la mort de Rémi Fraisse nous fait violence

/article2712.html

  • La mort de Rémi Fraisse nous fait violence, par Sophie Wahnich
    http://www.vacarme.org/article2712.html

    Nous ?
    Oui, « nous ».

    « Nous », ce sont tous ceux qui ont travaillé à inventer un espace délibératif conflictuel comme première retenue de la violence, ceux qui par fausse naïveté butée veulent ne pas céder sur ce qui fonde une démocratie : la mise en débat de la fabrique de la loi. Nous les citoyens d’Athènes, nous les bouleutes, nous les membres des assemblées primaires de 1789, des sociétés fraternelles et politiques des deux sexes, nous pétitionnaires de toujours, nous qui avions fait face à la loi martiale, nous qui avions reconquis nos droits de bataille en bataille, nos droits à dire non et à simplement le faire savoir par la puissance du langage cinglant et des corps assemblés, violence certes mais vouée ainsi à demeurer en puissance, violence symbolique. Nous qui avons eu le courage de l’insurrection pour qu’elle ne soit plus nécessaire. La mort de Rémi Fraisse dit à quel point notre héritage a été dilapidé et récusé. Cet héritage, c’est celui d’un dialogue incessant et réglé entre représentants et représentés afin que la « force de loi » ne porte jamais atteinte au corps.