• « L’Europe doit abandonner l’euro »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/02/l-europe-doit-abandonner-l-euro_4585513_3232.html

    Suite du livre de Wolfgang Streeck traduit chez Gallimard, "Du temps acheté", et du débat sur l’euro qui l’a opposé à Jürgen Habermas l’an passé...

    Si tout se passe bien, nous assistons au commencement de la fin de l’union monétaire européenne. « Si l’euro échoue, l’Europe échoue », disait Angela Merkel. Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse. L’euro est en train de détruire l’Europe. Si l’euro échoue, il se pourrait quand même que l’Europe finisse par ne pas échouer. Ce n’est pas certain : les blessures qu’a causées l’union monétaire sont trop profondes.

    Avec l’arrivée au pouvoir en Grèce du parti de gauche Syriza, en alliance avec un parti groupusculaire d’extrême droite, le projet monstrueux consistant à greffer une monnaie commune à des sociétés ayant des économies différentes semble devoir connaître la fin qu’il mérite.

    On en avait pourtant fait, des tentatives ! On avait commencé par installer à la place des gouvernements élus des technocrates issus des bureaucraties financières privées et publiques, mais les peuples ingrats les ont renvoyés chez eux. L’ère de la docilité européenne est ainsi révolue : les institutions démocratiques ont rejeté les implants bruxellois.

    #euro #Syriza #Podemos #monnaie

  • Internet, ou l’inversion du capitalisme
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/02/internet-ou-l-inversion-du-capitalisme_4585982_3232.html

    On ne voit pas très bien à quoi pourront servir dans deux ou trois décennies des métiers comme ceux de fonctionnaire, de traducteur, d’agent d’assurances, de courtier, de vendeur, d’enseignant et même, pourquoi pas, d’avocat, de médecin, de pharmacien : tous ces métiers pouvant être progressivement remplacés par l’intelligence artificielle. Ne resteront alors que de petits métiers manuels ou encore des métiers créatifs mais peu lucratifs, comme ceux d’artiste ou d’artisan.

    On peut, d’ores et déjà, prévoir que, si rien n’est changé, cette forme de capitalisme à l’envers éradiquera une grande partie de la classe moyenne actuelle en la faisant basculer dans un no man’s land. Sans emploi, cette vaste classe ne pourra plus se payer aucun luxe. Privé ainsi de la majeure partie de sa plus-value comme source de profit, ce système économique sera-t-il encore viable ?

    Je suis peut-être naïf, mais je ne crois pas vraiment à l’idée d’un capitalisme qui exclurai les classes moyennes. Qui les asservirai, les exploiterai, les avilirai, les manipulerai, etc. oui, sans aucun doute. Qui exclurai les plus marginaux, aussi. Donc sur le fond le problème reste entier.

    Mais ceci étant donc posé, j’ai le sentiment qu’au contraire, la masse du capitalisme, et du capitalisme numérique en particulier, est plutôt en quête d’un « équilibre » (ce qui suppose donc bien d’exclure les marges, à commencer par celles du bas). En gros, c’est souvent 10 fois mieux de vendre 10 000 fois un produit à 1€ que 100 fois l’un à 10€. Ça trompe personne ^^

    Au passage, on peut d’ailleurs ajouter qu’il ne devrait clairement pas appartenir à un petit groupe d’entités privées de réguler et d’organiser cet équilibre, et ce d’autant plus quand il s’agit, comme le rappelle l’article, de la connaissance, de la communication ou de l’économie entre les personnes. Le problème n’est pas nouveau, mais sur ce plan il s’exacerbe. Les challengers existent, il faut les favoriser plutôt que d’envisager de démanteler des monopoles sans aucune vision alternative (d’ailleurs il conviendrait aussi d’interroger sérieusement la notion de monopole mais aussi surtout de démantèlement dans une économie numérique et supranationale. Bref.). Favoriser les challengers, c’est pas seulement favoriser les petits d’aujourd’hui pour qu’ils soient les gros de demain. Non, c’est à mon sens essentiellement favoriser d’autres méthodes et d’autres valeurs parmi lesquelles le logiciel libre, les solutions ouvertes, contributives, pair-à-pair, résilientes, etc.

    Et donc pourquoi le capitalisme numérique en particulier chercherait à maintenir une forme de classe moyenne ? D’abord parce qu’il a un avantage sur le coût de production : on peut « vendre » un produit ou un service plusieurs fois (des milliers, des millions) sans changer significativement sont coût de production. Et puis surtout parce que la masse d’utilisateurs lui permet même de plus en plus d’améliorer son efficience par la collecte et le traitement de masses de données considérables en quantité et en diversité (a.k.a. big data). Évidemment, sur ce point c’est difficile de savoir ce qu’il en adviendra sur le long terme. Mais aujourd’hui, et même en tentant de mettre de côté l’effet de mode, c’est clairement la direction que ça a pris, et le changement semble pas imminent. D’ailleurs, on observe bien que parmi les stratégies les plus évidentes et agressives des GAFA, la quête de nouveaux marchés figure en bonne place. Google et Facebook par exemple rivalisent pour conquérir les « marchés émergents » et y apporter un accès internet universel (enfin, probablement plutôt une sorte d’internet by Google ou by Facebook).

    Au final, si le capitalisme numérique détruit les emplois et la classe moyenne qui va avec, il fait à mon sens aucun doute qu’il inventera, voire imposera, lui-même et dans un même temps des alternatives pour garantir sa continuité. Et on peut alors s’attendre à ce que ces alternatives lui soient encore plus profitables, et deviennent encore plus hégémoniques et inéluctables. Et c’est en ce sens que ça me semble finalement bien plus dangereux que la pure destruction de la classe moyenne.

    Donc une nouvelle fois, il convient de s’approprier ces questions tant qu’il est encore temps et de ne surtout jamais déléguer à d’autres l’invention de nos lendemains.

    #Automatisation #Capitalisme #Classe_Moyenne #Intelligence_artificielle #Internet #Libre_concurrence #Monopole #Numérique #Revenu_de_base #Économie_numérique

  • #Internet, ou l’inversion du #capitalisme
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/02/internet-ou-l-inversion-du-capitalisme_4585982_3232.html

    Historiquement, rappelons que c’est la formation de la classe moyenne et son accès à la #consommation qui ont sauvé le capitalisme de ce que Marx avait identifié à son époque comme étant un système économique nécessairement voué à l’échec. Une question pointe donc à l’horizon : ce capitalisme inversé permettra-t-il à long terme de maintenir une classe moyenne suffisamment prospère ? Si le développement de l’intelligence artificielle nous permet d’envisager une production moins onéreuse dans un proche avenir, celle-ci sera-t-elle profitable financièrement à l’ensemble de la population, ou restera-t-elle l’apanage des bonzes d’Internet et des grandes entreprises ?

  • Le climat et le juteux commerce du doute
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/02/le-climat-et-le-juteux-commerce-du-doute_4585749_3232.html

    L’objet du délit est consigné dans une série de documents confidentiels du Harvard-Smithsonian, obtenus par Greenpeace et le Climate Investigations Center au terme d’une procédure légale, et publiés le 21 février. Ces 131 pages sont accablantes. En une décennie, des industriels du charbon ou de la pétrochimie ont payé, directement ou par le truchement de leurs faux-nez, quelque 1,2 million de dollars pour que le chercheur cherche. Cela s’est traduit par la mise à la torture de toutes sortes de données, dans le but évident de leur faire dire n’importe quoi pourvu que ce fût un moyen de jeter le doute sur l’ampleur du changement climatique, ou sur ses causes humaines. Une dizaine d’« études », conduites par M. Soon, ont ainsi été publiées ; dans la grande majorité d’entre elles, l’astrophysicien a caché ses sources de financement, en contravention avec les règles éthiques.

    #paywall

    Deeper Ties to Corporate Cash for Doubtful Climate Researcher
    http://www.nytimes.com/2015/02/22/us/ties-to-corporate-cash-for-climate-change-researcher-Wei-Hock-Soon.html

    #climat #corruption