La stratégie du mauvais élève

/la-strategie-du-mauvais-eleve.html

  • La stratégie du mauvais élève - Une heure de peine...
    http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2014/04/la-strategie-du-mauvais-eleve.html

    Dans la Trame conjugale, Jean-Claude Kaufmann découvre les tactiques que les hommes mettent en œuvre pour conserver les avantages acquis, et les solutions que les femmes acceptent, qui servent à justifier le maintien peu légitime d’une division du travail. C’est ainsi que l’homme peut apparemment manifester de la bonne volonté en acceptant de participer aux tâches ménagères tout en ne réussissant pas bien ce qui lui est demandé. IL entre dans la peau de l’élève qui « a normalement beaucoup de mal à apprendre : un rien sépare la mauvaise volonté de la difficulté réelle ». Par exemple, il ne parvient pas à se souvenir de la relation entre types de linge et programmes des mots d’excuse : « c’est pas que je veux pas le faire, c’est que je n’y pense pas ». Pour que les maîtres acceptent de si mauvais élèves, ces derniers font des efforts. Les hommes veulent montrer qu’ils ne sont pas devenus pour autant, après le flou agréable des débuts de la vie conjugale, des « machos » à l’ancienne. Ils témoignent de leur bonne volonté en exécutant telle ou telle tâche, choisie parce qu’elle semble moins pénible.

    Oui, j’ai déjà raconté cette soirée de voisinage où les hommes buvaient de la bière en se montrant leur iPhone pendant que les femmes les servaient. Les voyant se vanter de leur maitrise de leur joujou (en gros, ils savent installer des applications et les utiliser : ne surtout par leur dire que j’ai rooté mon Android pour étendre sa mémoire interne !), j’en rajoute en faisant l’épatée de leurs compétences technologiques… bien sûr, ça mord franchement à l’hameçon.
    Et là, tenant mon public et assez fort pour que toutes les femmes en profitent bien :
    -- Y a un truc que je ne comprends vraiment pas… (je suis en train de sortir l’épée de la muletta et bien sûr, ça bombe le torse à l’idée de pouvoir m’abreuver de leur science)…
    -- Oui, demande, Agnès, on va essayer de t’expliquer…
    -- Comment ça se fait que des gens doués comme vous avec les machines et la technique, vous vous retrouvez totalement incapables d’utiliser une machine à laver le linge toute bête avec seulement deux gros boutons à pousser ?

    Ha, ha, j’aurais tellement voulu filmer cet instant !

    Bon, après, on ne m’a plus invitée à des voisinades ! ;-)

    • J’avais un ami qui m’avait avoué avoir délibérément ce genre de stratégie quand il se mettait en ménage, un peu comme un exilé fiscal organise son insolvabilité. Il sabotait délibérément les lessives et les repas, jusqu’à ce que sa compagne « décide » de se passer de sa bonne volonté : « le partage des tâches ne résiste généralement pas quand je fais une lessive de ses fringues préférés à 90°C. Pour la cuisine, comme j’ai toujours refusé d’apprendre, je ne peux que rater tout ce que je fais. »

      Le seul truc réjouissant, c’est que quand il s’est retrouvé sans compagne, il a vraiment très mal mangé pendant plusieurs mois (au final, son incompétence à ce niveau n’était pas plus feinte que son profond désintérêt pour cette question particulière), mais en faisant les yeux du chat de Schreck, il a très vite trouvé des bonnes copines pour lui apporter sa bouffe, son panier de linge et passer un petit coup de balai dans les coins inaccessibles. Et je pense que le plaisir ménager a été un critère de sélection important pour la suivante…

    • Supporter le bordel… c’est l’une des clés. Mais putain, ce matin, je me suis sentie obligée de m’excuser auprès du plombier et de l’électricien… merde !!!

      Sinon, elle ne fait qu’effleurer la charge mentale : logistique, planification, relations extérieures et tâches administratives et comptables. En gros, ça pèse lourd et ça reste pas hyper visible dans la répartition des tâches.

      Il y a deux minutes, Mr Mono m’a appelé parce qu’il s’est retrouvé à expliquer une déclaration d’impôts au boulot. Pas de bol, il ne sait que très vaguement à quoi ça ressemble… vivement l’individualité administrative et fiscale au lieu du putain de foyer fiscal qui est toujours au nom de monsieur et gérée par madame !

    • il a très vite trouvé des bonnes copines pour lui apporter sa bouffe, son panier de linge et passer un petit coup de balai dans les coins inaccessibles

      wtf ! c’est un ami ça ? :D
      des baffes !

      Sinon j’avais vraiment bien aimé cet article sur le partage des tâches @mad_meg, c’est bizarre qu’il n’y ait pas le triangle plein d’ailleurs, j’étais persuadé que c’était ici que je l’avais trouvé…

      C’est vraiment une des clés (pour les femmes dans un couple hétéro) ce « j’en ai rien à foutre » récurrent. Et aussi surtout avec les enfants (et surtout les enfants garçons !) : ne pas tout faire à leur place, surtout quand ils ont déjà 10 ans et qu’ils sont censés savoir faire des choses avec leurs mains.

      Pour les impôts @monolecte oui, ça devrait être individuel, et ça va avec la prime d’activité nouvelle là, qui est aussi par foyer, et qui fait qu’on a que dalle, alors que tout seul j’aurais plusieurs centaines d’euros par mois… (oui c’est moi qui gagne moins :D)

    • #partage_des_taches
      Ça a été une des raisons de la séparation avec mon conjoint !
      Je le croyais prêt à équilibrer les rôles genrés, big déception. Le deal étant que lui s’occupait de notre bébé pendant que je bossais. Pour sûr, il cuisinait, la recette ? faire bouillir dans l’eau tout ce qu’on pense mangeable (notion toute relative où les pommes de terre pourries peuvent trôner), j’avoue avoir craqué au mélange nouilles riz patates et j’ai repris la cuisine le soir. Au final quand je rentrais du taf, il était fatigué de s’être occupé de l’enfant, je faisais donc sa toilette et jouais un peu avec, préparais le repas, passais le balai en même temps que je ruais méchamment dans les brancards parce que « celui ou celle qui fait la bouffe doit se taper aussi la vaisselle puisque c’est ellui qui est responsable que ce soit sale » (…) La solution de faire bosser une autre femme en nounou pour assurer la garde en journée du bébé a été le début de la fin, ça me coutait le quart de mon salaire, en plus d’être accusé de faire le jeu du capitalisme et d’être une #mauvaise_mère. Après six mois de ce régime, j’ai loué un box dans lequel j’ai descendu les affaires de l’envahisseur bouffeur de boulgiboulga et je crois ne m’être jamais remise de la tournure que les choses avaient prises et du rôle de #salope que j’avais du endosser.
      La suite est que j’ai déprimé, et j’ai lâché mon taf pour m’occuper de mon enfant avec les minimas sociaux, grande réussite assurée …

  • Fifty Shades of Abuse | Le cinéma est politique
    http://www.lecinemaestpolitique.fr/forums/topic/fifty-shades-of-abuse/#post-28945

    Mais enlevons le sexe de l’équation pour quelques minutes. Parce qu’en regardant ce film, j’ai été complètement terrassée parce que j’ai vu. Et par ce que des millions de femmes ont accepté comme étant une relation à laquelle aspirer.
    Christian rencontre Ana. Il est immédiatement obsédé par elle. Il trouve l’endroit où elle travaille, et s’y pointe sans prévenir. Il localise son téléphone une nuit et la confronte dans la rue. Il s’introduit même dans sa maison et l’effraie en rentrant dans sa chambre, alors qu’elle est seule.
    Quand ils commencent à sortir ensemble, il se met immédiatement dans une position de contrôle total. Il joue avec ses émotions et la désoriente, par exemple en l’embrassant tendrement, puis en la repoussant. Il refuse de partager son lit avec elle après qu’ils aient couché ensemble. Après à peine quelques jours, elle est déjà en larmes à cause de la manière dont il la traite. Elle se retrouve à regarder d’un œil envieux les couples qui ont l’air heureux et qui se montrent affectionnés l’un envers l’autre.
    Il lui achète un ordinateur pour qu’il puisse la contacter quand il veut. Il vend sa voiture et lui en achète une autre, qu’il a choisie, tout ça sans le lui demander. Il lui dit qu’elle n’a pas le droit de parler à qui que ce soit de ce qui se passe entre eux deux sous peine de voir leur relation s’arrêter. Il l’isole clairement de ses amis et de sa famille.
    Il choisit les vêtements qu’elle porte, le médecin qu’elle voit, le contraceptif qu’elle prend, la nourriture qu’elle mange. Elle n’a pas le droit de trop boire. Il lui dit que c’est son travail de lui plaire, et que si elle ne le rend pas heureux selon ses critères exacts, leur histoire est terminée.
    Quand il découvre qu’elle a prévu un voyage chez sa mère, dans un autre état, il est furieux. Il la jette par-dessus son épaule et hurle “TU ES A MOI. RIEN QU’A MOI. TU COMPRENDS ?”

    A ce moment-là, Christian contrôle complètement Ana. Il décide des moments où ils se voient, de l’affection qu’ils se montrent, à qui Ana parle et avec qui elle passe du temps. Ses amis et sa famille peuvent dire qu’elle est malheureuse.
    Mais par-dessus tout, Ana est désorientée. Quand elle veut communiquer avec Christian, elle ne sait pas si elle va le trouver réceptif, ou froid comme de la glace. Il est inconstant, et dans son désespoir de retrouver les quelques moments où il est gentil avec elle, cette inconstance garde Ana sous le contrôle. Elle a l’air de penser que si elle reste, si elle continue d’essayer, elle trouvera comment le rendre heureux, et il arrêtera de la traiter aussi mal.
    Ana est clairement au cœur d’une relation émotionnellement abusive.
    Maintenant, prenez tout ça, et rajoutez du sexe BDSM. Ensuite, prenez toutes les conditions que Christian a imposées à Ana, le contexte de leur “contrat officiel BDSM” qu’il lui a fait signer.
    C’est comme ça que ce film rend la violence domestique acceptable. C’est de la violence émotionnelle, déguisée en “contrat de sexe coquin”. C’est de la #violence_domestique, déguisée en fantasme sexy.

    #fifty_shades

    • J’avais commencé ce bouquin il y a peu de temps. J’ai tenu la moitié du premier tome avant de le rendre à sa propriétaire. Si on passe sur l’absence de qualité d’écriture, les scènes de cul aussi pitoyables qu’une blague salace à propos d’une banane, il reste un « petit guide de l’emprise » et une apologie de la violence psychique.
      J’avais l’impression de réentendre les discours des femmes victimes de violences avec qui j’ai travaillé qui se terminaient hélas trop souvent par « mais il m’aime... ».
      Bon, je pourrais écrire 3 pages sur pourquoi ce livre m’a autant énervé, mais je vais m’arrêter là... :)

      #culture_du_viol
      #a_gerber

    • Je viens de finir le premier tome. Au début — mièvre, mal écrit, agaçant — j’avais envie de le jeter. Puis j’ai trouvé intéressante cette description, du point de vue féminin, de la progression d’une relation pour le moins ambigüe, description assez précise sur les questionnements intérieurs, les atermoiements et l’emprise qui s’installe. Si l’héroïne est certes (sexuellement ET amoureusement) inexpérimentée, elle n’est pas une oie blanche et oppose de saines questions et réactions.

      Effectivement non, il ne s’agit pas d’un roman SM ni même érotique. Ce livre est un portrait, celui d’un « maniaque du contrôle » qualifié comme tel, tout puissant, possessif, harceleur, qui souffle le chaud et le froid, bref manipulateur. L’auteure le dit elle-même : « Cette histoire de domination-soumission n’est qu’une diversion par rapport à son problème fondamental » avant de faire rompre son héroïne.

      Je ne sais pas comment le film retranscrit le livre, mais je n’ai aucune envie de le voir, après les retours vaguement séduits qui m’en ont été faits.

    • Je viens d’aller voir la bande-annonce (méga bof, bourrée de gadgets masculins : chemise, cravate, voiture, avion… filmés comme dans les spots publicitaires) et j’ai hurlé d’horreur en y lisant la mention « pour la Saint Valentin », intercalée à 2 reprises. Comment peut-on penser un seul instant offrir telle histoire pour la Saint Valentin ? Mais au secours !

      #50shades #vomir

    • Je n’ai ni vu le film ni lu le livre mais, abstraction faite de la qualité de la chose et du marketing autour de tout ça (le problème fondamental est peut-être dans ces 2 éléments ?), est-ce que l’une des œuvres fait réellement l’apologie de ce mode de relations ? Si c’est le cas alors oui ça me semble tout à fait condamnable. Si ce n’est pas le cas, je ne vois pas où est le problème de raconter l’histoire d’un maniaque et de sa victime, heureusement que la littérature et le cinéma ne se cantonnent pas à raconter des histoires d’égalité et d’amour parfait.

    • Personellement il est hors de question que je lise ce livre. Je ne peut donc pas répondre a ta question @alexcorp. Par contre le battage médiatique, la manière dont la sortie du film est associé à la saint Valentin, les différentes critiques qui font l’impasse sur les maltraitance et ne gardent qu l’aspect érotique et l’apologie du BDSM ou des considérations misogynes sur le « mom porn » indique qu’il y a un problème grave autour de ce livre-film. Comme il y en avait deja un avec Twilight dont est derivé 50shade of Gray et qui était deja une apologie de la violence conjugale, et des comportements d’un homme pervers-narcissique. La press fait comme si c’était une romance mievre mal écrite et le marketing montre que le personnage de Gray est un model puisque on propose des vetements d’hommes et autres accessoires pour que les hommes s’inspire de lui pour faire craquer les femmes qui ont ete si nombreuses a fantasmer. Le livre n’est pas non plus considèrer comme un drame psychologique « le portrait d’un PN » mais comme un livre érotique pour femmes « vous allez adorer vous faire traiter comme une merde » comme c’est deja le cas pour Twilight qui ciblait les adolescentes pour leur apprendre à aimer les hommes dominateurs et sadiques qui ne font pas exprès c’est dans leurs nature et c’est eux qui souffre le plus les pauvres choux...

      Le résultat c’est Ca
      http://sous-les-jupes-des-filles.tumblr.com/image/111211502999

    • La différence, je crois que dans le jeu, l’un des partenaires (la femme...) est « d’accord » pour être abusée, parce que c’est complètement normal d’être abusé pour une femme... Du coup, quand tu te rends compte que c’est la même chose, l’abus et le jeu, que ça relève de la même iniquité, t’es vraiment comme une conne, tu ne peux pas te plaindre d’un choix que tu as fait... Idem pour les tâches domestiques : ce n’est pas parce qu’un couple se « met d’accord » sur leur organisation que c’est équitable.
      Je ne sais pas si ça répond à la question. Le blog « une heure de peine » avait fait un excellent post là-dessus, je peux peut-être le retrouver.

    • Purain, j’ai fini par trouver : http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2014/04/la-strategie-du-mauvais-eleve.html

      « L’argument de Kauffmann est donc le suivant : ce sont dans les interactions au sein du couple que se reproduisent les inégalités domestiques, au travers des arrangements apparemment libres, mais en fait inégaux, entre les conjoints. Un résultat très proche avait déjà été mis à jour aux Etats-Unis dans l’ouvrage The Second Shift (1989) de Arlie Hochschild : au travers de l’étude approfondie de plusieurs couples, l’auteure mettait en avant, de la même façon, les stratégies mises en œuvre par les hommes et les femmes pour négocier, rarement de façon très égale, les tâches domestiques. »

      Bon, ça parle des tâches domestiques, mais j’ai l’impression que ça procède du même embistrouillage... Et finalement, c’est un argument machiste qui revient souvent : « les femmes sont les premières à participer au machisme ! »

    • ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas qu’on te fît

      Beau principe à première vue mais malheureusement bien compliqué : si quelqu’un te demande de lui faire quelque chose que tu n’aimerais pas qu’on te fasse, faut-il le faire ? Et si tu attends de quelqu’un qu’il te fasse ce que lui ou elle n’aimerait pas qu’on lui fasse, que fais tu ? Bref, on en revient à la morale et à la subjectivité de chacun.