• En Tunisie, un volontaire du Croissant-Rouge se bat pour enterrer dignement les migrants échoués à Zarzis

      Sur le littoral frontalier de la Libye, #Chemseddine_Marzoug, ancien pêcheur, offre une sépulture de sable aux noyés de la Méditerranée.

      http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/09/en-tunisie-un-volontaire-du-croissant-rouge-se-bat-pour-enterrer-dignement-l

    • Vidéo : le combat d’un homme, en Tunisie, pour enterrer dignement les migrants morts en mer

      #Chamseddine_Marzoug, un pêcheur de la région de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, passe ses journées à s’occuper du « cimetière des inconnus ». C’est là que ce Tunisien d’une cinquantaine d’années enterre les migrants dont les corps ont été rejetés par la mer. InfoMigrants est allé à sa rencontre.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/13071/video-le-combat-d-un-homme-en-tunisie-pour-enterrer-dignement-les-migr
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    • L’homme qui donne une sépulture aux migrants

      À Zarzis en Tunisie, non loin de la Libye, #Chamseddine_Marzoug s’est reconverti en croque-mort.our enterrer dignement, dans son Cimetière des inconnus, les migrants dont la traversée s’est achevée sur les plages de cette station balnéaire.


      http://www.regards.fr/monde/article/l-homme-qui-donne-une-sepulture-aux-migrants

    • Sur les plages de Djerba, la Méditerranée rejette les corps des migrants

      Au sud-est de la Tunisie, les naufrages d’embarcations en provenance de Libye rejettent sur les plages les corps de ceux qui voulaient gagner l’Europe.

      Sur la plage d’Aghir de l’île de Djerba, dans le sud de la Tunisie, il y a plus de cadavres que de baigneurs, en ce début de mois. Lundi 1er juillet, un canot a coulé au large. Une embarcation partie à l’aube de la ville libyenne de Zouara, à 120 kilomètres à l’ouest de Tripoli, avec 86 personnes à bord. Trois ont été repêchées vivantes. La mer rend les autres, une à une.

      « Moi, j’en peux plus. Là, c’est trop. » Chemseddine Marzoug, le pêcheur qui, depuis des années, offre une dernière demeure aux corps que la mer rejette, dit son ras-le-bol. « J’ai enterré près de 400 cadavres et, là, des dizaines vont encore arriver dans les jours qui viennent. Ce n’est plus possible, c’est inhumain et nous ne pouvons pas gérer ça tout seuls », se désespère le gardien du cimetière des migrants de Zarzis, ville située au sud-est de la Tunisie, près de la frontière avec la Libye.

      La mer est calme en ce début d’été. Cela pourrait être un beau début de saison pour les habitués, qui ont dressé tentes et parasols. Mais, dans l’air, il y a comme une tension. Une embarcation arrive par la mer, une ambulance de la protection civile par la terre.

      « Va faire un tour avec ton enfant et reviens plus tard », demande sèchement un garde national à une rare baigneuse. Sur le bateau, plusieurs gardes maritimes portent des masques.
      « Trouver un camion frigorifique »

      Dans le canot qu’ils traînent, une forme humaine se devine sous une bâche verte. Rapidement, elle est glissée dans un sac mortuaire et déposée sur le sable. Premier d’un alignement macabre de sept corps repêchés dans la matinée de samedi, auxquels ont été ajoutés sept autres, dans l’après-midi.

      Et c’est sans compter tous ceux qui ont dérivé vers la plage de Ben Gardane, plus au sud. « Cette fois, c’est difficile à gérer, car le naufrage n’a fait presque aucun survivant. Nous avons donc des arrivées massives de cadavres », raconte Mongi Slim, président du comité régional du Croissant-Rouge à Zarzis et Médenine, pourtant rompu à ces drames.

      Ce docteur en pharmacie, qui aide la protection civile, connaît par cœur la procédure. D’abord, il faut déposer les corps à la morgue puis les transporter à Gabès, à plus de deux heures de route, où se trouve le médecin légiste le plus proche. Là, des prélèvements ADN sont faits. C’est le seul moyen d’identifier les corps.

      « L’urgence, aujourd’hui, c’est de trouver un camion frigorifique pour transporter les quinze corps repêchés. D’habitude, nous n’en avons pas autant, donc c’est plus fluide », raconte-t-il, en habitué des morts de la mer. Entre les appels du gouverneur et ceux de la protection civile, son téléphone sonne sans arrêt. C’est à Chemseddine Marzoug et à lui que l’on s’adresse à chaque naufrage.

      Mais en ce début d’été, le pêcheur est en colère. Touché par le drame qui vient d’avoir lieu et pleinement conscient que la fin des patrouilles des bateaux des ONG signifie une recrudescence des cadavres sur ses plages.

      Cette fois, si les survivants à la dérive n’avaient pas été secourus par des pêcheurs, après quarante heures dans l’eau, personne n’aurait été au courant du naufrage. « Nous avons pu avoir les informations grâce aux survivants. Les deux Maliens qui ont pu parler nous ont expliqué qu’il y avait au moins une famille et une femme enceinte », précise Lorena Lando, chef de mission de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le cadavre d’une femme, enceinte de huit mois, a bien été repêché samedi, ainsi que celui d’un bébé.
      « Je ne veux plus partir en Europe »

      Une fois passés par Gabès, ils seront, comme les autres, enterrés par Mongi Slim, dans le nouveau cimetière de Zarzis, ouvert notamment grâce à une campagne de dons. « Sur les pierres tombales, nous nous limitons à un numéro et à la date de la mort, car nous n’avons pas de papiers, et aucun moyen de contacter leur famille », regrette-t-il.

      Dans le centre d’urgence de Zarzis, Ousmane et Mamadou Kamara, 20 et 16 ans, sont encore sous le choc. Avec un troisième homme encore en soins intensifs, ils sont les seuls survivants. Le quatrième homme repêché, après deux jours accroché au canot, est décédé à son arrivée à l’hôpital ; mort d’être resté trop longtemps dans l’eau froide, sans boire ni manger.

      Ousmane, l’aîné des deux frères maliens, s’accroche à son histoire. C’est tout ce qu’il lui reste. « On est arrivés en Libye en 2018, après avoir traversé le désert par le Niger. Là, on a travaillé pour financer la traversée. On voulait partir en Europe pour y être footballeurs. Au pays, on jouait, mais on n’arrivait pas à financer notre entraînement », explique-t-il.

      Chacun a versé 3 000 dinars libyens (1 915 euros) pour la traversée. « Quand le bateau a commencé à couler, il y a eu un mouvement de panique. Nous nous sommes accrochés aux planches du bateau avec mon frère. On est restés dans l’eau comme ça, pendant plus de deux jours », dit Ousmane. Son cadet a le nez brûlé par le soleil et peine à rassembler ses pensées. Son regard est perdu quelque part au loin, entre les dizaines d’hommes qui se sont tus un à un autour de lui, et cette mort qu’il a sentie flotter si près, si insistante. « Je ne veux plus partir en Europe », est-il juste capable de préciser aujourd’hui.
      1 100 migrants répartis dans six centres

      Au centre d’urgence, ils ne sont pas les seuls. Des rescapés du naufrage du mois de mai, où 16 personnes ont survécu sur 65, sont encore là, dans l’attente.

      Hsaia Shisir, un Bangladais de 17 ans, travaille un peu au noir avant de décider de ce qu’il va faire. Son long périple pour gagner l’Europe lui a coûté 9 000 dollars (quelque 8 000 euros) d’emprunt, pour faire l’aller simple Dacca-Dubaï, puis Dubaï-Benghazi, et en voiture jusqu’à Zouara, où il a pris le bateau. « Je ne veux pas retourner en Libye, c’est le règne des milices là-bas. Je ne peux pas non plus rentrer chez moi, j’ai trop de dettes. Mon seul espoir, c’est l’Europe », assure-t-il.

      En plus de ces personnes en transit, qui attendent une occasion de départ, la Tunisie doit gérer les réfugiés qui arrivent par voie terrestre, du côté de la frontière libyenne. Près de 800 ces six derniers mois, selon l’OIM.

      « Aujourd’hui, nous avons un vrai souci à la frontière libyenne vu l’instabilité sur place. Du coup, c’est difficile de faire l’équilibre entre humanitaire et sécurité, surtout que nous connaissons peu les nouvelles nationalités qui arrivent par voie terrestre. Nous avons eu des cas d’Ethiopiens qui se faisaient passer pour des Erythréens. Nous n’avons aucune traçabilité sur les personnes qui arrivent », regrette Habib Chaouat, gouverneur de Médenine.

      Pour l’instant, 1 100 migrants attendent, répartis dans six centres. Et désormais, les Erythréens qui, il y a quelque temps, encore repartaient vers l’Europe, demandent l’asile ici. Une petite centaine est logée dans un centre de Médenine piloté par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, avant d’obtenir leur statut.

      La Tunisie, qui a refusé de devenir une plate-forme d’accueil pour les candidats à l’exil en Europe, doit se coordonner avec l’OIM pour les bateaux qui dérivent et sont refusés dans les ports européens. Le dernier en date, amené là par le remorqueur égyptien Maridive 601, après avoir erré plus de deux semaines en juin, a laissé soixante-quinze passagers. Seuls seize ont accepté le retour volontaire dans leur pays, avec l’assistance de l’OIM.

      Dans une déclaration faite à Zarzis, mercredi 3 juillet, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, demandait de l’aide à la communauté internationale, rappelant que « la question des réfugiés et des migrants ne relève pas de la responsabilité de la République tunisienne (…). Tous les pays doivent en assumer la responsabilité. » Une phrase que d’autres, déjà, ont prononcée avant lui, dans d’autres pays. Mais sans que la situation ne bouge vraiment.

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/08/tunisie-dans-le-cimetiere-de-zarzis-les-tombes-anonymes-des-migrants-naufrag

    • Friedhof der ertrunkenen Migranten

      In der tunesischen Hafenstadt Zarzis finden Fischer immer wieder Leichen ertrunkener Migranten. Chamseddine Marzoug, ein ehemaliger Fischer, begräbt sie. Es ging ihm gegen den Strich, dass niemand bereit war, den Toten der Migration wenigstens eine letzte Ruhestätte zu geben.

      Der Wind pfeift vom Meer her über die sandige Landschaft am Stadtrand von Zarzis. Ein Schild steht dort: „Friedhof der Unbekannten“ ist darauf zu lesen, in vier Sprachen.Chamseddine Marzoug geht von einem Grab zu nächsten:

      „Das ist ein Junge, den wir im Wasser gefunden haben, und eine Frau. Ich hab mir gedacht, dass das vielleicht die Mutter ist. Ich habe sie Kopf an Kopf begraben. Laut Obduktionsbericht war er fünf Jahre alt.“

      Marzoug geht weiter, er weiß ziemlich genau, wen er wo begraben hat auf diesem Behelfsfriedhof. Er nagelt einfache Schilder zusammen, mit Nummern drauf und stellt sie zu jedem Leichnam.

      „Die Nummern sind die, die auf den Leichensäcken stehen,“ sagt Marzoug. Immer wenn Tote angeschwemmt oder aus Fischernetzen gezogen wurden, sorgt die Hilfsorganisation Roter Halbmond für solche Leichensäcke. Und für den Transport ins Krankenhaus von Zarzis. Mongi Slim arbeitet seit 25 Jahren beim Roten Halbmond:

      „Wir erleben es seit Jahren, dass die Toten hier angeschwemmt werden. Aber jetzt sind es besonders viele. Mittlerweile haben wir sogar Leichensäcke für Babies hergebracht. Es ist sehr verletzend.“
      Auf den offiziellen Friedhof dürfen die toten Migranten nicht

      Anfang Juli sank ein Boot vor der tunesischen Küste. 82 Menschen ertranken, drei überlebten, weil sie sich tagelang an einer Holzplanke festklammerten. Früher kümmerte sich niemand um die unbekannten Toten. Aber Chamseddine Marzoug ging es gegen den Strich, dass niemand bereit war, den Toten der Migration wenigstens eine letzte Ruhestätte zu geben. Auf dem offiziellen Friedhof der Stadt dürfen die ertrunkenen Migranten nicht begraben werden. Dort sollen nur Angehörige der Familien aus Zarzis hin, hieß es. Und nur Muslime. Wer wisse denn schon, ob die Ertrunkenen Muslime waren, heißt es in Zarzis.

      Deshalb fing Marzoug vor drei Jahren einfach an, die Migranten in diesem Sand-Abschnitt zu begraben. Aber er schimpft auf die Verantwortlichen von Zarzis:

      „Wir verlangen doch nur einen Friedhof, wo die Menschenwürde respektiert wird. Was ist denn ein Mensch? Die Religion ist doch unwichtig, niemand betet darum, zu sterben. Wir beerdigen sie, weil wir die Menschenwürde respektieren. Das muss sein!“

      Marzoug schimpft auch auf die Europäer. Er sagt, Europa tötet diese Menschen – weil es ihnen keine legale Einreise erlaube und sie damit auf die Todesschiffe zwinge.

      „Noch ein Grab frei“

      Der 54-Jährige ist Freiwilliger bei der Hilfsorganisation Roter Halbmond. Von den Behörden wird er geduldet, aber er hat oft Krach mit ihnen. Die Ertrunkenen gelten als irreguläre Migranten. Jetzt liegen sie auf einem irregulären Friedhof. Frauen. Männer. Kinder.

      „Der hier war sieben Jahre alt. Sie hatten kein Glück in ihrem Leben, jetzt bringe ich zumindest manchmal ein Spielzeug vorbei. Teilweise sagen die Leute, ich sei verrückt geworden. Weil ich die Gräber besuche. Dabei machen Muslime und Christen das doch auch.“

      Auf dem Grab liegen ein paar Legosteine. Und ein Spielzeugauto. Auf dem Behelfsfriedhof ist nicht mehr viel Platz. Chamseddine Marzoug sagt:

      „Hier ist noch ein Grab frei, ich habe es schon ausgehoben. Vielleicht könnten wir dahinten noch eines unterbringen. Aber danach werde ich das Grabfeld offiziell schließen, damit die ganze Welt erfährt, auch die Verantwortlichen in Zarzis, dass wir keinen Platz mehr haben, um die Leute zu bestatten. Wenn sie bei ihrer Haltung bleiben, dann sammeln wir eben Holz, verbrennen die Leichen, füllen die Asche in Behälter und werfen sie wieder ins Meer.“

      Bevor das geschah, hatten die Behörden dann doch ein Einsehen. Sie stellten ein Stück Acker zur Verfügung. Mittlerweile hat der Rote Halbmond genug Spenden bekommen, und davon ein Stück Land gekauft. Dort sollen künftig die Toten der Migration beerdigt werden.
      Tunesiens Furcht vor Seenotrettung und Aufnahmelagern

      Und dann sind da ja auch noch die Lebenden. Migranten oder Flüchtlinge, die überleben wenn wieder ein Schlepper-Schlauchboot untergeht. Oder die sich aus dem nahegelegenen Nachbarland Libyen hierher, in den Süden Tunesiens, durchgeschlagen haben. Slim Mongi vom Roten Halbmond sagt, etwa 1.000 Migranten seien in der Region untergebracht. Aber er wisse nicht, wie sie noch mehr Menschen beherbergen sollen:

      „Die Aufnahme-Kapazitäten sind wirklich erschöpft. Wir haben Angst davor, dass in Zukunft noch mehr nach Tunesien kommen.“

      Diese Angst teilt Mongi Slim offenbar mit Tunesiens Premierminister Youssef Chahed. Aus Europa wird immer wieder vorgeschlagen, in Nordafrika Aufnahmelager einzurichten. Dort könne man doch über Asylanträge entscheiden, auf diese Weise kämen die Migranten dann gar nicht erst nach Europa. Tunesiens Regierungschef fürchtet offenbar, dass sein Land immer öfter von Schiffen angesteuert werden könnte, die Menschen aus Seenot gerettet haben, aber von europäischen Häfen abgewiesen wurden. Deshalb mahnt Youssef Chahed: Alle Staaten müssten in der Migrationsfrage ihrer Verantwortung gerecht werden. Was immer das heißen mag.

      Chamseddine Marzoug, der Mann, der am Strand von Zarzis die Toten der Migration begräbt, hat jedenfalls seine eigene Vorstellung von Verantwortung. Und die hat viel mit Menschenwürde zu tun.

      https://www.deutschlandfunk.de/tunesien-friedhof-der-ertrunkenen-migranten.799.de.html?dram%3Aartic