• Nos bombes tuent aussi
    Réflexions sur la défense de notre « style de vie »
    par Dinaïg Stall
    (avec l’aimable permission de l’auteure et du site LMSI)
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/11/27/nos-bombes-tuent-aussi

    Depuis quelques jours, on voit beaucoup une image être partagée sur Facebook, un dessin qui, en quelques lignes et quelques mots, résume pas mal à lui seul les problèmes que pose toute la rhétorique – qui se propage à toute vitesse et dans tous les médias depuis les attentats du 13 novembre à Paris – selon laquelle ‘c’est à notre liberté de bons vivants qu’ils s’attaquent’.

    Il s’agit d’un dessin de femme avec pour tout habillement un bonnet phrygien et une cocarde tricolore, accompagné de ce commentaire : ‘Nous nos bombes sont sexuelles et nos attentats à la pudeur’.

    Déjà, passons sur les jeux de mots usés et leur supposée drôlerie gauloise. Je vous laisse aussi utiliser Google pour la définition de ce qu’est un ‘attentat à la pudeur’, exactement, et de ce qu’est devenue cette notion dans les qualifications judiciaires contemporaines. Là encore, on se gondole. Les violences sexuelles, en France, on trouve ça hilarant.

    Par ailleurs, chaque fois qu’est utilisé le pronom ‘nous’ (en opposition plus ou moins affirmée à un ‘eux’), il est intéressant de se demander qui il est censé désigner, ce que dessine en creux cette communauté affirmée. Dans le cas présent, il est difficile de ne pas voir en ‘nos bombes’ une appropriation du corps des femmes françaises (je devrais dire des femmes françaises blanches, d’ailleurs), utilisé – comme d’habitude, il n’y a là vraiment rien de novateur – comme porte-étendard d’une supposée liberté dont pourtant ces corps ne sont jamais les sujets.

    ‘Nos’ femmes sont à-poil-donc-libres face aux ‘leurs’, forcément voilées-donc-aliénées : ce raccourci est un trope utilisé jusqu’à l’écœurement dans les représentations, notamment hollywoodiennes. Dans un cas comme dans l’autre, les femmes ne sont qu’une extension symbolique et matérielle d’un territoire dont le propriétaire est masculin.

    Mais le plus insupportable reste sans doute cette affirmation : ‘nous nos bombes sont sexuelles’…

    Sérieusement les gars ? Alors tous les endroits que la France est allée copieusement bombarder (au nom de la démocratie, du droit des femmes, des homosexuel-le-s, de ce-que-tu-veux-qui-a-l’air-d’une-cause-progressiste, fais-toi plaisir, on n’est pas en manque de nobles justifications), en fait, c’était pas de vrais missiles qui les atteignaient ?

    Tous ces ‘dommages collatéraux’ de nos ‘frappes chirurgicales’, en fait, c’était juste des syncopes passagères dues à des images de boobs, le téton à l’air, qui venaient bien gentiment caresser la joue de tous ces méchants terroristes ?

    Je ne suis plus capable de voir/lire/entendre cette rhétorique fallacieuse, qui se prétend drôle et légère et nie tout bonnement la réalité de notre politique étrangère pas reluisante.

    Que les victimes des attentats aient été totalement innocentes, c’est une certitude.
    Que leur mort soit dégueulasse, insoutenable, impardonnable, une évidence.

    Mais il faut arrêter de raconter n’importe quoi : l’Etat français bombardait déjà avant les attentats, et bombarde à nouveau des populations entières. Avec de vraies bombes qui font de vraies morts. Civiles, pour la plupart. Ayant elles aussi eu le malheur de se trouver là au mauvais moment au mauvais endroit, dans l’arbitraire le plus total.

    Et il me semble que l’on a un peu perdu le droit de faire comme si célébrer la vie en se retrouvant, buvant des coups aux terrasses, écoutant de la musique, etc. était non seulement une propension naturelle mais également une sorte de prérogative du peuple français, alors même que nos attaques militaires ont largement contribué à détruire toute possibilité de faire exactement ça (se retrouver, boire des coups en terrasse, etc.) dans des pays entiers.

    Serait-on en fait incapable d’imaginer qu’il y avait des cafés et des lieux de convivialité en Syrie, en Irak, en Libye et dans tant d’autres pays ? Imagine-t-on ces territoires toujours-déjà-en-guerre (donc c’est pas trop grave d’en rajouter) ?

    On peut se dire que ça n’est rien, un dessin, rien qu’une représentation humoristique insignifiante. Que c’est juste une façon assez inoffensive de faire les bravaches, de se mettre du baume au cœur après le choc de cette nouvelle irruption de violence, là, juste à côté, dans ces rues et lieux qu’on connaît si bien et qu’on aime.

    Mais justement, sous couvert de légèreté, cette image participe, aux côtés de tant d’autres, à l’occultation des causes des attentats sur le sol français et à la cristallisation d’une identité nationale fantasmée, n’ayant strictement rien à voir avec la réalité, mais qui sert d’ores et déjà à justifier la prolongation de l’état d’urgence, une ‘surenchère sécuritaire irresponsable’ (voir http://www.lexpress.fr/actualite/societe/reformer-la-constitution-sous-un-pretexte-securitaire-est-consternant_17372), et bientôt la modification de la constitution elle-même.

  • Il existe déjà un code de la #laïcité : la loi de 1905 contre la persécution religieuse | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/11/01/il-existe-deja-un-code-de-la-laicite-la-loi-de-1905-contre
    J’ai été recalé à un concours d’état pour avoir affirmé ce qui suit, à savoir que la loi de 1905 garantit la liberté de culte et non le fait de devoir se planquer chez soi pour l’exercer comme on tendait déjà à vouloir nous le faire croire.

    Cette loi est tout entière résumée dans son article premier : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public ». Ce libre exercice est régulé dans les articles 3 et 4, mais on voit dès l’article 1 qu’il est présumé public. Il suffit de lire le premier article pour s’apercevoir que les clichés –tout nouveaux—qui circulent partout sur le caractère prétendument « privé », voire « intime » que devraient avoir les religions sont une série de contresens et de non-sens. Ces contresens ne sont possibles qu’en raison de la polysémie de « public ». La religion pour n’être évidemment pas d’Etat, n’est pas pour autant « privée » au sens de « privée d’expression publique » : car la liberté de conscience garantie par la loi implique la liberté d’expression, et parce que l’espace public n’appartient pas à l’Etat.

  • Après-Charlie : plaidoyer pour tordre le bâton dans l’autre sens
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/10/27/apres-charlie-plaidoyer-pour-tordre-le-baton-dans-lautre-s

    Les Cahiers de l’éducation permanente sont édités par Présence et action culturelle, le mouvement d’éducation permanente de la mouvance socialiste. Pour sa dernière livraison, intitulée « Les malaises de l’après-Charlie », ils avaient sollicités une brochette d’auteur-e-s à partir d’un texte dont une partie a été reprise sur la 4e de couverture. Source : Le blog de Christine Delphy

  • Les « paternités imposées », l’invention d’un faux problème | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/09/21/les-paternites-imposees-linvention-dun-faux-probleme

    Sur la question des « paternités imposées » comme pour celle des « hommes battus » ou des « pères lésés par la justice familiale », le même mode opératoire des masculinistes est à l’œuvre. Mettant en avant quelques récits d’hommes se présentant comme victimes de violences exercées par des femmes, ils mobilisent des experts du droit et les médias afin de construire des argumentaires à destination du grand public, jusqu’à proposer des transformations législatives importantes.

    Leur stratégie consiste à faire apparaître cette question comme une injustice massive, appelant un débat de société. L’opinion publique est amenée à compatir avec quelques hommes présentés comme « abattus et dévastés » par les « terribles violences » que des « femmes manipulatrices et violentes » exerceraient sur eux, en toute « impunité légale et sociale » selon leurs termes. Alors qu’en France, il n’existe aucune étude générale sur la question, seulement quelques témoignages d’hommes. La défense de ces derniers, et de la classe des hommes en général, repose une fois de plus sur la falsification de la réalité, sur la diffusion de discours anti féministes, et vise la remise en cause directe des droits des femmes.

  • Avant-propos à La #domination adulte, de Yves Bonnardel | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/09/18/avant-propos-a-la-domination-adulte-de-yves-bonnardel
    https://delphysyllepse.files.wordpress.com/2015/09/pic3a8ce-jointe-1.jpeg

    Dans toutes les sociétés connues, les #enfants sont les possessions de leurs « parents » – quelle que soit la façon dont ceux-ci sont désignés. Les dispositifs consacrés en Occident à la protection de l’enfance, quand on regarde de près leur action dans les cas de violence avérés, sont en réalité là pour réaffirmer le droit supérieur des parents. Les enfants, les jeunes de notre société, sont livrés, sans contrôle de la communauté, à l’#arbitraire d’un ou deux individus. On pense que les agressions sexuelles sur les enfants, qui sont en majorité le fait des parents – enfin, surtout des pères ou des oncles et grand-pères – sont dues aux particularités psychologiques des agresseurs. Mais ces agresseurs sont en réalité « Monsieur-tout-le-monde ». En fait ils sont dus à ce que les mineurs n’ont pas le droit de disposer d’eux-mêmes. On découvre maintenant que l’inceste est fréquent : mais il l’a toujours été. Simplement, avant, il existait un consensus pour ne pas en parler, pour faire comme si cela n’existait pas, alors qu’en fait, c’était tout simplement permis, à condition de ne pas le révéler. Si fréquent que Freud a renoncé à en parler, et en toute connaissance de cause, l’a maquillé en « fantasme » des victimes.

  • Avant-propos à La domination adulte, de Yves Bonnardel | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/09/18/avant-propos-a-la-domination-adulte-de-yves-bonnardel

    Dans toutes les sociétés connues, les enfants sont les possessions de leurs « parents » – quelle que soit la façon dont ceux-ci sont désignés. Les dispositifs consacrés en Occident à la protection de l’enfance, quand on regarde de près leur action dans les cas de violence avérés, sont en réalité là pour réaffirmer le droit supérieur des parents. Les enfants, les jeunes de notre société, sont livrés, sans contrôle de la communauté, à l’arbitraire d’un ou deux individus. On pense que les agressions sexuelles sur les enfants, qui sont en majorité le fait des parents – enfin, surtout des pères ou des oncles et grand-pères – sont dues aux particularités psychologiques des agresseurs. Mais ces agresseurs sont en réalité « Monsieur-tout-le-monde ». En fait ils sont dus à ce que les mineurs n’ont pas le droit de disposer d’eux-mêmes. On découvre maintenant que l’inceste est fréquent : mais il l’a toujours été. Simplement, avant, il existait un consensus pour ne pas en parler, pour faire comme si cela n’existait pas, alors qu’en fait, c’était tout simplement permis, à condition de ne pas le révéler. Si fréquent que Freud a renoncé à en parler, et en toute connaissance de cause, l’a maquillé en « fantasme » des victimes.

    Il en va de même des autres violences2. Récemment, quand une députée a proposé en France que les parents n’aient plus le droit de gifler ou de fesser leurs enfants, sa phrase a été accueillie dans l’Assemblée nationale par des éclats de rire. Or il est question d’actes qui sont des délits… quand ils sont commis par un adulte sur un autre adulte. L’idée que la même règle s’applique quand ils sont commis par un adulte sur un individu plus petit, plus faible, et dépendant : il y a bien de quoi s’esclaffer !

    #enfants #enfance #domination #adultes #agisme #patriarcat

  • Du voile à la prostitution, entretien avec Christine Delphy (1) | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/08/15/du-voile-a-la-prostitution-entretien-avec-christine-delphy

    Sylvia Duverger, publié en août 2013, sur le blog Féminismes en Tous genre Féministes en tous genre

    Première partie d’un entretien avec la sociologue féministe Christine Delphy, auteure de plusieurs textes analysant le sexisme et le racisme qui ont présidé aux lois contre le port du foulard (2004) et du voile (2010).

    En 2003, elle est l’une des signataires de la pétition « Un voile sur les discriminations » (Le Monde, 17 décembre 2003), et l’une des fondatrices du Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE).

    • Cette division existe bien en ce moment dans le féminisme, en France et dans certains pays francophones influencés par la France. Elle n’est pas absolue : certaines féministes, dont je fais partie, sont à la fois contre les lois discriminatoires qui retirent les libertés fondamentales aux musulmanes, et « abolitionnistes ».

      L’abolitionnisme, c’est le projet d’une société sans prostitution, mais ce n’est en aucune façon la volonté de s’en prendre aux prostitué.es, bien au contraire. Dans l’analyse qui sous-tend ce projet, la prostitution est conceptualisée comme un des effets du patriarcat. Dans les sociétés patriarcales, les femmes sont des possessions des hommes, qui les utilisent comme ils veulent. Les femmes ne sont pas conçues dans les cultures de ces sociétés comme des sujets, mais comme des ‘compléments’ – des appendices – des hommes ; en d’autres termes, leur seule raison d’être, c’est leur utilité pour les hommes, qui sont vus comme les seuls sujets de la société. Tout ceci est assez bien connu4.

      En revanche, ce qui est mal analysé, c’est le rôle de la sexualité dans l’histoire. La sexualité continue d’être abordée comme quelque chose d’a-social ; les sciences sociales n’ont encore pas fait grand-chose pour la sortir de l’emprise de l’instinctivisme freudien ou du déterminisme darwinien. On voit souvent les formes violentes ou marchandes de la sexualité – le viol, la prostitution – comme une utilisation des femmes au service de besoins des hommes, besoins qui sont posés comme physiques et non pas comme sociaux. On commence à voir, avec les analyses féministes du viol, qu’il n’en est rien. Le viol ne correspond pas à un « besoin » physique, mais à une volonté d’humilier, de rabaisser, de nier l’humain chez les femmes. Dans tous les systèmes de domination, il se crée une idéologie qui justifie la domination : les dominé.es sont des êtres inférieur.es. Mais une idéologie n’est pas quelque chose qui flotte en l’air : elle existe dans les cerveaux, ceux des dominants et ceux des dominé.es. D’autres éléments culturels la modèrent ou la contrebalancent – par exemple l’affection qui peut exister entre personnes de genres différents. Cette idéologie est là, disponible chez tout le monde, mais elle ne débouche pas sur des pratiques chez tout le monde.

  • Jeffrey Sachs : Les Etats puissants seront rattrapés par les souffrances qu’ils infligent | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/07/16/jeffrey-sachs-les-etats-puissants-seront-rattrapes-par-les

    Que peut-il se passer en Grèce ?

    Une catastrophe. Fermer un secteur bancaire pendant des semaines ne s’est pas produit depuis la Grande Dépression des années 30. Le pays est déjà au bord de l’effondrement depuis quelques semaines. Il fait des pas de plus vers la falaise. La Banque centrale européenne n’a pas voulu jouer le rôle de prêteur en dernier ressort, parce que Jens Weidmann, président de la Bundesbank, faisait partie des faucons. C’est très choquant. Cela fait quarante ans que je m’investis dans l’économie internationale et je n’ai jamais vu ça ; voir cela en 2015, dans une des deux plus grandes économies du monde, tient du cauchemar. C’est la faillite, en soi, d’un système financier et économique sans réelle gouvernance politique.

    • Ah wéé quand même …

      3.2 millions de victimes en Russie, selon l’UNICEF et l’IRC

      Oups, je lis Delphy comme une référence, mauvaise idée, car non, publier ce texte sans avertissement c’est lamentable, merci @fil Sachs serait-il jaloux que d’autres économistes aient étranglé la Grèce avant lui ?

  • #Laïcité et #inégalité : l’hypocrisie française | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/07/09/laicite-et-inegalite-lhypocrisie-francaise

    Mais l’hypocrisie française la plus béante concerne, sans doute, notre refus de reconnaître la #discrimination professionnelle monumentale subie actuellement par les jeunes générations d’origine ou de confession musulmane. Une série d’études, menées notamment par Marie-Anne Valfort, vient de le démontrer de façon glaçante. Le protocole est simple : on envoie des faux CV à des employeurs en réponse à des milliers d’offres d’emploi, en faisant varier le nom et les caractéristiques du CV de façon aléatoire, et on observe les taux de réponse. Les résultats sont déprimants. Dès lors que le nom sonne musulman et, par-dessus tout, lorsque le candidat est de sexe masculin, les taux de réponse s’effondrent massivement. Pire encore : le fait d’être passé par les meilleures filières de formation, d’avoir effectué les meilleurs stages possibles, etc., n’a quasiment aucun effet sur les taux de réponses auxquels font face les garçons d’origine musulmane. Autrement dit, la discrimination est encore plus forte pour ceux qui ont réussi à remplir toutes les conditions officielles de la réussite, à satisfaire à tous les codes… sauf ceux qu’ils ne peuvent changer.

  • Megan Murphy : La guerre de l’industrie du sexe contre les féministes | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/06/21/la-guerre-de-lindustrie-du-sexe-contre-les-feministes

    Les pornographes ont toujours défendu les productions et les pratiques de leur industrie extrêmement rentable comme de la « liberté d’expression », même si celles-ci sexualisaient le pouvoir masculin et la violence contre les femmes. De même, les défenseurs de la prostitution, qu’ils qualifient stratégiquement de « travail du sexe », présentent comme libérateur le mouvement visant à la faire légaliser et normaliser.

    Mais ces groupes n’appuient la libre parole et la liberté que dans la mesure où elles servent leurs intérêts. Les personnes qui s’expriment contre l’industrie du sexe sont exclues de leur version de la « liberté ».

  • Charlie, l’islam et nous | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/04/16/charlie-lislam-et-nous

    J’ai longtemps enseigné l’histoire en lycée, puis effectué un parcours de recherche dans le domaine de la Turquie contemporaine. Dans ma thèse, j’ai analysé le discours historique adressé aux écoliers, en me focalisant sur la recherche des éléments d’identification qui leur sont proposés ou imposés. L’analyse du discours des manuels scolaires, dans les leçons qui portent sur l’histoire de l’islam, m’a permis d’établir que ces ouvrages s’adressent exclusivement à un public musulman ou censé l’être.

    Après cet épisode turc, j’ai repris l’enseignement en lycée, en France, en essayant d’appliquer mes méthodes d’analyse à la langue française, et en continuant de déconstruire le discours des manuels scolaires français, tâche commencée dès mes débuts dans l’enseignement. Mais après mon expérience turque, j’étais mieux armé pour tenter d’élaborer un discours laïque sur la religion et l’histoire des religions.

    • Silence radio général. Pas de reportage à la télévision. Pas d’article de presse. Pas ou très peu en tous les cas. Et surtout, pas d’écho dans la #blogosphère, cette blogosphère qui se dit éprise de liberté d’expression et de démocratie. La blogosphère, centrée autour de sa soudaine surmédiatisation, regarde son nombril, elle en a oubliée d’observer le monde et d’exercer son sens critique. Dommage.

      Reprenons donc. Le 11 janvier, le #maire UMP de la ville alsacienne d’Ensisheim, Michel Habig, envoie des forces de l’ordre sur un terrain municipal squatté depuis quelques jours par quelques #caravanes appartenant à des #roumains et des #croates. Personne sur les lieux. Devant ce « véritable bidonville », le maire décide, plutôt que d’organiser une évacuation « trop coûteuse pour la collectivité », d’employer les grands moyens. A la tête de ce bataillon de gendarmes, il #incendie les caravanes à l’aide d’un bidon d’essence.

    • Condamné pour avoir incendié 14 caravanes de nomades, un candidat UMP se présente aux élections départementales
      http://www.politique.net/2015030502-ump-caravanes-incendiees.htm

      Selon le site de L’Obs, Michel Habib, maire d’Ensisheim (Haut-Rhin), a été officiellement investi par l’UMP pour se présenter dans son canton. « Sauf que le maire a un passé judiciaire un peu particulier, relève L’Obs. L’homme de 68 ans a avait été condamné en mai 2006 à Strasbourg à six mois de prison avec sursis pour avoir incendié, en janvier de la même année, 14 caravanes de nomades installées illégalement sur un terrain municipal. Michel Habig avait donné l’ordre en personne à ses employés de mettre le feu à un campement, qui se trouvait alors déserté par ses occupants, pour supprimer ce qu’il considérait comme un véritable bidonville ».

      Incendier des caravanes ? Pas grave : « Il a été condamné, mais il n’a pas été déclaré inéligible et il a été régulièrement réélu depuis », a indiqué le secrétaire départemental de l’UMP, Eric Straumann, pour justifier son investiture. Bah voyons...

    • M. Habib était un précurseur : l’actuel maire de Cholet, en bisbille permanente avec les gens du voyage (c’est aussi un de ses fonds de commerce politique), a prétendu sept ans plus tard que « Hitler n’en avait pas tué assez ».
      (J’aime dire du mal des gens tôt le matin).

  • Oui, une thèse de doctorat peut tourner au cauchemar - Bibliobs - L’Obs
    http://bibliobs.nouvelobs.com/bd/20150313.OBS4588/oui-une-these-de-doctorat-peut-tourner-au-cauchemar.html

    Tiphaine Rivière, elle, n’a pas peur de dessiner à charge. La thèse qu’elle raconte est un cauchemar qui commence dès le premier jour, lorsque Jeanne, son héroïne, fait enregistrer son inscription. L’air revêche, seins étalés sur le bureau, l’assistante de l’école doctorale lui balance :
    Vous êtes sûre de vouloir faire une thèse ?... 60% des gens abandonnent leur thèse en littérature… Faut bien réfléchir… Faudra pas venir dire j’ai plus d’argent et j’ai perdu tous mes amis.

    Autre statistique lancée à la volée :
    Deux thésards sur trois voient leur couple exploser s’ils habitent avec leur conjoint.

    De cette catastrophe annoncée – qu’elle a vécue elle-même – Tiphaine Rivière a su faire un roman graphique hilarant et cruel. Comme dans les campus novels américains, l’université est dépeinte en théâtre de la méchanceté et de la mesquinerie, où tout se calcule, où l’enjeu est d’avoir son nom en plus gros sur la plaquette d’un colloque, où le savoir ne sert qu’à humilier le collègue. Il y a du Sempé dans ces mandarins narcissiques et inquiets croqués sous les lambris de la Sorbonne.

  • Misogynie 2.0 : harcèlement et violence en ligne | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/03/06/misogynie-2-0-harcelement-et-violence-en-ligne

    « Suivant la logique de la misogynie en ligne, le droit d’une femme à la liberté d’expression est beaucoup moins important que le privilège que s’accorde un homme de la punir pour s’être exprimée librement. » Laurie Penny, Cybersexism

    #sexisme #feminisme #misogynie #privilege

  • #jesuismisogyne
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/02/15/jesuismisogyne

    Quelques souvenirs de deux soeurs qui ont du mal à être Charlie

    par C. & D. Billard
    14 février 2015

    Nous aussi on a grandi avec Cabu, Wolinski, Reiser, Cavanna, Choron… Nous avons vu les mêmes dessins mais nous n’avons pas compris la même chose : Sûrement parce que ces blagues ne s’adressaient pas à nous mais qu’elles se faisaient à nos dépens. Ces types nous rappelaient sans cesse qui nous étions : des Filles, des #Femmes, c’est à dire le deuxième sexe, mais un sexe avant tout. Ils nous ont enseigné très tôt qu’une femme c’est une poupée gonflable, un cul, des seins, un con.

    Enfin un texte qui s’attarde un peu sur la #misogynie de #Charlie_Hebdo.