Le Courrier : : Quotidien indpendant

http://www.lecourrier.ch

    • Une famille syrienne va être renvoyée en Allemagne en vertu des accords de Dublin. Problème : la mère vit une grossesse à risque.

      « Nous sommes venus demander l’asile en Suisse, un Etat de droit où on respecte les êtres humains. Qu’avons-nous fait à ce pays pour mériter ça ? » s’interroge Alaa Alghouch, enceinte de huit mois et qui vit une grossesse à risque. Il y a deux ans, une femme enceinte avait perdu son bébé durant un trajet en train entre Vallorbe et Domodossola. Malgré ce précédent, les autorités comptent renvoyer Alaa.

  • Suisse : L’interdiction d’une manif anti-forage sous le feu des critiques _ Mercredi 25 mai 2016 ATS
    Les députés vaudois ont débattu de l’interdiction d’une manifestation par la municipalité de Noville.

    Le Grand Conseil vaudois s’est offusqué mardi de la légèreté avec laquelle Noville a refusé d’autoriser une marche contre un forage d’hydrocarbures. Le Conseil d’Etat a déploré « le caractère inapproprié » de la réponse de la Municipalité et « le ton inadéquat ».
    Une habitante du Chablais voulait organiser une marche « pacifique et joyeuse » pour protester contre un forage sous-lacustre à Noville (VD).
    VIDEO : https://video-cdg2-1.xx.fbcdn.net/v/t43.1792-2/13075292_1726906754258450_1179178881_n.mp4?efg=eyJybHIiOjE1MD


    Au nom de la municipalité, le syndic Pierre-Alain Karlen a refusé, estimant « aberrant » de vouloir organiser un cortège sur une route cantonale pour se rendre sur le site d’un forage « où il n’y a rien à voir ».
    Il a invité la citoyenne à organiser une « course en moyenne montagne » et s’est « fait un plaisir de lui soumettre une idée d’excursion », ce qui devrait lui permettre « d’oxygéner avantageusement ses poumons et son cerveau ».

    Recours au tribunal
    Interpellé par le député Martial de Montmollin (Verts), le Conseil d’Etat s’en est tenu à une courte réponse. Béatrice Métraux a rappelé qu’une manifestation peut être refusée lorsqu’elle met en péril l’ordre public, refusant de se prononcer sur ce cas précis.

    L’organisatrice ayant déposé un recours auprès de la Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal, le Conseil d’Etat ne pouvait pas s’exprimer davantage, par respect pour la séparation des pouvoirs. Mais les députés n’ont pas laissé passer l’occasion.

    Droit garanti
    L’interpellateur s’est indigné de la « légèreté avec laquelle le syndic s’assied sur des dispositions constitutionnelles. Le droit de manifester est garanti par la constitution », a-t-il rappelé.

    « C’est un scandale, une honte, un déni de démocratie. La décision choque, mais plus encore c’est le ton et le mépris affiché qui font hérisser les cheveux sur la tête », a ajouté Stéphane Montangero (PS).

    Pas n’importe quoi *
    « Si un incident était survenu, on nous aurait qualifiés d’irresponsables d’avoir autorisé une telle manifestation sur une route très fréquentée un dimanche de Fête des mères », a répliqué Pierre-Alain Favrod, député UDC et municipal à Noville.

    « La municipalité ne refuse aucune manifestation tant que l’on met en avant notre commune », a-t-il ajouté. C’est « volontiers » qu’il invite les socialistes ou les Verts à venir se réunir en congrès à Noville.
    « Je dis oui à la liberté de manifester, mais pas au détriment des habitants du village qui ont envie d’être tranquille chez eux. C’est le parcours qui posait problème. On n’accepte pas n’importe quoi dans le Chablais », a-t-il ajouté.
    Source : http://www.lecourrier.ch/139361/l_interdiction_d_une_manif_anti_forage_sous_le_feu_des_critiques

    Gare aux forages
    Plateforme d’information sur les forages profonds en Suisse
    et aussi : http://www.gareauxforages.ch/noville

    #Suisse #police #société #Manifestation #Pseudo_démocratie #UDC #forage #gaz #Noville

  • SOCIÉTÉ : : ÉCOLOGIE : : « Les OGM sont des éponges à herbicides »
    http://www.lecourrier.ch/139185/les_ogm_sont_des_eponges_a_herbicides
    http://www.lecourrier.ch/sites/default/files/courrier/images/articles/seralini_thomas_jouanneau.jpg

    Le professeur Gilles-Eric Séralini juge les études toxicologiques sur les organismes génétiquement modifiés ou les pesticides peu sérieuses.

    Au moment où le CETA (Traité de libre échange entre le Canada et l’UE) pourrait entrer en application, y compris à titre temporaire avant ratification, et où les négociations se poursuivent pour le TAFTA, l’inquiétude est de mise pour l’avenir des normes sanitaires et agricoles en France et en Europe...

  • Paris tance Berne dans le dossier fiscal Mercredi 18 mai 2016 ATS

    Devant le Sénat français, la procureure Eliane Houlette a évoqué plusieurs dossiers pour lesquels la coopération est difficile. Berne s’étonne des critiques.

    La procureure française en charge des délits financiers, Eliane Houlette, a déploré mercredi devant le Sénat à Paris une trop faible coopération judiciaire de la Suisse. A Berne, on s’étonne de tels reproches.

    Pressée par des sénateurs qui l’auditionnaient de faire la liste des pays avec lesquels la coopération en matière de lutte contre la fraude fiscale était difficile, Eliane Houlette a cité « la Russie, le Qatar, (l’île) Maurice ». Avant d’ajouter : « La Suisse n’est pas un Etat avec lequel nous coopérons facilement ».

    « J’ai deux dossiers en tête », a-t-elle dit à propos de la Suisse. Elle a évoqué, sans donner plus de précisions, un dossier important qui est en souffrance depuis 2014 faute de coopération de la part de Berne. Ses demandes n’ayant « rien donné », la procureure a décidé d’ouvrir une information judiciaire, c’est-à-dire confier l’affaire à un juge d’instruction, en espérant qu’il convaincra la Suisse de coopérer.

    L’Office fédéral de la justice s’est dit « étonné que de pareils reproches soient faits » et sans précisions sur les procédures concernées, l’OFJ a indiqué à l’ats « ne pas pouvoir s’exprimer plus en avant » dans ce dossier.

    Avocats très « compétents »

    Mme Houlette a également évoqué les difficultés des enquêteurs face à des fraudeurs parfois très fortunés, épaulés par des avocats « extrêmement spécialisés » et « compétents », qui utilisent « tous les moyens procéduraux possibles », aboutissant, selon elle, à une « quasi paralysie » de la justice.

    Deux procès majeurs de fraude fiscale, celui de l’ancien ministre socialiste Jérôme Cahuzac (qui a démissionné en 2013 après avoir reconnu avoir eu un compte caché en Suisse puis à Singapour) et celui du marchand d’art Guy Wildenstein, ont été suspendus juste après avoir commencé.

    Dans les deux cas, la défense a réussi à faire remonter au Conseil constitutionnel d’épineuses questions de droit.
    Le parquet national financier (PNF), créé suite à l’affaire Cahuzac, a été installé en mars 2014 en France pour mieux combattre la délinquance financière.

    Source : http://www.lecourrier.ch/139181/paris_tance_berne_dans_le_dossier_fiscal
    #Suisse #paradis_fiscaux #fraude_fiscale #délinquance_financière

  • Vevey (Suisse) - Le canton veut sauver son port franc Le Courrier, Jeudi 12 mai 2016 Sophie Dupont

    Visé par les mesures d’économies de la Confédération, le bureau de douane serait voué à disparaître. C’est sans compter l’intense lobbying du canton et des communes pour sauver leur coffre-fort de luxe.

    Derrière ses murs gris, le port franc de la Société des entrepôts de Vevey abrite un butin d’environ 500 millions de francs : œuvres d’art, textiles, alcools et autres marchandises sur plus de 3000 m2. Depuis quel­que temps, cette discrète entreprise plus connue des multinationales que de la population locale a des sueurs froides.

    Dans son « programme de stabilisation », plan d’économies qui doit être encore approuvé par le parlement, la Confédération a prévu de supprimer tous les bureaux de douane de moins de cinq personnes – soit 52 postes de travail dans toute la Suisse – pour économiser 7 millions de francs. Avec ses trois employés, le poste de Vevey est en plein dans le viseur. La ­Société des entrepôts de Vevey (SEV) pourrait perdre son statut de port franc acquis en 1982.
    Résistance politique
    
Mais c’est sans compter le front de résistance politique qui s’est formé depuis le début de l’année. Canton et communes sont décidés à sauver leur port franc et pourraient bien réussir à faire entendre leur voix à Berne.

    Le Conseil d’Etat a directement interpellé Ueli Maurer par écrit et entend poursuivre son lobbying en sensibilisant les parlementaires vaudois au sort du port franc de Vevey. Les dix syndics de la Riviera ont pour leur part cosigné une lettre au directeur de l’Administration fédérale des douanes.

    Le Département fédéral des finances ne fait pas de commentaires sur le cas précis du canton de Vaud. « Le Conseil fédéral va se prononcer sur le programme de stabilisation 2017-2019 à l’une de ses prochaines séances et confirmera, ou non, la suppression des postes de douane », rapporte son porte-parole Roland Meier. Vevey est le seul port franc de Suisse romande concerné par les coupes. Le Conseil d’Etat genevois a pour sa part déploré la fermeture du poste de douane de Thônex-Vallard (GE), à l’autre bout du lac.

    Un mauvais calcul
    Pour le Gouvernement vaudois comme pour les communes, le Conseil fédéral fait un mauvais calcul en sous-estimant l’importance du poste de douane pour le tissu économique du quatrième canton exportateur de Suisse. « De par sa position de canton carrefour de la Suisse romande, Vaud joue assurément un rôle de plaque tournante dans le transfert de marchandises », considère le Conseil d’Etat, qui ajoute que la SEV tient la deuxième place après Genève pour le stockage et le transit d’œuvres d’art.

    Un deuxième port franc, situé à Chavornay, est pour sa part épargné par le plan d’économies de la Confédération. Pour le Gouvernement vaudois, les deux structures sont complémentaires. Par manque de temps, celui-ci n’a pas évalué les entrées financières pour le canton et les communes.

    « Ce bureau de douane rapporte à la Confédération un peu plus de 12 fois plus que ce qu’il coûte », relève Laurent Wehrli, syndic de Montreux et conseiller national PLR qui a personnellement écrit au chef du Département fédéral des finances. Selon lui, la présence d’entreprises comme Nestlé, Merck Serono et le nombre important d’expatriés justifie le maintien d’un port franc de proximité.

    Le port franc de Vevey compte environ 3000 clients et sa douane encaisse près de 20 millions par an. Parmi ses clients, la SEV compte des privés mais aussi de grandes entreprises implantées dans la ­région comme Nestlé, Bombardier ou Syngenta. Sans statut de port franc, la SEV deviendrait alors un « entrepôt douanier ouvert », statut qui n’a pas le même prestige auprès des clients. « Nous avons des collectionneurs d’art et de tableaux de maîtres qui comptent sur la sécurité et la fiabilité du port franc », explique Pierre-Alain Perroud, directeur de la SEV qui célèbre cette année ses 75 ans d’existence.

    Un inventaire détaillé
    
Pour lui, le temps où les ports francs servaient à cacher les biens des riches au fisc est révolu. « Beaucoup d’Européens venaient y stocker leur valeurs, admet-il. Mais sous pression de l’Union européenne, les changements législatifs obligent les entreposeurs à demander à leurs clients un inventaire détaillé des marchandises. »

    En 2014, le Contrôle fédéral des finances tirait pourtant la sonnette d’alarme et s’inquiétait de l’utilisation parfois frauduleuse des ports francs, entre optimisation fiscale et planque pour du matériel de source illégale.
    Source : http://www.lecourrier.ch/139003/le_canton_veut_sauver_son_port_franc
    #Vevey #port_franc #évasion_fiscale #Nestlé #Bombardier #Syngenta #trafic_oeuvres_d’art #Douane #multinationales

  • A Amsterdam, la nuit a son maire

    Maire de nuit d’Amsterdam, premier élu du genre, Mirik Milan se décrit lui-même comme « un rebelle en costard ». Issu de l’événementiel, reconnu et apprécié, ce médiateur a été reconduit en 2014 par la population, les usagers de la nuit ainsi qu’un jury d’experts. Avec plus de 3,5 millions de visiteurs annuels pour 800 000 habitants (1,5 million avec la périphérie), Amsterdam est vendue comme « ville de créativité et d’inspiration » par l’Office du tourisme.

    Pour beaucoup, elle reste celle du vice... ou de la tolérance, selon les points de vue. De quoi occuper en tout cas Mirik Milan. Il n’est pas le seul car Paris, Nantes, Toulouse, Tokyo, Stockholm et Zurich se sont à leur tour dotées d’une instance similaire (Londres et Berlin y songent).

    Questions au lendemain du premier Sommet international des Maires de nuit qui s’est tenu les 22 et 23 avril à Amsterdam.

    Pourquoi un Maire de nuit ?

    Mirik Milan
     : Le premier Maire de nuit d’Amsterdam s’est présenté spontanément, en 2002, quand les autorités ont voulu interdire le « pole dancing » dans les bars et clubs de la ville. Au début, c’était une tâche bénévole assurée par des tenanciers d’établissements engagés dans la défense de la vie nocturne. En 2012, j’ai été élu sur un programme clair pour représenter ces milieux. L’année suivante, nous sommes devenus une fondation d’utilité publique, professionnalisant le poste de Maire de nuit. C’est un temps partiel, qui peut vite se transformer en plein-temps. La vie nocturne est partout en expansion, les villes se densifient et le tourisme explose ; le concept a donc de l’avenir.

    En quoi consiste votre tâche ?
    
– Je suis l’interlocuteur privilégié de tous les acteurs de la nuit : usagers, habitants, bars et clubs, industries créatives, mairie et administrations locales. Je mets un point d’honneur à rester indépendant et à donner de la voix s’il le faut, quitte à contrarier telle ou telle partie. J’agis comme un ambassadeur, un conseiller et une ressource pour toute municipalité, média ou professionnel intéressé.

    Quel bénéfice pour Amsterdam ?
    
– Les dimensions sociale, culturelle et économique de la nuit contribuent au rayonnement et au caractère innovant de la ville, donc à son attractivité pour les entreprises, les étudiants, les touristes. Pourtant, les serviteurs de l’Etat ignorent souvent les réalités de la nuit. Comment, dès lors, prendre les bonnes décisions ? Le Maire de nuit a un rôle central.

    Avez-nous un exemple concret ­d’intervention ?
    – Plus de 300 événements ont lieu chaque année à Amsterdam, des grands festivals techno aux concerts classiques sur les canaux. Beaucoup d’événements dansants ont lieu dans les parcs publics, ce qui déplaît aux associations d’habitants pour qui les parcs devraient être réservés à la détente ou la promenade du chien. La mairie élabore actuellement une nouvelle politique événementielle qui repousserait les festivals en périphérie, sur les parkings, dans les zones industrielles – pas les endroits les plus agréables. Notre fondation a donc lancé une pétition intitulée « Je vis à Amsterdam et je suis pro-festivals ! », signée par près de 7000 personnes à ce jour. Tout le monde est favorable à un équilibre, nous souhaitons seulement instaurer un dialogue avec les autorités sur cette question. Notre neutralité nous place dans la position idéale d’intermédiaire.

    D’autres villes se sont dotées d’un Maire de nuit. Quel bilan tirez-vous du premier sommet international d’Amsterdam ?
    
– Le sommet a été un grand succès, nous avons pu échanger nos expériences avec nos pairs et des experts venus du monde entier. Je me réjouis de voir tant de villes suivre notre exemple. Peu importe qu’il s’agisse d’un maire ou d’une commission collégiale, tant que c’est dans l’intérêt de la vie nocturne.

    Genève et Lausanne n’ont pas de Maire de nuit : devraient-elles y songer ?
    – Si le dialogue avec la municipalité est dans l’impasse, si une vraie politique de la nuit fait défaut, alors oui, ce peut être la solution. Le Maire de nuit a besoin d’un bon réseau de personnes partageant le même objectif. Les grandes villes ont intérêt à ce que soient entendues les voix de secteurs peu représentés mais néanmoins indispensables à leur prospérité.
    PROPOS RECUEILLIS PAR RMR
    http://nachtburgemeester.amsterdahttp://www.lecourrier.ch/138886/retiens_la_nuitm
    Source : http://www.lecourrier.ch/138886/retiens_la_nuit

  • Des ados en rupture cultivent la terre

    C’est au pied du Salève, dans le cadre bucolique d’un vaste domaine à #Troinex, que Laura et Arthur, deux jeunes adolescents, se rendent tous les matins de semaine afin de cultiver des légumes biologiques, s’occuper des chèvres naines, des lapins et des vaches de race bovine écossaise. Les deux ados ainsi qu’environ dix autres sur le même site suivent le programme « #Inserres » qui a démarré à l’été 2015 et qui a été inauguré mardi.


    http://www.lecourrier.ch/138838/des_ados_en_rupture_cultivent_la_terre

    #agriculture #adolescents #jeunes #réinsertion #Genève #Suisse

  • EDITO : : ACTUALITÉ : : Alternative brune
    http://www.lecourrier.ch/138564/alternative_brune

    Alternative brune
    Mardi 26 avril 2016
    Benito Perez

    Imaginez Marine Le Pen dans un an en tête du premier tour de la présidentielle française avec près de 40% des voix… Irréaliste ? C’est pourtant ce que viennent de vivre les Autrichiens dimanche avec la percée de Norbert Hofer. Bien évidemment, la présidence autrichienne n’a pas le poids du monarque républicain, mais les sondages semblent formels : des législatives aujourd’hui en Autriche donneraient les clés du gouvernement au mal nommé Parti de la liberté (FPÖ).

    Au pays de la social-démocratie raisonnable et du conservatisme bon teint, le choc est rude. Avec 11% chacun, les candidats du SPÖ (centre-gauche) et du ÖVP (centre-droit) sont laminés. Leur gouvernement commun à Vienne paraît condamné, deux ans avant terme. Il n’est pas pour rien dans la débâcle. Accordées aux réalités européennes, où les principaux choix économiques sont imposés depuis Bruxelles, les « grandes coalitions » entrent en revanche en conflit avec les systèmes représentatifs. La démocratie d’alternance exige des alternatives, fussent-elles symboliques.

    Comme en Allemagne, l’extrême droite autrichienne et les Verts se disputent ce rôle de premier opposant, devenu vacant. Chaque fois à l’avantage des populistes, qui ont pour eux la nouveauté, la radicalité et l’air du temps.

    A l’heure où la médiacratie française célèbre le « phénomène Macron », dernier avatar du discours de la fin des idéologies par ralliement au dogme néolibéral, un coup d’œil par-dessus les frontières n’est pas inutile. Afin de voir dans quel état de déliquescence est ressorti le travaillisme du blairisme et la social-démocratie germanique des grandes coalitions à répétition.

    En Espagne, où une violente crise économique et les mouvements sociaux ont eu raison du bipartisme, le mythe de la concorde nationale s’installe à son tour. Les plus extrêmes-centristes y réclament un gouvernement conservateur-socialiste-Ciudadanos dans une tentative de bâtir un front anti-Podemos. Comme si bâillonner le messager allait effacer le message.

    Avant de « dépasser les clivages », la politique doit d’abord les affronter. Les oppositions de classe, les divergences d’intérêts, les désaccords philosophiques ne disparaissent pas en les niant ; ils se redéploient. Et si ce n’est par la raison, ils reviennent en émotions, en passions.

    La démocratie, comme la politique, a horreur du vide. Et l’extrême droite – que l’ère de la démocratie, de l’égalité et de la citoyenneté aurait dû définitivement écarter – s’empresse de le remplir de ses slogans égoïstes et de sa haine.

    On a tendance à l’oublier : l’extrême droite n’est pas un danger mais bien une réalité institutionnelle en Europe. Dominante en Hongrie depuis des lustres et en Pologne depuis six mois, elle participe ou soutient les gouvernements danois, finlandais, suisse et croate. Son ancrage est bien plus profond que la vague migratoire actuelle. Aucune digue turque n’arrêtera sa marche en avant.

    A l’Est, elle a déjà remplacé la gauche comme principale alternative au néolibéralisme. A l’Ouest, il est minuit moins cinq.