• 22 avril 1870, naissance de Lénine

    A la mort de Lénine, Trotsky publie ses souvenirs. Ce recueil devait servir de matériau à un autre livre plus fouillé qui n’a pas vu le jour...

    Lénine (I° partie), par L. Trotsky https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/04/lt1924042100b.htm

    Introduction à : La jeunesse de Lénine (Les Éditions Rieder, Paris, 1936
    https://www.lesbonscaracteres.com/livre/la-jeunesse-de-lenine

    En n 1923, avant la mort de Lénine, Trotsky avait prévu d’écrire sa biographie, mais il ne publia quelques premières ébauches et textes de discours (Lénine, Librairie du Travail, 1925), et cela au moment même où s’engageait pour lui la lutte contre la montée de la bureaucratie du parti et de l’État soviétique.

    Cette montée de la bureaucratie s’accompagna d’une série de révisions théoriques, de déformations et de falsifications historiques et biographiques. Celles-ci n’épargnèrent bien entendu pas la figure de Lénine, présenté dès son enfance comme une sorte d’icône infaillible, plus tard étroitement liée à Staline dans un culte de la personnalité de plus en plus sans retenue.

    Dans les biographies bourgeoises de Lénine, et notamment celles, plus récentes d’Hélène Carrère d’Encausse (Fayard 1998) ou de Robert Service (Perrin 2012), Lénine, en revanche, présente dès sa naissance des caractéristiques carrément diaboliques, exprimant de manière précoce son « autoritarisme », sa « cruauté », son « ambition pour le pouvoir » et son « inflexibilité ». En créant un parti à son image, il aurait donné naissance à un Staline, comparable à Hitler par sa barbarie. Le communisme soviétique serait donc à condamner dès sa genèse.

    Trotsky voulait réfuter toutes ces falsifications, principalement celles des staliniens (falsifications vérifiées et bien mises en évidence plus tard par des historiens et biographes marxistes tels que Jean-Jacques Marie et Pierre Broué). Mais, comme on le verra en lisant l’avant-propos de Jean Van Heijenoort ci-dessous, Trotsky n’a pas pu achever son projet de biographie de Lénine tel qu’il l’avait prévu.

    Cette biographie lui avait été commandée par la maison d’édition étasunienne Doubleday, en même temps que La révolution trahie. Un projet initial, remontant à 1929, comportait quatre parties : une biographique, une sur sa personnalité, une consacrée aux souvenirs de Trotsky sur Lénine et enfin leur correspondance entretenue pendant la guerre civile. Il pensait lui donner comme titre Lénine et ses épigones.

    Selon Isaac Deutscher, Trotsky aurait confié à Max Eastman et Victor Gollancz qu’il s’attendait à ce que ce soit « l’œuvre capitale de ma vie » et l’occasion d’un exposé complet, « positif et critique », de la philosophie du matérialisme dialectique. Mais entre la fin de l’année 1933 et 1935, commencé pendant son exil en France, Trotsky ne put achever en Norvège que les 15 premiers chapitres du livre, en arrivant à l’année 1893 au moment où Lénine avait 23 ans. En février 1935, il déclarait : « Il serait bon de terminer mon livre sur Lénine, pour passer à un ouvrage plus contemporain, sur le capitalisme de la période de décomposition ». Le 4 avril de la même année, il souligne comment le glissement à droite de Staline, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur (rappelons que la Troisième Internationale opte cette année-là pour la politique des « Fronts populaires » et en faveur du pacte Staline-Laval), le conduira à frapper de toutes ses forces la gauche. C’est pourquoi Trotsky avoue : « Il est difficile en ce moment de travailler sur mon livre sur Lénine : les idées ne veulent pas du tout se concentrer sur 1893 ! ».

    Rédigé en russe, le texte a été traduit en français la même année par Maurice Parijanine et publié à Paris

    A lire également, l’excellente biographie de Jean-Jacques Marie :

    #éphéméride #Lénine #Trotsky

  • Thèses du 4 avril 1917 (Lénine)

    Immédiatement de retour en Russie, Lénine redresse le parti bolchévik sur l’axe de la préparation de la prise du pouvoir et du combat contre le gouvernement provisoire.

    – Les tâches du prolétariat dans la présente révolution (Thèses d’avril)
    https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/04/vil19170407.htm

    – « De simples pensées, en termes simples et accessibles à tous »
    https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr15.htm

  • Mars 1921 : un tournant pour le mouvement révolutionnaire. Focus sur Cronstadt.

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    La vérité sur Cronstadt, par Joseph Vanzler alias Wright
    https://www.paperblog.fr/2349148/la-verite-sur-cronstadt-par-joseph-vanzler-alias-wright

    Des membres du Forum des amis de LO ont traduit ce texte. L’original en anglais se trouve ici, sur le site marxists.org : https://www.marxists.org/history/etol/writers/wright/1938/02/kronstadt.htm (John G. Wright, The Truth about Kronstadt, February 1938)

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    Beaucoup de tapage autour de Cronstadt
    (Léon Trotsky, 15 janvier 1938)
    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1938/01/lt19380115.htm

    – Un « front populaire » d’accusateurs
    – Les groupements sociaux et politiques à Cronstadt
    – Les modifications intervenues pendant les années de la guerre civile
    – Les causes sociales du soulèvement
    – Le caractère contre-révolutionnaire de la rébellion de Cronstadt
    – La Nep et l’insurrection de Cronstadt
    – Les « insurgés de Cronstadt » sans forteresse

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    Encore sur la #répression de Cronstadt
    (Léon Trotsky, 6 juillet 1938)
    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1938/07/lt19380706.htm

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    L’insurrection de Cronstadt

    – Mars 1921 en Allemagne
    – La NEP : une retraite indispensable
    – Adresse à #Max_Hoeltz

    #archiveLO (23 mars 1871)

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    Cronstadt, de Jean-Jacques Marie (494 p.)

    – 1917 : Cronstadt la rouge
    – L’agonie du communisme de guerre
    – Les premières lueurs de l’incendie
    – Les premiers signes de l’orage
    – Chronique d’une #révolte annoncée
    – Un cocktail explosif
    – Au bord du Rubicon
    – Les « privilèges des commissaires »
    – Le passage du Rubicon
    – Les balbutiements de l’insurrection
    – Les ouvriers de Petrograd et l’insurrection
    – Qui sont les insurgés ?
    – L’attente
    – Le comité révolutionnaire provisoire
    – Premier branle-bas de combat
    – L’assaut manqué
    – Cronstadt et l’#émigration
    #Lénine, #Cronstadt et le Xe congrès du parti communiste
    – Une « troisième révolution » ?
    – Vers l’assaut final
    – Le comité révolutionnaire en action
    – L’assaut final
    – Les raisons de l’échec
    – La répression
    – Reprise en main et réorganisation
    – L’exil finlandais
    – Nouvelles alliances
    – Le commencement de la fin
    – Derniers soubresauts
    – Fin de partie
    – Interprétations

    [...] Avec la #NEP, l’#insurrection_de_Cronstadt sort du domaine de la politique pour entrer dans celui de l’histoire. Les #SR_de_droite et de gauche qui l’appuyaient disparaissent. Seuls les #anarchistes revendiquent son héritage ; ils se contentent en général de paraphraser les proclamations, déclarations et appels, pris au pied de la lettre, sans analyser la réalité sociale du mouvement, comme si l’on pouvait étudier l’activité d’un groupe d’hommes en prenant ce qu’ils disent d’eux-mêmes comme critère de vérité. L’impact international de la révolution russe, son influence, le choc en son sein entre le socialisme (national) dans un seul pays de Staline et la révolution internationale incarnée par Trotsky, le plan quinquennal, la collectivisation, tout cela éclipse Cronstadt, qui sombre dans l’oubli, comme #Makhno, mort de tuberculose et d’épuisement dans un hôpital parisien en 1934. La Révolution inconnue de l’anarchiste russe #Voline, consacrée pour un bon quart à Cronstadt, ne sera publiée qu’en 1947, deux ans après sa mort.

    Trotsky a longtemps accordé peu d’attention à l’insurrection. Dans un discours du 28 juillet 1924 sur la situation mondiale Trotsky évoque Cronstadt comme exemple d’explosion sociale « Rationner un pays affamé, écrit-il, est chose difficile, nous le savons par expérience [...]. Nous avons pu constater que le régime de la ration de famine était lié à des troubles croissants qui ont amené en fin de compte l’insurrection de Cronstadt 7 », ainsi présentée comme une conséquence des rigueurs du communisme de guerre. Dans Ma Vie, publiée en 1929, il n’y consacre qu’une demi-ligne. Dans #La_Révolution_trahie, rédigée et publiée en 1936, Trotsky évoque tout aussi brièvement cette révolte, « qui entraîna pas mal de bolcheviks ».

    La guerre civile espagnole qui éclate en juillet 1936 et les procès de Moscou, dont le premier est organisé en août 1936, replacent Cronstadt sous la lumière de l’actualité. En Catalogne et en Aragon, où les anarchistes de la Confederacion National del Trabajo (la #CNT) sont très puissants, les ouvriers et les paysans, qui à peu près seul sont mis en échec le putsch franquiste, créent des comités, collectivisent les fabriques et la terre, forment des milices et constituent un Comité central de milices antifascistes qui rassemblent ouvriers et paysans en armes. Les partisans de l’ordre existant, le PC stalinisé en tête, exigent la dissolution de ces organismes populaires autonomes. La CNT l’avalise et envoie trois ministres au gouvernement, qui proclame l’intangibilité de la propriété privée des moyens de production et de la terre. Un anarchiste, Garcia Oliver, se retrouve ainsi ministre de la Justice, à la tête de l’appareil qui a longtemps persécuté les militants de son #organisation. Pour répondre aux critiques, les dirigeants anarchistes accompagnent leur collaboration gouvernementale avec le PC espagnol d’articles exaltant l’insurrection anti bolchevik de Cronstadt, dont ils se proclament les héritiers. Il est plus aisé d’exalter Makhno et Cronstadt àBarcelone que d’y combattre la politique de Staline. En décembre 1937, Trotsky leur répond : face à Cronstadt et à Makhno « nous avions défendu la révolution prolétarienne contre la #contre-révolution paysanne. Les anarchistes espagnols ont défendu et défendent encore la contre-révolution bourgeoise contre la révolution prolétarienne ».

    Les procès de Moscou d’août 1936, janvier 1937 et mars 1938 dénoncent en Trotsky un terroriste à la solde des nazis. Réfugié au Mexique, Trotsky tente de mettre sur pied une commission d’enquête sur les procès de Moscou. Un ancien député communiste allemand, #Wendelin_Thomas, réfugié aux États-Unis, membre dela sous-commission américaine, l’interpelle publiquement sur Cronstadt et #Makhno, en suggérant que l’attitude des bolcheviks dans ces deux cas annonce Staline et le #stalinisme.

    Trotsky lui répond par une brève lettre où il souligne que les marins de 1917 s’étant disséminés sur les divers fronts, restait à Cronstadt « la masse grise avec de grandes prétentions, mais sans éducation politique et pas prête aux sacrifices révolutionnaires. Le pays était affamé. Ceux de Cronstadt exigeaient des privilèges. L’insurrection fut dictée par le désir de recevoir une ration de privilégié ». Après ce raccourci saisissant, Trotsky affirme : la victoire des insurgés aurait débouché sur celle de la contre-révolution, « indépendamment des idées qui pouvaient être dans la tête des marins », qu’il juge, par ailleurs, « profondément réactionnaires : elles reflétaient l’hostilité de la paysannerie arriérée à l’ouvrier, l’#arrogance du soldat ou du marin pour Pétersbourg “civil”,la haine du #petit-bourgeois pour la #discipline_révolutionnaire ». Une fois maîtres de la forteresse, les insurgés ne pouvaient être réduits que par les armes.

    Un mois plus tard, il écrit dans une lettre à Erwin Wolf : « Ma réponse est beaucoup trop courte, insuffisante. » En septembre 1937, Victor Serge publie un article très critique sur l’attitude des bolcheviks face à Cronstadt. Informé, Trotsky écrit le 15 octobre un bref mot au trotskiste américain Wasserman des éditions Pionners Publishers. Il y affirme nécessaire de clarifier l’histoire de Cronstadt afin de pouvoir discuter avec les anarchistes, mais ajoute : « Cependant pour beaucoup de raisons, je ne puis écrire un article sur cette question » et affirme qu’il a proposé à son fils, Léon Sedov, d’écrire un travail détaillé et documenté qu’il préfacerait. #Wasserman insiste. Trotsky lui répond le 14 novembre qu’il comprend son insistance, mais il n’a en ce moment, répond-il, ni « les matériaux nécessaires ni le temps d’un article [...] absolument exhaustif ». Si Léon Sedov peut faire ce travail, Trotsky l’utilisera pour un article. Cinq jours plus tard, il écrit à son fils : « Il est absolument nécessaire d’écrire sur Cronstadt. » Il insiste sur un point : « Les matelots paysans, guidés par les éléments les plus anti prolétariens, n’auraient rien pu faire du pouvoir, même si on le leur avait abandonné. Leur pouvoir n’aurait été qu’un pont, et un pont bien court, vers le pouvoir bourgeois. » Soulignant néanmoins que « le mécontentement était très grand », il conclut : « les #matelots en rébellion représentaient le #Thermidor_paysan », ce qui n’est pas la même chose que la réduction de la révolte à la volonté d’obtenir des privilèges. #Léon_Sedov se met au travail.

    Trotsky y revient le 16 décembre dans une lettre au trotskyste américain Wright qui vient de terminer un article sur la révolte. Il prend la question sous un angle un peu différent. Il récuse l’idée que les soldats et les marins se soient insurgés pour le mot d’ordre politique des soviets libres. « Le reste de la #garnison de Cronstadt, affirme-t-il, était composé d’hommes arriérés et passifs qui ne pouvaient être utilisés dans la guerre civile. Ces gens ne pouvaient être entraînés dans une insurrection que par de profonds besoins et intérêts économiques. [...] ceux des pères et frères de ces marins et soldats, c’est-à-dire des paysans, marchands de produits alimentaires et de matières premières. En d’autres termes, la mutinerie était l’expression de la réaction de la petite bourgeoisie contre les difficultés et privations imposées par la révolution prolétarienne. »

    Confronté à une campagne sur Cronstadt qui entrave sa bataille difficile contre les falsifications des #procès_de_Moscou, il précise enfin son analyse dans deux articles : Beaucoup de bruit autour de Cronstadt (15 janvier 1938) et Encore une fois à propos de la répression de Cronstadt (6 juillet 1938). L’insurrection, précise-t-il d’abord, exprime la révolte des paysans contre la réquisition de leur production. Les marins, en grande majorité d’origine paysanne, furent les porte-parole « de la réaction armée de la petite bourgeoisie [la paysannerie] contre les difficultés de la révolution socialiste et la rigueur de la dictature prolétarienne. C’est précisément ce que signifiait le mot d’ordre de Cronstadt “Les soviets sans communistes” ».Il affirme ensuite n’avoir personnellement pris aucune part à l’écrasement de l’insurrection, ni à la répression qui suivit, ce qui n’a à ses yeux aucune signification politique, puisque, membre du gouvernement, il a jugé nécessaire la liquidation de la révolte, a participé à la décision d’y procéder si les négociations et l’ultimatum lancé restaient sans résultat et en assume donc la responsabilité politique.

    Il y revient une dernière fois dans son Staline inachevé écrit en 1939-1940, où il range Cronstadt parmi les « #légendes reposant sur l’#ignorance et le #sentimentalisme [...]. Ce que le gouvernement soviétique fit à contrecœur à Cronstadt fut une nécessité tragique ; évidemment le gouvernement révolutionnaire ne pouvait pas “faire cadeau” aux #marins insurgés de la forteresse qui protégeait #Petrograd, simplement parce que quelques anarchistes et #socialistes-révolutionnaires douteux patronnaient une poignée de paysans réactionnaires et de soldats mutinés ». À quelques nuances près, Trotsky, de 1921 à sa mort, maintint donc la même analyse de l’insurrection.

    Tout au long des soixante-dix ans d’#Union_soviétique (#URSS) l’insurrection de Cronstadt fut (à la rare exception des discours de Lénine au Xe congrès du parti communiste) présentée comme une simple émeute contre-révolutionnaire. Le Précis d’histoire du parti communiste publié en1938, revu et corrigé personnellement par Staline, consacre plus d’une page à cet épisode. Tout en reconnaissant le mécontentement de la paysannerie à l’égard des réquisitions, il voit dans « l’émeute contre-révolutionnaire de Cronstadt un exemple patent de la nouvelle tactique de l’ennemi de classe qui se camoufla en empruntant les couleurs soviétiques ; au lieu du vieux mot d’ordre avorté “À bas les soviets !”, il lança un mot d’ordre nouveau : « Pour les soviets, mais sans les communistes” ». Qui s’était soulevé, qui étaient les émeutiers, le lecteur de ce Précis très imprécis ne pouvait pas le savoir. Ses auteurs plaçaient les « gardes blancs, les SR et les mencheviks »à la tête d’une émeute aux insurgés sans visage et sans identité. Le tome 23 de la Grande Encyclopédie soviétique publié en 1953, l’année même où mourut #Staline, reprend l’antienne en y ajoutant les manœuvres des « traîtres trotsko-zinoviévistes » vrais responsables de l’insurrection, oubliés par Staline lui-même en 1938. […]

    #Kronstadt #anarchisme #mythologie

  • 21 février 1848 : première parution du Manifeste du Parti communiste , de #Karl_Marx et #Friedrich_Engels

    90 ans de Manifeste Communiste, par Léon Trotsky

    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1937/10/371030.html

    Les #sociétés_de_classes, dont l’Égypte antique et Sumer avaient été des grands précurseurs, allaient se développer au rythme de la progression des #forces_productives et des conflits entre les classes sociales, entre exploiteurs et exploités. Comme Marx et Engels l’ont synthétisé au tout début du #Manifeste_communiste  : «  L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte de classes.  »

    Voici comment Marx exprima le lien entre les forces productives d’une société donnée et ce qu’il nomma la superstructure idéologique  : «  (...) Dans la #production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui corres­­pondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives maté­rielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la #structure_économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une #superstructure juridique et politique et à la­quel­le correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être  ; c’est inversement leur être social qui détermine leur #conscience.  »

    Les #religions, les #idées de nation, de #démocratie, de #république et même l’idée du #socialisme, toutes les idéologies sont l’expression d’une réalité sociale. «  Les idées ne tombent pas du ciel, et rien ne nous vient en songe  » disait un des premiers marxistes italiens à la fin du 19e siècle, #Antonio_Labriola. Et si des idées ont une audience, sont reprises par des milliers, des millions d’êtres humains, c’est qu’elles répondent à une nécessité sociale.

    Produits des sociétés divisées en #classes, les #idéologies, en regroupant, en mettant en mouvement de façon coordonnée des masses d’individus, agissent en retour sur cette réalité sociale.

    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/developpement-des-sciences-et

    #Marx #Engels #Manifeste

    • Les circonstances de la rédaction du Manifeste et le résumé de ses quatre parties (source : Marx, de Pierre Fougeyrollas) :

      A la fin de novembre 1847, se tient, à Londres, le deuxième congrès de la #Ligue_des_communistes. Cette fois-ci, #Marx y assiste en compagnie d#’Engels. Avant le congrès, Marx participe à un meeting organisé par les Fraternal Democrats, pour commémorer l’insurrection polonaise de 1830. Il y proclame :

      « La vieille Pologne est morte, cela ne fait aucun doute et nous serions les derniers à souhaiter sa restauration. Mais elle n’est pas seule dans ce cas. La vieille Allemagne, la vieille France, la vieille Angleterre, toute la vieille société est condamnée.

      Et, s’adressant à son auditoire anglais, il s’écrie :

      « La Pologne ne sera pas libérée en Pologne, mais en Angleterre. Vous autres, chartistes, vous n’avez donc pas à former des vœux pieux pour la libération des nations. Battez vos propres ennemis, à l’intérieur, et vous pourrez avoir conscience d’avoir battu toute la vieille société. »

      Le congrès de la Ligue charge Marx et Engels de rédiger le programme de l’organisation à la direction de laquelle ils participent désormais. A Paris, Engels avait préparé un projet de « catéchisme communiste » dont il avait entretenu Marx et qu’il avait finalement préféré intituler « manifeste ». De retour sur le continent, Marx entreprend de rédiger le texte demandé par le congrès. Mais son perfectionnisme entraîne quelques lenteurs. Le 24 janvier 1848, une résolution de la direction de la Ligue le met au pied du mur :

      « Le comité central charge, par la présente, le comité régional de Bruxelles de communiquer au citoyen Marx que si le Manifeste du Parti communiste dont il a assumé la composition au dernier congrès, n’est pas parvenu à Londres, le 1er février de l’année courante, des mesures en conséquence seront prises contre lui. »

      Finalement, Marx respecte les délais et envoie son manuscrit à Londres, à la fin de janvier. Mais, il était grand temps, car le #Manifeste_du_Parti_communiste dont Engels avait commencé l’élaboration et que Marx rédigea seul, parut, à Londres, en langue allemande, dans les jours mêmes où commençaient à déferler sur l’Europe les vagues de la Révolution de 1848.

      A travers ses éditions successives et des traductions dans un nombre considérable de langues, le Manifeste est devenu l’ouvrage le plus célèbre de Marx et d’Engels. Ecrit dans un style classique, riche en formules saisissantes et développé selon une logique rigoureuse, le livre conduit le lecteur de sa prémisse : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes », à sa conclusion : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » C’est à tort que le #Manifeste est parfois considéré comme une simple œuvre de vulgarisation. Car, pour être claires, ses phrases n’en sont pas moins porteuses de tout le contenu de la #conception_matérialiste_de_l’histoire que l’on appellera plus tard le #matérialisme_historique, et de toute la stratégie révolutionnaire connue sous le nom de #socialisme_scientifique. A ceux qui veulent entrer dans la connaissance du marxisme, on ne saurait trop conseiller de commencer par la lecture du Manifeste.

      Dans la première partie, Marx brosse une fresque incomparable de l’ascension révolutionnaire de la #bourgeoisie et des bouleversements qu’elle a entraînés pour l’humanité tout entière. Le premier, il constate que cette bourgeoisie a créé le « marché mondial », dans le cadre duquel la vie économique actuelle continue à se dérouler. Il montre que le passage de la #société_féodale à la #société_bourgeoise s’est accompagné d’un prodigieux essor des forces productives, à travers les stades commercial, manufacturier et industriel du #capitalisme. Il établit ensuite que la bourgeoisie, devenue classe dominante, n’a pas pour autant acquis la maîtrise de la nouvelle économie, périodiquement ravagée par des crises de #surproduction.

      De cette analyse, Marx tire la conclusion suivante :

      « Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’une part, en imposant la destruction d’une masse de forces productives, d’autre part, en s’emparant de marchés nouveaux et en exploitant mieux les anciens. Qu’est-ce à dire ? Elle prépare des crises plus générales et plus profondes, tout en réduisant les moyens de les prévenir.

      « Les armes dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent à présent contre la bourgeoisie elle-même. Mais la bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui lui donneront la mort ; elle a en outre produit les hommes qui manieront ces armes — les travailleurs modernes, les prolétaires. »

      En se fondant sur la réalité objective de la lutte des classes, Marx annonce qu’aux révolutions bourgeoises du passé succéderont les révolutions prolétariennes de l’avenir.

      Dans la deuxième partie du Manifeste, il définit la position des communistes par rapport à l’ensemble du prolétariat en indiquant qu’ils n’ont pas d’intérêts distincts de cet ensemble. Il précise ainsi la ligne politique de la Ligue des communistes :

      « Voici ce qui distingue les communistes des autres partis prolétariens : d’une part, dans les diverses luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts communs du prolétariat tout entier, sans considération de nationalité, d’autre part, dans les diverses phases de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, ils représentent toujours l’intérêt du mouvement dans son ensemble. »

      Le Manifeste est, en vérité, un programme au centre duquel se situe la construction d’un parti exprimant avec une pleine indépendance les intérêts de classe des travailleurs salariés dans leur lutte contre l’exploitation du capital.

      La troisième partie consiste dans une critique de la littérature socialiste et communiste de l’époque. Elle dénonce les diverses formes du « #socialisme_réactionnaire » : le « #socialisme_féodal » qui préconise le retour aux temps antérieurs à la révolution bourgeoise, le « #socialisme_petit-bourgeois » qui rêve d’une société composée d’artisans, enfin le « socialisme allemand ou socialisme vrai » qui s’oppose au machinisme et à la lutte des classes, au nom de spéculations fumeuses. Marx attaque ensuite le « socialisme conservateur ou bourgeois » de Proudhon, c’est-à-dire le réformisme et le refus de porter le combat prolétarien au niveau politique, au niveau de la lutte pour le pouvoir. Enfin, il constate que les doctrines utopiques de Saint-Simon, de Fourier et d’Owen ont eu le mérite de correspondre aux débuts de l’histoire du mouvement ouvrier et qu’elles sont désormais dépassées par les effets de l’industrialisation.

      La quatrième partie conclut en reprenant les enseignements de la deuxième partie et en indiquant que l’avant-garde communiste est prête à appuyer partout « les mouvements révolutionnaires contre les institutions sociales existantes » et qu’elle entend travailler partout « pour l’union et l’entente des partis démocratiques de tous les pays ».

      #prolétariat #lutte_de_classe #parti_révolutionnaire

  • La Révolution russe, par Léon Trotsky

    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/11/321125.htm

    A l’automne de 1932, une association d’étudiants social-démocrates danois invita #Trotsky à faire une #conférence à #Copenhague sur la #Révolution_russe. Trotsky prit la parole en allemand au stadium de Copenhague devant 2500 personnes. Après l’exposé consacré à la révolution d’Octobre, à ses causes et à sa signification, il termina par une exaltation du #socialisme qui signifie « le saut du règne de la nécessité au règne de la liberté, en ce sens que l’homme d’aujourd’hui, déchiré par ses propres contradictions, pourra s’ouvrir la voie d’une existence plus heureuse ». Le gouvernement danois avait interdit la radiodiffusion de la conférence, invoquant des objections du roi et de la cour... (extrait de l’appendice à « ma vie », par #Alfred_Rosmer)

  • Comment vaincre le fascisme ?
    Ernest Mandel

    Introduction :
    La théorie du fascisme chez Léon Trotsky
    https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/cvf/cvf_intro.html

    a) La montée du fascisme est l’expression de la grave crise sociale du capitalisme de l’âge mûr, d’une crise structurelle, qui, comme dans les années 1929-1933, peut coïncider avec une crise économique classique de surproduction, mais qui dépasse largement une telle oscillation de la conjoncture. Il s’agit fondamentalement d’une crise de reproduction du capital, c’est-à-dire de l’impossibilité de poursuivre une accumulation « naturelle » du capital, étant donnée la concurrence au niveau du marché mondial (niveau existant des salaires réels et de la productivité du travail, accès aux matières premières et aux débouchés). La fonction historique de la prise du pouvoir par les fascistes consiste à modifier par la force et la violence les conditions de reproduction du capital en faveur des groupes décisifs du capitalisme monopoliste.

    b) Dans les conditions de l’impérialisme et du mouvement ouvrier contemporain, historiquement développé, la domination politique de la bourgeoisie s’exerce le plus avantageusement - c’est-à-dire avec les coûts les plus réduits - au moyen de la démocratie parlementaire bourgeoise qui offre, entre autres, le double avantage de désamorcer périodiquement les contradictions explosives de la société par certaines réformes sociales, et de faire participer, directement ou indirectement, à l’exercice du pouvoir politique, un secteur important de la classe bourgeoise (au travers des partis bourgeois, des journaux, des universités, des organisations patronales, des administrations communales et régionales, des sommets de l’appareil d’Etat, du système de la Banque centrale). Cette forme de la domination de la grande bourgeoisie - en aucun cas la seule, du point de vue historique [1] - est toutefois déterminée par un équilibre très instable des rapports de forces économiques et sociaux. Que cet équilibre vienne à être détruit par le développement objectif, et il ne reste plus alors à la grande bourgeoisie qu’une seule issue : essayer, au prix du renoncement à l’exercice direct du pouvoir politique, de mettre en place une forme supérieure de centralisation du pouvoir exécutif pour la réalisation de ses intérêts historiques. Historiquement, le fascisme est donc à la fois la réalisation et la négation des tendances inhérentes au capital monopoliste et qu’Hilferding, le premier, a décelées, à « organiser » de façon « totalitaire » la vie de toute la société dans son intérêt [2] : réalisation, parce que le fascisme a en fin de compte rempli cette fonction ; négation, parce que, contrairement aux idées d’Hilferding, il ne pouvait remplir cette fonction que par une expropriation politique en profondeur de la bourgeoisie [3].

  • L. Trotsky - Oeuvres octobre 1932
    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/10/321015.htm

    L’année passée, j’écrivais que dans la lutte contre le fascisme, les communistes devaient être prêts à conclure un accord pratique non seulement avec le diable et sa grand-mère mais aussi avec Grzesinsky. Cette phrase fit le tour de la presse stalinienne mondiale : pouvait-on trouver une meilleure preuve du « social-fascisme » de l’opposition de gauche ? Certains camarades m’avaient prévenu : « Ils se saisiront de cette phrase. » Je leur répondis : « Cette phrase est écrite précisément pour qu’ils s’en saisissent. Qu’ils saisissent un fer rouge et s’y brûlent les doigts ! Il faut donner des leçons aux imbéciles. » Le cours de la lutte amena Von Papen à faire connaître la prison à Grzesinsky. Est-ce que cet épisode cadrait avec la théorie du social-fascisme et les prévisions de la bureaucratie stalinienne ? Non, il était en totale contradiction avec elles. Par contre, notre appréciation de la situation admettait tout à fait une telle éventualité et lui attribuait une place déterminée.

  • The Jews and Europe | The Charnel-House
    the capitalist origins of National Socialism.

    http://thecharnelhouse.org/2015/03/20/the-jews-and-europe
    https://rosswolfe.files.wordpress.com/2015/03/antisemitic-demonstration-by-members-of-polands-right-win

    Whoever wants to explain anti-Semitism must speak of National Socialism. Without a conception of what has happened in Germany, speaking about anti-Semitism in Siam or Africa remains senseless. The new anti-Semitism is the emissary of the totalitarian order, which has developed from the liberal one. One must thus go back to consider the tendencies within capitalism. But it is as if the refugee intellectuals have been robbed not only of their citizenship, but also of their minds. Thinking, the only mode of behavior that would be appropriate for them, has fallen into discredit. The “Jewish-Hegelian jargon,” which once carried all the way from London to the German Left and even then had to be translated into the ringing tones of the union functionaries, now seems completely eccentric. With a sigh of relief they throw away the troublesome weapon and turn to neohumanism, to Goethe’s personality, to the true Germany and other cultural assets. International solidarity is said to have failed. Because the worldwide revolution did not come to pass, the theoretical conceptions in which it appeared as the salvation from barbarism are now considered worthless. At present, we have really reached the point where the harmony of capitalist society along with the opportunities to reform it have been exposed as the very illusions always denounced by the critique of the free market economy; now, as predicted, the contradictions of technical progress have created a permanent economic crisis, and the descendants of the free entrepreneurs can maintain their positions only by the abolition of bourgeois freedoms; now the literary opponents of totalitarian society praise the very conditions to which they owe their present existence, and deny the theory which, when there was still time, revealed its secrets.

    Ernest Mandel
    Introduction : La théorie du fascisme chez Léon Trotsky

    https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/cvf/cvf_intro.html


    « a) La montée du fascisme est l’expression de la grave crise sociale du capitalisme de l’âge mûr, d’une crise structurelle, qui, comme dans les années 1929-1933, peut coïncider avec une crise économique classique de surproduction, mais qui dépasse largement une telle oscillation de la conjoncture. Il s’agit fondamentalement d’une crise de reproduction du capital, c’est-à-dire de l’impossibilité de poursuivre une accumulation » naturelle « du capital, étant donnée la concurrence au niveau du marché mondial (niveau existant des salaires réels et de la productivité du travail, accès aux matières premières et aux débouchés). La fonction historique de la prise du pouvoir par les fascistes consiste à modifier par la force et la violence les conditions de reproduction du capital en faveur des groupes décisifs du capitalisme monopoliste.

    b) Dans les conditions de l’impérialisme et du mouvement ouvrier contemporain, historiquement développé, la domination politique de la bourgeoisie s’exerce le plus avantageusement - c’est-à-dire avec les coûts les plus réduits - au moyen de la démocratie parlementaire bourgeoise qui offre, entre autres, le double avantage de désamorcer périodiquement les contradictions explosives de la société par certaines réformes sociales, et de faire participer, directement ou indirectement, à l’exercice du pouvoir politique, un secteur important de la classe bourgeoise (au travers des partis bourgeois, des journaux, des universités, des organisations patronales, des administrations communales et régionales, des sommets de l’appareil d’Etat, du système de la Banque centrale). Cette forme de la domination de la grande bourgeoisie - en aucun cas la seule, du point de vue historique [1] - est toutefois déterminée par un équilibre très instable des rapports de forces économiques et sociaux. Que cet équilibre vienne à être détruit par le développement objectif, et il ne reste plus alors à la grande bourgeoisie qu’une seule issue : essayer, au prix du renoncement à l’exercice direct du pouvoir politique, de mettre en place une forme supérieure de centralisation du pouvoir exécutif pour la réalisation de ses intérêts historiques. Historiquement, le fascisme est donc à la fois la réalisation et la négation des tendances inhérentes au capital monopoliste et qu’Hilferding, le premier, a décelées, à » organiser « de façon » totalitaire « la vie de toute la société dans son intérêt [2] : réalisation, parce que le fascisme a en fin de compte rempli cette fonction ; négation, parce que, contrairement aux idées d’Hilferding, il ne pouvait remplir cette fonction que par une expropriation politique en profondeur de la bourgeoisie [3]. »

    La machinerie économique nazie
    http://www.laviedesidees.fr/La-machinerie-economique-nazie.html

    #capitalisme #libéralisme #nazisme #histoire