Le procès des ventres vides

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    ...le problème économique peut être résolu, ou que sa solution peut au moins être en vue, d’ici à cent ans. Ce qui veut dire que le problème économique n’est point, pour le regard tourné vers l’avenir, le problème permanent de l’espèce humaine.

    Pourquoi est-ce donc si saisissant, pouvez-vous vous demander ? Cette conclusion est saisissante parce que, si nous scrutons le passé au lieu de scruter l’avenir, le problème économique, la lutte pour la subsistance nous apparaissent comme ayant toujours été jusqu’ici le problème primordial et le plus pressant de l’espèce humaine. Et c’est encore trop peu dire, car ce n’est pas seulement de l’espèce humaine, mais de tout l’univers biologique depuis les premiers commencements de la vie sous ses formes les plus primitives que la recherche de la subsistance a été le problème dominant.

    Ainsi la nature a-t-elle expressément guidé notre développement, avec tout ce que cela comporte en fait d’impulsions et de profonds instincts, vers la solution du problème économique comme tâche spécifique.

    [...] Quand l’accumulation de la richesse ne sera plus d’une grande importance sociale, de profondes modifications se produiront dans notre système de moralité. Il nous sera possible de nous débarrasser de nombreux principes pseudo-moraux qui nous ont tourmentés pendant deux siècles et qui nous ont fait ériger en vertus sublimes certaines des caractéristiques les plus déplaisantes de la nature humaine. Nous pourrons nous permettre de juger la motivation pécuniaire à sa vraie valeur. L’amour de l’argent comme objet de possession, qu’il faut distinguer de l’amour de l’argent comme moyen de se procurer les plaisirs et les réalités de la vie, sera reconnu pour ce qu’il est : un état morbide plutôt répugnant, l’une de ces inclinations à demi criminelles et à demi pathologiques dont on confie le soin en frissonnant aux spécialistes des maladies mentales.

    Nous serons enfin libres de rejeter toutes sortes d’usages sociaux et de pratiques économiques touchant à la répartition de la richesse et des récompenses et pénalités économiques, et que nous maintenons à tout prix actuellement malgré leur caractère intrinsèquement dégoûtant et injuste parce qu’ils jouent un rôle énorme dans l’accumulation du capital.

    [...] Une fois de plus nous en reviendrons à estimer les fins plus que les moyens, et à préférer le bon à l’utile. Nous honorerons ceux qui sauront nous apprendre à cueillir le moment présent de manière vertueuse et bonne, les gens exquis qui savent jouir des choses dans l’immédiat, les lys des champs qui ne tissent ni ne filent.

    Mais attention ! Les temps ne sont pas encore venus. Pendant au moins un siècle de plus, il nous faudra faire croire à tout un chacun et à nous-mêmes que la loyauté est infâme et que l’infamie est loyale, car l’infamie est utile et la loyauté ne l’est point. Avarice, Usure et Prudence devront rester nos divinités pour un petit moment encore. Car elles seules sont capables de nous faire sortir du tunnel de la nécessité économique pour nous mener à la lumière du jour.

    JM Keynes, 1930, ’Perspectives économiques pour nos petits-enfants’

    • « Effraction », c’est le nom d’une #qualification_pénale qui n’a pas été retenue en fait « Ils enjambent un muret pour pénétrer à l’endroit où sont entreposés les sacs-poubelle. »

      les trois jeunes gens sont emmenés au poste où ils écopent de douze heures de garde à vue – avec prises d’empreintes, d’ADN – et d’une citation à comparaître, le parquet ayant décidé de poursuivre. «  C’est n’importe quoi ! s’emporte Adrien. La pauvreté est criminalisée et la BAC protège le profit d’une entreprise, au lieu de garantir la sécurité des citoyens. » Les trois «  délinquants  » doivent comparaître ce matin devant le tribunal correctionnel de Montpellier (Hérault). On leur reproche la «  soustraction frauduleuse de denrées périssables avec date dépassée  », délit assimilé à un vol, et aggravé ici par trois circonstances : «  De nuit, en réunion et par escalade.  » Ils risquent jusqu’à sept ans de prison et 100 000 euros d’amende. Ce type de procès n’est pas le premier. À Nantes, en juillet, un «  zadiste  » de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) avait pris trois mois de prison avec sursis et 105 heures de travail d’intérêt général (TIG) pour «  vol  » de denrées périmées dans les poubelles d’un Super U.

      Montpellier : pas de peine pour le vol de denrées périmées
      http://www.midilibre.fr/2015/02/03/montpellier-dispense-de-peine-requise-pour-le-vol-de-denrees-perimees,1120

      Coupables de vols mais... dispensés de peine. Les trois prévenus poursuivis pour avoir volé des denrées périmées dans l’arrière-cour d’un hypermarché de Frontignan n’ont donc pas totalement échappé à une condamnation comme ils l’espéraient initialement. A l’issue des réquisitions du parquet favorable à une dispense de peine, leur avocat, Me Jean-Jacques Gandini, avait ainsi demandé la relaxe pour deux des trois « gars pilleurs », le troisième ne s’étant pas présenté devant le tribunal correctionnel. Il a estimé que ces jeunes gens avaient agi par nécessité de se nourrir au regard de leurs très faibles revenus. L’audience a également été l’occasion de dénoncer certains gaspillages de denrées pratiquées dans la grande distribution. Cette affaire des denrées périmées s’est déroulée dans une salle pleine à craquer alors qu’à l’extérieur du tribunal un peu plus de 80 #militants étaient également venus apporter leur soutien.