• La restauration du Désordre

    L’année dernière j’ai mis fin à une expérience et un travail vieux de dix sept ans, le Désordre. Pour tout dire j’étais assez fâché (et quand De Jonckheere fâché, lui toujours faire ainsi). J’étais fâché à la fois contre moi-même et contre certaines forces occultes que j’identifiais avec difficulté. Pour ce qui est des forces occultes, je ne sais pas si ce sont les bénéfices parfois inescomptés de la psychanalyse (oui, je suis allé refaire une petite partie du vieux jeu juif viennois, la quatrième), ou l’intervention quasi divine d’un ange roux (si le pauvre @jsene savait que je pense parfois à lui en ces termes), toujours est-il que d’une part j’ai compris que je ne pouvais continuer de vivre jusqu’à la mort tel un Don Quichotte du Val-de-Marne et que je ne pouvais pas de la sorte laisser en plan, agonisant dans un fossé sur le bord de la route un enfant de dix sept ans dont j’étais malgré tout le père, le Désordre.

    Naturellement, à cette introduction, vous aurez compris que je n’ai pas tout à fait perdu cette habitude mienne de tout exagérer et donc vous allez voir comme c’est simple.

    Les quatre grands derniers travaux du Désordre ont tous les trois été réalisés sous la forme Ursula qui fait la part belle d’une part aux fichiers sonores et aussi aux images animées, à la vidéo. Or, il y a cinq ans, je m’y suis mal pris pour les intégrer, j’ai choisi une voie privée (et donc propriétaire), celle du Flash et cette erreur aurait pu et dû être fatale. Et j’espère pouvoir m’en rappeler jusqu’à la fin de mes jours. En effet pour pouvoir lire fichiers sonores et vidéo, j’avais recours à de petits lecteurs en Flash, c’était d’ailleurs une torture de code à installer et pire, pour ce qui est des fichiers vidéo, cela supposait une exportation des fichiers vidéos dans un format Flash (.flv) qui en soit était un poème (et requérait l’emploi d’un petit utilitaire au fonctionnement capricieux, pour parler poliment, que de souvenirs !). Et, de la sorte j’aurais donc produit pas loin de cinq cents fichiers vidéo dont la lisibilité n’a pas cessé de décliner les cinq dernières années. Autrefois hégémonique, ce format propriétaire est finalement tombé en désuétude pour ne plus être lisible qu’au prix de réels efforts de la part des visiteuses et des visiteurs de sites à maintenir leur propre navigateur équipé d’extensions de plus en plus exotiques.

    Le comprenant l’année dernière à un moment d’une certaine lassitude par ailleurs (comme il en est arrivé d’autres pendant la route sinueuse du Désordre), j’ai fini par capituler, cela tombait bien je venais de fermer la parenthèse de Qui ça ? (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index.htm ) qui elle même me permettait de fermer celle d’Ursula ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/index.htm ) et les parenthèses s’enchâssant les unes dans les autres, cela ressemblait fort à la fin du Désordre. Dont acte. Pour ne rien arranger, Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, pouvait dûment exiger son départ à la retraite, mon appareil-photo, après avoir déclenché 300.000 fois a poussé un dernier râle que j’ai pu enregistrer in extremis avec l’appareil enregistreur qui n’avait jamais été conçu pour vivre au fond d’une besace de photographe dans la promiscuité d’objectifs et autres ustensiles certains contondants, l’enregistreur était kaputt aussi.

    C’est là que l’ange roux est intervenu et qu’il a parlé et il m’a tenu à peu près ce langage

    ``<audio src=« mon_fichier_audio.mp3 » controls></audio>``

    Et

    ``<video width=« xxx » height=« xxx » controls><source src=« mon_fichier_video_mp4" type="video/mp4"></video>``

    Ce qui veut dire qu’en html5, la nouvelle norme universelle du langage html, on peut enfin directement intégrer sons et vidéos dans le code, sans passer par le folklore d’un lecteur importé.

    Et ça change tout.

    Pour ce qui était de l’intégration des fichiers sonores, je voyais bien comment en m’y prenant avec un peu de dextérité, en faisant des rechercher/remplacer de portions de codes, je pouvais m’en sortir, et c’est ce que j’ai fait sans trop de grande difficulté. N’était-ce qu’en n’ayant plus mis les pieds dans les arborescences du Désordre depuis plus d’un an, j’avais un peu oublié certaines de mes façons personnelles de ranger les choses selon un principe de la libre association qui s’il est vivement encouragé par mon analyste est moins payant en informatique.

    Pour les fichiers vidéos c’était une autre paire de manches parce que le format .flv n’était pas interprétable, il fallait repasser tous les fichiers .flv en .mp4 ce qui ne se fait pas sans une certaine perte de qualité, notamment du son et notamment de l’image. Et là inutile de dire que la perspective de reprendre une à une les cinq cents séquences vidéo du Désordre n’avait rien d’engageante (j’avais déjà par le passé écopé le navire avec une passoire plus d’une fois, je savais un peu la dépense de ce genre de campagnes). J’ai malgré tout décidé de m’y mettre (on reconnaît l’idiot au fait qu’il regarde le doigt du sage quand il montre la lune ou quand il ne recule pas à l’idée de reprendre 500 séquences vidéo, certaines au noms de fichiers peu clairs dispersés sur une dizaine de disques durs externes) . Fichiers après fichiers et insertions de balise cohérente après insertions de balises cohérentes. A la main. De la folie. Pure. 

    Et pour le son c’est pareil et même que cela permet des démarrages du son automatique dès le chargement de la page autrement qu’avec un script qui fait appel à certaines fonctionnalités pas très constantes du serveur, on codait de ces trucs au millénaire précédent. 

    « Et voilà le travail ! », suis-je tenté de m’écrier (un peu) immodestement. Pour marquer le coup j’ai inséré une vidéo et un son sur la page d’accueil du Désordre (http://www.desordre.net ). 

    Il y a par ailleurs quelques rubriques dans lesquelles ce travail de restauration est assez payant, ce sont, notamment les formes Ursula, la première, Ursula elle-même (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/index.htm ), puis le journal de Février (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm ), Arthrose (http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose/index.htm ) et enfin Qui ça ? (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index.htm )

    Je me suis d’ailleurs aperçu que je n’avais pas fini Février. Il reste une centaine de pages auxquelles il faudrait que je mette la main.

    Et à vrai dire il y a plein de trucs comme ça qui ne sont pas vraiment finis dans le Désordre, ça n’étonnera personne. Je ne fais pas de promesses, mais je vais essayer. Et, qui sait ? j’aurais peut-être de nouveau envie d’ajouter de nouvelles pages à cette affaire (je dois dire que de reprendre certaines parties endommagées du site me fait toucher du doigt ce plaisir curieux qui a été le mien pendant les vingt dernières années, ou presque, de triturer du code pour raconter des histoires, fussent des histoires dans lesquelles on s’égare, moi le premier), notamment avec les deux ou trois trucs que je brouillonne dans Seenthis. Les #flux_détendus, #De_la_Dyslexie_créative, les #Moindres gestes, #Mon_Oiseau_bleu et d’autres que je brouillonne ailleurs encore, _Frôlé par un V1 et Les Anguilles les mains mouillées, ou encore My Favorite Favorite Things. Bref Désordre peut être pas entièrement mort. On verra bien. 

    #retour_au_desordre

  • Concours de pâte à modeler
    Au Val André
    Je gagne haut la main avec un aileron

    Je dépose Zoé au collège
    Nous passons devant notre arbre
    Longtemps que nous ne l’avions photographié

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Je mets un peu la radio
    On tresse des louanges au Premier Ministre
    Je switche : Pascal Comelade

    J’ai reçu un courriel de Daniel
    Photographies de son exposition
    Je suis ému aux larmes, presque

    J’expédie les affaires courantes
    Sans joie
    On s’en doute, open space

    Un coup de téléphone d’Isa
    Me délivre
    De l’ennui, de l’ open space

    Déjeuner avec Isa au BDP
    A la fois chaleur de l’amitié
    Et sentiment d’être avec ma grande sœur

    Je ne sais pas très bien
    Comment faire la transition
    Entre Isa et l’ open space

    On me demande de rebondir
    Sur un courriel
    Je réponds que cela na pas être facile

    Dans le parking du temple
    Une dame qui range ses courses
    Voudrait en découdre avec moi !

    Si je l’ignore elle m’insulte
    Si je réponds, elle crie
    Mon tort ?, en fait je n’en sais rien

    Je rends mon charriot, elle continue de m’invectiver
    « Je crois que nous ne sommes pas faits l’une pour l’autre »
    Mon ironie se traduit mal dans sa langue

    «  ? Connard !
     ? Mais madame … » Arrive son fils paniqué
    Je crains le pire, il s’excuse, Maman fait une Tourette

    Il est surpris que je sache ce que cela veut dire
    «  ? Ce n’est pas grave Monsieur, votre maman
    N’a rien fait de grave, au revoir Madame… »

    «  ? Connard !
     ? Maman !
     ? Au revoir Monsieur ? Oui, au revoir, pardon… »

    Finalement
    Un fils autiste
    C’est plutôt tranquille !

    Je range les courses
    Je dépose Zoé au théâtre
    Je joue aux échecs avec Émile

    Je cuisine une tarte salée
    Je vais chercher Zoé au théâtre
    J’essaie d’écrire un peu

    Mon Oiseau bleu
    Les anguilles les mains mouillées
    Frôlé par un V1

    Mon Oiseau bleu
    Une page, un dialogue
    Douze poèmes

    Les Anguilles les mains mouillées
    Deux pages relues
    Un seul rêve

    Frôlé par un V1
    Trois pages relues
    Une précision annotée

    #mon_oiseau_bleu

  • J – 93 : Nuit de cauchemar, le chat de Laurence, à quatre heures du matin, est venu me vomir dessus, j’ai débord senti une chaleur dégeulasse me couler sur les joues, le long des parois du respirateur, je n’ai pas bien compris ce qu’il se passait et quand je l’ai compris, en retirant mon masque qui me pulse un air qui vient d’un peu plus loin, j’ai été rattrapé par cette odeur putride. Je n’ai eu que le temps de me précipiter aux toilettes pour rendre moi-même. Faut-il que j’aime Laurence pour m’occuper de cette bestiole neurasthénique et que j’ai du respect à revendre pour son père dont c’était la dernière volonté qu’une bonne âme vienne à s’occuper de cette petite chatte tendue comme un arc.

    Je suis parvenu à me rendormir et j’ai même domri un peu au-delà de huit heures ce qui n’est pas fréquent pour moi, non seulement les jeunes gens commencent à me céder leur place assise dans le métropolitain mais en plus je comence à faire comme les vraiment vieux qui se lèvent, quoi qu’il arrive, et sans effort, à 6 heures du matin.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140924_jacques_demierre001.mp3

    J’ai passé une belle matinée, écoutant le disque de Jacques Démierre, Jonas Kocher Axel Dörner, buvant et me refaisant du café, travaillant dans le garage, dans un premier temps à ce que j’ai fini par décider, une imbrication en spirale des différentes pages bâties sur le mode d’ Ursula , bénissant le dieu des ivrognes de m’avoir fait conserver un suffixe en .html et non .htm comme presque toutes les autres pages du Désordre pour la page index de telle sorte qu’il a été facile de renommer cette dernière en pele-mele.htm et de faire des rechercher/replacer de tous les liens vers cette page index.html dans les nombreux répertoires et sous répertoires des différentes formes Ursula . Avant de déjeuner j’ai pris le temps de transférer et d’importer deux nouveaux fichiers vidéographiques dans le programme de projection pour Apnées , notamment la fameuse séquence de machine à écrire acquise de haute lutte.

    Je me suis rapidement cuisiné des filets de cabillaud, j’ai fait une sieste trop rapide à mon goût, je me suis refait un dernier café pour la route et puis j’ai pris le chemin de l’exposition à propos du Bauhaus au Musée des Arts Décoratifs, exposition dont je me faisais toute une joie, laquelle a été douchée avec fracas par une exposition entièrement centrée sur les arts décoratifs — d’un autre côté le nom de l’institution aurait pu me mettre sur la voie — et pas du tout, mais alors pas du tout, sur tout ce que le Bauhaus avait pu réunir d’artistes géniaux, Klee, Moholy Nagy, Albers, etc ... cela m’a toujours amusé comment c’est finalement à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs que l’on m’aura enseigné (inculqué) cette forme de dégoût viscéral de tout ce qui est décoratif, y compris, finalement, un comble, le Bauhaus . Par jeu tout de même, en dépit d’une foule abondante, j’ai tenté, et généralement échoué, à retrouver de tête les noms des artistes ayant produit les œuvres qui avaient tant intrigué ou plu à intrigué @reka ( https://seenthis.net/messages/562127 ). En sortant, considérant que dans l’intervalle de trois quarts d’heure qui a duré ma visite (ma vitesse de circulation dans une exposition est une mesure très juste de mon désintérêt en général, à Arles ma fille Madeleine m’a déjà chronométré dans une exposition de l’oncle Raymond de la qualité française, dix secondes, pas plus), la queue n’a pas beaucoup raccourci, je souris à l’idée qu’arrivant sur les lieux j’ai envoyé un petit message à Julien qui avait décliné mon invitation à aller visiter cette exposition ensemble, lui disant qu’en déclinant il s’évitait une queue longue d’une bonne centaine de mètres, me souhaitant bon courage, espérant pour moi que cette queue en vaudrait la chandelle (merci de l’intention, louable mais pas très performative), je lui avais répondu qu’une seule photographie de Moholy Nagy valait de faire la queue pendant une heure s’il le fallait, et, de fait, dans cette exposition il n’y avait guère que ce petit duo de photographies de Moholy Nagy de même que les deux petits collages de Kurt Kranz qui ont trouvé grâce à mes yeux.

    J’ai eu un peu d’étonnement tout de même à regarder la grande carte du rayonnement du Bauhaus dans le monde, relevant ce que je savais à propos de Moholy Nagy à Chicago, souriant à l’idée qu’il avait donc été le professeur de Barbara Crane , cela ne s’invente pas, non, mon étonnement est venu du signalement que le camp d’extermination d’Auschwitz avait été architecturé par un ancien du Bauhaus qui avait apparemment mal fini, un certain Fritz Ertl. J’ai repensé, toutes proportions mal gardées, à ces deux sales cons en première année aux Arts Déco qui étaient des militants du Front National, se destinant donc plus tard, l’un au graphisme des affiches du FN (étant donné le sujet, je ne suis pas certain que les Arts Déco étaient la meilleure filière possible) et l’autre de la bande dessinée de propagande (et là pareil, terrible erreur d’orientation, les Arts Déco étant sans doute le pire endroit qui soit pour en faire tant il y avait du mépris pour cette matière, même par les professeurs d’illustration censés l’enseigner à ceux qui voulaient), je me demande ce qu’ils sont devenus, quittant les Arts Déco après une première année qui avait dû sérieusement les décevoir — je me souviens que l’un d’eux faisait du plat à Daphna ce qui la dégoutait un peu, je la comprends, et ce qu’elle a balayé d’un revers de main en lui expliquant qu’elle était juive, les choses auxquelles on pense en visitant l’exposition décevante du Bauhaus au musée des arts décoratifs.

    A la recherche d’un catalogue plus compréhensif que cette exposition de ce que fut le Bauhaus (je me suis rabattu que le livre de Taschen , apparemment bien meilleur de par ses choix éditoriaux, de sa qualité d’impression, de sa maquette et même de son papier, pour la moitié du prix que celui du catalogue de l’exposition, je dis ça je ne dis rien) je me suis dit qu’ils n’avaient pas été bien malins dans la boutique du musée des arts décoratifs à n’avoir pas songé à une petite édition de rien du tout, en bois, du jeu d’échecs de Josef Hartwig, un vendeur m’indiquant qu’en fait si, mais que cela était parti comme des petits pains à la période de Noël, mais qu’en me connectant au site du fabricant, NAEF, je pourrais sans doute en acheter un, et je me disais tiens voilà une petite idée d’un cadeau pour Nathan, un bel objet, Nathan avec lequel il n’est pas toujours facile d’échanger en terme de beauté des choses, mais voilà, de fait, je me suis connecté sur le site du fabricant qui me propose de me soulager de trois cents euros pour un jeu d’échecs qui est parti comme des petits pains au moment des fêtes, ça va, ce n’est pas la crise pour tout le monde et je me demande combien de ces jeux connaissent un peu de vie aujourd’hui dans leurs salons bourgeois où nul doute ils sont remisés sur une table basse, la case noire droite en bas à droite, ce qui est l’indication irréfragable d’une maison dans laquelle on ne connait même pas les règles du jeu, bref on l’aura compris j’étais d’humeur mitigée quand je suis rentré à la maison.

    Je me suis fait une tasse de thé et je suis descendu dans le garage tenter de travailler un peu à Apnées , et apprivoiser ma nouvelle table MIDI bien plus réduite que l’ancienne, je me suis un peu énervé en écrasant par maladresse, et par deux fois, la nouvelle configuration acquise de haute lutte avec l’ancienne désormais sans objet, mais ça va. J’ai tenté, pour le moment sans succès, d’acquérir les images vidéos produites par mon appareil-photo en direct pour quelque effet de mise en abyme auquel je pense, mais là aussi ce n’est pas encore acquis, dans le foisonnement de tous les câbles que je garde par devers moi, pas un seul de type HDMI qui aurait sans doute permis l’effet désiré, ce n’est que partie remise, ej vais bien en trouver un qui traine dans une armoire du boulot.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/doneda_le_quan_ninh.mp3

    Je suis remonté dans la cuisine me faire une soupe chinoise que j’ai avalée avec d’épouvantables bruits de succions de ses vermicelles tout en écoutant Lê Quan Nihn avec Michel Doneda, j’ai commencé à lire un peu le livre sur le Bauhaus , dont j’ai compris que c’était effectivement le livre qui manquait à ma compréhension historique de cette école, puis je suis monté au Kosmos pour y voir Neruda de Pablo Larrain. Que j’ai adoré à mon plus étonnante surprise vu comment je trainais des pieds pour y aller.

    En allant me coucher, après un peu de lecture à propos de la Guerre du Cameroun, je me suis dit que cela avait été une excellente journée en dépit de son début peu ragoûtant, tout de même se faire vomir dessus dans son sommeil par un chat.

    #qui_ca

  • J – 161 : Je me demande si je ne m’étais pas un peu (beaucoup) trompé à propos du film Habemus Papam de Nanni Moretti. À sa sortie nous avions couru avec B, en salle, mais alors, je devais être encore sous l’influence de Michele, grand détracteur de Nanni Moretti qu’il compare, pas à tort, à Claude Chabrol ou à Woody Allen, j’avais surtout vu les défauts de ce film, parmi lesquels les blagues du Nanni Moretti qui cabotine en psychanalyste au chevet d’un pape neurasthénique et qui feint d’être surpris de ne pas pouvoir aborder avec sa Sainteté les sujets comme le sexe ou l’amour maternel.

    Dans Arthrose je mentionne, décidément une manie, ce film, aussi me suis-je mis en tête de le revoir pour en saisir un extrait et l’inclure à mon récit multi médiatique, et je découvre que ce film est au contraire, au-delà de sa drôlerie pas toujours finaude, perclus d’éclats de finesse, pour beaucoup dus au jeu étincelant de Michel Piccoli, pas tellement dans ses moments de crise, mais bien plutôt dans sa bonhomie inquiète.

    C’est un film qui questionne, sans moquerie excessive, les limites humaines dans le voisinage du divin, ainsi les cardinaux réunis en conclave élisent un des leurs pour succéder au précédent Pape, fraîchement décédé, mais il ne faut pas perdre d’esprit que cela relève malgré tout de la désignation divine, et du coup que fait-on quand le Pape avant même de donner des signes de compétence donne surtout des signes alarmants de faiblesse, et loin de l’image que l’on se fait d’un conclave tiraillé par les combines pour accéder au trône, nombreux sont les cardinaux qui prient pour ne pas être désigné par le doigt pseudo divin.

    Foi et crédulité sont étroitement mêlés dans ce film, qui donnent corps in fine aux fictions théâtrales à la fois celles du protocole, celle de la supercherie, le Pape a quitté le Vatican depuis trois jours mais on continue de feindre qu’il est retiré en prières dans ses appartements où un garde suisse agite de temps en temps le rideau pour donner le change à des cardinaux bien crédules, surtout mal équipés pour faire face à une crise, mais aussi celle du théâtre, celui qui se joue sur scène Tchekhov et le théâtre de l’existence, celui qui fait mentir à ses enfants à propos d’un nouvel amant, de même celui qu’un Pape dont on ne connait pas encore le visage peut se rendre à une consultation de psychanalyse de façon anonyme et quand l’analyste demande quelle est sa profession l’analysant répond qu’il est acteur de théâtre justement.

    Et quand bien même le Pape peut encore déambuler dans les rues de Rome incognito , être une manière de passager clandestin de la ville, et être la fois attendu parmi les colonnes du Bernin sur la place Saint-Pierre et passer pour un vieux qui parle tout seul dans les transports publics, il est surtout un homme comme tant d’autres, et à la différence de ses collègues cardinaux, bien conscient de n’être que cela, un mortel, pas du tout d’essence ou d’extraction divines et en proie au plus grand désarroi bien conscient de ses limites inavouables en tant qu’homme.

    Il faut tout le talent invraisemblable d’un Michel Piccoli pour donner corps, littéralement, à un tel personnage, à un tel homme, et tout cela en quelques hochements de tête à la fois bonhommes et inquiets, de quelques mouvements de rides sur le front, de quelques sourires enfantins de vieillard - notamment lorsqu’il confie à un petit garçon que lui-même au même âge se battait souvent avec sa petite sœur, celle-là même à qui, plus tard, il faisait répéter son rôle dans la Mouette , au point qu’il pourrait aujourd’hui donner la réplique pour remplacer un comédien souffrant. Et ne serait-il pas alors, infiniment plus à sa place ?

    Quant à la place de Moretti, elle paraît incroyablement plus être derrière la caméra plutôt que devant.

    Exercice #39 de Henry Carroll : Prenez une photographie qui vous fait perdre votre pire habitude photographique.

    Lorsque je porte un regard un peu rétrospectif sur mon travail de photographe, je ne suis pas tendre et je me trouve plein de tics. De mauvaises habitudes en somme. Il me semble avoir mis plus de dix mois à me remettre d’une habitude de pencher légèrement mon cadre au début de mon séjour de trois ans à Chicago, trop et directement influencé par la rétrospective de Gary Winogrand en 1988 à l’Art Institute of Chicago .

    De façon plus actuelle, je pense que ma pire habitude est de bâcler. D’être négligeant. Pas très méticuleux. t c’est finalement quand je prends des photographies en vue de faire de l’animation, simplement en étant contraint de poser l’appareil sur un trépied que je m’éloigne le plus de cette mauvaise habitude de la négligeance.

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/musique/couperin.mp3

    Je mène parfois une drôle de vie. Une vie décousue, ou plus exactement cousue de pièces tellement disparates. Ainsi en ce mercredi, je me réveille assez tôt, je prends mon petit déjeuner avec un Nathan bougon, pas anormalement, juste matinalement, Madeleine vient de partir au lycée, Nathan s’en va à son externat médico professionnel, je descends avec une tasse de café dans le garage, je travaille d’arrache-pied à Arthrose , ça avance plutôt pas mal, Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, travaille bien, je parviens à bien doser les différentes tâches en arrière-plan de telle sorte qu’il ne broute pas de trop, vers onze et demie, je remonte du garage, je mets en route le déjeuner des filles, poulet sechuan, je pars chercher Madeleine au lycée en écoutant les Leçons des tenèbres en plein jour de François Couperin, nous déjeunons avec les filles, Nathan rentre, Adèle part à son atelier de céramique, Nathan au cercle d’échecs, je retourne travailler un peu dans le garage, mais Guy commence à brouter gravement, je ne fais rien de bon, je pars chercher Adèle à son atelier pour l’emmener chez l’orthophoniste, dans le salle d’attente d’icelle où je bouquine le Traité de la ponctuation française de Jacques Drillon, il n’y a pas de sotte lecture, nous rentrons, Nathan rentre du cercle d’échecs, nous partons chez son psychologue, nous nous frayons un chemin au travers d’une circulation dense et tendue, pendant que Nathan en découd avec la machine à coudre, je tente de prendre quelques notes avec l’ardoise numérique, succès mitigé, j’expérimente avec la fonction dessin, mes doigts sont tellement gros que je ne vois presque pas où je les pose, mais je m’obstine, le résultat est parfois surprenant, nous rentrons, je dépose Nathan, avale à la volée quelques pâtes préparées par Madeleine et part au concert aux Instants chavirés , je rentre assez tard, après avoir échangé quelques paroles en allemand avec Axel Dörner, cela m’étonne toujours de voir à quel point cette langue peut parfois avoir la capacité de me revenir, je rentre, descends rapidement dans le garage, tisse quelques liens hypertextes depuis le texte central d’ Arthrose , envoie à la fois la compression d’un gros fichier vidéographique et la synchronisation du répertoire des Ursula , et monte finalement me coucher.

    Finalement cela ne me manque pas de trop de ne plus lire le journal.

    Exercice #14 de Henry Carroll : photographiez une ombre (me demander ça à moi !)

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm

    Du 152 au 181 février, j’ai revu Blue Velvet de David Lynch avec Madeleine, punaise !, je me suis lamenté sur mon sort et sur le fait que l’animation cela prenait beaucoup de temps à faire, punaise !, j’ai lu avec ravissement le Ravissement de Britney Spears de Jean Rolin, punaise !, j’ai vitupéré contre la représentation photographique, punaise !, j’ai bien diverti le fantôme du garage, punaise !, je suis allé visiter l’exposition de Velazquez, punaise !, je me suis imaginé que Dieu était parmi mes lecteurs, punaise !, je me suis interrogé à propos du sentiment d’imposture, punaise !, je suis allé écouter un concert de Jean-Luc Guionnet et Seijiro Murayama, punaise !, je suis allé à une lecture rencontre avec @mona à la librairie Mille pages de Vincennes !, Adèle a eu un petit accident de vélo, plus de peur que de mal, punaise !, je suis allé voir la Loi du marché de Stéphane Brizet, punaise !, j’ai fait un tour d’avion avec Nathan, punaise !, j’ai lu l’Organisation de Jean Rolin et j’ai fait et réussi un clafoutis aux abricots, punaise !, j’ai lu le texte intitulé Bye-bye Saint Eloi des inculpés de l’affaire de Tarnac, punaise !, j’ai vu Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin, punaise !, j’ai fait venir l’exterminateur chez moi parce que j’avais des punaises de lit, j’ai revu Requiem pour un massacre d’Elem Chlimov grâce aux discussions d’après ciné-club au Kosmos avec Nicolas, j’ai relu l’Explosion de la durite de Jean Rolin, j’ai fait 40.075 kilomètres avec ma voiture, soit le tour de la terre, j’ai fait une photographie de groupe de plusieurs centaines de personnes très indisciplinées à la chambre pour les 70 ans de l’école Decroly, R., le père de L., est mort, j’ai lu les lettres de Neal Cassidy, j’ai fait un acte manqué très réussi en arrivant en retard à la mise en bière de R., je suis parti prématurément dans les Cévennes, je suis allé passer un week end à Bruxelles avec Adèle chez Anne et Bastien, c’était merveilleux, j’ai prêté mon appareil-photo à Adèle pour ses observations, en lisant le journal je me suis interrogé à propos du capitalisme.

  • Trois mises à jour dans le Désordre dans la même semaine, on se croirait au début des années 2000.

    http://www.desordre.net/photographie/numerique/quotidien/2014/index.htm

    Tous les jours , une chronique photographique de l’année précédente, une image chaque jour.

    http://www.desordre.net/bloc/vie/reprise/2015/01/index.htm

    La vie , autre chronique photographique du quotidien, ici c’est le mois de janvier qui crée son avalanche d’images.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm

    Le journal de Février

    Du 121 au 151 Février, j’ai rêvé que j’étais une buse, une simple buse au-dessus de la vallée de la Cèze, j’ai chanté pour moi une vieille chanson de Crosby Stills and Nash, j’ai bouclé juste à l’heure, je ne fais pas aussi bien cette fois-ci, d’aucuns trouveront cela rassurant, j’ai fait de la compote de rhubarbe, j’ai joué avec les noms de mes fichiers, pendant que je fais cela au moins je ne fais pas de bêtises, j’ai retrouvé sur un canapé dans une devanture de magasin de meubles à Suresnes le motif décoratif de mes couvre-cahiers des années septante, ce genre d’occurrences me donne de plus en plus souvent l’envie de commencer à mettre de l’ordre dans mon plat de spaghetti , j’ai mangé des agrumes dans les Cévennes, plutôt que des pêches et d’autres fruits rouges, j’ai réussi à photographier quelque chose d’à peine visible, un voile de brume verdâtre sur la vallée de la Cèze, j’ai lu Chez soi de Mona Chollet dans lequel, insigne fierté, j’ai trouvé des bouts de Contre, j’ai connu mon quart d’heure warholien, je me suis interrogé, pour une fois sans m’impatienter à propos de l’utilisation des fameuses quatre photographies des Sonderkommandos à Birkenau à l’exposition de Jérôme Zonder à la Maison rouge, c’est quand même mieux quand je ne m’énerve pas, j’ai utilisé un livre de Pier Paolo Pasolini comme trépied et je m’y suis repris à cinq fois pour faire une image plutôt médiocre, en tout cas très éloignée de ce que je voulais faire, de ce que rêvais de faire, j’ai fait une partie de Patatras avec les filles et je suis parti en Chine, en Chine alémanique.

    #shameless_autopromo et toutes ces sortes de choses

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    C’est une drôle d’habitude, à la fois excellente et pas du tout réaliste, mais je crois qu’une fois de plus je vais réussir le bouclage de Février le jour dit, aujourd’hui le 120 février, à minuit, sharp . Je crois que Guy, oui, mon ordinateur s’appelle Guy, ne sera pas fâché si je lui donne un peu de repos ces prochains jours tant il régnait dans le garage, ces derniers jours une ambiance surréelle de bouclage dans un journal, ce sont donc plusieurs milliers d’images que Guy a bien voulu traiter et quelques bons paquets de fichiers qu’il a bravement transmis à un collègue à lui, une sorte de Jules-de-chez-Smith-en-face, chez mon hébergeur. C’est que du 91 au 120 févier, je me serais encore arrangé pour en faire des choses. J’ai écrit le texte que Beat me demandait pour le festival de littérature à Soleure, je crois que c’est la première fois que l’on me passe commande d’un texte avec un thème imposé et que je m’en sorte, à sa demande j’ai donc écrit le mode d’emploi du Désordre, vous pouvez bien rire, Et puis ensuite j’ai du amputer le texte des deux tiers parce que j’avais confondu mots et caractères dans le décompte, vous pouvez bien rire, du coup j’ai trouvé un moyen assez astucieux d’alléger un texte, supprimer arbitrairement un paragraphe sur deux, ça marche assez bien, j’ai vu un tas de films, Rubber de Quentin Dupieux, Le dernier coup de marteau d’Alix Delaporte, Steak de Quentin Dupieux, L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie, King of comedy de Martin Scorcese, Les Invasions barbares de Denys Arcand, Le journal d’une femme de chambre de Benoît Jacquot, La Chinoise et Adieu au langage de Jean-Luc Godard, et j’ai continué de lire La Maman et la putain de Jean Eustache, Shaun le mouton avec les enfants qui ont bien voulu m’accompagner pour me faire plaisir, et c’était une très belle soirée, j’ai composé un collage des coulisses de la photographie de couverture du Jour des innocents , j’ai fait un pesto avec de l’ail des ours que Marie m’avait offert, j’ai lu le dernier volume de l’Autofictif et Juste ciel d’Eric Chevillard, j’ai offert un poney à Adèle pour son anniversaire, j’ai inventé la téléportation, j’ai visité la cathédrale de Soissons, j’ai refait le monde avec Eric, et ça porte déjà ses fruits, quand je vous dis que je n’ai pas chômé, j’ai préparé une nouvelle série d’images pour le Terrier , cela s’appelle les Images de l’accumulateur , j’ai écrit quelques messages sous seenthis, j’ai lu la Dynamique de la révolte d’Eric Hazan, j’ai eu mon entretien individuel annuel avec la directions des ressources humaines de la Très Grande Entreprise, la révolte n’a pas encore abouti, en dépit de la dynamique, je suis allé dans les Cévennes, j’ai lu les Poissons ne ferment pas les yeux et le Poids du papillon d’Erri De Luca, je suis monté sur le pic Cassini avec Nathan, j’ai photographié de nombreuses nouvelles séquences d’ailerons de requin, j’ai montré à Clémence la restauration de la fresque de l’évolution de Zoo Project à Chalap, je suis allé à la Garde de Dieu, je suis allé écouter un concert de l’ensemble Dedalus aux Instants chavirés , j’ai rêvé d’être une buse, une simple buse.

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    Du 60 au 90 février, j’ai vu des tas et des tas de belles et petites choses, j’ai été en colère contre Yasmine Youssi en défense d’Eric Rondepierre, je m’étonnerais toujours, j’ai découvert Here de Richard Mac Guire, je me suis bricolé une journée-type pour les jours sans, J’ai emmené les enfants à un mur d’escalade, j’ai lu le Tort du soldat d’Erri de Luca, j’ai fêté les 75 ans de ma mère, j’ai fini de lire une Jeunesse américaine d’Annie Dillard, que j’ai beaucoup aimé, aussi pour ce que cela me disait de l’amie qui me l’avait offert, @mona, je me suis remis en colère en écoutant une petit chronique de rien du tout sur France Culture , du coup je me suis bricolé un petit programme pour les mettre en grève, même quand ils n’y sont pas, je me suis rendu compte que j’inventais absolument tout ce que j’écrivais dans Février , et cela m’a beaucoup plu, j’ai photographié @mona, le portrait officiel pour le livre à venir, je suis hyper fier, je me suis réveillé avec la Lune, un matin, j’ai traité des sujets au boulot, je suis allé à Autun, j’y ai moulé un nouvel aileron de requin et j’ai joué avec dans le jardin et dans les ateliers d’Isa et Martin, je suis tombé malade comme un chien à Autun, mais cela n’a pas gâché mon week-end au contraire presque, j’ai pouffé de rire dans la salle d’attente du Centre Médico Psychologique dans lequel j’emmène Adèle une fois toutes les deux semaines, j’ai envoyé une cinquantaine de collages photographiques à @l_l_de_mars, pour qu’il les accueille dans le Terrier , j’ai eu une chouette discussion avec Madeleine dans la voiture, j’ai rêvé que j’interviewais Marie Richeux pour la sortie de son dernier livre, Achille , j’ai passé des radios de mes genoux et les nouvelles ne sont pas bonnes, il va sans doute falloir opérer, je me suis fait l’habituelle réflexion que si j’étais un homme de Cromagnon il y a longtemps que je serais mort, suis nettement moins solide que l’on ne croit, j’ai enregistré un rêve de Madeleine, je suis retourné sur le chemin de la piscine, j’ai voté, j’ai répondu à la question à quoi tu penses ? , et décidé d’y rejouer, j’ai lu Eric Chevillard au réveil, je n’ai pas répondu à une invitation à venir rejoindre une personne de ma connaissance dans le club de rencontres où elle venait de s’inscrire, je suis allé voir le dernier film de Quentin Dupieux, Réalité , ce qui a lavé mon humeur d’écran noir, ce jour-là, je me suis inventé une invraisemblable histoire sentimentale avec la voisine de Julien, j’ai eu une discussion extraordinaire avec Nathan, un peu dans le goût de celles que j’avais, adolescent, avec mon père, je suis allé voir les Enfants-phares de Loran Chourrau et Erik Damiano et j’ai brièvement échangé avec deux mères admirables, j’ai retrouvé le brouillon de mon grand article sur l’autisme que mon ami @fil m’avait commandé pour @mdiplo et que je n’ai jamais réussi à terminer. Bref j’ai bouclé mon journal de Février , avec une ponctualité qui me stupéfie, le 90 février à minuit, sharp .

    #shameless_autopromo

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    Ce n’est pas pour me lancer des fleurs, mais tout de même, réussir à tenir à jour un journal pareil, cela tient, certains soirs, du tour de force. Du 32 au 59 Février, j’en aurais fait des choses, en plus de tenir à jour mon journal, j’aurais lu le Vertige danois de Paul Gauguin par Bertrand Leclair, je serais allé écouter Seymour Wright avec Stéphane Rives, et Jupiter Terminus un soir de grande fatigue, j’aurais essuyé les reproches de la hiérarchie, je serais allé passer un week end dinch’Nord, en passant par le Louvre à Lens, j’aurais gravi à la fois le Mont-Noir et le Mont-Rouge deux sommets dans la même journée, je ne suis pas n’importe quel alpiniste moi, j’aurais appris ce qu’est le gogol et le gogolplex, et cela va beaucoup m’aider pour le travail dans le Désordre, j’aurais découvert un nouveau texte de mon ami Daniel, j’aurais travaillé à une exposition pour les élèves du collège Jean Mermoz de Laon, en me disant qu’ils avaient bien de la chance, ces petits collégiens, d’avoir mon ami Eric comme professeur d’arts plastiques, je n’aurais pas joué de contrebasse, j’aurais téléphoné à ma fille Madeleine pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, seize ans tout de même, je me serais promené dans les plaines ondulées de Montigny-sur-Crécy où le vent est fier, je me serais entièrement inventé une journée, j’aurais tenté de rattraper mon retard dans les tâches ménagères, j’aurais filmé une jeune femme à son insu dans le Réseau Express Régional, et je me serais posé pas mal de questions à son sujet, j’aurais dîné d’un repas iranien pour la première fois de ma vie, je serais allé voir l’exposition de Paola De Pietri et d’Alessandra Spranzi au CPIF, j’aurais dessiné beaucoup d’ailerons de requin dans les marges du cahier dans lequel je prends des notes dans les réunions à mon travail, j’aurais rêvé de faire l’amour avec Amira Casar, je n’en suis pas fier, mais c’est pourtant arrivé, je serais tombé sur une chronique d’Eric Chevillard dans le Monde des Livres, j’aurais mis en ligne le mois de novembre de la chronique de la Vie, j’aurais enfin découvert Erri De Luca, j’aurais enfin mis en ligne une série d’images et de textes qui s’intitule Et (Vacances), et je serais allé voir dans la même journée les expositions de Maison Européenne de la Photographie et du Jeu de Paume.

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    J’avais pourtant juré que l’on ne m’y reprendrait plus. Cette fois-ci, par prudence, j’ai décidé de borner l’expérience. Je vais tenir en ligne mon journal pendant un an. L’année de Février. Et puis cela ne sera pas un blog. Je ne peux pas monter sur des estrades et expliquer dans le microphone, vidéo-projecteur à l’appui, que la forme du blog est une horreur et qu’il faut revenir aux bases de l’html pour se donner les chances de faire des choses un peu neuves, et ne pas le faire moi-même. Donc il n’y a pas de commentaires, cela ne surprendra personne, il n’y a pas de fil rss non plus, ce n’est pas mis à jour tous les jours, les dates sont imaginaires, rien n’y est vrai, tout y est fiction. Je répète, tout y est fiction. Et c’est une publication mensuelle, et encore ça c’est si je suis en forme. Si je n’ai pas d’autres sources d’amusement, dans le garage notamment, ou mieux encore si je ne suis pas en train d’emmener Madeleine au musée, jouer aux échecs avec Nathan, ou travailler au film d’animation d’Adèle, et bien d’autres choses encore qui m’amusent plus encore que de travailler dans le garage, où il fait rudement froid en ce moment.

    A part ça c’est pas mal, un triptyque tous les jours, façon 12864 pixels de large ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/images/photos/triptyques/1000/index.htm ) , d’autres photographies, des gifs, un son, une vidéo, un texte et l’incrustation dans la page du jour d’une ancienne page du Désordre , et d’autres trucs encore qui me passent par la tête ce jour-là, et cela tous les jours, autant d’arguments de vente imparables pour vous faire oublier qu’il n’y a pas de fil rss. Et que cela doit fonctionner assez moyennement sur vos tablettes, sans parler de vos téléphones de poche.

    Indécrottable (et peu aimable) taulier du Désordre .