• On ne se parle plus ? Arrêtez de vous plaindre et ouvrez des bistrots ! | Rural rules | Rue89 Les blogs
    http://blogs.rue89.nouvelobs.com/rural-rules/2015/02/20/ne-se-parle-plus-arretez-de-vous-plaindre-et-ouvrez-des-bistr

    Je sais pas. En tout cas, on ne faisait rien. La municipalité ne faisait rien. Personne ne faisait rien. On attendait en soupirant.
    Et on aurait pu en rester là : un village, quatre commerces et demi – tous vaillants. Un café de jour et une buvette grasse de tabac, qui ouvre de bonne heure et ferme quand ça chante au patron. Rien le soir. Et rien d’autre que quelques rendez-vous rituels – des lotos, quelques bals éparpillés dans l’année, le cinéma rural – pour que les gens se croisent. Se rencontrent. Discutent. Déposent, le temps d’un verre, les armes de ces guerres idiotes qui forgent la monotonie tous les bleds de France. Le club de tarot contre le comité des fêtes. La mairie contre les artistes. La gauche contre la droite. Les vieux contre les jeunes. Les riches contre les pauvres. Les hétéros contre les homos. Et tous les voisins entre eux...
    Mais un soir, on n’en a plus pu.
    A quelques-uns – une demi-douzaine – on s’est dit : merde. On s’y met. On fonce. On va pas se regarder s’enliser dans l’ennui sans rien dire, en évoquant béatement le passé, ou ces villages de Creuse qui savent encore bouillonner.
    Plus de café pour faire durer la vie ?
    On en ouvre un !
    Il y a une règle simple quand tu habites loin des villes : tu n’obtiens rien sans ta propre implication. Si tu veux quelque chose, il faut le produire, ou participer à le produire. Te mouiller, quoi. Il faut mettre en place toi-même les solutions à tes problèmes. Parce que sinon, qu’est-ce qu’il te reste une fois que tu as dis que les politiques publiques t’ont laissé tomber, que la population vieillit, que les commerces ferment, que les gens ne se parlent plus, que les occasions de s’amuser sont rares, et que tout ça manque quand même cruellement de « swag » ? Il te reste rien : deux yeux, des larmes, et une fascination factice pour les avenues.