• Attentat contre Charlie : faut-il parler de "terrorisme" ? - Arrêt sur images
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    Un mot « tendancieux » et « non neutre ». Le chef du service arabophone de la BBC a expliqué, dimanche 25 janvier, pourquoi la chaîne avait choisi de ne pas utiliser le mot « terroriste » pour qualifier les auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo. L’agence de presse Reuters a fait le même choix. Les médias français, quant à eux, sont plus partagés : si l’Agence France-Presse essaie également d’éviter d’employer ce terme, de nombreuses publications n’ont pas hésité à l’utiliser.

    « Nous essayons d’éviter de dire qu’un individu est un terroriste ou de dire qu’un acte est terroriste » : dans un entretien au journal britannique The Independant, le chef du service arabophone de la BBC, Tarik Kafala, explique la position de son média (ses propos sont traduits en français dans cet article de Slate.fr). Dans ses différents reportages sur l’attentat au siège de Charlie Hebdo, l’assassinat d’une policière à Montrouge et les prises d’otage de Dammartin-en-Goële et de la Porte de Vincennes, la BBC a en effet choisi de ne pas parler de « terroristes », mais d’"assaillants" ou d’"hommes armés", notamment.

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    L’Agence France-Presse évite d’utiliser le terme

    Ce n’est pourtant pas le cas de l’Agence France Presse, qui alimente largement ces médias. Dans les premiers jours ayant suivi l’attaque au siège de Charlie, l’Agence France-Presse a certes diffusé quelques dépêches utilisant le terme "terroriste", comme celle reprise ici sur le site du Point. Mais il s’agissait d’exceptions à la règle de l’agence, explique l’adjoint au rédacteur en chef central de l’AFP, Hervé Rouach : "Dans la masse des dépêches rédigées à la suite des attentats, le mot est effectivement apparu, mais nous avons rapidement rappelé à nos journalistes les principes directeurs de l’agence, qui sont de ne pas utiliser « terrorisme » ou « terroriste »".

    Pour quelle raison ? Comme Bigo, l’adjoint au rédacteur en chef de l’AFP estime que le mot "recouvre des réalités très diverses" : "Ce qui est une réalité dans une démocratie occidentale comme la nôtre ne l’est pas forcément ailleurs. C’est un vocabulaire difficile à utiliser, parce qu’un attentat peut-être considéré par certains, selon le contexte géopolitique, comme un acte de libération, de rébellion, etc."

    Selon le contexte et selon les époques, l’étiquette a effectivement été accolée à l’action d’organisations et individus aussi divers que les résistants français durant la Seconde Guerre mondiale (comme en témoigne Raymond Aubrac), les combattants de l’Armée républicaine irlandaise (comme ici, par Le Figaro), les indépendantistes tchétchènes (par Vladimir Poutine), ouïghours (par Pékin) ou kurdes (par l’UE, les Etats-Unis et la Turquie), les membres d’Al-Qaeda ou de l’Etat islamique, ou encore les opposants syriens au régime de Bachar-el-Assad.