Au-delà de son côté comique, cette annonce est révélatrice de la manière dont les administrateurs de l’Education nationale envisagent la question de la laïcité et, plus généralement, toutes les problématiques républicaines.
Il s’agit pour eux d’un certain nombre de « valeurs », c’est-à-dire de doctrines, d’idées toutes faites, à inculquer aux fonctionnaires, chargés ensuite de les inséminer de façon univoque et droite à nos charmantes têtes blondes.
Ce faisant, nous transformons les idées républicaines en croyances, destinées à combattre d’autres croyances, jugées « antirépublicaines ».
Mais la République n’est pas une croyance. La première qualité d’un citoyen républicain n’est pas de savoir « marcher au pas », mais d’être un individu rationnel, capable de déterminer de façon autonome les actions qui favorisent le bien commun. Et ce ne sont pas les PowerPoint, mais le questionnement philosophique, ainsi que la culture et le raisonnement scientifiques, qui permettent d’y parvenir.
Venons-en maintenant au côté tragique des mesures ministérielles. Il est désormais possible, sur simple dénonciation, et sans avoir à fournir de preuve, de condamner n’importe quel acteur de l’école, enfant ou professeur, pour « apologie du terrorisme » (il m’est toujours difficile, en écrivant ces lignes, d’admettre que l’école publique, pour laquelle je travaille, soit capable de telles ignominies).