Fukushima, les décontamineurs de fond - Libération

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    Comme à Tomioka, il doit composer avec ces zones rouges. Comme à Tomioka, ce technicien affable et pondéré est engagé dans un travail de Sisyphe. Namie manque cruellement de place pour stocker provisoirement ses sacs de #déchets, qui s’accumulent. Takayuki Nakano doit convaincre des propriétaires de louer leurs terres : « C’est difficile, certains sont toujours en colère d’avoir tout perdu en 2011 et acceptent mal de voir des ouvriers et des sacs près de leur maison. Beaucoup redoutent aussi que le stockage provisoire devienne un dépôt définitif. Il faut toujours convaincre et il n’y a pas vraiment de bons arguments. »Il essaye d’être « gentil et respectueux avec les habitants », multiplie les visites, les appels pour « créer une relation, même avec la petite dizaine de personnes très en colère ». Leur rappelle que l’Etat leur versera 189 misérables yens (1,40 euro) par mètre carré loué. Sur ses deniers propres, il achète des petits gâteaux qu’il offre aux récalcitrants. « C’est beaucoup de travail », concède Takayuki Nakano, l’air navré.

    Ce climat n’aide guère au retour. Takayuki Nakano a fait faire une enquête auprès des habitants de la zone la moins contaminée de Namie : moins de 20% souhaitent y revenir. « Plus le temps passe, plus les gens s’habituent à leur nouvelle vie, plus facile, dans les grandes villes. » Lui-même en est l’illustration. De sa maison en bordure du Pacifique, il ne reste que les fondations. Il a refait sa vie à Fukushima et ne voit pas sa fille de 16 ans emménager à Namie, où tout manque.