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  • CIP-IDF > Francfort : 6000 étudiants en ag et dans les rues
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7555

    Le 18 mars 2015 sera inauguré à Francfort le nouveau siège de la Banque Centrale Européenne [1]. Reste à savoir si ce qui s’y passera [2] sera contenu dans les formes déjà connues et quelque peu épuisées du mouvement altermondialiste ou si nous allons assister à la naissance d’une forme d’expression inédite du mécontentement, à l’échelle européenne.


    Retour sur des manifestations en 2006...

    Nous avions été invités en tant que participants à la Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile de France pour différentes rencontres à Francfort, le lundi 8 et le mardi 9 mai 2006 (lundi : intervention à l’école d’art Städelschule à propos de la cip-idf, de la discontinuité de l’emploi et des droits sociaux // mardi : rencontres au centre social ivi -institut für vergleichende irrelevanz- autour des luttes contre la précarisation en France et en Europe, puis autour des images de/en lutte). Lorsque le mardi après-midi nous avons appris qu’une assemblée générale contre la réforme des droits d’entrée à l’université se préparait pour le lendemain, nous avons décidé de rester un jour de plus pour pouvoir raconter aux étudiants de Francfort quelques éléments du mouvement contre la loi pour l’égalité des chances et le CNE en France.

    Le blocage comme nécessité

    C’est un mouvement étudiant en 2003 qui avait permis d’ouvrir le centre social ivi dans un ancien local universitaire - dévolu à l’enseignement de l’anglais avant son déménagement - pour en faire un lieu de lutte, à la fois université ouverte et lieu d’habitation… Ce mouvement s’était constitué contre la création de frais d’inscription pour les redoublants. A cette époque, la grève avait été votée mais peu suivie : il y avait ceux qui faisait grève et ceux, nombreux, qui continuaient à aller en cours.

    En Allemagne, les droits d’entrée à l’université sont en cours de réforme. Ces réformes sont votées région par région (land par land). Ainsi dans le land où se trouve Berlin, elle est déjà en application alors que dans le land de Hessen – où se trouve Francfort- la loi a été votée le 5 mai 2006. Jusqu’ici, l’entrée à l’Université était gratuite en Allemagne (même si les étudiants devaient payer la sécurité sociale). La réforme crée des droits d’entrée, d’environ 500 € par semestre pour les étudiants allemands et de l’UE, et de 1500 € par semestre pour les étudiants hors UE.

    Récit de la journée du mercredi 10 mai 2006 à Francfort

    Nous nous dirigeons vers la Johann Wolfgang Goethe Universität, au loin on entend une forte rumeur :
    « - C’est l’AG que nous entendons ? - Oui. »

    Près de 6000 personnes sont sur le parvis et aux fenêtres des tours attenantes, et écoutent différents intervenants qui s’adressent à eux d’un balcon. Nous intervenons (voir ci-après). À l’énumération des différents lieux bloqués lors du mouvement français, les étudiants sifflent, applaudissent, crient. À la fin de l’AG, certains membres du ‘comité de mobilisation’ – en majeure partie composée d’étudiants membres d’ASTA, qui n’est pas vraiment un syndicat étudiant, mais est très proche des Verts et du parti Social démocrate, et semble tenir le même rôle que l’Unef en France – coupent le micro lorsque des étudiants veulent évoquer la mise au vote de la grève, les questions d’organisation, les blocages et la suite… Seule une motion « l’AG est contre la réforme » est votée. Un départ en manif est organisé.

    Le rythme est rapide, la manifestation se dirige vers la gare centrale. On peut entendre des slogans comme : « Des savoirs pour tout le monde ou sinon c’est l’émeute », « Nous sommes là, nous faisons beaucoup de bruit parce qu’on nous vole notre culture », « Sans culture, je deviens terroriste », mais aussi voir des banderoles : « En France, apprendre signifie apprendre à vaincre » ou encore « Faisons-le à la manière française ».