé pour les mineurs » .

    Le 1er décret annule le contrôle préalable des dangers pouvant exister qui permettait à l’inspection du travail de vérifier :
    – d’une part que l’interdiction totale de certains travaux aux mineurs était bien respectée (par exemple, interdiction de conduire un tracteur),
    – d’autre part que les travaux pour lesquels une dérogation peut réglementairement être obtenue, étaient réalisés avec toutes les garanties de sécurité (en particulier pour l’utilisation de machines dangereuses, par exemple une herse rotative).

    Malgré ces contrôles, des patrons passaient outre, d’où de graves accidents.

    Ce contrôle est maintenant remplacé par une simple « déclaration » patronale. Or, nous avons rarement vu un patron, même lorsque les conditions d’insécurité sont désastreuses, déclarer qu’il y avait problème dans son entreprise… Le contrôle n’aura lieu, éventuellement, qu’après un accident… ce qui laisse au patron, avec un peu de pratique, le temps de se mettre « en règle », ni vu ni connu. Et ce n’est pas la parole du malheureux apprenti qui pèsera quelque chose dans la balance.

    Ce premier décret ne garantit donc pas un niveau équivalent de #sécurité, loin de là.

    Le deuxième décret autorise le travail en hauteur dans les pires conditions, puisqu’il permet maintenant d’utiliser du matériel dit sans protection passive (escabeaux, échelles) sur les terrains les plus accidentés (vergers…).

    Or, le travail en hauteur est déjà une des situations professionnelles les plus accidentogènes. On ne voit pas comment le fait d’utiliser maintenant un matériel sans protection sur des sols inadéquats pourrait garantir les mêmes conditions de sécurité que lorsque ces travaux étaient interdits aux mineurs.

    (1) - http://www.gouvernement.fr/action/le-plan-de-relance-de-l-apprentissage.

    @anarchosyndicalisme ! n°146

    ---- #Apprentissage --------------

  • Ne dîtes plus mon petit patron, dîtes mon petit bousier
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article770&artpage=2-4#outil_sommaire_1

    Vous n’avez pas pu échapper, sur les antennes radio, à la paire de spots publicitaires du gouvernement sur l’apprentissage, fruit de la cogitation des têtes d’œufs qui s’agitent dans les sphères ministérielles et de leurs copains des agences de publicité. Nous ne résistons pas au plaisir d’en reproduire intégralement, ci-après, l’un des deux :

    [Voix d’homme sur fond de musique pseudo-chinoise]

    « Enfin, petit #scarabée, à force de détermination tu es devenu chef accompli d’une petite entreprise. Mais qui saura suivre ton enseignement et celui de tes salariés ? Qui te fera gagner en compétitivité ? Oui un apprenti, et avec la nouvelle aide TPE jeune apprenti, sa formation te coutera 0 euro. Alors, agis maintenant petit scarabée ! »

    [Voix de femme sur quelques notes de Marseillaise]

    « Aide garantie et accompagnement. Chefs d’entreprises, c’est le moment de penser à l’apprentissage. L’apprentissage, c’est votre avenir. »

    [Voix d’homme sur fond de musique pseudo-chinoise]

    « Va petit scarabée va sur apprentissage.gouv.fr » (1)

    Comme les technocrates des cabinets ministériels et les piliers des agences de Com’ (qui facturent leurs misérables sottises à prix d’or) l’ignorent, mais comme tout paysan (ou apprenti biologiste) le sait, l’activité du scarabée le plus célèbre ( #Scarabaeus_sacer pour les intimes) est de rouler des boules de… caca. C’est d’ailleurs pour ça qu’on l’appelle affectueusement « #bousier ». De très nombreux autres scarabées se délectent de la même matière et considèrent

    « … la bouse comme un paradis : les adultes y trouvent à manger et des partenaires pour se reproduire… » (2)

    Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Nous ne discuterons donc pas des goûts patronaux. Mais, envoyer des adolescent(e)s qui n’ont rien demandé, chez des bousiers, tout de même, ça frise la #maltraitance

    Un ami des bêtes

    (1) - Vous pouvez l’entendre sur :
    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/mp3/Apprentissage_-_Radio_2.mp3

    (2) - http://typhaeus.chez-alice.fr/biologie.htm

    @anarchosyndicalisme ! n°146

    ---- #Apprentissage --------------

  • Les apprentis, de plus en plus maltraités
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article770#outil_sommaire_0

    Manuel Valls a fait sa rentrée. Il a promis un nouveau cadeau au patronat. Depuis le début, le gouvernement Hollande est en effet aux ordres des chefs d’entreprise. Il multiplie les mesures en leur faveur. Il diminue sans cesse les droits des travailleurs. Il se prépare maintenant à attaquer les plus faibles : les apprentis. Le statut d’apprenti a été plusieurs fois « retouché »par le passé. Le gouvernement actuel lui réserve une monstrueuse dégradation.

    La mesure essentielle de cette «  réforme  » de l’apprentissage, qui s’insère dans une grande campagne publicitaire de recrutement, laisse sans voix.

    Il s’agit, ni plus ni moins, d’augmenter le temps de travail des jeunes, de les exploiter encore plus  !

    Ce que Hollande, Valls, Macron, Gattaz et compagnie préparent, c’est la fin des 35 heures pour les apprentis.

    Cette attaque frontale contre les apprentis est monstrueuse pour deux raisons.

    LES APPRENTIS, SUREXPOSÉS AUX ACCIDENTS

    La première, c’est que les jeunes travailleurs sont déjà surexposés aux accidents du travail. Augmenter leur temps de travail, c’est multiplier les risques d’accident. Or, les chiffres prouvent que les jeunes (et donc les apprentis) ont déjà trois fois plus d’accident du travail que les adultes ! C’est l’INSEE (1) qui le démontre. En effet un rapport de cet institut (2) indique que les travailleurs de moins de 20 ans courent trois fois plus de risques d’avoir des accidents que ceux de 50 à 59 ans, ce qui est énorme. Pour ceux de 20 à 29 ans c’est deux fois plus, ce qui reste très élevé (3).

    La raison est simple : la connaissance des risques et encore plus la manière de les éviter (pour ainsi dire, les bons «  réflexes », les seuls qui vaillent) ne s’acquièrent qu’avec le temps.

    Donc, logiquement, pour compenser ce risque accru, les jeunes devraient avoir une durée de travail inférieure à celle de leurs aînés. En tout cas, c’est ce qu’un raisonnement rationnel nous permettrait de conclure. C’est l’inverse que le gouvernement prépare.

    Après ça, Hollande peut toujours claironner que la jeunesse est sa première priorité !

    LES APPRENTIS, UNE POPULATION FRAGILISÉE

    La deuxième grande raison c’est que, si la condition salariale ne fait que se dégrader depuis plusieurs années pour tout le monde, les jeunes (et singulièrement les apprentis) présentent une plus grande vulnérabilité face à l’exploitation du fait de relations sociales moins soutenantes (ils n’ont pas de bons «  carnet d’adresses » en cas de problème) et d’une absence d’organisation collective (4).

    A cela s’ajoute qu’augmenter le temps de travail, c’est bien sûr diminuer le temps de loisir (essentiel pour des jeunes de 16, 17 ou 18 ans) mais aussi entraver la partie « études » de leur formation : être fatigué entraîne obligatoirement moins de disponibilité pour les enseignements théoriques qui sont généralement la pierre d’achoppement pour eux.

    Pourquoi le gouvernement s’attaque-t-il aux apprentis qui vivent déjà une situation précaire (payes dérisoires, statut misérable, apprentissage non suivi d’insertion professionnelle…) ?

    C’est simple : il sait qu’ils n’ont pas les moyens de s’organiser pour se défendre eux-mêmes ; il sait tout autant que peu d’adultes élèveront la voix pour protéger cette partie la plus fragile de la jeunesse. Cette régression sociale, honteuse sur le plan éthique, est donc sans risque pour lui. Elle lui permet de faire, sur le dos de la jeunesse, un cadeau supplémentaire aux patrons-bousiers (des plus-values supplémentaire par apprenti tomberont dans leurs poches chaque semaine - déjà que l’apprenti est totalement « gratuit » pour le patron dans certains cas...) et surtout de progresser dans sa stratégie d’anéantissement par grignotage des 35 heures.

    Commencer par les catégories les plus fragiles et les moins organisées de la population, est en effet une tactique qui permet de mettre en œuvre une régression sociale facilement et sans faire de bruit.

    On voit quel est l’objectif final  : tout le monde sait que ça ferait très, très plaisir aux patrons, si les 35 heures étaient supprimées partout et que l’on repassait aux 40 heures (voire plus) sans (ou avec si peu) d’augmentation des salaires… C’est cet objectif nuisible que nos dirigeants, complices des patrons préparent. Comme le dit Emmanuel Macron, qui se voit déjà en grand fossoyeur des 35 heures :

    « La gauche a pu croire, il y a longtemps, que la France pourrait aller mieux en travaillant moins. Tout cela est désormais derrière nous  ».

    Macron ne dit pas tout : le pire, c’est que des travailleurs, des ouvriers ont pu croire en « la gauche », mais ça aussi, ça commence à être loin derrière nous.

    (1) - Institut national de la statistique et des études économiques

    (2) - http://www.anact.fr/web/actualite/essentiel?p_thingIdToShow=33953605

    (3) - Chiffres de l’année 2013 établis par l’INRS http://www.inrs.fr/actualites/statistiques-ATMP-2013.html

    (4) - Voir les travaux de Roland Gauthy , chercheur à l’Institut syndical européen pour la recherche, la formation et la santé-sécurité (ETUI-REHS).

    @anarchosyndicalisme ! n°146

    ---- #Apprentissage --------------

  • Du lait pour les enfants Syriens réfugiés à #Toulouse
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article772&artpage=3-3#outil_sommaire_2

    Août 2015 - Nous apprenons, bien tardivement, que des réfugiés Syriens se logeraient dans le quartier des Izards à Toulouse et qu’ils y survivraient péniblement. « Nous », à ce moment là, nous sommes dans notre camping militant, et c’est une copine qui apporte l’info. Elle l’a vue dans le journal local, La Dépêche.

    Après discussion, nous décidons d’aller à leur recherche dès que possible. Le 17 août nous parvenons à rencontrer R, un Syrien connaissant le français ainsi que quelques autres. Ils sont 42 familles à vivre dans une HLM, vouée à la démolition. Ils sont originaires, pour la plupart, de Homs, une ville complètement détruite par les bombardements.

    Ils nous racontent qu’au mois de juin, ils ont résisté à une tentative d’expulsion par des services rattachés ou proches de la mairie de Toulouse qui leur ont, au passage, coupé l’électricité. Maintenant, la nourriture vient à manquer. Quelque paquets de pâtes, voila leur maigres ressources, stockées dans leur local collectif. Et ils se trouvent seuls, bien seuls… les quelques aides qu’ils ont reçues ont été ponctuelles, leurs autres démarches n’ont pas abouti.

    Le samedi suivant, R. vient au local préciser la situation et surtout les besoins, nous réfléchissons ensemble. N’étant pas « spécialistes » de l’humanitaire, nous nous tournons « naturellement » vers des grandes associations connues de tous. Des compagnons de la #CNT-AIT appellent la Croix rouge, le Secours catholique… sans grand succès. Le Secours populaire nous demande de leur faire une liste des familles. On n’a pas encore tenté les restos du cœur. Le 24 août, nous y accompagnons 3 Syriens. Après avoir inspecté leurs papiers en long, en large et en travers, on leur répond tout bonnement qu’on ne peut rien pour eux, qu’ils ne sont pas inscrits, qu’ils ne dépendent pas de leur secteur,... Finalement, ils proposent un maigre colis d’urgence à chacun des 3 présents seulement, donc rien pour leurs enfants et conjoints restés à la maison et ce malgré notre insistance.

    Nous comprenons que ni les institutions associatives ni les services sociaux de l’Etat ne vont se bouger. Et nous, moralement, nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Nos moyens humains et matériels ne nous permettent pas de faire tout ce qu’il faudrait. Nous décidons de centrer notre aide sur les enfants. Le 29 août, nous leur apportons une centaine de litres de lait et nous lançons une campagne avec le communiqué suivant  :

    «  Une quarantaine de familles de réfugiés Syriens sont arrivées à Toulouse. Elles se sont logées dans le quartier des Izards dans des HLM désaffectés, voués à la démolition. Il y a actuellement une soixantaine d’enfants et 6 bébés qui vivent là dans la plus grande précarité. Cette situation est la conséquence d’une crise humanitaire mondiale dont ces familles sont les premières victimes. A notre très modeste niveau, face à l’incurie des pouvoirs publics et à la mollesse des structures sociales (qui ont distribué quelques paquets de pâtes à ce jour), nous anarchosyndicalistes, avons commencé à organiser une solidarité concrète. La première urgence est alimentaire. Les enfants sont les premières victimes de la situation. C’est pourquoi nous avons commencé l’opération : «  Du lait pour les enfants Syriens réfugiés à Toulouse  ». Tous ceux qui veulent s’associer à cette démarche sont les bienvenus.  » http://seenthis.net/messages/403343

    Le 31 août, nous allons au Secours populaire avec la fameuse liste demandée (les familles étant d’accord), on nous affirme déjà les connaître, pour leur avoir fourni des bouteilles d’eau et des couvertures au mois de juin.

    De notre côté, les collectes commencent, la solidarité directe est là et ce sont des amis, bien sûr, mais aussi et surtout des gens ordinaires, des « vrais gens » (comme disent les « politiques ») qui répondent à cet appel en apportant leurs dons.

    Les 4, 5 et 6 septembre, nous livrons ce que nous avons collecté. Beaucoup de personnes leur apportent également directement des denrées alimentaires, des vêtements, des jouets et autres.

    D’autres collectes suivront les 8 et 9 septembre, dont une à la Fac du Mirail. Le soir même, nous ramenons une camionnette pleine de denrées alimentaires. Nous apprenons à notre arrivée, que le Secours populaire a finalement livré, pour la première fois, pas moins de 2,5 tonnes de nourriture aux familles. Bravo et tant mieux.

    En discutant avec les Syriens, nous apprenons que certaines familles ont reçu des avis d’expulsion, mais que ne sachant pas lire le français, elles avaient pensé que l’huissier, avec son caractère «  officiel », était venu pour les aider…

    Cynisme des politiciens, les premiers avis d’expulsion tombent le 3 septembre, le jour même où la photo du petit Aylan faisait le tour du monde et touchait le cœur de millions de gens. Manifestement, à Toulouse, les responsables politiques n’ont pas la même sensibilité que le reste de la planète…

    Début, alors, d’une bataille juridique, premier appel à la mobilisation pour défendre le droit de ces familles à vivre dignement dans l’immeuble qu’elles habitent jusqu’à ce que les institutions leur trouvent mieux. Premier procès le 11. Leur avocate, réussit à obtenir un report au 09 octobre. D’autre procès sont prévus le 18 et le 25 septembre pour d’autres familles. D’autres avis d’expulsion sont annoncés pour les autres… Après avoir fui la guerre, traversé les frontières au péril de leur vie et trouvé enfin un peu de répit dans cet immeuble désaffecté, voila que les pouvoirs publics s’acharnent à les menacer d’expulsion, à vouloir les jeter à la rue. Cette menace ne peut plus durer. Nous interpellons, par courriel, F. BIASSOTO adjoint au maire et président d’#Habitat_Toulouse (propriétaire de l’immeuble) le 10 sept. en ce sens. Nous demandons une annulation de ces procédures d’expulsion honteuses et inhumaines (comme pour toutes les expulsions locatives d’ailleurs). Nous ne lâcherons pas. Nous savons que beaucoup, vraiment beaucoup de personnes, à Toulouse, s’indignent de cette menace.

    Avec la nourriture et le logement, la «  chaleur humaine  » est capitale. Ce samedi 12 sept., nous avons organisé un goûter solidaire pour et avec les enfants Syriens. Une occasion de rencontrer les réfugiés, d’échanger avec eux pour tous ceux, nombreux, qui ont répondu présents, en participant à l’organisation, en apportant des gâteaux maison, des denrées alimentaires, des vêtements, des livres sur lesquels se sont jetés les enfants, ou tout simplement en passant un moment « ensemble ». Toutes et tous nous avons eu un bel après-midi, certains ont fait part de leur envie de s’investir dans le soutien en passant régulièrement sur le lieu, en donnant des cours d’alphabétisation et de français, d’autres réfléchissent à comment accueillir de futurs réfugiés. Nous avons abordé collectivement le problème des expulsions et l’importance de rester mobilisés, solidaires et vigilants à ce sujet.

    Il reste beaucoup à faire, toujours sur le plan alimentaire, toujours sur le plan du logement, mais aussi pour la scolarisation des enfants (les inscriptions en primaire devraient être finalisées ce lundi mais nous n’avons pas à ce jour connaissance d’avancées concernant les collèges) sans parler des « papiers » pour lesquels des démarches sont en cours dans la jungle administrative !

    La campagne de solidarité continue donc et continuera tant quelle sera nécessaire…

    Pour prendre contact et participer à la campagne courriel  : dulaitpourlesenfantssyriens@hotmail.com
    Pour être informé au jour le jour : https://www.facebook.com/Cnt-ait-toulouse-officiel-186830011469841/timeline (points de collecte, concerts de soutien...) ... et sur Seenthis : #dulaitpourlesenfantssyriens
    Pour soutien financier : chèques à l’ordre de CNT (7 rue St Rémésy Toulouse) en mentionnant «  Du lait pour les enfants Syriens »

    @anarchosyndicalisme ! n°146

  • Le code du travail remplacé par des « négociations » patrons / salariés ?
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article769

    Les français adorent rigoler. L’humour est, en France, une vertu nationale. Et bien sûr, nos gouvernants sont à notre image. En son temps, Alfred Jarry nous en a peint les caractères dans son célèbre « Ubu roi ». Grâce à lui, nos gouvernants ont un modèle. Ils s’y conforment avec conviction.

    Par exemple, ils parlent beaucoup ces mois-ci de réformer le « #Code_du_travail ». C’est vrai qu’avec le temps, il en a pris de l’embonpoint, ce bon vieux code (1). Le gouvernement se montre ainsi prévenant envers son personnel de justice même le plus modeste  : il ne voudrait pas que ses conseillers prud’hommes attrapent des tendinites et même des lombalgies à trimbaler ce code avec ses plus de 3000 pages. Forcément, des centaines de lois et de décrets, ça fait lourd.

    LE CODE DU TRAVAIL SIMPLIFIÉ

    « Pour définir les relations entre patrons et salariés, qui sont si simples dans le fond, tant de bla-bla est-il nécessaire, je vous le demande ? » , nous questionne benoîtement le gouvernement. « Salariés et patrons ne peuvent-ils s’accorder sans le secours de la loi, comme en famille, entre bons parents et enfants obéissants ? Supprimons (pardon pour ce lapsus, simplifions, quoique, il est vrai, la meilleure des simplifications n’est-elle pas la suppression ?) le code du travail, tout deviendra si simple. »

    « Certes, certes – ajoutent prudemment nos pères Ubu - les esprits chagrins vont dire qu’à n’en pas douter, les salaires diminueront, les charges sociales fondront, les cadences augmenteront, les licenciements pleuvront mais, oh miracle, parole de Hollande et de Valls certifiée par le #MEDEF, le chômage enfin diminuera puisque les entreprises qui gagneront beaucoup plus d’argent pourront enfin embaucher. »

    En France, c’est bien connu, tout se joue autour d’une bonne table, entre la poire et le fromage. C’est en gros ce qu’on nous propose de faire pour les relations au travail. Les rôles sont déjà bien clairs : les salariés seront les bonnes poires ; les patrons garderont tout le fromage.

    « Simplifions ! », c’est devenu la règle d’or. Le gouvernement donne l’exemple, normal. Voyez le document présentant la #loi_Valls-Macron (appelée abusivement partout loi Macron, alors que c’est au nom de Valls qu’elle est présentée par ce dernier). Il ne fait que 516 pages en petits caractères (2). Commentaires compris, il « pèse » à lui seul environ un sixième de ce Code du travail qu’il faut alléger d’urgence. Et qu’est-ce qu’elle fait, la loi Valls-Macron ? Elle impose plein de petits règlements (pris sans concertation avec les salariés) concernant le travail du dimanche, le transport en autocar, les indemnités en cas de licenciement et de mille autres « petites » choses qui se font flinguer au passage. Il n’y manque que les fameux ratons-laveurs, si chers au poète Jacques Prévert.

    C’est pas de la libéralisation (pardon, simplification) ça ?

    LA « VIE » DES LOUPS SIMPLIFIÉE

    Changeons de registre. Si le père Ubu est roi, la mère Ubu est reine. La France, a signé des conventions internationales pour la protection de la nature et la conservation des espèces protégées. A à ce titre, elle s’est engagée à protéger le loup, espèce emblématique s’il en est, essentielle à l’équilibre naturel des écosystèmes.

    Et alors ? Est-ce que cela peut empêcher notre sémillante ministre de l’Environnement d’ouvrir la chasse au loup ? Non. Vous voyez une contradiction quelque part vous ? Elle, pas !

    En toute quiétude, notre ministre recyclée vient d’autoriser, à la demande d’éleveurs (les loups mangent parfois des moutons) et au mépris le plus complet de l’environnement, l’abattage des loups. Bon, d’accord, ça «  simplifie  » définitivement la vie des loups, et puis, «  Moins de loups, moins de chômeurs  » nous dit, avec un clin d’œil complice, Ségolène. Non pas qu’elle compare les chômeurs à des loups, halte là ! Non, c’est que Ségolène a trouvé « le » truc pour inverser la courbe du chômage  : pour crever les loups, il faut du personnel. Pas moins de dix « emplois d’avenir » ont été créés. Si on crée autant pour chaque espèce protégée à abattre… le chômage en tremblera dans ses bottes. Ce n’est pas pour rien qu’elle a fait l’ENA, la Ségolène.

    Puisqu’on en est aux agriculteurs, ou, pour être exact aux industriels de l’agriculture, penchons-nous un peu sur les mœurs de ces gens-là. Partout en France, regroupés dans une sorte de tribu, la FNSEA, ils commettent régulièrement des violences et des saccages.

    LA VIE DÉJÀ SIMPLIFIÉE DE LA #FNSEA

    Des camions de fruits ou de légumes venus de « l’étranger » (c’est-à-dire des pays auxquels nos industriels agricoles vendent leurs céréales, leurs produits laitiers, leurs vins et tant d’autres choses) vidés sur la chaussée, des palettes enflammées faisant fondre le goudron de nos rues et routes, des tonnes de fumier et des barils de lisier déversés dans les sous-préfectures, des locaux de la MSA attaqués, des personnels molestés… La liste des exactions est infinie… ainsi que les sommes astronomiques de subventions (nationales ou européennes) avec lesquelles les pouvoirs publics les arrosent (3). Finalement, la vie de la FNSEA est déjà simplifiée depuis longtemps  : on hurle, on casse et on repart avec un bon paquet d’oseille.

    Cet été, au nom du « porc breton » ou des légumes (100 % engrais chimiques) bien de chez nous, ils se sont surpassés.

    En face, quelle mansuétude. Tout est permis à ces gens-là, ils ont pu démonter, sous les yeux de la maréchaussée, les portiques de l’écotaxe (ou de les faire flamber, c’est au choix) et ils en ont même vendu des morceaux aux enchères (ce qui porte juridiquement les beaux noms de destruction et vol de bien public, incendie volontaire, recel de vol, le tout en bande organisée, pour ne pas parler d’entreprise terroriste) (4).

    Les « forces de l’ordre » contemplent toujours ces violences d’un œil débonnaire. Elles ne réagissent que mollement quand un FNSEAste leur fonce dessus, tout dernièrement, en tracteur.

    Quel contraste saisissant avec le «  traitement » imposé à tant d’autres personnes (salariés licenciés qui manifestent un peu trop fort, défenseurs des droits de l’homme qui ont le mauvais goût de protester contre la venue de tel ou tel tyran, protecteurs de la nature qui s’opposent à un projet d’aéroport ou de barrage…).

    Rappelons comment ça s’est passé à Sivens. Tout d’abord, des commandos d’industriels de l’agriculture ont pu venir agresser violemment les zadistes sur le site. Ils ont passé les imposants barrages policiers dans un sens comme dans l’autre sans se faire «  appréhender  ». Comme s’ils étaient transparents. Ensuite, la moindre manifestation en défense du site a donné lieu à une répression féroce. On ne compte plus les blessés ni les condamnations à de lourdes amendes ou à des peines de prison, ni les interdictions. Pour finir, un jeune homme, un botaniste des plus pacifiques, a été tué par la police à bout portant.

    Pourtant les dégâts consécutifs à ces manifestations sont infiniment moindres que ceux causés par les agriculteurs, les conséquences économiques sont sans commune mesure.

    SIMPLIFIONS ENFIN LA VIE DES PATRONS ET DES POLITICARDS

    Et d’ici, nous revenons à notre problématique de départ  : les travailleurs doivent comprendre que le pouvoir les prend entre le marteau et l’enclume : l’enclume de la régression sociale incessante et le marteau de la répression pour ceux qui seraient tentés de se révolter. Et, là, ça ne rigole plus. Plus du tout.

    Il y a plus de trois siècles, au temps de l’oppression monarchique, du temps où il n’y avait que des « sujets » d’un maître absolu, Jean de La Fontaine l’écrivait fort bien :

    « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir. »

    C’était dans son fameux « Les animaux malades de la peste » . Les «  animaux  », c’est toujours nous  ; la peste, c’est le capitalisme. Mais la morale de La Fontaine est toujours d’actualité  : travailleurs, chômeurs, jeunes promis au chômage ou à l’exploitation, la seule solution pour ne pas nous faire écraser, c’est de devenir forts. Penser le devenir tout seul est une cruelle illusion. Dans notre classe sociale, on ne devient fort que par la solidarité, la réflexion et l’action constamment poursuivies. C’est ainsi seulement que nous pourrons simplifier la vie de nos patrons et dirigeants, en les mettant dans la poubelle de l’histoire.

    (1) - Le Code pénal en a pris encore plus, de l’embonpoint, mais là, pas question de simplifier. Les lois liberticides s’ajoutent aux lois liberticides dans un magma de textes sans que cela gêne du tout nos gouvernants.

    (2) - Voir « Macron : atomiser pour mieux exploiter ! » dans @anarchosyndicalisme ! N°145 http://seenthis.net/messages/385695 . Le « Projet de loi pour la croissance et l’activité présenté au nom de M. Manuel VALLS,... par M. Emmanuel MACRON,... » fait exactement 516 pages (texte de la proposition de loi et commentaires inclus). http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/projets/pl2447.pdf

    (3) - Il faut reconnaître, et c’est une leçon que la classe ouvrière devrait méditer, qu’ils savent être unis.

    (4) - Voir plus de détails dans notre n°145 «  Autour de ‘Ethnorégionalisme & Ultralibéralisme, La Bretagne pour laboratoire’  » http://seenthis.net/messages/385698 .

    @anarchosyndicalisme ! n°146

    ---- #Société --------------------

  • #Un_Autre_Futur
    supplément d’@anarchosyndicalisme ! n°145
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article767


    Au sommaire :

    Monde du travail : Les apprentis de plus en plus maltraités
    http://seenthis.net/messages/404012

    Solidarité : Du lait pour les enfants syriens réfugiés à Toulouse
    http://seenthis.net/messages/403343

    Politique : Sécurité pas sociale du tout
    http://seenthis.net/messages/404243

    Charte_des_langues : Retour accéléré au moyen-âge
    http://seenthis.net/messages/404261

    Société : Travail = émancipation, ah bon...
    http://seenthis.net/messages/404719

    Réflexion : La solidarité, un principe du vivant
    http://seenthis.net/messages/404720

    En_bref : Elle est pas belle la vie ?
    http://seenthis.net/messages/405626

    Cinéma : Dheepan, encore un film bien pourri contre les cités
    http://seenthis.net/messages/405600

    Rues et lieux de Toulouse : La rue des frères Lion
    http://seenthis.net/messages/405601

    Télécharger gratuitement le PDF :
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/uafseptembre2015.pdf

  • MACRON : ATOMISER POUR MIEUX EXPLOITER ! http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article763

    Le « Projet de loi pour la croissance et l’activité (procédure accélérée) (renvoyé à une commission spéciale.) présenté au nom de M. #Manuel_VALLS, Premier ministre, par M. #Emmanuel_MACRON, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique » - c’est le titre exact du document commenté ici - est un fourre-tout de 516 pages en petits caractères (texte de la proposition de loi & commentaires) [1].

    516 pages qui sautent du coq à l’âne, des transports en autocar aux professions réglementées en passant par le travail du dimanche, le plafonnement des indemnités en cas de licenciement etc., etc., j’en passe et de des pas mûres, mais toujours avec un seul objectif : libéraliser, libéraliser, libéraliser.

    Une question d’éthique pour commencer : qui, en dehors d’un professionnel de la politique (du syndicalisme ou du droit) peut être mesure de lire et d’analyser un document aussi long et touffu ? Dans ces conditions, qui peut encore affirmer que « Nul n’est censé ignorer la loi ». Et où est la démocratie quand des mesures qui modifient en profondeur le droit du travail (notamment) et donc la vie de chaque salarié sont noyées, dissimulées, dans un flot de mots et, de plus, exprimées en des termes incompréhensibles aux principaux intéressés ?

    Faire l’inventaire et la critique de chaque article, l’un après l’autre, est matériellement impossible à moins de disposer de temps et de moyens colossaux.

    Pour donner un exemple de l’analyse qu’il faudrait faire de chacune des lignes de ces 516 pages, voyons un seul article, perfide comme tant d’autres. C’est l’article 83, du Chapitre II  : «  Droit du travail », à la section I : «  Justice prud’homale  », ouf ! Les « explications » (pas beaucoup plus intelligibles que le texte de proposition de loi) sont page 456.

    Cet article n’a l’air de rien. En gros, il propose qu’en cas de conflit entre un employeur et « son » salarié, une sorte de contrat individuel amiable (j’ai failli écrire « aimable » pour le patron) puisse être passé entre les deux parties, sans autre forme de procès et sans tenir compte de quelque règle de droit du travail que ce soit. En pratique, cela ouvre la possibilité aux patrons de s’asseoir définitivement sur ce droit. Ce dont ils ne vont pas se priver.

    La relation employeur-employé est, faut-il le rappeler, dissymétrique, le «  contrat amiable  » ne peut être que biaisé. L’employeur possède dans son arsenal nombre de possibilités pour imposer sa loi à « son » travailleur. Celles-ci peuvent être incitatives : la carotte (par exemple des augmentations ou des primes, pour « rattraper  » a minima une faute patronale vraiment trop importante) et surtout répressives  : le bâton (non-renouvellement d’un contrat, licenciement de l’intéressé, mesures de rétorsion contre un membre de sa famille s’il travaille dans la même entreprise, placardisation, harcèlement, etc.).

    Constat amiable, la manivelle à la main

    Une comparaison pour mieux comprendre. Quant on a un accident de la voie publique et que l’on rédige un constat amiable, on décrit les faits qui se sont produits, mais leurs interprétation et leur conséquences (juridiques, financières) sont régies par le code de la route. Autrement dit, c’est le code de la route qui dit qui a «  tort  » et qui a «  raison ». C’est un peu comme ça que cela se passe aujourd’hui pour les conflits du travail quand ils sont jugés  : les parties exposent leur vision des faits, et c’est en fonction du droit que les « fautes » sont déterminées.

    Imaginons un moment que l’on applique la logique de la loi Macron à la circulation routière. En cas d’accident, ce ne serait plus le code de la route qui dirait qui est en tort et qui ne l’est pas. Il reviendrait aux deux signataires du constat amiable de s’entendre et de déterminer, d’un commun accord les responsabilités. Si vous n’êtes ni très musclé ni bagarreur imaginez ce qui pourrait vous arriver si vous deviez signer un tel constat amiable de nuit, sur le bord d’une départementale déserte, avec un routier pas vraiment sympa descendant de son camion, manivelle à la main…

    Le contrat amiable de la #loi_Macron, c’est l’ouvrier démuni face à son patron la manivelle à la main.

    Cette habile proposition de loi fait d’une pierre deux coups et désarme le travailleur en lui ôtant son principal moyen de défense (l’action directe collective) mais aussi la « roue de secours  », le droit du travail. Car ce contrat, comme son nom l’indique, est individuel. Les «  dossiers  » seront traités au cas par cas, ce qui laissera tout loisir à l’employeur de favoriser (un peu) l’un en défavorisant l’autre, bref, d’aggraver les disparités.

    Atomiser le salarié, l’isoler, le couper des autres, éclater le bloc des ouvriers, créer des tensions et des rancœurs entre eux… La stratégie est ancienne - Divide et impera (divise et règne) écrivait déjà Machiavel (et avant lui les Grecs !) – mais toujours crapuleuse.

    Mais que font les syndicats, direz-vous (enfin, si vous n’êtes pas un lecteur habituel de ce magazine). Les syndicats ne font rien. Ils ne feront rien  : la loi Macron, entre autres mesures, a prévu quelques gâteries pour eux : de nouvelles heures de délégations rémunérées leurs sont promises. Juste de quoi acheter leur silence...

    Le seul vrai moyen de faire face à la loi Macron & Compagnie, c’est de faire bloc les uns avec les autres. Si le jeu des patrons est de diviser, le nôtre doit être de chercher à créer, par la solidarité, un rapport de force pour, quand c’est possible : refuser collectivement les entretiens individuels, imposer une égalité de traitement (« A travail égal, salaire égal » disaient les anciens), exiger du patron le respect des salariés (et donc des salaires dignes), éviter le traitement au cas par cas…

    Salariés, nous avons tout intérêt à jouer ensemble et pour l’ensemble.

    [1] http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/projets/pl2447.pdf

    #économie

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