• « Timbuktu », le film d’Abderrahmane Sissako, loin de la réalité | Rues d’Afriques | Rue89 Les blogs

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    Aussi éblouissant que soit le film, on reste gêné aux entournures après l’avoir vu. Cette oeuvre de fiction assume certes une grande liberté dans son langage poétique et son usage de la métaphore.

    Le problème, c’est qu’elle entend dénoncer une réalité sur laquelle elle s’est largement basée, au stade de l’écriture du scénario, et dont elle a été très proche dans son tournage, sur le plan géographique et chronologique.

    L’ethnologue français Paul Pandolfi, directeur de la Maison des sciences humaines de Montpellier, avance cette explication sur la « construction du mythe touareg » :

    « Le stéréotype touareg s’est construit dans le cadre d’une relation triangulaire. La schématique opposition Nous/Eux est insuffisante pour en rendre compte car le second terme n’est jamais unique ni homogène [il y a des Touaregs blancs et des Touaregs noirs, NDLR].

    La figure du Touareg ne peut se comprendre sans référence à ces seconds autres (souvent dévalorisés) que sont les populations dites “arabes” ou “noires”. Le stéréotype s’appuie sur deux discours préexistants : la vulgate coloniale avec ses divers couples antinomiques (Arabes/Berbères, nomades/sédentaires, dominants/dominés), mais aussi le discours qui depuis le XVIIIe siècle valorise le bédouin nomade à partir de l’exemple moyen-oriental. »

    #mali #tombouctou