« Il n’y a qu’une porte et on n’a pas le choix… » – Madjid Ben Chikh, Tokyo | Le Blog de Suppaiku
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Quand j’ai eu mon bac, on n’était que 3 ou 4 pour cent d’enfants d’ouvriers à avoir le bac. Moi, papa était au chômage, et il était algérien. Alors, je ne sais pas à combien se réduit la proportion, ce que je sais, c’est qu’à partir de la seconde j’étais le seul arabe.
En fac, c’était très très blanc, classe moyenne avec des dégaines d’animateurs sociaux culturels de gauche de grandes banlieues pavillonnaires.
Vous me direz, je n’ai pas de raison d’en vouloir à qui que ce soit, et je ne leur en veux pas, et ma « haine » à leur égard était de ces haines abstraites, non pas tournées contre l’individu lui-même (je me suis fait de très bon amis, dans ces classes moyennes), mais plutôt une sorte de haine purement politique qui ne s’exprime que quand ils ne mettent à vouloir me parler de moi, de nous. Alors là, c’est comme un truc qui bout dedans, ça chauffe et j’ai envie de leur foutre leur culture et leur Bourdieu de merde sur leur tronche de Monde Diplomatique.
Tiens, pas plus tard qu’hier, je regardais le (très bon) documentaire de Arte sur les anarchistes. Générique, et hop, Tancrède Ramonet, gauchiste professionnel de père en fils, un bon gagne pain, et puis ce nom, hein, je t’en donnerais, moi, du Tancrède. Je me rappelle, en fac, une fille qui s’appelait Eurydice. Pourquoi pas Persée -c’est joli Persée, non ?
Nous, moi, j’ai eu droit à des professeurs qui écorchaient ET le prénom ET le nom, avec ce superbe Ben Quiche (quiche Lorraine, la quiche, etc) qui m’a suivi jusqu’en seconde.
Vous me direz, je n’ai rien contre leurs noms de gamins de bourgeois intellectuels d’extrême-gauche, il y a juste qu’ils me sortent par les trous de nez quand ils me parlent de pauvreté ou me disent même que je ne comprends rien à la lutte de classe, là, des fois, j’ai des envies de récessions de plus de 90% en six mois, histoire d’être bien sûr et certain qu’ils perdent leur boulot subventionné par le Centre National du Cinéma, le Centre National du Livre ou l’E.H.E.S.S., là où on lit Bourdieu pour apprendre à parler des quartiers et du racisme.
#Bam