• L’islamisme, une lecture totalitaire du monde, Chahla Chafiq
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/02/05/l-islamisme-une-lecture-totalitaire-du-monde_4570661_3232.html

    A trop se focaliser sur le #djihadisme, le débat se détourne des processus de réislamisation idéologique en cours depuis les années 1990, en France et en Europe, et banalise le phénomène de l’#islamisme, dont le djihadisme est pourtant l’une des facettes. L’islamisme, à distinguer tout autant des pratiques individuelles et séculières de l’islam que des diverses pratiques traditionnelles, travestit la religion en une #idéologie à caractère totalitaire qui explique tout, répond à toutes les incertitudes et définit l’ordre auquel il faut se soumettre.

    « L’islam, c’est l’application des règles, ce qui était interdit reste interdit et ce qui était autorisé reste autorisé, il n’y a pas d’autre voie », nous dit Abdel, jeune converti à l’islam, avant d’expliquer sa conversion par son besoin de contrôle : « Je suis quelqu’un qui aime que tout soit maîtrisé, j’aime la #sécurité. » (...)

    Or, l’idéologie islamiste essentialise « le monde musulman » et « les musulmans » en réduisant le culturel au cultuel (l’islam résume toute la culture) et en politisant le religieux (la #religion érigée en #loi). (...)

    L’analyse des entretiens révèle aussi les besoins paradoxaux des jeunes radicalisés ou en voie de radicalisation : désir d’ordre et de rébellion ; de cadre, de sécurité et d’aventure ; de soumission et de domination. L’offre islamiste leur propose un paquet assez complet qui répond à ces besoins, en leur permettant de trouver du sens et des liens, de se draper dans une appartenance, de se faire reconnaître, d’en finir avec les frustrations et l’humiliation, de s’engager dans une aventure héroïsante, de prendre le pouvoir.

    #essentialisation