Sylvain George, réalisateur : « Si des migrants dorment sous les ponts, c’est à cause des politiques européennes » - The Dissident

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    Il reprend un texte éponyme très beau, éloquent, fort, universel, du poète Henri Michaux qui touche à la condition humaine. C’est un texte d’homme en colère, qui ne se satisfait pas de l’ordre des choses, au monde tel qui est. Je l’ai mis au pluriel car il synthétise ce que traversent les migrants. On constate tous les jours que ces politiques migratoires sont désastreuses et intolérables, quelque soit le lieu où elles s’appliquent, en Europe et en dehors. Jacques Rancière a donné un bel entretien, à l’occasion de la sortie de mon film, dans lequel il évoquait ce degré d’intolérable. Des milliers de personnes meurent dans le désert, la mer Méditerranée, l’Atlantique et même dans Paris intramuros. Le fait que des personnes soient contraintes d’emprunter des chemins illégaux, dits de muletier, résulte de politiques macroéconomiques, géopolitiques et migratoires. Qu’est-ce qui fait que quand on vient de tel pays on peut bénéficier d’un visa ou pas ? Au Mali, la longueur de la file d’attente pour obtenir un visa, c’est dramatique ! Il y a une politique de restriction, une #discrimination par rapport à certains pays du monde. Ces populations qui ne peuvent se déplacer librement sont obligées d’emprunter des chemins multiples, dangereux et mortifères. Pour autant, ça me semblait important de ne pas montrer ces migrants comme des victimes, avec un angle humanitaire, social, compassionnel. Je les vois comme des sujets politiques, qui pour des raisons qui sont les leurs et que je trouve légitimes, décident de tracer leur ligne de fuite pour construire leur devenir. Par exemple, quitter l’Érythrée qui est une dictature. C’est une décision parfaitement assumée. Ça me semble juste d’aborder ces personnes avec ce respect. A Calais, quand je rencontre des migrants qui dorment sous les ponts je ne leur parle pas d’un point de vue apitoyé, misérabiliste, mais politique. Si ces personnes dorment sous les ponts c’est la conséquence de décisions politiques.