Joué-lès-Tours : le préfet interdit une marche de recueillement pour Bertrand Bilal Nzohabonayo

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    La mère de Bertrand souhaitait organiser une marche blanche le samedi 7 janvier à Joué-lès-Tours, avec la famille et les proches du jeune homme tué par la police le 20 décembre dernier. Mais un arrêté du préfet d’Indre-et-Loire lui a interdit d’organiser cette marche, quitte à déformer la vérité pour se justifier.

    L’arrêté fait ensuite référence à un appel à témoins rédigé par le comité « Vérité et justice pour Bertrand Bilal », évoqué en ces termes :

    « Considérant les propos contenus dans un tract distribué le 22 janvier 2015 par lequel Madame XXX Pélagie traite "les policiers de tueurs venus attaquer son fils et que ces tueurs ont voulu le faire passer pour un terroriste" ; et que ces mêmes propos en lien avec l’organisateur de cette manifestation risquent de susciter une réaction virulente et déterminée (…). »

    Or, ce n’est pas du tout ce que dit le texte de l’appel à témoins, dans lequel il est écrit :

    « Il a été tué par ceux censés nous protéger, nous qui avons fui notre pays, à cause des massacres et génocides au Rwanda et au Burundi. Pire encore, comme si cette peine ne suffisait pas, ses tueurs ont voulu le faire passer pour un terroriste, venu les attaquer. »

    On comprend que la qualification de « tueurs » en référence aux policiers ne plaise pas au préfet Delage. Pourtant, les policiers ont bien tué Bertrand le 20 décembre. Et contrairement à ce qu’affirme l’arrêté, le tract ne dit pas que les policiers sont « venus attaquer son fils » : il est simplement rappelé que, d’après les autorités, Bertrand a attaqué les flics. Mais il est plus facile, pour disqualifier la démarche de la mère, de la mettre en accusation et de la faire passer pour une accusatrice revancharde.

    L’arrêté parle aussi de « risques de débordement », parce que la marche serait située « dans le quartier urbain sensible de La Rabière à Joué-lès-Tours », et qu’apparemment dans l’esprit du préfet ce quartier est naturellement propice aux « troubles ». Comme si les habitants et habitantes de ce quartier ne pouvaient pas observer un recueillement pacifique.

    Enfin, le préfet évoque « la forte émotion provoquée par l’agression de trois militaires à Nice le 3 février 2015 dans des conditions qui rappellent les événements du 20 décembre 2014 à Joué-lès-Tours ». Faisant ainsi un parallèle entre un acte dont le caractère antisémite semble avéré (les militaires patrouillaient devant un lieu de culte juif) et les circonstances entourant la mort de Bertrand Bilal, qui elles sont loin d’être claires.