• Journalisme des luttes et luttes des journalismes
    https://lundi.am/Journalisme-des-luttes-et-luttes-des-journalismes

    Deux choses sont à noter. D’une part, la tendance de la presse toute entière à de plus en plus s’appuyer sur des images de journalistes indépendants, de lycéens, d’étudiants et de travailleurs qui s’emparent d’outils tels que la caméra ou l’appareil photo. Ces images – nos images -, ils s’en servent pour illustrer leurs journaux, réaliser leurs documentaires et leurs JT. Et d’autre part, la fâcheuse tendance de cette même presse à détourner prudemment le regard dès lors que ces petits reporters, témoins engagés des évènements, finissent derrière les barreaux pendant plus de soixante heures. En cause, le simple fait d’avoir été présents et d’avoir montré des réalités que la presse traditionnelle n’est plus en mesure de constater par elle même, minée par ses idéologies, ses budgets exsangues et son parisianisme maladif.

    [...]

    Alors, étonnant ce silence ? Pas vraiment. Peut-être n’est-ce pas une information assez importante ? Ou plutôt, ces jeunes aux casques siglés TV qui vont de boulevards en avenues et de ZAD en ZAD ne sont-ils pas reconnus comme des pairs par ceux qui exercent pourtant le même métier ? Qu’importe, ils sont là, eux. Ils continuent de raconter les luttes d’aujourd’hui, dans les facs, auprès des exilé-e-s, de jour comme de nuit, à déclencher quand les matraques entrent dans le viseur et quand des chants d’espoir sont entonnés par la foule dans la grisaille d’un jeudi nantais. C’est ce rôle qui est attaqué quand ils finissent au trou et c’est sans aucun doute ce rôle que certains voudront les empêcher de tenir demain. Ils ne se doutent pas qu’à chaque caméra brisée, de nouvelles s’allument et ce sont alors des vocations qui naissent.

    Si leur monde continue de tourner, nos caméras aussi.

    #presse #journalisme #journalistes_indépendants #violences_policières #guerre_des_images

  • De quoi vivent les #journalistes ?
    http://www.scam.fr/Portals/0/Contenus/documents/Dossiers/2013/DPenquete_journalistesnov2013.pdf
    L’affaire Pascale Clark permet de sortir le précariat de l’ombre et de ressortir quelques bonnes feuilles à ce sujet

    @pigist : Peut-être qu’avec @PascaleClark on va parler des milliers de pigistes sans carte de presse car payés en factures ou droits d’auteur ? #hope

    Le nombre de journalistes encartés a baissé pour la première fois en 2010, baisse poursuivie en 2011 avant une légère remontée en 2012 (37 477) sans pour autant retrouver le niveau de 2009 (37 904). Cette (r)évolution symbolise à elle seule les profondes mutations en cours de la profession. Afin de mieux appréhender ces évolutions, la Scam a lancé une enquête auprès de 20 000 journalistes. Plus de 3400 ont répondu.

    De quoi se faire une bonne idée de la situation économique et sociale de notre profession. En rendant publics les résultats de cette enquête, la Scam souhaite alerter non seulement la profession, les éditeurs, les producteurs, les diffuseurs et l’ensemble des employeurs des journalistes, mais également les pouvoirs publics de la détérioration des conditions d’exercice du métier de journaliste. Détérioration, mais aussi parfois précarisation réelle, notamment pour les reporters de guerre photographes, ou les pigistes de moins en moins payés ou obligés d’accepter des statuts d’autoentrepreneurs ou des forfaits au bon vouloir des employeurs bafouant pour certains le simple droit du travail.

    Autre alarme que tire la Scam et qui parait inquiétante : les répondants soulignent la non-reconnaissance de leur travail et notamment dans la prise de risque sur le terrain. De profondes disparités sont à souligner entre les indépendants qui ne peuvent plus vivre de leur métier, n’ont que peu de couverture sociale et ne sont plus protégés par leurs employeurs, et les journalistes permanents qui maintiennent une activité rémunératrice. Une dernière alerte : les femmes ; elles gagnent majoritairement moins bien leur vie que les hommes. Globalement, le résultat de ce questionnaire révèle un malaise réel au sein de notre profession. On s’interroge, face à la complexité d’exercer notre métier, sur ce que signifie vraiment le statut de journaliste, sur l’utilité ou non d’une carte professionnelle et sur l’avenir de cette profession au cœur d’une révolution numérique et multimédia. Voilà pourquoi la Scam et l’ensemble de ses auteurs-journalistes souhaitent pointer les dysfonctionnements de notre profession, et le faire savoir.