• Paris-XIII : un enseignant renvoyé après s’en être pris à une étudiante voilée
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/02/10/paris-xiii-un-enseignant-renvoye-apres-s-en-etre-pris-a-une-etudiante-voilee

    Un enseignant vacataire de l’université Paris-XIII Villetaneuse qui avait menacé de ne plus faire cours devant une étudiante voilée, a été déchargé mardi 10 février de son enseignement.

    L’incident s’était produit le lundi 2 février. Ce jour-là, l’enseignant, chargé de cours depuis 1987 dans cette université au nord de Paris, dispense un cours de droit des assurances à une quinzaine d’étudiants en master II de droit des affaires. Parmi eux, assise au premier rang, une étudiante voilée. Remarquant sa présence, le professeur exprime son hostilité « au port de signes religieux dans l’espace public », sans s’en prendre directement à l’étudiante, selon le récit d’un étudiant qui a souhaité garder l’anonymat.

    « IL NE SUPPORTAIT PAS L’AFFICHAGE DE SIGNES RELIGIEUX »

    « Il nous a dit qu’il avait grandi à Sarcelles, il a fait l’éloge du multiculturalisme mais il a aussi dit qu’il ne supportait pas l’affichage de signes religieux et qu’il ne s’attendait pas, après #Charlie, à devoir faire cours devant une étudiante voilée », a ajouté cet étudiant, précisant que la jeune femme, qui portait un « simple foulard », n’est pas « prosélyte ».

    Quatre autres élèves ont alors pris sa défense, reprochant au professeur une prise de position « idéologique » sans rapport avec l’objet du cours, qui s’est poursuivi normalement. Après cet incident, rapporté à la direction par plusieurs élèves indignés par « l’#humiliation » infligée selon eux à leur camarade, l’enseignant a écrit à la responsable du master pour lui signifier son intention de ne plus faire cours devant une étudiante voilée.

    PORT DU VOILE AUTORISÉ À L’UNIVERSITÉ

    Anticipant qu’il devrait sans doute se « résoudre à ne plus donner de cours dans cette université ou ailleurs », il concluait ainsi son e-mail, dont l’AFP a eu copie : « Si sa liberté à elle est de porter le voile en tout lieu, la mienne est de refuser, dans mon pays, au regard de notre histoire et de notre culture, de donner un cours face à un visage voilé. »

    Vendredi, la responsable a annoncé aux étudiants que cet enseignant « ne [terminerait] pas son cours de droit des assurances » et qu’un remplaçant lui serait trouvé. Dès lors que « le port du voile est autorisé à l’université, si un enseignant, a fortiori un avocat qui connaît le droit, s’autorise à faire de la #discrimination, la première chose à faire c’est de le suspendre », a réagi le président de l’université, Jean-Loup Salzmann.