L’Harmattan, la maison d’édition qui ne paie pas ses auteurs

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  • L’Harmattan, la maison d’édition qui ne paie pas ses auteurs
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/01/30/l-harmattan-la-maison-d-edition-qui-ne-paie-pas-les-africains_4566732_3212.h

    Un article sur les méthodes éditoriales de cet éditeur pour le Tiers Monde

    Si « chacun a le droit d’être publié » comme le dit Denis Pryen, cela peut s’avérer une aventure surprenante chez L’Harmattan. Accepter le fameux « contrat d’édition » signifie avant tout faire une croix sur ses droits d’auteur. « L’éditeur versera à l’auteur à compter de cinq cent un exemplaires vendus, 4 % du 501e à 1 000 exemplaires vendus [et] 6 % à partir de 1 001 exemplaires », stipule le texte. Ce qui est, de l’avis des autres professionnels du secteur, une pratique peu orthodoxe et éloignée des 10 % minimum du prix de vente généralement proposés par les éditeurs.

    Sachant que rares sont les ouvrages tirés à plus de 500 exemplaires — « entre 100 et 300 pour un recueil de poésie ou pour un essai », selon Denis Pryen —, un auteur a très peu de chance d’être payé un jour.

    Le contrat ne prévoit aucun à-valoir et l’éditeur exige de recevoir des manuscrits prêts à clicher, c’est-à-dire maquettés aux normes de la maison et prêts à être imprimés. Un document détaillé de deux pages est remis dans ce but à l’auteur en même temps que le contrat. Il est aussi exigé d’acheter cinquante exemplaires de son propre ouvrage.

    Charles Gueboguo a écrit deux essais de sociologie publiés chez L’harmattan : « La question homosexuelle en Afrique », en 2006, et « Sida et homosexualités en Afrique », en 2009. Il se souvient avec amertume des difficultés rencontrées dans la réalisation du prêt-à-clicher.
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    Mais Denis Pryen insiste : il est important que les auteurs fassent eux-mêmes le travail de pré-édition. « On ne peut pas mobiliser une personne pour la relecture et le rewriting d’un bouquin de 400 pages qui va être tiré à 100 ou 200 exemplaires. Ce n’est pas rentable. Nous impliquons donc les auteurs, afin de réduire les frais. Car nous avons refusé depuis les années 1970 d’être tributaires des subventions publiques », explique avec aplomb l’éditeur, qui considère que ce système lui permet de « remplir un rôle d’intérêt général ». Selon ses propres estimations, sa maison d’édition débourse environ 1 400 euros pour tirer 500 exemplaires d’un ouvrage en sciences humaines. Autant dire que ce n’est pas l’auteur qui fait de bonnes affaires.

    #édition #Afrique #sciences_humaines