• En Israël, les partis arabes forment une alliance historique
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/02/10/en-israel-les-partis-arabes-forment-une-alliance-historique_4573365_3218.htm

    Depuis quinze ans, une double frustration frappe les Arabes israéliens. La première vient de l’Etat, qui les exclut des emplois dans les entreprises publiques et l’administration, ne respecte pas leur mémoire et leurs droits à la propriété, et n’assure pas leur sécurité. Ces citoyens s’estiment discriminés et toujours suspectés d’un manque de loyauté vis-à-vis de la communauté nationale. Ils comprennent également que la création de plus en plus hypothétique d’un Etat palestinien ne réglerait pas leurs problèmes.

    L’autre frustration émane de leurs propres élus arabes. Malgré une dynamique unitaire, leurs formations semblent condamnées à un rôle traditionnel de figurantes. Elles ne participent pas au pouvoir. La majorité juive les tolère mais ne remet pas en cause son propre monopole politique et symbolique. Le Septième Œil, site spécialisé dans l’analyse critique des médias, a ainsi noté un détail significatif. Il a fallu attendre début février pour que le visage d’Ayman Odeh, leader de la liste arabe unie, figure sur le bandeau de présentation des articles consacrés à la campagne, dans le quotidien Israel Hayom.

    « Les députés arabes n’ont pas d’influence sur la politique d’Israël, souligne Amal Jamal, professeur de sciences politiques à l’université de Tel-Aviv. Ils vont aux élections pour débattre uniquement de l’allocation des ressources. Ils arrivent à la Knesset sans l’expérience des grands groupes industriels, ni celle de l’armée. Ils n’ont donc pas de réseaux et ne peuvent influer sur la politique de l’électricité, de l’eau, de la santé. C’est pour cela qu’ils se réfugient dans l’idéologie : pour masquer leur impotence. »

    Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)