Les doctorants étrangers en mal de droit au chômage

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  • Les doctorants étrangers en mal de droit au chômage - Collectif PAPERA
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    J’écris aujourd’hui cette tribune pour dénoncer une situation inacceptable à tout point de vue concernant les #étudiants étrangers non communautaires.

    Je suis russe, arrivée en France en 2004 pour poursuivre mes études en master. Master 1… sans encombre. Master 2 recherche… expérience passionnante. Je décide de m’engager dans une thèse… je viens de la terminer. 10 ans donc que je suis insérée pour mon plus grand bonheur dans la recherche française, ses débats, ses controverses… et son travail précaire dans l’enseignement !

    J’ai commencé à donner des cours de TD à l’université au cours de ma troisième année de thèse. Alors que je m’apprêtais à commencer ces enseignements, on me signale que je ne dispose que d’un titre de séjour étudiant me permettant de travailler uniquement à « titre accessoire ». Je ne peux cumuler un travail à mi-temps (nécessaire pour avoir un employeur principal et pouvoir faire des TD — » puisque l’université ne veut pas payer les cotisations d’employeur et faire augmenter sa masse salariale) et des heures d’enseignements, car cela me ferait dépasser le plafond d’heures. Je me résigne donc à quelques heures de cours en formation continue, et à effectuer un travail à 30 % dans un centre social). La thèse s’écrit progressivement, je participe de plus en plus à des activités de recherche avec mon laboratoire, ce qui me permet progressivement de vivre de petites missions (transcription, traduction, etc.) que l’université me paie principalement par le biais d’un statut précaire d’autoentrepreneur que l’on m’a incitée à créer. Je finis par réussir à obtenir un demi-poste d’ATER me permettant de souffler un peu, de gagner en stabilité… et de finir ma thèse, que je viens d’achever en même temps que mes deux années ATER.

    À l’obtention du poste d’ATER, je suis allée voir la préfecture pour leur demander de bien vouloir basculer mon titre de séjour du statut « étudiant » vers le statut « salarié ». Je me suis vu rétorquer assez sèchement. Dans la mesure où j’étais encore inscrite en thèse, c’est le titre de séjour « étudiant » qui s’impose aux yeux d’une employée de la préfecture (cela change d’une préfecture à l’autre). L’université, elle, ne voyait aucun problème à faire un contrat d’ATER à 50 % (donc assimilé fonctionnaire) à quelqu’un ayant un titre de séjour « étudiant ». Or, je viens de découvrir à ma plus grande stupéfaction et pour ma plus grande colère que ce type de titre de séjour n’ouvre pas de droits au chômage au Pôle Emploi . Alors que je viens de travailler deux ans pour l’université française (sachant que j’avais travaillé huit ans avant cela), que j’ai cotisé, je ne vais tout simplement avoir droit à rien en termes d’indemnisation et de soutien dans ma recherche d’emploi. Cette situation est révoltante ! Non seulement la préfecture a créé les conditions de ma précarité en me forçant à prolonger le titre de séjour « étudiant », mais cela permettra de faire l’économie du versement d’une indemnité de chômage (ça reste donc dans le pot commun des cotisations du public) en jouant de l’absence de droit des personnels qu’elle embauche.

    Il s’agit donc de mon point de vue d’une évidente rupture de l’égalité des droits liés au statut d’ATER. Il me semble qu’il y a ici matière à une démarche collective de l’ensemble des jeunes chercheurs de France qui côtoie tous les jours les doctorants russes, chinois, marocains, canadiens que nous sommes !

    #chômage #étudiant #étranger #précarité #préférence_nationale #travail