De la question sociale à la question raciale ? : Représenter la société française

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  • Couleur de peau, la justice pas si aveugle que ça - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/02/04/couleur-de-peau-la-justice-pas-si-aveugle-que-ca_1195747

    Dans la maison d’arrêt où il a enquêté, plus de la moitié des détenus sont sans emploi. Un quart est ouvrier et les cadres ne sont que 1%. Quatre sur dix sont sans diplôme. Ce qui est plus récent, c’est que « ces minorités se définissent autant par leur couleur et leur origine que par la faiblesse de leur capital économique et culturel. Elles constituent un sous-prolétariat issu de l’immigration africaine. » Les prisonniers d’aujourd’hui sont d’origine ouvrière mais sans emploi. D’origine africaine mais généralement de nationalité française.

    Aigre. La question est sensible. On se souvient qu’en 2010, Eric Zemmour avait lancé une aigre polémique en affirmant que « les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. » Elle est d’autant plus facilement instrumentalisée qu’il n’existe pas de statistiques ethniques en France - contrairement à la Grande-Bretagne, les Etats-Unis ou le Canada (lire pages 12-13). Didier Fassin a donc élaboré ses propres « stats » ethniques. Il a étudié les registres de la maison d’arrêt où il enquêtait, en a tiré un recensement fondé sur le patronyme des personnes détenues et leur apparence physique sur photo d’identité. Résultat : « Les hommes noirs et arabes représentaient les deux tiers de l’ensemble des détenus et même plus des trois quarts des moins de 30 ans. » Ces chiffres ne décrivent certes qu’une seule maison d’arrêt de la banlieue parisienne, où sont surtout enfermés des prévenus et des détenus condamnés à des peines de moins de deux ans. Ils sont tout de même significatifs : « A titre indicatif, aux Etats-Unis, la population carcérale est composée d’un peu moins de deux tiers d’hommes noirs et hispaniques et, en Grande-Bretagne, on compte parmi les détenus environ un quart d’individus noirs, asiatiques et métis - selon les nomenclatures utilisées dans les deux pays », rapporte Didier Fassin.

    Alors, les Noirs et les Arabes commettent-ils plus de délits que les Blancs ? Ou bien la justice est-elle raciste ?

    La surreprésentation des jeunes issus de l’immigration s’explique d’abord par leur situation sociale. En 2007, les sociologues Véronique Le Goaziou et Laurent Mucchielli avaient dépouillé les dossiers traités par le parquet chargé de la délinquance des mineurs de Versailles. Ils avaient eux aussi « codé » les jeunes à partir de la consonance de leur nom. Conclusion : les deux tiers des mineurs poursuivis par le parquet étaient nés de parents étrangers, 60% environ de parents maghrébins ou subsahariens. « Mais derrière cette variable "origine immigrée" se cachent en réalité d’autres variables explicatives, notamment le lieu de résidence, l’échec scolaire et la taille des fratries », explique Laurent Mucchielli. Quand on analyse la délinquance juvénile à travers ces facteurs, « la surreprésentation des minorités disparaît presque totalement. »

    Mais au-delà de la question sociale, ce que souligne Fassin, ce sont les ressorts discriminants de nos institutions, qui mènent davantage de Noirs et d’Arabes en prison. Les lois, d’abord, sanctionnent plus sévèrement les délits commis par les classes populaires (vols, recels) que ceux qu’on retrouve davantage parmi les classes aisées (délinquance financière, évasion fiscale).

    Puis c’est le travail policier qui « procède à un profilage des individus sur leur apparence physique ». L’usage ou la revente de stupéfiants représente une entrée en prison sur sept, note le sociologue. Neuf fois sur dix, il s’agit de cannabis, bien plus réprimé que la cocaïne, une drogue plus onéreuse.

    « Pour certains, la prison n’est qu’un lieu vide d’activité et vide de sens »
    http://www.liberation.fr/debats/2015/02/06/didier-fassin-pour-certains-la-prison-n-est-qu-un-lieu-vide-d-activite-et
    « La vie au dedans est traversée par la vie du dehors. La prison n’est pas séparée du monde social : elle en est l’inquiétante ombre portée »,

    de la question raciale à la question sociae Didier Fassin.
    https://books.google.fr/books?id=e5VLAgAAQBAJ&pg=PP11&lpg=PP11&dq=%C2%ABL%E2%80%99Ombre+du+mond

    #Didier_Eric_Fassin #racisme_d'état #prison