Le discours sur l’excision doit changer

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  • Le discours sur l’excision doit changer | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/97657/discours-excision-changer

    Et pour ma part, je m’en fiche du qu’en dira-t-on sur mon ressenti, de surcroît de la part de personnes qui n’y connaissent absolument rien et sont extérieures à tout ça. Les « moi à ta place » ou les « oh, je sais pas comment j’aurais fait » ou les « toutes les mères qui excisent leur filles sont des bourreaux » ou les « ces sauvages et leurs traditions barbares, on voit où est la modernité, c’est chez nouuuuuuus ». En gros tout ces Blanc.he.s qui se la ramènent avec leur morale ethno-centrée visiblement achetée au marché sans essayer de... Non, il n’y a rien à essayer en fait. Quand on est totalement extérieur à un système, on a juste à écouter la parole de celles qui le vivent et/ou l’ont vécu. Et compatir. Et informer. Et dénoncer. Mais pas juger les victimes, leurs ressentis et leurs choix. Jamais. Non, je suis pas en colère, j’en ai juste ma claque des bottes pleines de boue qui viennent salir mon vécu et mon ressenti. Vraiment.

    #excision #féminisme #paternalisme #féministes_blanches

    • Je n’ai pas lu l’article de Slate, mais je vous ai lus avec attention. Je me permets d’intervenir pour vous dire combien vos propos font écho. Nous recevons dans notre association aujourd’hui plus d’une quarantaine de femmes par mois, pour lesquelles les violences subies, et en particulier l’excision a changé fondamentalement leur vie, l’image d’elle-même, et impacte sur leur relation avec leurs enfants, leur conjoint, voire leur communauté.
      Nous avons volontairement voulu que l’excision ne soit pas stigmatisée et être considérée comme une violence parmi toutes les autres, sans pour autant minimiser cette violence la plus symbolique touchant l’intégrité du corps féminin.
      Ce sont grâce aux femmes africaines, indiennes..., qu’aujourd’hui des femmes victimes de violences sexuelles libèrent leur parole. Elles arrivent à partager leurs douleurs dans l’intimité de nos cercles de parole.
      Les actions faites lors des campagnes de sensibilisation spécifiques (accentuées pour l’excision autour du 6 février), renforcent des clichés « l’excision c’est pour les africaines », tout comme « les violences conjugales c’est pour les familles de bas niveau social ». Ces clichés ont fait perdurer une vision qui ne revendique pas suffisamment de (re)mettre la femme à la bonne place dans la société.
      Nous nous engageons auprès d’elles pour « réparer » ce qu’elles croyaient irréparables. Nous n’avons aucune volonté à imposer une vision unique, nous les écoutons simplement et leur venons en aide.
      Parce que la femme est unique, nous sommes confrontés à de multiples demandes selon son parcours de vie.
      Nous tentons de rétablir ce lien, nous entendons leurs maux, prenons en charge leur post traumatique, car oui la plupart sont gravement impactées par cette mutilation. Nous n’oublions jamais qu’une femme en mauvaise santé, fragilisée par un traumatisme subi avec des douleurs gynécologiques et/ou des incontinences urinaires insupportables, ne pourra être une mère sereine, dont la transmission éducative est tellement essentielle.
      Elles nous sollicitent aussi (et de plus en plus souvent) pour une aide sociale dans le cadre de l’asile. Nous sommes émus par leur forte volonté de protéger leurs enfants, et pourtant l’absence de réponses sociales décentes perdure. Nous tentons de rétablir leur intégrité physique mais aussi sociale (on cherche un logement, on leur propose des bons alimentaires, des vêtements).
      Aidez nous à continuer à croire que ce que l’on fait pour elles est juste bien, et ne laisse pas s’imposer l’image du "blanc" qui vient au secours. La violence subie par les femmes quels que soient leur origine, le niveau social, leur parcours singulier, est le lien commun de nos actions, elles ont confiance en nous, sans honte et culpabilité à demander de l’aide, car elles ont la volonté réelle de s’en sortir. Pour autant, je comprends combien il est important d’exprimer nos questionnements et nos doutes, et je remercie de nous remettre en question, car ils nous permettent de progresser au bénéfice du plus grand nombre.