Renseignement . Comment le Mossad a aidé le Maroc à tuer Ben Barka

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  • Révélations en Israël sur l’implication du Mossad dans l’affaire Ben Barka
    http://www.lemonde.fr/international/article/2015/03/23/revelations-en-israel-sur-l-implication-du-mossad-dans-l-affaire-ben-barka_4

    Le 20 mars, deux journalistes du quotidien Yediot Aharonot, Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, ont publié une enquête fleuve dévoilant les coulisses de l’implication logistique du Mossad, en soutien des assassins marocains de l’opposant. Une enquête qui a été soumise, comme l’exige la loi en Israël, à la relecture de la censure militaire. Les journalistes ont mis au jour les détails de l’incroyable conflit politique survenu en Israël, entre le chef du Mossad, le premier ministre et celui qui fut chargé d’enquêter sur cette affaire d’État, Isser Harel. Mort en 2003, Harel fut une figure mythique des services israéliens, d’abord fondateur du Shin Bet (renseignement intérieur) après l’établissement de l’Etat en 1948, puis directeur...

    • L’article original est très long mais vaut vraiment la peine, ainsi il revient sur la longue coopération entre les services israéliens et le Mossad en dehors des détails de l’affaire Ben Barka. Par exemple on apprend qu’à la suite d’une deal entre les Israéliens et Oufkir pour faciliter le départ des juifs marocains vers l’entité sioniste, Israël payait 250$ à la monarchie chérifienne pour chaque juif marocain reçu. L’ensemble de l’argent versé par l’Etat hébreu à cette occasion s’élèverait à un quart de million de dollars versé sur un compte secret en Europe.

      The intelligence relationship with Morocco began in 1960, when Hassan was still crown prince. A year later, after he was crowned, Israel asked Hassan to allow Morocco’s Jews to emigrate. Muhammad Oufkir, who was in charge of the secret service in Morocco, finalized the deal with Mossad agents: $250 for every Jew who would emigrate. Funds for 80,000 Jews were transferred in bags of a quarter of a million dollars to a secret account in Europe.

    • Autre révélation, dans le cadre de la coopération Mossad-services marocains, le Mossad a reçu l’autorisation d’espionner le sommet de la Ligue Arabe à Casablanca en 1965 - puis finalement ses agents se sont vus remettre « toutes les informations nécessaires ». Celles-ci révélèrent l’impréparation des forces militaires arabes à Tel Aviv qui a poussé les chefs de l’armée israélienne à recommander à Lévy Eshkol d’entrer en guerre deux ans plus tard (1967) :

      The height of the cooperation came in September 1965. At that time, an Arab summit was convened in Casablanca, which discussed the establishment of joint common Arab command in future wars with Israel. King Hassan, who had very limited trust in his guests, the leaders of the Arab world, allowed the Mossad to closely monitor the conference.
      Members of the “Tziporim” (BIRDS) unit - led by Zvi Malkin and Rafi Eitan – went to Casablanca, and Moroccans sealed off for them, under heavy guard, the mezzanine level of the hotel. On the day before the conference, King Hassan ordered the Mossad to abandon the site, for fear of encountering Arab guests. “But immediately after the conference they gave us all the necessary information and did not keep anything from us,” Rafi Eitan said.
      This information was of great importance: It offered a glimpse into the mindset of Israel’s biggest enemies. At the same meeting, it later emerged, commanders of the Arab armies reported that their forces were not prepared for a new war against Israel.
      The intimate, detailed and accurate information transferred to Israel from the summit in Casablanca about the shaky state of the Arab armies was one of the foundations for the confidence felt by IDF chiefs when they recommended that Eshkol government wage war two years later - in the 1967 Six-Day War.

    • Renseignement . Comment le Mossad a aidé le Maroc à tuer Ben Barka | Courrier international
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      En septembre 1965, expliquent Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, le renseignement marocain permet en effet à des agents du Mossad d’obtenir des informations cruciales. Du 13 au 18 septembre 1965, la Ligue arabe tint un sommet de la plus haute importance à Casablanca. Le roi Hassan II délivra à Meit Amir, le directeur du Mossad, tous les documents relatifs à cette rencontre ainsi que les enregistrements de la réunion, qui avait été mise sur écoute. “Ces informations très importantes donnèrent un aperçu des ambitions des plus grands ennemis d’Israël. [...] Lors de la réunion, les commandants des armées arabes avouèrent qu’elles n’étaient pas préparées pour une nouvelle guerre contre Israël”, rapporte Yediot Aharonot. C’est en partie sur ces informations que Tsahal recommanda au gouvernement de Levi Eshkol de lancer ce qui deviendra la guerre des Six-Jours en 1967. Conflit qui vit l’armée israélienne triompher des armées syrienne, égyptienne et jordanienne.

      Après cette coopération sans précédent, le Maroc voulut être dédommagé du service rendu le plus vite possible. Le nom de cette dette : Ben Barka, l’un des opposants les plus farouches du roi Hassan II. C’est ainsi que fut lancée l’opération Baba Batra – qui, en plus d’avoir les mêmes initiales que Ben Barka, désigne dans le Talmud un traité s’intéressant aux questions liées à la responsabilité individuelle.