• Géopolitique de la traduction - La Vie des idées
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    Faut-il opter pour l’anglais comme langue de communication de la recherche en sciences humaines et sociales, à l’instar des sciences de la nature ? Certes, l’adoption d’une langue universelle a toujours été le rêve de la science, car elle facilite les échanges interculturels et réduit le risque de malentendus. Mais dans les sciences humaines et sociales, outre qu’il y a une inégalité devant la langue anglaise qui ne pourrait être réduite qu’à condition de restructurer tout le système éducatif autour de cette langue dès la prime enfance, il y a des avantages épistémologiques au passage d’une langue à l’autre car la traduction nous permet de relativiser nos catégories d’analyse, fortement ancrées dans les cultures nationales du fait des conditions d’institutionnalisation de ces disciplines à partir de la fin du 19e siècle. L’adoption d’une langue unique entraînerait sans nul doute un appauvrissement de la réflexion dans ces domaines. En outre, il ne s’agit pas seulement de la langue, mais de modes de raisonnement et d’écriture qui peuvent varier d’une tradition nationale à une autre. Or l’unification de cet espace passe par l’imposition de ces normes.