Mathieu Bellahsen, La santé mentale. Vers un bonheur sous contrôle

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    • Une digression dont j’espère qu’elle ne passe pas pour une correction :) @fil tu emploies parfois #santé_mentale, je sais pas si il serait préférable de dire #souffrance_psychique ou encore autrement mais « santé mentale » est une notion problématique, comme bien des syntagmes actuels. J’ai pas le livre (préfacé par #Jean_Oury) sous la main, mais voilà un bout de la 4e de couv. de _La santé mentale, Vers un bonheur sous #contrôle_ , de Mathieu Bellahsen
      http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=860

      ...la notion de santé mentale est devenue un opérateur essentiel, car, selon un rapport officiel, « la mauvaise santé mentale coûte à l’Union européenne de 3 à 4 % du produit intérieur brut, à la suite d’une perte de productivité ». La pression de l’industrie pharmaceutique, le rôle dominant des neurosciences dans la recherche, la dévalorisation systématique de la psychanalyse, toute cette dérive fait de « la santé mentale pour tous » une nouvelle #norme, un outil dans la #gestion #néolibérale des populations. Le « complet bien-être », le bonheur sous contrôle, telles sont les visées que sous-tend le terme faussement rassurant de santé mentale.

      Ou, dans une note de lecture
      http://lectures.revues.org/15258

      De ses origines progressistes d’après-guerre jusqu’à nos jours, l’auteur nous montre combien l’acception originelle du concept de santé mentale s’est considérablement #renversée avec le temps.

      ou bien là (sur Jean Oury et avec des interv. de Oury) à propos de « peste managériale » etc.
      http://seenthis.net/messages/343841

      Pour en revenir chouïa aux enfants détenus, la « psychothérapie institutionnelle » a parmi ses fondements la critique de l’#enfermement, la prise en compte du caractère pathogène de nombre d’institutions.

    • Merci, ça mérite vraiment d’être précisé, et la note de lecture que tu cites est très claire et pertinente.

      De mon côté j’utilise ce tag en général pour pointer les conséquences psychiques de violences structurelles. Le mot composé me permet de classer ces articles avec tous ceux qui traitent de (mauvaise) santé. Je n’en ai pas de meilleur — la suggestion de se baser sur la souffrance me semble plus que problématique.

    • You’re welcome . Content que ce post soit pas pris comme une « leçon » ( médoukicausécomençuilà ?). Cela fait plusieurs fois que je voulais dire un mot sur cette notion de santé mentale. La dimension normative y prend le pas sur la notion de #soin, la technocratie néolibérale parle cette langue et occulte ce qui est fondamentalement en question. C’est là où il y a peu de soin (voire une #maltraitance aux formes très variables, jusqu’à l’insoutenable), y compris la où un care abstrait sert d’alibi à la société de concurrence (cf. Martine Aubry), que le terme vaut sans avoir à décrire et à prendre en compte le problème de base que l’on peut nommer souffrance psychique. Celle-ci ne disparaîtra pas, c’est l’une des raisons de la défense de la psychiatrie comme #pratique de soin et pas de normalisation, et, chez les tenants de la psychothérapie institutionnelle, de la valorisation d’une aptitude au soin généralisée, par de-là les professions et la hiérarchie. Il est en revanche nécessaire de chercher à détruire et/ou modifier les structures sociales, institutionnelles, culturelles #pathogènes. Si on prend l’exemple de la morbidité des chômeurs (dont le suicide), on est conduit à mettre en cause à la fois le dénuement matériel, la coupure d’avec l’activité sociale dont le travail est supposée être le parangon, donc l’idéologie du travail et du plein emploi et d’autres dimensions encore.

      Cela m’a attristé de voir que l’article Oury que j’ai publié ici il a peu semblait avoir intéressé peu de monde. C’était un grand bonhomme, un penseur érudit, un praticien subtil. Il participait d’un courant qui a su, à sa façon, prendre au sérieux la barbarie de nos sociétés et la combattre obstinément au quotidien durant des décennies (on mesure le degré de civilisation d’une société au sort qu’elle réserve à ses fous disait Foucault, que J.O n’aimait guère). De telles figures sont rares, et paraissent vouées à l’être toujours plus. Alors une question se pose, qui n’est pas individuelle, qui peut trouver des applications dans des champs divers : ce serait quoi hériter de ça ?