• « Charlie », la laïcité et la bicyclette, par @alaingresh
    http://blog.mondediplo.net/2015-01-25-Charlie-la-laicite-et-la-bicyclette

    Décidément, la #laïcité est mise à toutes les sauces. Quel est le rapport entre la laïcité et les attentats contre Charlie Hebdo ? En quoi un renforcement de l’enseignement de la laïcité, qui n’est synonyme ni de tolérance ni d’égalité hommes-femmes, mais qui régit les rapport des Eglises et de l’Etat (selon la formulation de la loi de 1905), résoudra-t-il le problème des quartiers populaires ? Les mêmes qui piétinent allègrement les principes de la République, particulièrement celui d’égalité, voudraient faire de la laïcité un concept fondateur, mais dans le seul but de justifier leur #islamophobie. Répétons-le, la laïcité concerne la place de la religion et garantit le droit de tous les fidèles à exercer leur foi en toute liberté (y compris dans l’espace public : la loi de 1905 n’a jamais aboli les processions religieuses, par exemple).

    Cf. http://www.monde-diplomatique.fr/2003/08/GRESH/10342

  • Aux origines des controverses sur la laïcité, par @AlainGresh
    http://www.monde-diplomatique.fr/2003/08/GRESH/10342

    Un siècle plus tard, la #laïcité est devenue un bien commun des croyants et des non-croyants. Bien que l’on en parle souvent à tort et à travers. Quand le ministre de l’intérieur français, M. Nicolas Sarkozy, affirme que les femmes doivent paraître sur les photos d’identité tête nue, il pose un problème d’ordre public, pas de laïcité… Quand on évoque la mixité à l’école, il s’agit d’égalité entre garçons et filles, pas de laïcité — l’école laïque s’est accommodée, jusqu’à la fin des années 1960, de la séparation des sexes, et la République laïque, pendant des décennies, du refus du vote des femmes…

    La laïcité est-elle aujourd’hui menacée en France ? Faut-il se mobiliser comme en 1905 ? L’emprise des Eglises s’est affaiblie et aucune d’elles n’approche, de près ou de loin, la puissance envahissante de l’Eglise catholique au début du siècle dernier. En revanche, réfléchissant sur la formule « le cléricalisme, voilà l’ennemi », Jean Baubérot s’interroge : celle-ci « est restée une bannière pour la laïcité militante. Mais qui sont aujourd’hui les nouveaux clercs ? Quels sont ceux qui constituent une menace concrète pour la liberté de penser ? » Sont-ce prioritairement les religions organisées, ou plutôt les « cléricatures » de l’argent ou celles des #médias ?

    Au début du XXe siècle, la République devait ouvrir de colossaux chantiers, de l’instauration de l’impôt sur le revenu aux retraites ouvrières ; Jaurès avait compris que, pour surmonter ces défis, il fallait apaiser les querelles religieuses. Un siècle plus tard, la France est confrontée à d’immenses angoisses nées d’un néolibéralisme qui sape les fondements du pacte républicain. Sont-ce quelques dizaines de filles portant un foulard dans les établissements scolaires qui menacent ce pacte ? Ou les inégalités, les discriminations, les ghettos, le chômage, toutes ces friches exclues des « réformes » ? Face à ces diversions, il est bon de rappeler que Jaurès avait raison : la République française doit être laïque et sociale. Elle restera laïque parce qu’elle aura su rester sociale…

    • De 1905 à l’après-Charlie, la laïcité dans tous ses états
      http://www.telerama.fr/idees/de-1905-a-l-apres-charlie-la-laicite-dans-tous-ses-etats,122532.php

      La confusion ambiante vient du fait que deux laïcités se sont superposées dans notre pays [comme l’explique Jean Baubérot] : « La première fonctionne de façon immergée, silencieuse : il s’agit de toute la jurisprudence issue de la loi de 1905, qui permet à chacun d’exercer sa religion dans le calme et la sérénité. La deuxième, émergée, bruyante, fait débat : il s’agit d’une nouvelle laïcité, très différente de celle de 1905. Alors que la loi de séparation assurait la neutralité de la seule puissance publique, celle-ci cherche à étendre la neutralité à la société tout entière. » Petit à petit, ce n’est plus à l’Etat mais aux individus eux-mêmes que l’on demande d’être neutres, comme en témoignent la loi de 2004, qui interdit le port des signes d’appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées, la loi de 2010, interdisant la burqa dans l’espace public, ou l’affaire Baby Loup, qui a vu une employée portant le voile dans une crèche privée être condamnée et licenciée.

      Pour Vincent Valentin, et nombre de juristes, ce qui pose surtout problème, c’est le dévoiement du droit : les dérives liberticides inhérentes à cette nouvelle laïcité, et la confusion qu’elle instaure entre le public et le privé. « En étendant le principe de neutralité de l’autorité publique aux usagers eux-mêmes, on est passé d’une laïcité juridique à une laïcité culturelle, qui voudrait que le public se privatise et que le privé se publicise. L’Etat s’immisce dans des choix religieux qui devraient rester privés et les individus privés sont sommés de devenir laïques, athées. » Le juriste voit là un dangereux brouillage : désormais, ce n’est plus l’Etat qu’il faudrait séparer de la religion, mais la société elle-même, l’individu devant désormais être neutre « à l’école, autour de l’école, dans le travail, voire... dans l’espace public en général ». De façon insidieuse, la religion est en fait redevenue une affaire publique... Au risque de violer les libertés individuelles : « Tandis que la laïcité républicaine "originelle" (la laïcité de 1905) est étroitement associée aux idées de liberté et d’égalité, la nouvelle laïcité les remet en cause. »