Erri de Luca : « La ligne ferroviaire Lyon-Turin doit être sabotée »

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    En Italie, il existe toute une procédure de contrôles antimafia avant d’accorder un appel d’offres à une entreprise. En créant une société en France, on contourne ce problème. Il y a évidemment des entreprises liées à la mafia – plus précisément de la n’drangheta calabraise – qui travaillent sur le chantier de la ligne Lyon-Turin, comme sur les chantiers de l’Expo 2015 à Milan. C’est une forme de « normalité » chez nous. Il faut savoir que l’Italie est le pays où l’on construit des autoroutes en enfouissant dessous des déchets toxiques, grâce à un système de complicité entre la mafia, les partis politiques, les entreprises de travaux publics, y compris ceux qui sont chargés de faire les contrôles sur les travaux publics ! C’est un système de corruption à l’état pur qui jouit d’une impunité totale.

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    François Hollande et Matteo Renzi vont annoncer ce mardi à l’issue du sommet franco-italien à Paris leur engagement définitif en faveur de la ligne ferroviaire Lyon-Turin. « Il y a deux ans, Matteo Renzi était résolument contre ce projet », relève Erri de Luca qui comparaît depuis janvier devant le tribunal de Turin pour « incitation au sabotage ». L’écrivain, lui, continue d’affirmer ses convictions et défend avec détermination sa liberté d’expression.

    Rome, correspondance. – « Je comparais pour incitation au crime, parce que j’ai dit que le sabotage du chantier de la ligne Lyon-Turin – la TAV (Treno Alta Velocità) – est nécessaire », tient à préciser d’emblée, en français, Erri de Luca. « Au crime », marmonne-t-il en m’accueillant dans sa cuisine, pièce principale de cette maison qu’il a construite de ses mains, il y a trente ans, dans la campagne romaine.

    Poursuivi depuis septembre 2013 par la société franco-italienne LTF (Lyon Turin Ferroviaire), Erri de Luca risque jusqu’à cinq ans de prison. Ayant refusé que le procès se déroule à huis clos, l’écrivain a déjà affronté une audience publique le 28 janvier 2015. La prochaine audience aura lieu le 16 mars : le juge entendra alors cinq témoins – deux de l’accusé et trois de la défense – puis procédera à l’examen de l’accusé et annoncera la date de l’audience suivante, pour les plaidoiries.
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    Au jour de notre rencontre, le 22 février, le silence de la demeure de l’écrivain et alpiniste italien contraste avec la clameur de la foule qui défile dans les rues de Turin. 10 000 personnes – 4 000 selon les forces de l’ordre – dénoncent l’accord devant être signé ce mardi 24 février à Paris entre le président de la République française François Hollande et le président du conseil des ministres italien Matteo Renzi engageant la France et l’Italie dans la phase de travaux définitifs du tunnel de la ligne Lyon-Turin.

    À 64 ans, Erri de Luca, ex-activiste d’extrême gauche, vit seul et passe ses journées à lire et traduire des textes sacrés de l’hébreu ancien. Sa traduction du livre d’Esther a été publiée en même temps que La Parole contraire, ce pamphlet qu’il a rédigé pour préparer sa défense suite à la plainte déposée par la LTF, et publié notamment en France et en Italie en janvier dernier.

    Depuis sa convocation en justice, il ne parvient pas à se plonger dans l’écriture et attend impatiemment le verdict dont la date est à ce jour inconnue.

    Mediapart.- Erri de Luca, quand vous avez qualifié le sabotage du chantier de la ligne Lyon-Turin de « nécessaire », étiez-vous conscient des conséquences de ces mots ?
    Erri de LucaErri de Luca

    Erri de Luca.- Je suis de près la lutte du Val de Suse depuis une dizaine d’années. Je suis allé dans des manifestations, je suis souvent intervenu en public et j’ai à chaque fois répété que ce projet doit être saboté dans le sens politique du terme : il faut tout faire pour entraver les travaux. « Saboter ». Voilà l’idée que j’exprimais le plus souvent. Mais en 2013, pour la première fois, je le disais à un journal. On m’a téléphoné pour avoir une réaction. Je n’ai fait que répéter ce que je disais depuis des années dans les assemblées et qui n’avait jamais posé de problème jusque-là. Le fait de le dire à la presse apparemment devenait un problème.

    Et vous persistez.

    « Saboter » est un verbe noble, utilisé par Gandhi et Mandela.

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    Pourquoi :

    Parce qu’il y a déjà une ligne ferroviaire qui fonctionne en sous-régime, à seulement 30 % de ses capacités ! Cette nouvelle ligne de 57 km qu’ils veulent construire ne sera d’ailleurs même pas une ligne à grande vitesse ! Les trains circuleront à une vitesse normale. Et même si elle était indispensable, il faudrait l’empêcher car il est criminel de perforer des montagnes qui contiennent des gisements de pechblende, un matériau hautement radioactif et d’éparpiller de l’amiante.