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  • Lutter contre la haine sur Internet, par Olivier Ertzscheid
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/02/22/lutter-contre-haine-internet-257848
    http://fr.slideshare.net/olivier/lutte-contre-la-haine-sur-internet

    D’abord, il n’y a pas de « discours type de la #haine ».

    Il faut ensuite acter l’état actuel des législations (américaines, françaises, etc.) qui disposent en l’état d’un arsenal de textes déjà largement suffisant pour encadrer, pour « surveiller et punir » dirait Foucault, l’expression des discours de haine.

    Il faut, enfin, accepter, reconnaître et comprendre un certain nombre de principes simples qui caractérisent les modes d’expression sur le réseau : le premier d’entre eux est la « tyrannie des agissants » décrite par Dominique Cardon (« #Internet donne une prime incroyable à ceux qui font »).

    La loi. Les règlements (CGU). Et le code. Nouvelle version de la trilogie « Le Bon, la brute et le truand ». Dans l’ordre. Une trilogie dans laquelle le « nul n’est censé ignorer la loi », devient, à partir du moment où le code est la loi, « nulle loi ne peut plus se permettre d’ignorer le code », permettant du même coup que Mark Zuckerberg écrive « nous ne laissons jamais un pays ou un groupe de gens dicter ce que les gens peuvent partager à travers le monde » sans que personne d’autre que le type en train de rédiger ce billet ne semble s’en émouvoir outre mesure.

    Donc on oblige, on contraint, par voie législative et à une échelle transnationale (comme par exemple la Convention de Berne permet de la faire pour la protection des œuvres littéraires et artistiques), on contraint les plateformes à rendre publique la partie du code qui détermine ces choix d’éditorialisation classique [à rendre public leurs algorithmes]. Et ce faisant, à mettre en délibéré cette partie du #code. Parce que, comme le disait Bernard Stiegler, « la #démocratie est d’abord un exercice de rendu public. »

    #médias_sociaux #algorithmie #droit #commentaires #trolls cc @quetzal

  • « La technologie possède les qualités que nous cherchons dans la religion » - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/02/22/technologie-possede-les-qualites-cherchons-religion-257763

    Entretient avec George Dyson

    Je suis considéré comme un historien des technologies – et c’est en partie vrai. Mais je me considère davantage comme historien des gens, et en particulier des gens qui ont un rapport avec la technologie.

    ...

    Du point de vue de l’univers numérique, du monde des chiffres, vous avez ces chiffres qui essaient de croître, qui sont comme des herbes folles ou des mauvaises herbes, ils poussent partout où ils trouvent de quoi se nourrir.

    Et les nombres disent « Copie-moi et prends-moi avec toi, et copie-moi encore et dissémine moi », exactement comme la graine se transforme en fruit pour attirer l’animal qui mangera le fruit et permettra à la graine de se déplacer.

    ...

    J’ai toujours été attiré par ce qui est sauvage – et aussi par la sauvagerie. Par exemple, l’herbe qui pousse dans les fissures de l’asphalte, au beau milieu d’une ville. C’est sauvage, mais ce n’est pas de la sauvagerie. Le monde numérique a des propriétés similaires : si organisé et civilisé puisse-t-il sembler, le sauvage finit toujours par revenir.

    Aussi longtemps qu’un système admet l’arithmétique, il admet l’imprévisible. Pour certains, c’est terrible : « Oh nous ne pouvons pas entièrement contrôler l’univers ! » Pour moi, c’est ce qui nous sauve. Même ce nouveau monde numérique va perpétuellement s’ensauvager et demeurer sauvage, et c’est précisément ce qui le rend intéressant.

    ...

    La religion existe parce qu’il y a un fossé entre l’esprit des êtres humains et celui de Dieu, et c’est dans cet espace vide que nous créons la religion. Et cet espace est aujourd’hui un terreau très fertile pour la technologie.

    Au fond, la technologie est une couche supérieure, un esprit plus vaste que celui des êtres humains, et elle possède les qualités que nous cherchons dans la religion, pour dépasser la mort des individus. C’est pourquoi je pense que nous allons assister à ça, ça n’est juste pas encore mûr.

    ...

    Pour moi, l’univers numérique est quelque chose de très réel, ça n’a rien d’imaginaire. C’est une matrice dans lequel tous ces bits se déplacent, à un moment donné, avec une taille donnée. Il y a deux ans, cet univers grandissait à la vitesse de 5 trillions de bits par seconde. Ça grandit. Ça a sa propre matérialité, ses propres règles, sa propre physique. Et c’est une physique différente de celle qui régit l’univers dans lequel nous vivons. Ce n’est pas parce que nous avons créé cet univers qu’il n’est pas réel. C’est juste un univers différent. La question est : dans quel sens va-t-il évoluer ?

    Certains disent que lorsque nous éteignons un ordinateur, il disparaît, ce qui veut dire que nous gardons le contrôle dessus. Mais pourrons-nous toujours éteindre nos ordinateurs ?

    #numérique #George_Dyson