• Avec Jean Oury. Vivre avec la folie / #Revue_Chimères n°84 - Le silence qui parle
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2015/02/19/vivre-avec-la-folie-olivier-apprill-edito-de-la-revue-chime

    « Refaire le #club_thérapeutique, tout le temps. » Cette petite phrase de #Jean_Oury, extraite d’un dialogue avec Danielle Sivadon en 2004 (1), aurait pu être prononcée au printemps dernier comme il y a cinquante ans. Elle exprime une constance mais aussi une exigence : donner du #pouvoir aux malades, créer de la responsabilité, du #mouvement, du #possible. C’est à ces tâches essentielles que le fondateur de la #clinique psychiatrique de La Borde se consacrait encore quelques jours avant sa mort, le 15 mai dernier, à l’âge de 90 ans.

    Rendre hommage à celui que ses pairs considèrent comme l’un des meilleurs connaisseurs de la #psychose, c’est d’abord prendre la mesure de cette passion médicale (2) qui voit en chaque individu, plus ou moins fou, un sujet à part entière. C’est surtout honorer un engagement au jour le jour, une disponibilité, une présence confondue avec l’accueil permanent de l’autre.

    Jean Oury n’a jamais cessé de l’affirmer : dans l’abord de la #folie, le plus petit détail, un simple geste ou un sourire peuvent avoir une valeur inestimable. Ce souci de l’#ambiance, ces paroles qui soignent, cet humour, cette bienveillance, ces moments féconds au cours desquels une existence parfois bifurque constituent l’arrière-fond sensible dont ce numéro de Chimères se veut l’écho, nourri d’expériences, de témoignages et de récits souvent placés sous le signe d’une « vraie rencontre ». Une sorte de #constellation affective où les voix de plusieurs générations de patients, de « psychistes », d’artistes, d’amis proches ou de compagnons de route se mêlent pour composer un portrait multiple, polyphonique, de l’homme qui a tracé « son chemin en marchant » et su s’adresser, avec une qualité de parole incomparable, à ce qu’il y a de plus #singulier en chacun.

    En soutenant l’hypothèse que l’hôpital peut devenir un instrument thérapeutique et que la folie est aussi #création, Jean Oury abroge toutes les formes de ségrégation et tout réductionnisme de la maladie mentale. Autant de révolutions partagées au long de son parcours commun avec son ami #Félix_Guattari : la machine bicéphale Oury-Félix occupe une place privilégiée dans ce numéro de Chimères. Un agencement foisonnant, tour à tour créateur et conflictuel, qui constitue le caractère le plus visible de cette amitié – terme sans doute à entendre ici dans le sens d’une « condition pour l’exercice de la pensée » (3). Pensée en extension chez l’un, locale et intensive chez l’autre, dont la complémentarité aura permis d’instituer un milieu et un lieu « qui n’en a jamais fini de se construire » (4).

    Ce #lieu de #soin, bien réel et pourtant toujours à venir, Jean Oury en a lui-même élaboré la formule logique, la topique, dans son concept princeps de « collectif ». Réussir à déchiffrer ce qui se passe dans la vie quotidienne, sur le terrain, au travail, entre les gens, afin qu’une organisation d’ensemble puisse tenir compte du #désir_inconscient, est au principe même d’une « #psychiatrie_concrète » (autre nom de la #psychothérapie_institutionnelle) pour laquelle le médecin directeur de #La_Borde a oeuvré sans relâche.

    Tel est peut-être l’un des legs les plus manifestes de Jean Oury aux pensées qui n’ont pas renoncé à transformer l’état des choses. Un legs clinique, philosophique, politique, poétique, #éthique, dont la « valeur humaine » imprègne toutes les pages qui suivent. Accueillir, soigner, penser, vivre avec la folie : la contingence, une vie…

    Olivier Apprill
    Vivre avec la folie / 2015
    Édito du n°84 de la revue Chimères : Avec Jean Oury

    Numéro dirigé par Olivier Apprill et Jean-Claude Polack

    Télécharger le sommaire : Chimeres 84 sommaire
    http://lesilencequiparle.e.l.f.unblog.fr/files/2015/02/chimeres-84-sommaire.pdf

    • Assemblée nationale, Audition de M. Jean Oury, dir. de la clinique de La Borde (Cour-Cheverny) - Jeudi 31 Janvier 2013
      http://www.dailymotion.com/video/x17i0np_audition-de-m-jean-oury-dir-de-la-clinique-de-la-borde-cour-che

      Alors, la vie quotidienne ? (séminaire de Ste Anne septembre 1986)
      http://www.revue-institutions.com/articles/19/Document5.pdf

      De l’#institution. #Transfert, multiréférentialité et #vie_quotidienne dans l’approche thérapeutique de la psychose (2003)
      http://www.cairn.info/revue-cahiers-de-psychologie-clinique-2003-2-page-155.htm

      La destruction programmée de la psychiatrie (2008)
      http://www.cairn.info/revue-sud-nord-2008-1-page-37.htm

      « La psychiatrie n’est pas une spécialité de la #médecine, ce serait plutôt l’inverse », (une rengaine de J.O).

      Le pré-pathique et le tailleur de pierre
      http://www.revue-chimeres.fr/drupal_chimeres/files/40chi04.pdf

      JE VOUDRAIS ESSAYER DE FAIRE PASSER une dimension de la communication que j’appelle « pré-pathique », importante aussi bien sur le plan psychiatrique (de l’autisme ou de la #schizophrénie) que dans le domaine de la #normopathie (on est tous des normopathes et c’est la chose la plus incurable qui soit). Il ne s’agit donc pas ici d’une « communication » au sens restreint du terme mais de déchiffrer ce qui est en question dans « ce qui se passe ». Cela rejoint ce que j’appelle « les #entours » : terme banal qui me semble plus évocateur et plus poétique que le mot ambiance. On peut être non pas en face mais avec quelqu’un, et alors on essaye de repérer ce qui se passe. « Passage » est un mot privilégié de #Kierkegaard par lequel il traduisait le terme grec de kinésis . Il y a du mouvement ; s’il n’y a pas de mouvement, il ne se passe rien. Mais le mouvement ce n’est pas l’agitation. Ce qui exige une distinctivité : quand on passe d’un point à un autre, si le deuxième point n’est pas différent du premier, autant rester sur place. C’est la #critique que j’adresse à la plupart des #établissements. Ils sont tous pareils : aussi bien le bureau du médecin, que celui du directeur, ou la cuisine, la bibliothèque... C’est la même odeur, la même « olor ».

      #Santé_mentale ? #François_Tosquelles #Jacques_Lacan #DSM #diagnostic #fonction_d'accueil

    • « Séminaire de Sainte-Anne » de Jean Oury (1ère partie)

      http://www.franceculture.fr/player/export-inline?content=4329375

      Le psychiatre Jean Oury, fondateur de la psychothérapie institutionnelle, « plus grand connaisseur vivant de la psychose » (P. Delion), tient depuis 1980 un séminaire à #Sainte-Anne. Nous présenterons l’ethos, la parole, et l’histoire de ce lieu crucial pour l’actualité et l’histoire de la psychiatrie et de la #psychanalyse. Notre approche n’est pas clinique, mais une analyse praxique du discours, où sens, éthique et pertinence sont le nœud épistémologique hors duquel la pensée d’Oury reste impensable. Nous établirons l’objet du discours d’Oury, son régime praxique et sa profonde homologie de #structure et de #logique avec la folie. C’est au tissage de cette pensée et de sa parole que nous serons surtout sensibles : comment Oury propose une #praxis_théorique singulière ? Sur le plan de l’histoire des idées, des liens seront établis en permanence entre la pensée d’Oury et ses compagnons (Tosquelles, Guattari, #Gentis… ), avec les grands corps théoriques et cliniques (et surtout #Freud, Lacan), politiques (#marxisme antistalinien), philosophiques (Kierkegaard, Heidegger, #Maldiney) et artistiques (art brut… ). Le tout nourrit une pensée qui articule singulièrement logique, clinique et #politique. Enfin, nous insisterons sur les liens récents établis entre psychothérapie institutionnelle et logique peircienne. Il en sort un savoir incomparable à toute autre approche de la psychose. Quant à l’archéologie de ce discours, nous établirons l’aire que dessinent trois autres discours : le #séminaire de La Borde (clinique dirigée par Oury), recueil du savoir clinique d’Oury ; les rencontres du #GTPSI (moment important des années 1960, il est à la psychiatrie ce que les avant-gardes sont à l’art contemporain) ; l’œuvre écrite d’Oury, entre prose poétique et méditation philosophique.

      Avec Olivier Apprill et Pierre Johan Laffite.

      #audio

    • « Cadrer » le dérèglement - La « grille », Félix Guattari, exposé lors du stage de formation de la clinique de La Borde, 29 Janvier 1987.
      http://www.revue-chimeres.fr/drupal_chimeres/files/34chi01.pdf

      En ce qui me concerne, Je me suis totalement investi dans cette expérience à partir de 1955 ; bien que j’ y aie participé de façon assez suivie dès la phase préparatoire de Saumery. Et c’est durant cette période-là que se sont posés les grands problèmes qui devaient marquer l’évolution ultérieure. Assez rapidement, la clinique a augmenté sa capacité ; elle est pas- sée à soixante malades, puis quelques années plus tard à sa capacité actuelle. Corrélativement, le #personnel a augmenté et les anciennes méthodes d’#organisation consensuelle, fusionnelle, ne pouvaient évidemment plus fonctionner de la même façon. Quand je suis arrivé, j’ai commencé à m’occuper des #activités d’animation et des ateliers. J’ai contribué à la mise en place de pas mal des institutions qui devaient se maintenir de façon durable — quoique toujours en évolution. Mais, assez rapidement, j’ai été amené à m’occuper des problèmes de gestion. Durant les années antérieures, s’étaient instituées des différences de #salaires assez marquées, pour des raisons, d’ailleurs, plutôt contingentes, en raison d’arrangements qui se faisaient au fur et à mesure de l’arrivée des nouveaux membres du personnel. Tout ça pour dire qu’il y avait une situation assez floue, assez peu maîtrisée. Une des premières difficultés à laquelle je me suis trouvé confronté a été relative au #budget des ateliers, lorsqu’ils furent instaurés de façon plus systématique, avec la mise en place du Club ; l’administratrice de cette époque refusait systématiquement de les aider financièrement et il a fallu que je me substitue a elle. À côté de cela, Oury se méfiait beaucoup de quelque chose qui existait dans la plupart des établissements publics, à savoir l’existence d’ergothérapeutes ou de sociothérapeutes spécialisés qui fonctionnaient de façon autonome par rapport au reste du personnel et qui devaient d’ailleurs acquérir ulté- rieurement une qualification particulière. Ça ne nous parais- sait pas souhaitable, parce qu’au contraire on voulait à tout prix éviter que les activités ne deviennent stéréotypées, refer- mées sur elles-mêmes. Pour nous, le but n’était pas de parve- nir à stabiliser une activité particulière. Son fonctionnement ne nous intéressait que pour autant qu’il permettait d’enrichir les #rapports_sociaux, de promouvoir un certain type de #responsabilisation, aussi bien chez les #pensionnaires que dans le personnel. Donc, nous n’étions pas trop favorables à l’implantation d’ateliers standardisés (vannerie, poterie, etc.) avec le ronron du responsable qui vient faire son petit boulot à longueur d’année et avec des pensionnaires qui viennent là régulièrement, mais de façon un peu mécanique. Notre objectif de thérapie institutionnelle n’était pas de produire des objets ni même de produire de « la relation » pour elle-même, mais de développer de nouvelles formes de #subjectivité. Alors, à partir de là, toutes sortes de problèmes se posent sous un angle différent : on s’aperçoit que pour faire des #ateliers, pour développer des activités, le plus important n’est pas la qualification du personnel soignant (diplôme d’infirmier, de psychologue, etc.), mais les compétences de gens qui peuvent avoir travaillé dans le domaine agricole ou comme lingère, cuisinier, etc. Or, bien entendu, pour pouvoir suffisamment dégager ces personnes de leur service, de leur fonction et pour pouvoir les affecter au travail des ateliers et des activités rattachées au Club, il est nécessaire d’inventer de nouvelles solutions organisationnelles, parce que sinon ça déséquilibrerait les services. En fait, ça n’allait de soi d’aucun point de vue, ni dans la tête du personnel soignant, ni dans celles des personnes directement concernées. Il a donc fallu instituer un système, qu’on pourrait dire de dérèglement de l’ordre « normal » des choses, le système dit de « #la_grille », qui consiste à confectionner un organigramme évolutif où chacun a sa place en fonction 1) de tâches régulières, 2) de tâches occasionnelles, 3) de « #roulements », c’est-à-dire de de tâches collectives qu’on ne veut pas spécialiser sur une catégorie particulière de personnel (exemple : les roulements de nuit, les roulements qui consistent à venir à 5 h du matin, la vaisselle, etc.). La grille est donc un tableau à double entrée permettant de gérer collectivement les affectations individuelles par rapport aux tâches. C’est une sorte d’instrument de réglage du nécessaire dérèglement institutionnel, afin qu’il soit rendu possible, et, cela étant, pour qu’il soit « cadré ».

    • Le tact et la fonction soignante, Entretien avec Jean Oury... ou la question de la complexité...
      https://www.s-passformation.fr/actualites/le-tact-et-la-fonction-soignante-entretien-avec-le-dr-oury-ou-la-que

      L’invisible (Lo Invisible) - Entrevista a Jean Oury - Nicolas Philibert
      https://www.youtube.com/watch?v=BG0yOfIlUc0

      « moi je suis un soignant toi t’est un soigné mais ça veut rien dire, c’est une fonction »

      #fonction_soignante #tact #vie_quotidienne #le_singulier #transfert #transfert_dissocié #potentiel_soignant #aseptie #greffes_d'ouvert #passerelles #isolés #la_moindre_des_choses #l'avec

  • Le vide du pouvoir en Italie (Ecrits corsaires) / Pier Paolo Pasolini - Le silence qui parle
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2015/02/17/le-vide-du-pouvoir-en-italie-ecrits-corsaires-pier-paolo-pa

    « La distinction entre fascisme adjectif et #fascisme substantif remonte à rien moins qu’au journal il Politecnico, c’est-à-dire à l’immédiat après-guerre… » Ainsi commence une intervention de Franco Fortini sur le fascisme (l’Europeo, 26-12-1974) : intervention à laquelle, comme on dit, je souscris complètement et pleinement. Je ne peux pourtant pas souscrire à son tendancieux début. En effet, la distinction entre « fascismes » faite dans le Politecnico n’est ni pertinente, ni actuelle. Elle pouvait encore être valable jusqu’à il y a une dizaine d’années : quand le régime démocrate-chrétien était encore la continuation pure et simple du régime fasciste.
    Mais, il y a une dizaine d’années, il s’est passé « quelque chose ». Quelque chose qui n’existait, ni n’était prévisible, non seulement à l’époque du Politecnico, mais encore un an avant que cela ne se passât (ou carrément, comme on le verra, pendant que cela se passait).
    La vraie confrontation entre les « fascismes » ne peut donc pas être « chronologiquement » celle du fascisme fasciste avec le fascisme démocrate-chrétien, mais celle du fascisme fasciste avec le fascisme radicalement, totalement et imprévisiblement nouveau qui est né de ce « quelque chose » qui s’est passé il y a une dizaine d’années.
    Puisque je suis écrivain et que je polémique ou, du moins, que je discute avec d’autres écrivains, que l’on me permette de donner une définition à caractère poético-littéraire de ce phénomène qui est intervenu en Italie en ce temps-là. Cela servira à simplifier et à abréger (et probablement aussi à mieux comprendre) notre propos.

    Au début des années 60, à cause de la pollution atmosphérique et, surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (fleuves d’azur et canaux limpides), les #lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. (Aujourd’hui, c’est un souvenir quelque peu poignant du passé : un homme de naguère qui a un tel souvenir ne peut se retrouver jeune dans les nouveaux jeunes, et ne peut donc plus avoir les beaux regrets d’autrefois).

    Ce « quelque chose » qui est intervenu il y a une dizaine d’années, nous l’appellerons donc la « disparition des lucioles ».
    Le régime démocrate-chrétien a connu deux phases complètement distinctes, qui, non seulement, ne peuvent être confrontées l’une à l’autre, ce qui impliquerait une certaine continuité entre elles, mais encore qui sont devenues franchement incommensurables d’un point de vue historique. La première phase de ce régime (comme, à juste titre, les radicaux ont toujours tenu à l’appeler) est celle qui va de la fin de la guerre à la disparition des lucioles, et la seconde, celle qui va de la disparition des lucioles à aujourd’hui. Observons-les l’une après l’autre.

  • La Parole contraire / Erri de Luca / Piazza Fontana / Marco Tullio Giordana « Le silence qui parle
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2015/02/02/la-parole-contraire-erri-de-luca-piazza-fontana-marco-tulli

    Pasolini était doté de surcroît du courage physique qui consiste à être seul en terre de personne. Je le revois assistant aux manifestations de la gauche révolutionnaire : entre nos rangs serrés et ceux des troupes se créait le vide. Les boutiques baissaient leurs rideaux, les passants disparaissaient. Dans ce vide comprimé, on pouvait voir un homme qui était là pour témoigner. Il portait un imperméable clair, une veste, une cravate et une chemise blanche. Il se tenait là où aucun de ses semblables n’osait être. Il savait être là.
    J’insiste sur lui pour comparer ces temps-là avec les temps actuels. Expulsé du PCI (Parti communiste italien) parce que homosexuel, il a soutenu les idées de la gauche révolutionnaire. Il a accepté de servir de directeur responsable de #Lotta_Continua, mensuel à l’époque, pas encore quotidien. Pour pouvoir être imprimé et diffusé, un journal devait avoir un journaliste officiel comme directeur responsable. C’est à lui qu’arrivaient les plaintes. De nombreux #intellectuels de l’époque acceptèrent de signer un journal dans lequel ils n’écrivaient pas et dont ils ne partageaient pas les idées, mais qui avait besoin d’eux pour paraître. Ils assumèrent les plaintes et affrontèrent des procès au nom de la liberté de la presse.
    Pasolini signa avec Giovanni Bonfanti la mise en scène d’un film de Lotta Continua 12 décembre. Ce jour-là, de l’année 1969, une bombe massacrait des clients de la Banque de l’Agriculture à Milan. Un an après, le documentaire 12 décembre racontait les mois cruciaux d’une Italie en pleine transformation de conscience. On tourna quatre-vingts kilomètres de pellicule.
    Tel était le climat civil de ces années-là : le plus grand intellectuel italien était du côté de la gauche révolutionnaire tout en écrivant dans la presse officielle et en étant invité régulièrement par la télévision publique.
    Autre hasard des temps et du rapport entre cultures et luttes civiles : 11 septembre 1973, le coup d’État militaire au Chili renverse le gouvernement démocratique et tue le président Salvador Allende. Lotta Continua lance immédiatement une souscription publique pour des fonds destinés à la résistance, titre : « Des #armes pour le MIR » (la gauche #révolutionnaire chilienne).
    On a recueilli des millions de l’époque, destinés à l’appui de la lutte armée et de la résistance clandestine. De grands noms du cinéma apportèrent immédiatement leur soutien : Marco Bellocchio, Luigi Comencini, Roberto Faenza, Mario Monicelli, Elio Petri, Salvatore Samperi, Paolo et Vittorio Taviani, Cesare Zavattini.
    Essayez donc aujourd’hui de demander au firmament du tapis rouge une signature pour la plus innocente pétition.