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  • Penser le populisme - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/Penser-le-populisme.html

    Il faut partir de là, et non pas de définitions a priori, pour penser le populisme. On peut dire en première approximation de lui ce que Marx disait : il est à la fois le symptôme d’une détresse réelle et l’expression d’une illusion. Il naît sur le terrain d’une crise. Il ne fait pas qu’exprimer un mal intrinsèque. Il est le point de rencontre entre un désenchantement politique, tenant à la mal-représentation, aux dysfonctionnements du régime démocratique, ainsi qu’au point de jonction de ce désenchantement avec un désarroi social, liée à la non-résolution de la question sociale aujourd’hui, avec le double sentiment d’impuissance, d’absence d’alternatives et d’opacité du monde qui en découle.

    Ce texte est tiré de la leçon inaugurale prononcée lors des 26èmes Rencontres de Pétrarque 2011 par Pierre Rosanvallon

    #démocratie #peuple #populisme

    • Héhé :)

      Merci @thibnton pour ce texte très intéressant et intelligent. C’est là qu’on voit que c’est quand même vachement bien, seenthis.

      Quelques extraits, à chaud, du texte ci dessus (la suite de la citation de thibnton, en fait) :

      Si nous voulons mieux comprendre la démocratie, il nous faut donc aussi mieux saisir ce qu’est le populisme. Car l’intelligence de la démocratie est inséparable d’une intelligence de ses perversions. Approfondir la question du populisme conduit à mieux comprendre la démocratie avec ses risques de détournement, de confiscation, ses ambiguïtés, son inachèvement aussi. S’il y a parfois de l’indignation ou de l’inquiétude en Europe devant le développement du populisme, il s’agit aussi d’avoir l’intelligence de son inquiétude, la science de son indignation et rejeter aussi bien le moralisme flou que le mépris hautain. Ne pas se limiter à une condamnation pavlovienne pour faire du mot « populisme » un épouvantail qui ne serait pas théorisé, qui ne serait pas pensé. La question du populisme est en effet interne à celle de la démocratie. Ce n’est pas un parasitage extérieur, sa présence oblige à penser la démocratie pour mieux l’accomplir.
      [...]
      Aujourd’hui, un mot triomphe partout, celui de justice. Dans le sentiment populaire général, mais également en philosophie politique, avec toutes les théories de la justice. Mais nous avons aussi besoin de reparler un véritable langage de l’égalité. [....] l’égalité au sens d’une société dans laquelle il y a
      véritablement une production du commun. C’est cette tâche qui, me semble-t-il, est devant nous aujourd’hui.

      Si nous reconstruisons ce commun, si nous essayons de mieux approfondir l’idée démocratique, alors la question du populisme pourra trouver une forme de réponse qui ne sera pas simplement celle d’un rejet pavlovien mais celle d’une vie démocratique élargie et approfondie.

    • Tiens, ce passage aussi :

      Tout d’abord, partir du principe qu’au lieu de simplifier la démocratie, il faut la compliquer pour l’accomplir. Parce que nul ne peut prétendre posséder le peuple, nul ne peut prétendre être son unique haut-parleur. Car le peuple n’existe que sous des espèces et des manifestations partielles. Il existe d’abord un peuple arithmétique : le peuple électoral. [...] La démocratie repose à cet égard sur une forme de fiction, la fiction que la majorité représenterait toute la société. Ce qui n’est pas le cas. C’est pour cela qu’il faut faire appel à d’autres figures du peuple. Lesquelles ? D’abord ce que l’on pourrait appeler le peuple social , qui existe à travers des revendications liées à des conflits, à travers la formation de communautés d’épreuves, à partir de morceaux d’histoire vécus en commun. Cela peut être aussi celui de se référer à cette opinion indistincte et confuse qui existe à travers Internet (car Internet n’est pas un média, mais une forme sociale, sorte de matérialité directe et mouvante d’une opinion publique qui n’existait autrefois que représentée par des institutions, des médias, des techniques de sondage) .

    • J’avais failli citer le petit paragraphe sur Internet aussi. J’ai trouvé la formule très juste.

      Après il ne faut pas oublier ceux :
      – ceux qui n’ont pas accès au réseau
      – ceux qui ne peuvent pas exprimer leurs idées (illettrisme, « illettrisme numérique »).

      Bref, avis aux lecteurs : lisez ce texte, ou on finira par le citer entièrement dans le fil de discussion ! :p