• Le bien, le mal et le « terrorisme », par Eric Rouleau
    http://www.monde-diplomatique.fr/2007/05/ROULEAU/14721

    Une abstraction conceptuelle... C’est ce que demeure le #terrorisme, la « communauté internationale » n’ayant pas réussi à lui attribuer une définition. Dès 1937, la Société des nations (SDN) échoua à adopter une convention pour sa prévention et sa répression faute d’un accord entre les Etats membres. Pour la même raison, l’Organisation des Nations unies (ONU), malgré une multitude de débats qui se sont déroulés tout au long de ses soixante ans d’existence, n’a pu déterminer sa nature. Plus récemment, lors de sa création en 1998, la Cour pénale internationale (CPI) a dû exclure de ses compétences le terrorisme international bien qu’elle soit chargée de sanctionner un large éventail de crimes, y compris celui de génocide.

    Il n’en demeure pas moins que le thème a envahi la presse écrite et audiovisuelle ; des systèmes répressifs ont été instaurés dans nombre d’Etats sous prétexte de résister à une menace jugée existentielle. Rarement dans l’histoire de l’édition autant de livres, érudits ou non, ont été consacrés à un phénomène qui a conduit à la « guerre » proclamée par le président George W. Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

    • Il n’y a pas si longtemps, aux Etats-Unis, un conférencier devait éviter d’analyser les causes politiques et sociales de la violence, de crainte d’être soupçonné de justifier le terrorisme. L’oukase officiel exigeait que l’on considère la planète comme menacée par la haine irrationnelle de la démocratie. Politologues et journalistes évitaient prudemment de s’engager à contre-courant. Cependant, la vague de contestation qui déferle, à la suite des scandales qui éclaboussent l’administration Bush, balaye progressivement les tabous et les idées reçues, comme en témoignent plusieurs œuvres parues récemment.

      La vague a bien reflué, aujourd’hui il est plus que jamais tabou de chercher les causes.