• L’antipolitique, péché originel de la Silicon Valley
    http://abonnes.lemonde.fr/pixels/article/2015/02/19/l-antipolitique-peche-originel-de-la-silicon-valley_4577534_4408996.

    Revenons à Google. Le menu à la cafétéria est extraordinaire, cependant, le personnel de cette dernière est très mal payé. Il se trouve qu’il est majoritairement latino. La plupart ne peuvent pas se payer une assurance santé. Est-ce que Google aborde la question des classes sociales ou raciale ? Est-ce que Google promeut une répartition plus équitable de la richesse ? Non. Certes, la plupart des grandes entreprises font de même, peu importe le secteur, mais leurs patrons ne mettent pas autant d’énergie à se présenter comme des idéalistes occupés à changer le monde.

    A San Francisco, on voit apparaître un nouveau phénomène social, le « brogrammer » [jeu de mot entre « bro », de « brother », frère, ou mec, en argot américain et programmeur], le programmeur informatique macho qui est là pour faire du fric. Mais peut-être faut-il y voir la traduction d’une tendance déjà présente chez les néo-communalistes. Le troll, qui envenime le Web aujourd’hui avec ses remarques faites dans le seul but d’offenser et d’intimider, était déjà présent dans les communes. Les femmes, cibles par excellence des trolls, étaient déjà régulièrement humiliées dans ces communes, où le pouvoir était imposé par insinuation, comme cela se fait aujourd’hui en ligne.

    Les valeurs cultivées dans la Silicon Valley sont-elles en train de changer ?

    Je ne peux pas dire. Les idéaux des années 1960 sont adaptés à la réalité contemporaine. Mais nous assistons à des transformations rapides que l’on ne sait pas toujours interpréter. Certains secteurs d’activité disparaissent, de nouvelles façons de travailler et de se déplacer émergent. Par ailleurs, il faut aussi accepter le fait que le Web est un phénomène mondial, il ne peut donc pas y avoir une seule façon de voir Internet.

    « Auparavant, mes étudiants me jugeaient trop pessimiste. Depuis l’affaire Snowden, ils me trouvent trop optimiste. »

    Je remarque cependant une chose. Mes étudiants à Stanford ont changé. Auparavant, ils me jugeaient trop pessimiste. Depuis l’affaire Snowden, ils me trouvent trop optimiste.