« Dans le Coran, sur 6300 versets, cinq seulement contiennent un appel à tuer » - LeTemps.ch
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– Certains philosophes critiques, comme Abdennour Bidar dans sa « Lettre ouverte au monde musulman », ou Abdelwahab Meddeb, appellent à un sursaut intellectuel, à une grande réforme. Y a-t-il urgence de réformer l’#islam ?
– Il y a d’abord urgence de mémoire. Les musulmans doivent se rappeler que jusqu’aux années 1960, il existait dans le monde arabo-musulman un grand débat très libre sur la question de l’historicité de l’islam. Des grands savants comme Amin al-Khûlî, Ahmad Khalafallâh ou d’autres avaient des vues très modernes sur la question. Ils pensaient que l’islam doit être adapté à son contexte historique et qu’aucune interprétation n’est valable pour toutes les époques.
– Où en est-il, ce débat ?
– Il a été détruit, en premier lieu sous l’influence des Etats – l’Egypte de Nasser, la Syrie baassiste, etc., dès la fin des années 50. La grande Université al-Azhar du Caire a été étatisée en 1961. Du coup, le public musulman a commencé à se recroqueviller, et les savants qui ont voulu poursuivre ce débat ont émigré, notamment à Paris, qui est devenu pour un temps le centre du débat islamique. Au Caire, à Damas, à Bagdad, il est resté un grand vide.
– Qui a rempli ce vide ?
– En partie le wahhabisme et le puritanisme, qui ont joué le rôle de conscience critique face au monopole étatique sur l’islam. A partir de là, le discours apologétique a pris le pas sur le discours critique, l’éclipsant presque complètement. Plus tard, dans les années 70-80, l’islam a été un moyen pour les populations arabo-musulmanes d’affirmer leur autonomie face à des Etats autoritaires qui voulaient régenter tous les aspects de la vie sociale. Conséquence de tout cela, l’éducation islamique s’est considérablement appauvrie. Le vide laissé par les intellectuels a donc été comblé par des penseurs médiocres et une littérature de pacotille. Cela dit, il ne faut pas non plus idéaliser les grandes heures du débat, déjà menacé à l’époque par les intégristes : dans les années 50, un Frère musulman radical nommé Abdelkader Aouda prêchait dans les mosquées qu’il fallait brûler tous les livres islamiques à part le Coran et la tradition prophétique.