Affaire des tableaux : Khaled Ali Bugshan, tirelire de Claude Guéant ?

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    http://www.lepoint.fr/justice/affaire-des-tableaux-khaled-ali-bugshan-tirelire-de-claude-gueant-07-03-2015

    Par Mélanie Delattre et Christophe Labbé

    Nouveau rebondissement dans l’affaire des tableaux de Claude Guéant. L’ancien ministre de l’Intérieur n’est pas le seul à avoir été mis en garde à vue. Les juges du pôle financier qui enquêtent sur l’origine du virement des 500 000 euros découvert en 2013 sur le compte du préfet ont également auditionné, comme l’a révélé i>Télé, un homme d’affaires saoudien d’origine yéménite. Les magistrats soupçonnent Khaled Ali Bugshan, 52 ans, d’être à l’origine du mystérieux paiement.

    Basé à Jeddah, le groupe Bughsan intervient pêle-mêle dans l’immobilier, la finance et l’importation de produits cosmétiques. Le conglomérat, estimé entre 7 et 8 milliards de dollars, a longtemps été le partenaire privilégié de la France en Arabie saoudite pour la négociation des grands contrats. Jusqu’en 2012, on le retrouve jouant les intermédiaires entre le royaume et plusieurs groupes industriels tricolores parmi lesquels Thalès, Safran ou encore Alstom. C’est Jacques Chirac devenu président qui, sur recommandation de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, avait initié cette relation. Une alliance scellée par la remise de la Légion d’honneur au fondateur de l’empire familial, Ali Bugshan, en 2004.
    L’ombre d’Alexandre Djouhri

    Khaled Ali Bugshan, l’homme qui intéresse aujourd’hui la justice, est celui qui a orchestré la diversification du groupe dans le domaine de la défense. Il est aussi présenté comme le relais dans le royaume de l’homme d’affaires Alexandre Djouhri, qui fut très actif en Libye au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy et qui reste proche de Claude Guéant.

    Les enquêteurs cherchent à savoir quelle était à cette époque la nature exacte de la relation entre le milliardaire saoudien et le ministre de l’Intérieur. Ce dernier avait justifié l’arrivée sur son compte d’un demi million d’euros par la vente à un avocat malaisien de deux marines d’un obscur peintre flamand du XVIIe siècle. Une explication à laquelle n’a jamais vraiment cru la justice, qui y voit un rhabillage pour masquer l’origine réelle des fonds.

    Le nom des Bugshan était déjà apparu dans l’enquête concernant le volet financier de l’affaire Karachi. Parinvest, l’une des filiales domiciliée en Suisse du groupe Bugshan, avait été identifiée comme destinataire de 13 millions d’euros de commissions entre 1997 et 2000, en marge du contrat Sawari II. Des soupçons planaient aussi sur une boîte noire ayant servi à réceptionner plus de 150 millions d’euros de commissions. La richissime famille amie de la France a-t-elle continué à servir de « facilitateur » dans les grands contrats sous le mandat de Nicolas Sarkozy ? C’est ce que les juges veulent savoir, quitte à organiser une confrontation entre l’intermédiaire saoudien et Claude Guéant...