Israël : les victimes n’ont pas plus le droit que les autres de réécrire l’histoire

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    Michael Kinsley – Histoire - 12.03.2015
    http://www.slate.fr/story/98793/israel-arabes-histoire-contester

    La version israélienne

    Selon cette version, ce sont donc les arabes eux-mêmes, et leurs leaders en particulier, qui sont responsables de ce qui est depuis arrivé à leur peuple. Les juifs, quant à eux, peuvent se réjouir de cette trêve heureuse pour leur peuple qui, jusqu’à encore récemment, n’en a connu que trop peu. C’est la version que l’on m’a enseignée dans l’école religieuse juive de Détroit, que je fréquentais dans les années 1960.
    (...)
    Le problème est que tout cela est loin d’être vrai.

    La terreur et la fuite des familles arabes ne furent pas de regrettables effets secondaires de la guerre, mais le résultat d’une stratégie délibérée des Israéliens. Cette stratégie et son exécution furent approuvées par les dirigeants israéliens et non le fait de milices juives extrémistes (une autre excuse courante).

    Vous me trouverez sans doute naïf, mais j’ai été proprement choqué de lire, dans des ouvrages publiés ces deux dernières années par deux éditorialistes juifs progressistes –Richard Cohen du Washington Post (Israel : Is It Good For The Jews ?) et Ari Shavit du journal israélien Haaretz (My Promised Land)– le récit de ce qui s’est passé dans un village du nom de Lydda (Lod), où se trouve aujourd’hui l’aéroport international Ben Gourion. Rien de ce qu’ils racontent n’est pourtant véritablement secret. Morris a écrit plusieurs livres qui traitent du sujet en détail. Mais, à l’instar des accusations de viol contre Bill Cosby, qui figuraient dans des documents publics des années avant qu’elles ne soient exposées au grand jour, il arrive qu’un événement soit à la fois connu et ignoré.

    Comme Ari Shavit, en particulier, le raconte, à la suite d’un important travail de recherches, l’attaque menée sur Lydda faisait partie d’une stratégie délibérée de déplacement des arabes, approuvée dans les plus hautes sphères. Elle avait toutes les caractéristiques des pires atrocités auxquelles l’histoire nous a malheureusement habitués : des voisins qui vivaient côte à côte depuis des générations se retournant les uns contre les autres, comme au Rwanda ; des gens que l’on entasse dans une église (une mosquée dans ce cas-ci) que l’on fait exploser ou que l’on incendie ; l’utilisation de la torture, prétendument pour obtenir des informations, et l’assassinat des victimes dont on ne peut plus rien tirer ; les soldats qui vont de maison en maison et tuent tous ceux qu’ils trouvent à l’intérieur… Et la liste ne s’arrête pas là.(...)

    Ari Shavit et Richard Cohen refusent tous deux de condamner le comportement israélien dans des endroits comme Deir Yassin et Lydda.

    Ari Shavit considère tout cela comme une tragédie humaine, un jeu terrifiant où seul le destin tire les ficelles. Richard Cohen met quant à lui l’accent sur la nécessité pratique : c’était ça ou être jetés à la mer. Et, soyons honnêtes, je ne condamne pas non plus l’Israël de 1948. Juif de la diaspora vivant dans le confort des Etats-Unis de 2015, je ne me sens pas en position de critiquer.

    #Palestine #justification