Constructing Rich False Memories of Committing Crime

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  • Comment convaincre aisément quelqu’un qu’il a commis un crime | Passeur de sciences
    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2015/02/03/comment-convaincre-aisement-quelquun-quil-a-commis-un

    C’est une donnée qui fait mal. Selon l’organisme américain Innocence Project, dont l’objectif est de faire sortir de prison celles et ceux qui ont condamnés par erreur, environ 30 % des personnes innocentées sur la base de l’ADN ont au préalable avoué un crime qu’elles n’ont pas commis. En France, un des exemples les plus mémorables de ce phénomène est celui de Patrick Dils, condamné – par deux fois – à tort pour le meurtre de deux garçons à Montigny-lès-Metz en 1986, après avoir reconnu les faits face aux enquêteurs. Si l’on met de côté les pratiques policières qui consistent à extorquer des aveux, lesquels constituent une des plus puissantes preuves retenues par la machine judiciaire, l’aspect le plus troublant du sujet tient au fait que, bien souvent, les suspects finissent par croire à la vraisemblance de l’histoire inventée qu’ils racontent, grâce à la force des « faux souvenirs ». C’est pour comprendre la manière dont fonctionne ce processus que deux psychologues, Julia Shaw (université du Bedfordshire, Royaume-Uni) et Stephen Porter (université de Colombie-Britannique, Canada), ont élaboré une expérience originale dont les résultats, qui viennent d’être publiés par la revue Psychological Science, eux aussi dérangent, car ils montrent à quel point il est simple de convaincre une personne qu’elle a commis un crime (au sens anglo-saxon du terme)...

    #brrrr

    • À force de vivre, je me rends compte que de se souvenir d’une chose, c’est en commencer la falsification. Parce qu’on trie ce qui est « utile » de se souvenir à chaque passage (plus on se souvient, plus les détails disparaissent) et qu’on reconstitue ce qui manque (parce que les choses signifiantes d’un souvenir ne sont pas les mêmes selon le moment, le motif pour lesquels on appelle le souvenir), soit en comparant avec d’autres souvenirs connexes, soit par les apports extérieurs, les récits des autres personnes impliquées dans l’évènement d’origine.

      Par contre, je pense qu’on a un noyau dur de souvenirs « constitutifs » de notre personnalité et que notre intégrité mentale dans la vieillesse doit dépendre pas mal de ma manière dont les souvenirs ont été stockés et/ou souvenus/falsifiés.
      J’ai trouvé remarquables les témoignages de personnes âgées qui se mettent à se souvenir avec une acuité très forte de choses qu’elles avaient « oublié » pendant l’essentiel de leur vie. J’ai l’impression que ce noyau de souvenirs est à peu près intact tout au long de la vie, car « non-accédé » et donc « non-falsifié ».
      #mémoire

    • cette expérience, si elle se justifie scientifiquement me met très mal à l’aise éthiquement. Au nom de la science, peut-on ainsi manipuler des personnes ?

    • L’étude et son résumé

      Constructing Rich False Memories of Committing Crime
      http://pss.sagepub.com/content/early/2015/01/14/0956797614562862.abstract

      Memory researchers long have speculated that certain tactics may lead people to recall crimes that never occurred, and thus could potentially lead to false confessions. This is the first study to provide evidence suggesting that full episodic false memories of committing crime can be generated in a controlled experimental setting. With suggestive memory-retrieval techniques, participants were induced to generate criminal and noncriminal emotional false memories, and we compared these false memories with true memories of emotional events. After three interviews, 70% of participants were classified as having false memories of committing a crime (theft, assault, or assault with a weapon) that led to police contact in early adolescence and volunteered a detailed false account. These reported false memories of crime were similar to false memories of noncriminal events and to true memory accounts, having the same kinds of complex descriptive and multisensory components. It appears that in the context of a highly suggestive interview, people can quite readily generate rich false memories of committing crime.